Knight - La Geste - M13 - Vaincre sans Combattre

Soumis par Thomas le mer 29/11/2023 - 08:37

Mission M13 – Vaincre sans Combattre

Briefing de mission
Désert du Sahel – Sud du Tchad – Suite à l’extraction du 03/08/2038 – 05.38PM.
Mission prise en charge par la Coterie des Enfants d’Avalon :
Chevaliers de la Table Ronde Gareth (Sénéchal), Bédivère, Hector, Taulas et Galahad.

A la suite des découvertes des Enfants d’Avalon sur le Lac Tchad, il est désormais nécessaire de connaître les plans de la Dame, menés par la Reine, une de ses Incarnations.
Il est notamment essentiel de savoir ce qu’elle compte faire de cette armée de Prodiges des Ténèbres qu’elle a appelée à elle.
Une réunion de la Table Ronde en cette nuit de 3 au 4 août 2038, permettra peut-être de démêler cette histoire et de déterminer quelle suite donner à l’action du Knight, et de la Coterie de nos Héros...

Sur le trajet du retour, le russe avait eu le temps de cogiter.
Il ne savait pas si c'était bon mais il l'avait fait...

Et maintenant il était dans les couloirs de Camelot.
Il discutait poliment avec Yr Widdfa. Poliment mais sans passion, sans chaleur.
Il était respectueux mais conservait ses distances. Il était un Chevalier de la Table Ronde du Knight. Elle était une forme évoluée d'intelligence artificielle chargée d'opérer au mieux sa méta-armure de prestige. Elle devait néanmoins ne pas oublier sa place, suivre les consignes de son chevalier pour qu'au bout du bout les défenseurs de l'Humanité triomphent des forces de l'Anathème.

Au-delà de la réflexion qu'il avait pu livrer à Sir Gauvain sur son besoin de disposer d'une puissance de frappe encore plus importante pour faire face à "l'Autre Excalibur", Sir Hector des Mares avait pris la peine d'utiliser, pour une fois, les ressources serveurs d'Avalon.
La "Régente" ou "Reine" du Palais des Glaces s'était constituée une jolie petite force de surdoués.
Samuel devait en faire partie.
Mais Hector ne cherchait pas Samuel, enfin pas directement...
Il était intrigué par la cité cachée dans les montagnes qu'il avait clairement vu sur les écrans de contrôle de la salle du trône de la "Petite Robe Noire".
L'incarnation, perdue dans sa solitude glacée, s'offrait un regard sur cette métropole atypique qui ne correspondait à rien de connu.
Alors Hector avait employé une Tour de Renseignement et un Serveur Data de la plateforme des Maldives pour contacter la communauté des Neuf, via Tulkas (Thor lui avait dit qu'il n'y avait pas besoin d'autant de ressources, ce à quoi Hector lui avait répondu d'envoyer du "lourd" pour être sûr de maximiser les chances de succès).

Il avait brièvement exposé la situation suivante dans son message chiffré à destination du hacker de génie :
Au milieu de notre monde qui était en train de mourir de froid, une cité, haut-perchée dans des montagnes enneigées, semblait fonctionner de la manière la plus normale qui soit. Façon the Day after Tomorrow.
L'une des incarnations de la Dame avait été vaincue au coeur du Sahel mais une seconde, la "Bitchy Queen" était en marche. La Coterie des Enfants d'Avalon ne savait pas qu'elle serait son next move mais... Elle portait un intérêt à cette mystérieuse cité (d'or).
Il fallait localiser l'endroit.
Pour y parvenir rapidement, la connaissance des Neuf  pouvait clairement aider.
Surtout si cette recherche, extrêmement compliquée, pouvait bénéficier de l'improbable chance de "Fortune". Le russe avait vu les pouvoirs de cette femme. Elle défiait les lois du possible.
La bonne main posée sur l'épaule de Tulkas en pleine opération de deep scan au coeur du réseau R.A. mondial et la situation pouvait, d'un seul coup, prendre une tournure favorable...
Ou sinon les dons de divination / prescience de la Sage pourraient encore être d'une aide appréciable.

Alors que le russe avançait vers la salle de la Table Ronde, il consultait régulièrement ses threads de discussion pour voir s'il y avait du "neuf".
Peut-être n'arriverait-il pas les mains vides...

La réponse fut aussi courte que le temps qu'il fallut pour qu'elle arrive.
La Sage en était la source mais le Fou ne devait pas être loin derrière.

" Ce que vous décrivez semble être en oeuvre depuis des mois... Voir des années. S'il en est pour qui cet endroit n'est pas inconnu, il s'agit sans doute des mêmes qu'à l'accoutumée.
Ceux qui ont décidé de la façon dont l'Humanité devait vivre et se défendre... Des réponses sont sans doute entre leurs mains... Dont certaines proches de vous..."

A la fin de la session avec l'Immortel de l'Arche d'Humanité, Sir Hector répond au message des Neuf.
Il remercie la communauté pour son aide et indique que la coterie dispose d'une piste sérieuse. A creuser.
Le russe indique qu'il donnera des nouvelles à son retour.

Blackstone avait encore sa vision fugitive claire et distincte en tête.
Au milieu du Terminal dévasté, il termina la frappe sur son pod RA-K et le message, relayé par les vectors, fut transmis de manière sécurisée à l'assistant de M. Pendulum.

Au-delà des formules de politesse, il y avait un résumé des évènements récents en lien avec l'Arche de Noë et l'éclat qui en assurait le fonctionnement. Venait ensuite un texte étrange qui était proposé à la lecture du spécialiste international de l'art. Ces mots du russe retranscrivait de la manière la plus fidèle possible ce qu'il avait "perçu" durant son court moment de transe.

In the heart of the vast and desolate expanse of Antarctica, where icy winds howl relentlessly and the landscape is draped in an eternal shroud of white, there lies a secret that defies the frozen silence. Hidden beneath the icy crust, veiled by the frigid winds, is a lost city that whispers tales of a bygone era.

As the relentless polar winds sweep across the icy plains, they carry with them the echoes of a civilization long forgotten. The lost city, untouched by the passage of time, stands as a testament to the resilience of human endeavor in the most inhospitable corners of the Earth.

The entrance to this enigmatic city reveals itself only to those who dare to venture into the icy unknown. A hidden portal, half-buried in the snow, leads into a labyrinthine network of tunnels and chambers. The walls, adorned with ancient symbols and intricate carvings, tell stories of a civilization that once thrived in the frozen solitude.

As explorers delve deeper into the heart of the lost city, they encounter structures that defy the imagination. Majestic domes rise from the frozen ground, their crystalline surfaces sparkling in the pale Antarctic sunlight. Frozen spires reach towards the sky, standing tall and proud despite the harsh conditions that surround them.

The city's architecture reflects a blend of advanced technology and a deep connection with the natural world. A network of thermal vents runs beneath the city, providing warmth to its subterranean chambers. Ingenious aqueducts channel pristine water from ancient glaciers, sustaining life in this frozen realm.

Yet, the city holds its secrets close. Unearthed artifacts reveal advanced knowledge of astronomy, mathematics, and engineering, hinting at a civilization that reached heights of sophistication beyond its time. The city's purpose remains shrouded in mystery, leaving explorers to speculate about the lives of those who once called this icy sanctuary home.

The lost city in Antarctica stands as a testament to the resilience of the human spirit and the mysteries that lie hidden in the farthest reaches of our planet. As the icy winds continue to dance across the frozen landscape, the whispers of the lost city linger, inviting those brave enough to seek the secrets buried beneath the Antarctic ice.

Pour Blackstone, à la lumière de sa vision, il semblait clair que l'Arche de Noë et la banque de données de Gaïa qu'elle contenait devait être abandonnée, fermée et dissimulée aux yeux de tous pour ne pas attirer de nouveau la convoitise de l'Ennemi.
La mystérieuse cité et ses trésors serait redécouverte par une génération future.

Au cœur impitoyable de l'Antarctique, là où la glace règne en maître et où le vent souffle avec une cruauté glaciale, se dévoile un chantier de réparation qui défie l'endurance humaine.
Au sein de l'Arche isolée de Noë, les travailleurs de la cité, menés par les membres du Knight de la Section Minotaure se confrontent à une tâche ardue, entourés par l'implacable froideur de l'environnement.

La scène sur la zone du Terminal est un ballet d'efforts acharnés et de persévérance face à l'adversité.
Les ouvriers, revêtus de combinaisons épaisses, luttent contre le vent mordant qui s'engouffre dans les interstices de leur équipement. Leurs souffles s'échappent en nuages fugaces dans l'air glacial, témoignages de la dureté de leur labeur.

Les outils métalliques, souvent engourdis par le froid, sont maniés avec une précision déterminée. Chaque coup de marteau résonne comme un appel de défiance à la nature hostile qui les entoure. Les visages des travailleurs, marqués par la fatigue et les stries du vent glacial, portent l'empreinte d'une lutte quotidienne pour dompter les éléments déchaînés.

Les machines, soumises à des contraintes extrêmes, émettent des grondements plaintifs, comme si elles aussi ressentaient la peine de l'effort intensif qu'on leur impose. Les lumières des projecteurs, luttant pour percer l'obscurité présente, éclairent des scènes de bataille où chaque réparation est une victoire remportée sur le gel implacable.

Les moments de pause sont rares, mais lorsque les travailleurs se rassemblent dans les abris provisoires, leurs regards fatigués se rencontrent avec une compréhension silencieuse. Ils partagent la chaleur de l'amitié et l'encouragement mutuel, formant une fraternité forgée dans la froideur extrême de leur environnement inhospitalier.

Chaque réparation réussie devient une épopée de triomphe sur la fragilité humaine face aux éléments impitoyables. Chaque boulon serré, chaque câble reconnecté, devient une déclaration de résilience et de détermination. Le chantier de réparation au cœur de cette base n'est pas seulement un lieu de travail acharné, mais un théâtre de courage et d'endurance, où l'humanité se mesure à la force implacable de la nature.

Le nuage de glace retombait, la poussière des combats se dissipait lentement sur le champ de bataille qu'était devenue l'Arche de Noë. Le chevalier russe Blackstone, demeurait debout, sa méta-armure réduite en lambeaux dans un affrontement qui resterait, à ses yeux, légendaire.
Son corps n'était que douleur, son visage était couvert de sang mais il affichait un sourire de satisfaction. La victoire contre le redoutable chevalier Rubilacxe avait été remportée. Dans le calme qui succédait à la tempête, Blackstone réfléchissait à la suite à donner aux évènements.

Samuel Niakaté, le fils de Merlin, était mort. Totalement sous l'emprise de la Reine, exposé au cristal d'abysse de la Matrice, il avait sombré dans le désespoir et avait piloté Rubilacxe avec une redoutable efficacité. Mais ce combat, il l'avait mené seul, sans frères et soeurs d'armes.
La coterie des Enfants d'Avalon, ensemble, avait finalement vaincu.
Il allait maintenant falloir annoncer à son père qu'il avait perdu son fils.

Depuis le Terminal, les yeux fatigués mais déterminés du lutteur scrutaient l'horizon. Il méditait sur la signification de cette victoire, sur le coût des batailles menées et des sacrifices faits.
Son esprit vagabondait entre les échos du combat, les clameurs des civils engagés et le tintement métallique des caisses et des armes. Pour Blackstone, chaque bataille était une leçon, une épreuve qui forgeait son âme et sculptait son destin. Avec le reste de la bande, il serait sur le ring pour conclure le "jeu des seigneurs".

« La victoire n'est jamais gratuite », pensa-t-il. « Chaque triomphe porte en lui le poids des choix, des risques, et des moments où l'issue était incertaine. »

Son regard se porta sur le grand hall d'atterrissage des vectors et sur les premières rues de la cité, où les stigmates du conflit étaient clairement visibles. Il comprit que chaque cicatrice sur son corps, chaque frappe dévastatrice encaissée par sa méta-armure, était le prix à payer pour la défense de ses idéaux. La victoire n'était pas douce et elle venait en plus avec son lot de responsabilités et de réflexions.
Chaque duel était un miroir réfléchissant les forces et les faiblesses, un catalyseur de croissance personnelle.
Le russe avait clairement la niaque. Il attendait avec impatience son prochain bras de fer avec les Ténèbres.

Sinon, il y avait aussi l'administratif. Moins sexy mais tout aussi important compte-tenu des évènements.
Il fallait faire sans tarder un rapport à la Table Ronde et à l'Immortel Ismaël Jhélam sur l'état de son "Arche de Noë" :

  • Gwendoline Aver est morte. Ella a été abattue par son responsable de la sécurité, Nathaniel Longfellow. Qui était ce Longfellow ? Pour quelle organisation travaillait-il ?
  • Viviane Proost était à rechercher activement. Elle était un élément clef de l'attaque sur l'Arche. Elle était la hackeuse "Nova" à l'origine de la compromission de l'ensemble des systèmes d'information de l'Arche.
    Il fallait lancer un mandat d'arrêt international à son encontre.
    Il fallait prévenir le président Dambé de récupérer la main sur U-Sigma afin que la traîtresse à la cause de l'Humanité ne poursuive pas plus longtemps ses exactions via l'utilisation des ressources de la méga-corporation.
    Le chevalier russe était d'avis que l'Immortel de Londres finance les services très honéreux du mercenaire Thomas O'Toole pour traquer et arrêter la fugitive. Si quelqu'un pouvait la débusquer et la neutraliser sans tergiversation, c'était bien lui. Il avait le talent pour ça.

    Les Enfants d'Avalon avait une autre priorité.
     
  • Maria Lasserre avait volé l'éclat qui permettait la viabilité de l'Arche.
    Il allait falloir savoir d'où cette scientifique venait afin de comprendre ses motivations.
    Il allait falloir la localiser car retrouver l'éclat est une priorité pour les Enfants d'Avalon.
    Si les moyens classiques de localisation ne fonctionnaient pas, il faudrait non pas traquer Maria mais bien l'éclat qu'elle transportait.
    Il était important qu'Ismaël Jhélam explique au Knight comment l'éclat était "conditionné" car cela donnerait une piste aux héros sur la manière dont il a pu être exfiltré de l'Arche transporté au loin.
    Si la situation le nécessitait, il faudrait s'attacher l'aide de M. Pendulum pour parvenir à retrouver cet éclat.

Pour Hector des Mares, il était important que la coterie des Enfants d'Avalon prenne une décision sur les informations à communiquer à l'organisation des Neuf concernant l'Arche de Noë. Les Neuf avaient aidé en début de mission. Ils pouvaient aussi aider maintenant compte-tenu de la situation.

Pour Bédivère, la situation avec les Neuf était claire, ils étaient des alliés. Il lui semblait naturel de rendre compte de la nature de l'Arche de Noë et des combats qui y avaient eu lieu.

 

Un calme presque angoissant était retombé sur l’Arche de Noë.

Comme souvent après une telle bataille, la stupeur et la douleur faisaient suite à la liesse de la victoire. La Reine avait été repoussée, non sans l’aide bienvenue, bien qu’étrange, d’autres agents de l’Anathème.
Les créatures de glace s’étaient mises à exploser plus aisément sous les coups et les tirs des valeureux défenseurs. Certaines même semblaient fondre.

Quelques instants après la sentence prononcée par la Parole, il ne restait plus de l’armée implacable, que quelques silhouettes hébétées de Prodiges des Ténèbres désormais orphelins.
Ces derniers, pour la plupart, baissèrent les armes. On ne pouvait pas vraiment dire qu’ils venaient de reprendre conscience au beau milieu de l’Antarctique. Car ils avaient conscience d’une grande partie de ce qu’ils avaient vécu et ce qu’ils avaient fait. Mais ils n’en étaient pas moins sonnés.
Pour la majeure partie, ils semblaient aujourd’hui renoncer à poursuivre ces actes, libérés d’une pression qui les avaient menés jusque-là.
Il y avait bien cependant quelques mauvaises brebis dont la noirceur n’avait pas forcément besoin de l’action de la Reine pour s’exprimer. Cela fut et le sera encore, fin du monde ou non.
Ecartés ces individus, le problème des Prodiges de disparaissait pas. Il changeait juste de forme.
Que faire des 253 hommes et femmes recensées dans l’Arche et à l’extérieur ?

Les Enfants d’Avalon en connaissaient certains, au moins de vue, dont un certain Johnny, qui entreprit d’échanger avec eux. Sa situation délicate ne semblait pas lui convenir et il décida que c’était sans doute la même chose pour ses collègues de fortune.
Mais les Chevaliers ne trouveraient pas de solution ici et maintenant. D’autant que d’autres problèmes bien plus urgents focalisaient leur attention : des dizaines de morts, des centaines de blessés, des milliers de citoyens inquiets et pour certains, au bord d’un gouffre dont on ne revient pas.

Et parmi ce tableau, il y avait les chevaliers eux-mêmes, Enfants d’Avalon et leurs Coteries de Section, qui avaient bien besoin de quelques attentions et interventions.
La première tâche était de remettre un peu d’ordre et de panser les blessures.
Et cette tâche permettrait de tester ma bonne volonté de ces Prodiges apatrides.
Ils n’avaient pas les moyens de les contenir et les surveiller tous, de toute façon…

La priorité fut mise à la réparation de l’Armure Berserk. Bédivère put ainsi rapidement sauter dans un Hippogriffe de la Section Cocatryx, accompagné par les Oblasts de Stalingrad privés de leur Sénéchal pour un malheureux problème de fessier dégradé…
Leur destination : nord-ouest de leur position, à l’autre bout du continent de glace, au niveau de la Péninsule Antarctique.

Les compagnons de la française organisèrent le reste des objectifs rapidement : comblez le trou qui était autrefois la porte du Terminal de l’Arche, trier les civils, soigner les blessés, et rassurer tout le monde.
Sans compter sur le fait que de nombreux citoyens étaient éparpillés au cœur de l’Arche et qu’il n’était pas bon de les laisser errer seuls dans cet espace désormais privé de la Lumière de l’œil de Râ.

Une fois tout ceci organisé, les Enfants d’Avalon se mirent à l’écart et profitant des systèmes de communication des Vectors et de la réduction nette du brouillage que connaissait l’Arche jusque-là, ils décidèrent de se lancer dans un premier débriefing.

Un rien avant tout commencement.

Bédivère avait en tête, à ce moment, les mots du peintre Kandinsky. Où les avait-elle lus ? A l’époque, sans doute, où elle était encore Inès Dumond, parisienne profitant des musées de la capitale et de leurs expositions provisoires…

Ce qui était plus évident, c’était ce qui les avaient amenés à son esprit. A savoir, l’écran du Vector Hippogriffe qui déroulait le blanc interminable du sol qu’elle survolait.

Dans ce qu’était devenu leur monde, les couleurs étaient ternes, voire absentes. Mais le blanc, lui restait blanc. Tout comme le noir restait noir. Le Blanc et le Noir, le Ying et le Yang, la Lumière et les Ténèbres.
« Arrivée sur zone dans 2 minutes… ».
L’intervention du pilota la sortit de ses pensées.
Elle se tourne vers les Oblast de Stalingrad qui déjà, commençaient à s’activer.
Elle a un sourire malgré elle, face à cette impatience dont elle devinait l’empreinte…

La porte arrière de l’Hippogriffe s’ouvre déjà alors que le véhicule entame une descente subite.
Inès avait vu en action ces Vectors spécifiques à la Section Cocatryx sans jusque-là avoir pu les tester de l’intérieur. Elle put donc en constater la maniabilité et la rapidité qui compensaient en grande partie leur puissance plus réduite qu’un Vector Harpie. 

Quelques instants plus tard, le groupe est au sol, balayé par un blizzard que provoque l’Hippogriffe en redécollant.
Il est chargé de balayer la zone depuis le ciel.
Devant eux, un des pods en provenance de Noë est planté en partie dans la neige. Il y en a un autre un peu plus loin, sur une petite hauteur. Mais c’est bien le plus proche qui attire l’attention de Bédivère, et plus précisément, la porte de secours ouverte à l’arrière.

Des traces partent de là, en direction du nord.
Bénie soit la neige, pourrait se dire la française qui se retrouve à suivre la piste évidente laissée par une très certaine Maria Lasserre.
Au bout de dix minutes de marche, les traces sont rejointes par plusieurs autres, puis reprennent la même direction.
Elles s’arrêtent enfin devant une structure provisoire. Un campement de fortune dans lequel semblaient être installés plusieurs individus. Aux côtés, une zone aménagée et camouflée, d’où s’éloignent deux séries de lignes parallèles. Sans doute des motoneiges.

La petite équipe remonte à bord de leur Vector qui se met à suivre en rase-motte les traces nettes dans la neige.
L’absence totale de dessins similaires aux alentours semble indiquer que les nouveaux « amis » de madame Lasserre devaient être en place depuis un moment.
Leur dernière destination est quant à elle de plus en plus claire : la pointe de la Péninsule Antarctique, là où étaient autrefois concentrées la majeure partie des bases scientifiques du continent.

Mais les fuyards ne se contentèrent pas de s’arrêter là. Ils continuèrent leur route sur ce qui était autrefois l’océan Atlantique.
Et oui, un des effets secondaires de l’arrivée de l’Anathème fut l’arrêt net du réchauffement climatique, suivi d’un refroidissement planétaire qui eut pour conséquence la croissance de la calotte glacière, au nord comme au sud de la Terre.

Les traces finissent enfin par s’arrêter. Bédivère consulte les cartes de la région et tente de se positionner.
A cet endroit, au-dessous de la couche de glace et de Neige, se tenait autrefois une île. Une île du nom de King George Island.
Selon les indications de la carte, les traces s’arrêtent plus précisément au fond de la Baie de l’Amirauté.
On peut y deviner le sommet des toits de quelques bâtiments.
L’un d’eux a été déblayé récemment et laisse ainsi apercevoir la large gueule de son entrée, grande ouverte et malheureusement vide…

Les Chevaliers de la Table Ronde Gareth, Galahad, Hector et Taulas étaient réunis au 33ème étage de la Confortresse 1. Pied de nez involontaire ou simple question de transition, ils s’étaient installés dans les bureaux de feu Gwendolyn Aver, ancienne Immortelle, morte devant leurs yeux dans d’étranges circonstances.

Ils s’étaient lancés dans plusieurs objectifs et missions concernant l’Arche de Noë.
La situation était compliquée et bien que l’ennemi eût été repoussé, les dangers et les drames n’étaient pas encore histoire ancienne.
Un peu moins de 150 000 citoyens se retrouvaient ainsi enfermés sous un dôme qui serait bientôt aussi glacial que l’Antarctique qui l’entourait.
Beaucoup de blessés attendaient d’être soignés et les nombreux morts qui juchaient le sol immaculé de Noë interféraient avec le travail de réconfort engagé auprès des locaux vivants.

Le Désespoir était aux portes. Il rôdait, et il fallait vite lui faire barrage.

Avec tout ça, il y avait aussi cette base de données ahurissante que l’Immortelle avait nommée les Archives de Gaïa.
Quelques instants plus tôt, les quatre Chevaliers, menés par Taulas, avait (re)découvert cette alignement exceptionnel et incroyable d’une grande partie de ce que la Terre avait pu porter sur, sous ou dans sa surface.
Des prélèvements, des graines, des tissus et des codes génétiques de millions, ou peut être même de milliards d’animaux, de plantes, de minéraux…
La mémoire de la Terre. Sa dernière sauvegarde avant l’inévitable appui sur la touche « DEL ».

Il fallait gérer tout cela, et vite. Créer un pont aérien pour évacuer les cas plus urgents. Rapatrier ensuite les cas moins inquiétants et les destiner à un nouveau toit. Sécuriser ce qui ne pourrait être transporter rapidement. Et décider que faire des dizaines de Prodiges orphelins.

Une projection R.A. sur le mur du bureau de l’Immortel suivait le dernier sujet de préoccupation de la Coterie :
La caméra de Bédivère et des Oblasts de Stalingrad parcourraient depuis quelques heures le blanc immaculé de la Péninsule Antarctique, à la recherche de Maria Lasserre et de l’œil de Râ.
Ils s’arrêtèrent un instant dans leurs conciliabules et leurs échanges avec le Knight ou leurs autres interlocuteurs. La piste s’était réchauffée et la française était sur le point de déboucher sur une issue.

Une issue qui se trouva être un cul de sac.
La déception s’empara des uns.
La colère, d’autres.

Le Chevalier Hector donna un violent coup de pied à un fauteuil de bureau qui alla rebondir contre la vitre blindée avant de rouler sur le sol, pas assez loin pour lui épargner un nouvel assaut rageur.
La voix chaleureuse et déstabilisante d’humanité de Widdfa réagit alors dans le communicateur du Russe. Mais aussi dans ceux de ses compagnons, comme elle aimait le faire lorsqu’elle lançait ses petites piques agaçantes sur son Chevalier.

/// Hola… Doucement mon ami… Tu vas nous faire une attaque si tu continues… Hector ? Hector ?! HECTOR !!! ///

Le russe finit par sursauter. Sa conscience reprenait le dessus.

Chevalier Bédivère, fouillez aux alentours s'il vous plaît. Sous la neige. Il y a peut-être un indice qui a été volontairement dissimulé. Un panneau, une enseigne, une marque...
J'ai...
J'ai l'impression que nos fuyards ont cherché à masquer le mieux possible un élément qu'ils ne pouvaient faire disparaître derrière eux.

Alors qu'il prononçait ces quelques mots, le lutteur s'était emparé du fauteuil de bureau, déjà maltraité, et il finissait de doucement le broyer entre ses mains tout en fixant l'extérieur, lancé dans un effort de mémoire.

Comme les autres membres de la Coterie, Le Chevalier Bédivère avait appris à se fier aux "flashs" du Chevalier Hector des Mares ou aux "visions" plus enfouies de Taulas.
L'Anathème avait amené avec lui des phénomènes qui brisaient les règles de la raison.
Même pour une ancienne scientifique comme elle, il était devenu raisonnable de croire en l'irraisonnable.

Elle prit donc un peu de hauteur pour se faire une idée plus globale des lieux, tentant de percevoir une topographie qui pourrait révéler des anomalies ou au moins des indices.
Les Oblats de Stalingrad étaient un soutien non négligeable. Ils faisaient partie de la Section Minotaure et étaient donc des spécialistes dans les domaines de la construction... Et de la destruction...

A eux cinq, ils balayèrent la zone à la recherche d'une altération récente dans le manteau blanc. Qui que soient ceux qui étaient passés ici, ils étaient doués dans le fait de cacher leurs traces. Mais les technologies qu'offraient le Knight finissaient généralement par faire ressortir ce qui était caché. Tout était question de temps et de minutie.

Et la patience et le sang froid de la française paya à nouveau.
Une parcelle de neige avait été clairement tassée de façon intentionnée, non loin du hangar qu'ils avait découvert.

Accompagnés des Oblats, elle se dégringola le petit monticule enneigé où elle se trouvait, pour se diriger vers la zone.

Il ne fallut pas longtemps pour que les efforts conjugués des cinq méta-armures découvrent ce qui était caché là.
A première vue, cela ne semblait pas être d'une grande importance. Presque décevant après ces minutes de recherche.

Il s'agissait d'un panneau de signalisation datant d'avant l'Anathème.
Il était dans un piteux état mais le froid l'avait préservé.
Il avait été délivré de la neige et de la glace qui le recouvraient, puis recouvert à nouveau, avant qu'eux même ne le fassent.
Sur la surface lisse et attaquée par la rouille et le temps, une inscription en plusieurs langues apparaissait :

Bem-vindo ao acampamento científico "Comandante Ferraz"
Welcome to the "Cammandante Ferraz" Scientific Camp

Bienvenue au camp scientifique "Comandante Ferraz"

Nan, Hector déconne dans sa tête !

C’est les brésiliens qui ont fait le coup !

Les salauds, ils ont déjà la lumière et ils en veulent encore plus !

S’adressant au reste des Chevaliers sur le call :

- Il faut se mettre en chasse au Brésil !

Le russe sort de son mutisme.

Il profite du meeting et s’adresse à la Table Ronde.

Chevaliers,

Pouvez-vous me dire svp sur quelle mission est actuellement le Chevalier Rosa ? Géographiquement, où puis-je la trouver ?