Les Ombres d'Esteren - Saison 9 - Point d'Ogre

Après un long voyage de plus de 6 mois, nos voyageurs finissent par revenir au point de départ de leur aventure.
Le Val de Melwan, lieu d'origine de certains membres du groupe, bien connu même de ceux qui n'y vivaient pas, finit par se dessiner sous le ciel gris et humide de ce début de printemps plutôt étrange.
Après un long chemin, semé d'embuches, jusqu'aux dernières lieues qui auront été parmi leurs plus difficiles, ils entrevoient enfin un lieu plus familier et accueillant.

Mais le plaisir n'est que de courte durée.
Leur cible les précède maintenant de nombreux jours et, bien que ce n'était qu'un doute jusqu'à présent, ils en ont la confirmation : elle est bien passée à Melwan.

Et son passage sur place, bien que court, a semé les graine de l'instabilité.
Elle a réussi, comme à son habitude, à manipuler ses gens. Et pas n'importe lesquels : puisqu'il s'agit de Dame Madga Mac Lyr, la Seigneur du Val, qui en a fini par lui laisser l'accès à un vieux fortin à l'abandon : le Bastion de Neart.

Nos amis auront au moins une consolation : jamais ceux à qui était destiné ce nouveau logis n'arriveront à destination. Ils avaient pris bien soin de les passer par l'épée lors de leurs retrouvailles à la Mine d'Or d'Ard-Monach.

Mais là encore, le plaisir sera de courte durée.
Une vieille connaissance, le Varigal Sid, arrive au village avec de sombres nouvelles.
De noires fumées ont été aperçues par les habitant de Dearg, où il vit actuellement, au dessus du village voisin de Féaril.
Or, la crue soudaine de la Rivière Rouge les empêche d'aller voir sur place ce qui s'y passe et ils n'ont donc aucune nouvelle, mises à part les élucubrations d'un chasseur de Féaril, sans doute fou.

Sid vient donc demander de l'aide à Melwan, et notamment celle de leur forgeron, Nar, reconnu comme un des meilleurs artisans de la région, pour construire un pont provisoire et se rendre sur place.

Le groupe se sent alors concerné, et pour cause : Isil, la petite soeur d'Aberdeen, a été envoyée par leur Père à Féaril, comme Ionnthèn auprès de Baorig le Démorthen.
Mais ce n'est pas tout, la soeur de Masha, Mirna, s'y est elle même retrouvée coincée par la brutale montée des eaux, alors qu'elle y était en visite auprès d'une amie prénommée Adéliane.

Ils décident donc d'accompagner Sid et Nar pour le Val voisin de Dearg.
La situation, déjà bien critique, devient encore pis, au moment où ils sortent de la forêt bordant le chemin pour Dearg.
Les greniers du village sont en feu...
 

Avec l'aide de nos Voyageurs, les habitants de Dearg finissent par avoir raison de l'incendie.
Ils leur apprennent par ailleurs que ce drame est la cause de Galleg, le chasseur de Féaril qu'ils avaient recueilli quelques jours auparavant.
L'homme est devenu fou, et de plus en plus agressif, au point d'en arriver à cet acte, ainsi qu'à l'agression du Colombier du village, le pauvre Harald, qui trouvera la mort suite à ses blessures.

Nos amis pensent que tout ceci est en partie l'oeuvre de leur Nemesis, qu'ils poursuivent maintenant depuis de nombreux mois.
Ils en alertent le Conseil de Dearg (Loeg le Démorthen, Maorn l'Ansaileir, Glen la Damathair et Meog Elarig, le Propriétaire des Mines de Cuivre), qui, ainsi mis au courant du danger, décide d'accélérer ce pourquoi ils ont fait venir Nar le Forgeron.
Ils doivent reconstruire le pont, au moins provisoirement, afin qu'un groupe de courageux éclaireurs puissent se rendre à Féaril et y découvrir la source de tous ces ennuis.

Pendant qu'une partie du village sécurise les restes de l'incendie, une autre est donc envoyée en aval de la rivière, afin de monter un chantier rapide.
L'objectif est clair : permettre, d'ici le lendemain, de pouvoir traverser les eaux tumultueuses.

Le projet est loin d'être facile. La rivière a débordé largement de son lit, emportant le tablier du précédent pont.
Mais les piliers semblent avoir tenu, et les eaux ont commencé à refluer.
De plus, les récents événements ont développé chez les Habitants de Dearg, une sorte de hargne, mêlée à une peur sourde.
Maorn et Loeg ont réussi à transformer cette énergie négative en une force constructive, et c'est avec un enthousiasme étonnant, que les membres de la communauté se sont jetés à l'eau, si on puis dire ainsi...

Le plan de Nar est aussi simple qu'efficace. L'idée est de couper de grands arbres dans les environs, de les amener en amont du pont, et de les faire glisser sur l'eau jusqu'à ce qu'ils se retrouvent bloqués par les piliers toujours debout.
Ainsi, ce barrage, s'il résiste, pourrait permettre à un ou deux individus de passer de l'autre côté, avec des cordes, et ainsi de créer un pont de singe praticable.
Une fois ce passage mis en place, il sera possible de consolider l'ouvrage et d'entamer plus aisément la réfection de l'ouvrage.
La création d'un vrai pont nécessitera sans doute quelques jours.
Mais au moins, nos amis n'auront pas besoin d'attendre autant pour pouvoir traverser.

C'est en fin d'après midi, alors que le travail est déjà bien avancé et que plusieurs troncs se retrouve déjà arnachées à l'ancienne structure, que le Sigire Honfroy arrive sur les lieux.
Il avait prévenu le groupe qu'il comptait se rendre au monastère d'Alestor, afin d'y rencontrer le moine Firmin et d'avoir une discussion avec lui.
Masha s'était proposée de l'y conduire. Apparemment, elle connaissait bien la route pour y aller fréquemment, à l'époque, visiter le jeune adepte Joris, fils adoptif du Moine, qui était un ami.

" Masha n'est pas avec vous ? " Est d'ailleurs ce qu'Honfroy demanda aux membres du groupe à son arrivée sur le chantier.
En effet, personne ne l'avait revue depuis son départ avec le Sigire. Ce dernier indiqua qu'il pensait qu'elle était rentrée. Mais il est vrai que la dernière fois qu'il l'avait aperçue, elle s'entretenait encore avec son ami Joris.
Après quelques échanges de regards entendus, et quelque peu gênés pour certains, personne ne s'inquiéta plus de sa disparition.

Une disparition qui dura jusqu'au petit matin, où ils se retrouvèrent tous pour entamer leur chemin vers Féaril.
Masha était bien au rendez vous. Mais elle resta très silencieuse et après quelques minutes de marche, ceux qui s'en inquiétaient pouvaient remarquer qu'elle avait l'air assez préoccupée.
Tout ceci les amenèrent devant le pont.
La structure avait tenu pendant la nuit, malgré le courant qui restait assez vif.
Maorn les avait accompagné en personne, ainsi que quelques membres de la communauté dont Deila, sa fille cadette et une poignée d'autres villageois.

Tous regardaient ainsi la construction de fortune, peut être le premier obstacle sérieux d'une nouvelle et longue série qui les attendaient dans les prochains jours.
Mais Féaril était peut être en danger... Et ceci depuis déjà bien trop longtemps.

Masha était bien décidée à ne pas rester un instant de plus à attendre, et s'apprêtait à partir, quitte à ce que ce soit seule, en direction des marais où elle trouverait peut être une réponse à ses étranges rêves, mais surtout sa soeur, Mirna.

Jana intervint alors, indiquant que ce n'était pas une bonne idée.
Pour elle, les esprits étaient en colère, tous les signes montraient que quelque chose les avaient contrarié au point de déverser malheur, ruine et mort sur le Val de Dearg.
Les Féondas et l'étrange maladie qui touchait les habitants du Féaril étaient une de ces manifestations.
Pour elle, il était nécessaire d'attendre que les choses se tassent et que le calme reviennent sur les rives de la Rivière Rouge.

Les arguments rendirent Masha presque hystérique, nécessitant l'intervention de ses amis, et notamment la douceur de Liam, pour apaiser la jeune femme et éviter qu'elle ne se rue à l'extérieur de la grotte.
Jana semblait réfléchir, passant son regard sur les survivants qu'elle avait regroupé autour d'elle, dans le réseau de galeries utilisé l'été par les Bergers.
" Bien, finit-elle par déclarer, je comprends votre volonté de retrouver votre soeur, et une des nôtres est sans doute avec elle, peut être en danger aussi. Mais il ne serait pas raisonnable de partir comme ça. La nuit va vous faucher avant même que vous n'atteigniez Féaril. Si vous attendez demain matin, nous partirons ensemble. Nous ne pouvons pas rester ici éternellement, de toute façon. Nous devons demander de l'aide à Dearg. Notre village n'est plus sur et nous devons trouver un logis le temps que les choses se calment. Ce qui pourrait durer.
Ainsi, je pourrais vous guider en toute sécurité au moins jusqu'à la rivière."

La présence aussi étrange qu'impérieuse de la Damathair avait un effet puissant sur les comportements de ses interlocuteurs.
Masha finit par reprendre raison et accepter d'attendre encore une nuit. Non sans les arguments de ses amis, renforçant l'approche plus logique et sécuritaire de leur hôte du moment.

Tous se réinstallèrent donc autour du feu, offrant un temps d'échange, afin que les esprits s'adoucissent et que les cerveaux mettent en ordre les dernières révélations.
L'Alieniste Feust finit par se voir accorder au moins l'auscultation de la pauvre Aïnlis.
Pendant ce temps, Jana apportait un complément d'informations au groupe.
Elle s'était rendue dans les marais, attirée par une force étrange, et ceci à plusieurs reprises. Avant même que les attaques ne commencent.
Les lieux sont devenus invivables : l'eau a monté, par endroit de plusieurs mètres, transformant le coeur des anciens marécages en un lac putride, où les végétaux semblent pousser et rentrer en putréfaction en permanence, et en toute saison.
Elle n'a pas pu s'approcher beaucoup. Elle a vite compris que les lieux étaient dangereux, et que des choses y rodaient, au dessus, comme au dessous de la surface.
Malgré cela, elle a pu apercevoir, de loin, entouré d'un voile de brume, la silhouette sombre de l'Arbre Sacré. Le même que Masha venait d'apercevoir dans ses rêves.

La zone était déjà marécageuse, mais loin d'être aussi inhospitalière qu'elle est devenue aujourd'hui. Les habitants du Val s'y rendaient d'ailleurs régulièrement pour cueillir quelques plantes spécifiques à ce milieu.
Quelque chose oeuvrait depuis des mois et avaient transformé la végétation.
Elle ne savait pas si cela avait un lien avec les événements que Masha venait de "revivre" à l'instant, mais la coïncidence était frappante.
Le moulin qui avait pris feu ne se trouvait guère loin de l'Arbre. Il était abandonné depuis longtemps, sans doute du fait du changement de lit de la rivière et du développement des marécages. Cela datait d'avant la Guerre du Temple.

Les échanges au sujet de cette bâtisse étaient flous. Surtout concernant les tragiques événements survenus l'année dernière.
Masha commençait à retrouver ses esprits et se remémorait aussi ce qui avait ému la communauté à l'époque.
Le corps du jeune Maël Mac Govrian avait été retrouvé calciné sur place. Le dernier descendant des Seigneurs de Dearg ne vivait pas dans le Val. Il avait grandi dans le Duché de Salann, chez son tuteur, le Seigneur d'Eaux Salées, Wylard Mac Readan.
Il se rendait cependant régulièrement à Féaril avec lui, pour y visiter le Frère de ce dernier, Baorig, le Demorthèn du Village. C'est ainsi que le jeune seigneur se rapprocha de Céliane, la propre fille de Baorig, la nièce de Wylard.
La chose n'était pas un secret et beaucoup voyaient ces alliances sous de beaux jours.
Le seigneur Wylard en tout premier lieu.

Céliane, qui avait disparu la même nuit que son amour, Maël Mac Govrian, mais dont le corps n'avait jamais été retrouvé.
C'était d'ailleurs un des points de flottement sur lequel ne semblaient pas s'accorder les survivants des Cavernes.

A cette évocation, Aberdeen comprit que sa jeune Soeur, Isil, était certainement arrivée en remplacement de la jeune femme. Elle eut un frisson, la renvoyant encore et toujours à l'image de son père qui était désormais comme gravée dans sa rétine.
Masha, de son côté, fit le rapprochement avec Adéliane, la jeune femme dont elle vit le visage dans sa dernière vision.
Adéliane, l'amie commune de Mirna et Aïnlis, était une des Ionnthèn de Baorig et à se titre, avait suivi sa formation auprès du Demorthèn en compagnie de Céliane.
Lorsqu'elle évoqua la relation entre les deux jeunes femmes, elle n'obtenut de réponses que quelques échanges de regards gênés.
Les liens se tissaient, formant un canevas de plus en plus précis et en même temps d'une image des plus troubles.

Le Docteur Feust intervint alors, à la fin de la conversation. Pour lui, Aïnlis avait subit un traumatisme lourd. Quelque chose qui allait bien au delà des sévices qu'elle aurait pu supporter. Ce qu'elle a vécu, ce qu'elle a vu, ont en quelque sorte déconnecté son esprit de son corps. Il fallait la ramener à cet instant, pour relier les deux à nouveau.
Il restait optimiste sur cette possibilité, mais s'avoua incapable d'y remédier. Ses compétences en la matière n'était pas suffisante.
Pour lui, il était nécessaire de faire appel à quelqu'un de plus sachant, dans le domaine de la psychologie humaine et de l'âme.