Les potins du commissariat

Soumis par OrolBRAM le mer 10/04/2024 - 18:59
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ici son postés les potins et échanges entre PJ et PNJ 

**fin de la 2eme shift**

 

Myriam, Myriam, Myriam... que cache-t-elle?

 Néo se rendait à la machine à café pour se prendre une bonne dose de café bien corsé afin de surmonter la fatigue occasionnée par des heures de visionnages...

** le doux son de la machine à café qui se met en marche une fois les pièces insérées**

Le silence au delà de la rumeur du commissariat était apaisant.. Néo aimait se moment où il pouvait se reconcentrer, analyser les derniers évènement et faire le point sans être "normalement" dérangé par des collègues indélicats et bavards. Après tout personne ne buvait le tord boyau vomi par cette machine... a part lui.

En pleine réflexion sur la prochaine étape, il n'entendit pas les appels à son prénom... jusqu'à ce que cette main féminine ne lui touche l'épaule.

 

Néo, Néo ? Mon "petit" Néo ? vous allez bien?

il s'agissait de Susan.... nom de dieu mais que cette femme était un boulet sur patte !

Susan Leckter mariée à Hannibal Leckter, elle comptable pour la police et lui "homme au foyer" vivant sur une pension d'invalidité perçue suite à "des problèmes de dos" car 

 

Vous comprenez mon bon Néo, Hannibal a des douleurs TERRRRIBLE dans le dos depuis son accident, vous savez? oui son accident ! celui dont je vous ai déjà parlé !! mais merci d'être à mon écoute mon jeune ami ! vous savez les collègues ici ont souvent tendance à faire sembla...

*J'avais décroché depuis le "mon bon Néo" à vrai dire son histoire sordide m'amusait, autant de bêtises dans un si petit corps me donnait presque la nausée mais bon, conseil du psy de la police "Faite vous des relations dans votre travail, discutez avec vos collègues, SOCIABILISEZ VOUS !" en ce moment j'imaginais surtout Susan traverser la fenêtre et s'écraser en contrebas... cela aurait au moins le mérite de la libérer de son affabulateur de mari... J'ai mené ma petite enquête sur le bonhomme et...*

 

Néo Botched?

interrompant la litanie incessante de Susan je me retournai prêt à embrasser mon libérateur... 

 

Oui ? qui le demande? ah c'est vous.. Synest il me semble? Que puis je faire pour vous? pardon Susan nous avons à parler chiffon avec l'inspecteur, cela vous dérange -t-il de reporter notre charmante discussion à demain? 

 Sans attendre la réponse j'attirais Synest à ma suite en direction de mon bureau et réitérais ma question

- Néo Botched ? Son bureau est au fond du couloir.
- Je vous remercie.
- Ah, et s'il n'y est pas, essayez la machine à café de l'étage. Vous ne pouvez pas le louper, il n'y a que lui qui s'en sert...
- Très bien, bonne journée.

Synest quitta son interlocuteur en se faisant la réflexion qu'à nouveau, on l'orientait vers la machine à café pour qu'il puisse retrouver un collègue qu'il recherchait.
Et en effet, le bureau du Sergent Botched était vide. Le Nexus 9 se dirigea donc vers la machine à café, qu'il chercha un instant avant d'y trouver un homme en pleine discussion avec une femme.
Il attendit un instant à quelques pas de là, ne souhaitant pas être malpoli.
Il n'entendait ainsi pas la conversation mais regardait la scène.

La femme parlait plus que l'homme, elle semblait d'ailleurs dans une gestuelle typique des personnes qui s'écoutent elles-mêmes.
L'homme ne semblait pas vraiment apprécier l'échange, ni même seulement écouter...
Synest se dit alors qu'il avait tout intérêt à les interrompre. D'une part il n'avait pas toute la journée, et d'autre part, ce Néo Botched, puisqu'il semblait que ce soit lui, apprécierait peut être son intervention et cette extraction d'urgence. Autant marquer des points.
Il s'approche alors :

- Néo Botched?
- Oui ? qui le demande? ah c'est vous.. Synest il me semble? Que puis je faire pour vous? pardon Susan nous avons à parler chiffon avec l'inspecteur, cela vous dérange -t-il de reporter notre charmante discussion à demain?

Synest avait vu juste. Il ne retirait aucune gloire à cela étant donné que l'état d'esprit de Néo était des plus évidents. Il s'étonnait d'ailleurs que cette Suzan n'ait pas conscience de ceci elle-même.
Mais cela était peut être moins évident à percevoir pour un humain.
Bref, le voilà donc en train de remonter le couloir vers le bureau de Néo en la présence de ce dernier. Synest prit la parole, pour dissiper tout malaise éventuel :

- Je suis en effet le Sergent Synest, N9MBA61233. J'enquête aux côtés du Sergent Zenia Sheenon sur l'affaire de la vente d'armes. Nous avons eu quelques échanges à ce sujet.
J'ai appris que vous aviez convoqué le gardien d'un parking. Et il se trouve que le parking en question est lié à une des pistes relatives à notre enquête.
Il semble clair que nos deux affaires sont liées. Aussi, je me demandais si vous accepteriez que je vous accompagne dans l'interrogatoire de cet individu ?

Néo s'arrêta un instant le temps de compiler les informations issues de cette demande qui tombait fort à propos. Il prépara donc une réponse synthétique, efficace, relatant les faits mais aussi les présomptions de leur enquête :

Hum effectivement j'ai convoqué le gardien du parking afin qu'il nous aide à identifier le poseur de bombe auteur de l'assassinat repris aux informations.

Selon nos sources croisée l'UN aurait déjà enquêtée sur le groupe auquel le suspect pourrait être rattaché. Je n'ai pas beaucoup plus d'informations à ce sujet, c'est tout ce que ma partenaire m'a fait remonter mais elle doit en probablement en savoir  plus, j'attends son retour pour que nous croisions nos infos et faire un point global de la situation afin de voir si un détail nous aurait échappé.

Et si j'ai bien compris la situation vous êtes en gestion du 2nd dossier d'enquête confié par Lucas...

De ce que l'on a découvert de notre côté il s'agit d'un individu relié, ou non, à un groupe, fait qu'il faudra éclaircir avec mon binôme June.

  • Il s'agit de professionnels entrainé à utiliser de l'explosif mais avec des méthodes d'un autre temps d'après nos analyses les méthodes employées étaient utilisées il y a 20 ou 30 ans ce qui est un détail particulièrement intéressant vu que les témoins parlent d'un "jeune homme".
  • Il y a donc nécessité de croiser les données avec ce que le gardien pourra nous dire. De plus les vidéos surveillance permettent d'appuyer cette théorie.
  • Soit il s'agit d'un nexus âgés de plus de 20 ans et dans ce cas nous avons un sujet d'étude particulièrement intéressant,
  • Soit il s'agit d'un humain mais qui n'aurait normalement pas accès à ce genre de méthode archaïque de nos jours.

Ces deux présomptions nous indiques donc qu'il y a une forte probabilité qu'il ne s'agit pas d'un individu isolé mais bien d'un groupe.

De plus le manque d'assurance du fabricant de la bombe qui a utilisé 2 détonateurs : un minuteur et un très ancien modèle à ondes radio est contre balancé par la maitrise de l'explosion qui visait une partie bien définie de la rue corrobore cette théorie pour le moment à savoir plusieurs individus seraient impliqués.

Une fois les choses portées à la connaissance du Nexus il enchaina  

De votre côté avez vous une piste impliquant des nexus à l'une de nos affaires voir aux deux?

Qu'avez vous découvert comme élément que vous pourriez partager et qui aurait potentiellement un lien avec notre enquête ?

Vous dites que nos deux enquêtes sont liées par un lieu commun mais de quelle manière?

Quels sont les éléments pertinents que vous pouvez nous transmettre pouvant potentiellement avoir un lien avec notre enquête ?

Si les liaisons entre nos deux enquêtes étaient trop importante il faudra en référer à Lucas et au capitaine pour leur signifier que nous ne travaillons que sur une seule et même enquête.

Concernant votre demande je veux bien que vous participiez à l'interrogatoire, j'avoue que vos compétences en la matière doivent être sensiblement plus affutées que les miennes...

Et, une dernière chose, merci pour Susan....

 

Echappant à la pluie battante, Zenia s’engouffra dans les couloirs familiers du LAPD. Redressant son col de cuir noir, elle s’ébroua rapidement pour émailler de gouttelettes le sol ciré et adopta son air le plus revêche, tout en se dirigeant vers l’ascenseur.

Ce n’était pas bien difficile, vu le manque de sommeil de la nuit passée.

Elle l’avait attendu toute la journée. Puis toute la nuit. En vain. Il lui était forcément arrivé quelque chose. Son ventre se noua à cette pensée. Un court instant, elle se remémora les cauchemars de la nuit, le corps debout criblé de balles… Qu’est-ce qui avait bien pu l’empêcher de venir ? Zenia avançait à grand pas de ses bottes ferrées. Les rares personnes présentes sur son chemin s’écartaient naturellement comme les vagues devant Moïse, ou plutôt comme les rats s’égayant devant l’annonce d’un orage particulièrement dévastateur. Elle s’en fichait. Cela lui laissait le champ libre pour ruminer ses idées noires.

Zenia pénétra dans l’ascenseur vidé mystérieusement de ses occupants. Une autre pensée se forma, plus insidieuse. Peut-être qu’il avait bien été modifié par la Wallace. Et ça… La clé dans son ventre effectua un nouveau quart de tour. Sa fureur redoubla et son regard brilla de colère contenue.

Dans tous les cas, il aurait quand même pu prévenir ! Cela lui fit penser au tech blondinet qui devait venir réparer la machine à café chez elle la semaine dernière. Une machine indispensable et hors de prix, assurant à Zenia un excellent café et de longues heures de veille nécessaires à ses enquêtes. Le tech ne s’était jamais pointé. La machine à café en avait fait les frais. Pourquoi avait-elle pété les plombs aussi soudainement ? Cette pauvre machine ne lui avait pourtant rien fait. Était-ce son inquiétude grandissante sur l’état d’Abel qui lui rongeait les sangs ? Les perspectives insoupçonnées mais non dénuées de danger que lui ouvraient sa collaboration avec Lucas ? Lui en tout cas semblait se réjouir de la voir ruer dans les brancards. Ou alors était-ce une pulsion bien plus enfouie qui la poussait à faire voler en éclats tout ce qui la poussait dans ses retranchements…

Elle en était à se remémorer avec délectation les boulons volant dans la pièce et les éclats de verre brisé quand un homme fit irruption dans l’ascenseur, juste avant que les portes ne se ferment. Il se positionna sagement dans un coin sans la regarder directement, ce qui permit à Zenia de le détailler sans vergogne.

Plutôt grand, son attitude ne trahissait aucune agitation. Il semblait concentré. Un rapide coup d’oeil à son badge confirma ce qu’elle avait deviné : Matricule N9MBA61233, Sergent Synest. C’était bien un Nexus 9. Pas courant. Décidément, les agents Nexus étaient à la mode au LAPD. Ce qui était plutôt curieux étant donnée la xénophobie latente ou affichée dont ils faisaient les frais généralement au sein du bureau. Celui-là devait être un nouveau. Ses épaules ne rasaient pas encore les murs.

L’ascenseur s’immobilisa et le Sergent l’interrogea du regard. D’un mouvement du menton, elle lui fit signe de sortir en premier. Les mains dans les poches, elle lui laissa quelques secondes d’avance afin de pouvoir examiner soigneusement sa démarche, souple et déterminée. Pas de doute, c’était bien un Nexus 9. Il n’y avait qu’à voir comment les autres agents présents dans le couloir lui lançaient pour la plupart des regards méfiants, voire hostiles.

Un point commun, donc.

Elle sortit de l’ascenseur à son tour en priant intérieurement pour qu’il tourne à droite au bout du couloir. Pas de bol, il tourna à gauche. Saisie d’un sombre pressentiment, elle le vit se diriger vers la salle de réunion à laquelle l’avait convoquée Lucas. Rentrant les épaules, elle poussa un gros soupir. Il ne manquait plus que ça pour pimenter la journée.

A ce moment, un autre Sergent sortit en trombe de la salle de réunion, l’air furibard, et bousculant Synest sans s’excuser au passage. Il avait l’air vraiment en rogne. Le tempo venait d’être donné, semblait-il.

Zenia pénétra dans la salle et repéra Lucas debout devant l’écran de projection, un sourire satisfait sur les lèvres. Il avait commencé à répondre aux questions du Sergent Synest, déjà assis et paré au briefing. C’était donc bien avec lui qu’elle allait devoir faire équipe. Elle comptait bien en toucher deux mots au Capitaine Holden. Il était hors de question qu’elle devienne la nounou officielle de tous les nouveaux agents Nexus débarquant au LAPD. C’était d’ailleurs incompréhensible, vu leur propension à finir en pièces détachées à son contact…

Elle s’assit en soupirant et laissa ses bottes trempées reposer négligemment sur la chaise de devant. Avisant Lucas, elle choisit sa meilleure tactique : l’attaque.

« Qu’est-ce que t’as encore fait pour le mettre en rogne à ce point-là ? »

Lucas émit un ricanement ravi. Synest, sur la réserve, semblait intrigué par cette familiarité soudaine.

Lucas rendossa avec souplesse son rôle de Lieutenant et se mit à détailler les différents aspects de la mission qu’il allait leur confier. Concentrée, Zenia gardait néanmoins un œil sur Synest pour évaluer ses réactions. Son apparent professionnalisme lui laissait peu d’espoir de trouver un moyen rapide pour le faire sortir de ses gonds, si l’envie lui en prenait. Déçue, elle reporta son attention juste à temps pour entendre Lucas prononcer le nom de l’agent des Nations Unies qui allait leur servir de liaison dans cette enquête : Abel. Son sang se glaça.

Elle allait finalement le revoir. Pour le pire… ? Et comme une révélation, une autre pensée lui sauta aux yeux : elle allait devoir composer avec non pas un, mais DEUX Nexus ! Dieu que cette journée s’annonçait compliquée ! Enfin, pour eux surtout…

Synest avait écouté patiemment Néo Botched décliner sa série de questions, sans broncher et en tentant de les classer en vue d'y répondre.
Il commença par répondre un simple : " Je vous en prie " à sa dernière remarque sur cette Susan. Puis il enchaîna.

" Rassurez vous, en premier lieu. Nous avons remonté nos déductions au Lieutenant Lucas Rosen. C'était pour nous essentiel. Et même si tout n'est pas encore très clair, ce lien ne permet pas le doute, selon nous. Et comme le Lieutenant semble heureux de garder ces deux affaires, autant lui donner les moyens de le faire...

Un de ces liens, vous venez d'en parler. Le lieux commun qui se dégage le plus clairement est ce parking. Le troisième mort sur lequel nous enquêtons s'est tué dans un accident de véhicule. Les détériorations sur un des propulseurs, tout particulièrement étranges, auraient pu être produite dans un parking... Qui se trouve être celui dont vient le gardien qui nous attend...

Pour les autres liens, se sont plus des suspicions qu'autre chose.
Le lien le plus intéressant, est le mode opératoire, non pas des meurtres, mais des conséquences qui ont poussé les Corporations touchées à étouffer ces affaires. De ce fait, les enquêtes se sont retrouvées closes rapidement.
Le but des responsables de ceci est certainement de montrer leur efficacité, mais sans avoir trop de problème derrière. Leur seul erreur, dans ce cas, a été le meurtre que vous couvrez, et qui a été maquillé en attentat. Pour le coup, le dossier ne peut décemment pas être classé de la même façon.
Mais derrière tout ceci, ce qui est certain, c'est que le responsable de ces actions connait les corporations... La plupart en tout cas. Et sait comment les faire réagir dans le sens qu'il le souhaite.

Nous envisageons donc une personne bien placée, ancien ou actuel d'une corpo ou d'une institution les connaissant très bien (nous n'écartons pas les Nations Unies, à ce titre), qui aurait engagé ce Metis pour vendre une arme spéciale, qui se trouve être potentiellement un groupe de Nexus.
Ces derniers points restant des suppositions.
Ce qui n'est pas une supposition, c'est que les Corporations touchées ont fait pression sur les enquêtes pour étouffer l'affaire, dans les trois cas que nous avons ciblé. Et que si le Lieutenant n'avait pas récupéré l'enquête sur l'attentat, cela aurait aussi pu être le cas...

Notre objectif désormais, c'est d'identifier les auteurs de ces crimes et d'en tisser le lien avec nos affaires, et la votre. D'où mon intérêt pour ce gardien de Parking. "

Synest avait finalement donné plus d'informations qu'il ne le pensait au début, et surtout, il avait évoqué ce qui n'était que de simples conjectures.
Mais assez rapidement, il avait perçu ce à quoi fonctionnait ce sergent, en dehors du mauvais café de la machine de l'étage.
Et cet élément était de la donnée. Il semblait s'en nourrir comme on avale un repas avec gourmandise et avidité.
Synest s'était donc dit qu'il serait bénéfique d'alimenter ceci chez son interlocuteur...

Néo allait réagir comme tout analyste de premier rang :

Il prenait mentalement des notes des déclarations de son interlocuteur et les triait tâchant de définir la marche à suivre pour la suite de l'enquête :

Demander les numéros de dossiers des affaires classées afin de voir les liens sous-jacents qui pourraient relier toutes ces enquêtes.

De faite il était simple d'analyser une affaire classée tant qu'on ne la faisait pas rouvrir, de plus rien n'interdisait de se "documenter" les informations qu'il tentera d'en tirer devraient permettre, il l'espérait, d'étendre la toile au cadre en entier plutôt que d'avoir une vision parcellaire.

Décidément cette enquête allait être intéressante !

En plus, rares étaient les moments où Néo avait pu travailler avec les nexus 9.

Il ne partageait pas l'avis négatif que pouvait avoir ses collègues sur l'évolution de la police. L'ajout des nexus 9 était un gain en intelligence et analyse des données pur et dur et, à vrai dire, il voulait se confronter à leur intelligence et mettre la sienne en concours direct, pour lui il s'agissait plus d'un jeu mais aussi d'une question d'égo : l'homme était il capable de concurrencer les capacités d'analyses et leur "intelligence programmée"?

Merci Sergent Synest, pouvez vous me transmettre les numéros des dossiers des affaires classées à la va vite que vous venez de citer? je vais tenter de voir s'il y a des liens et des éléments qui pourraient relier clairement nos enquêtes avec les éléments que nous avons. Pour ce qui est de l'interrogatoire pas de soucis nous aborderons les deux sujets et verrons bien si notre poseur de bombe est potentiellement le saboteur ou s'il n'agit pas seul. Pour le lien avec les coorpo je verrai avec June c'est elle qui s'occupe de la partie relations sociales pas moi. 

Entrant dans son "antre" il remarqua que Myriam n'était plus là, il posa son regard sur la pendule et compris alors que cela faisait déjà 2 shifts qu'il était présent... une nuit de moins à dormir et faire des découvertes étranges à son réveil au moins !

Je vous transmet les données que j'ai recueilli directement ainsi que les vidéos.

Joignant le geste à la parole Néo intégra Synest au groupe d'enquêteurs autorisés à compulser et analyser les données recueillies.

Dois-je intégrer votre binôme Sergent ou vous partagerez vous même les données?

En attendant que le garde arrive,  je vais commencer mes travaux d'analyses donc vous pouvez vous joindre à moi ou vous pouvez partir faire ce que vous voulez. Je vous appel dès que l'on m'aura informé de son arrivée.

N'attendant pas de réponse Néo se mis à la tâche.

Le Sergent Synest a quand même l’air fatigué. Un léger soupir en buvant son café, le regard pensif qui se perd au-delà de la baie vitrée noyée par des rigoles de pluie incessante. Nous venons de terminer notre petite réunion improvisée dans ce troquet moyen de gamme pour croiser nos infos avant qu’il puisse aller se reposer. Il a drôlement bien travaillé, pour un premier jour. La trame se dessine, mais les acteurs nous échappent encore. En vérité, nous ne sommes pas vraiment plus prêts de les coincer. Peut-être June aura-t-elle plus de chance.

Un jeune homme brun en tenue de serveur nous apporte l’addition. Je la règle rapidement sans lui accorder plus d’attention. Le café était acceptable mais le service plutôt passable. Pourtant, d’habitude, cet établissement parvient à satisfaire mes exigences an matière de café. Mais on sent les gens fébriles et anxieux. Sûrement la conséquence de cet attentat. Et le café…. Vraiment médiocre. Mais on dit que le café a la saveur de la journée à venir. C’est mal parti.

Je souhaite une bonne sieste au Sergent (enfin, si sieste il y a, je n’ai jamais vraiment compris si les Nexus s’endormaient réellement), et je m’engouffre dans le spinner en tâchant d’abréger le temps passé sous ces rideaux de pluie. Abel prend le volant, comme d’habitude. Je ne lui dispute même plus cette place. Dès que je vois son regard de chien battu qui cherche à me faire changer d’avis, ça m’énerve direct. Là, tout de suite, je n’en ai pas l’énergie. Moi aussi, je dois être fatiguée. Ou c’est la faute du café.

Je sens l’air chassé sous le spinner par les moteurs anti-grav, et le véhicule s’élève en tournoyant lentement. La façade de l’immeuble attenant dévoile progressivement un immense écran vidéo vantant les mérites d’une crème de soin utilisée par ces visages japonais qui ont tout de la vielle catin blafarde, à mon avis. Ça ne me donne franchement pas envie d’essayer. L’image projetée accentue la rougeur sanguine des lèvres entrouvertes, l’œil aguicheur de l’actrice. Tout cela m’écœure. Un tel étalage de concupiscence dans une société où seulement respirer et se nourrir est un problème quotidien pour la majorité de l’espèce humaine. Franchement, ces corpos n’ont pas autre chose à foutre que d’aguicher le chaland. Mais bon, tant qu’il y aura des consommateurs… Pas un humain pour rattraper l’autre.

L’œil fardé de khôl cède la place à l’eau miroitante d’un bassin où nagent paresseusement quelques carpes koïs, ces gros poissons colorés d’un monde disparu. Une piètre tentative de nous faire miroiter de la sérénité. Je suis soudain transportée dans le souvenir très net d’une scène similaire. Je suis au bord du bassin du manoir familial. Une bâtisse ancienne et décadente comme un vieux golem pourrissant. Les mêmes poissons s’agitent pour quémander les miettes de mon dîner. La température est fraîche et la main de ma mère frissonne dans la mienne. Tout occupée à faire frétiller les poissons brillants de leurs belles nageoires synthétiques, je ne me rends compte que tardivement que la main de ma mère s’est serrée convulsivement, jusqu’à me broyer les doigts. Ses joues sont striées de larmes. Elle regarde fixement les poissons sans les voir. Elle est morte trois jours plus tard. Je n’ai pas su la réconforter non plus ce soir-là.

Mes souvenirs s’effacent et je reviens brutalement à moi dans le spinner confiné. J’ai du mal à respirer, je chasse une larme fugace en me détournant vers la vitre. J’inspire un grand coup, je reprends mes esprits et bande soigneusement mon cœur d’une écharpe de glace. Plus jamais. Je ne veux plus me sentir impuissante à ce point.

Je sors mon PK D5223 de son holster et vérifie soigneusement la détente pour me calmer. Abel me jette un regard en biais, inquiet. Mais mes yeux ne voient que la pluie. Et l’ennemi à abattre. Quel qu’il soit. Ce n’est pas ça qui manque. Le bon café, par contre….

 

Zenia Sheenon

Synest s'arrête sur le palier. Il regarde un instant la porte qui fait face à celle de son appartement. Il tend l'oreille. Le silence ne l'inquiète pas plus qu'il ne rassure.
Au moins, se dit-il, la petite n'est pas assise dehors comme ce matin.
Ce qui aurait été encore plus problématique, compte tenu de l'heure tardive... Ou matinale en fait, selon le point de vue.
Il finit par se tourner vers son logement et se fige un instant, étonné.
Quelqu'un a tenté d'effacer le graffiti qui ornait sa propre porte.
Les traces de peinture sont toujours visibles, étalées, mais il n'est plus possible d'en lire la signification. Un trouble passe en lui.
Il déverrouille l'entrée de son logement et y rentre dans l'espoir de se reposer de cette journée aussi longue qu'épuisante.
Il enlève sa veste détrempée et l'accroche dans la douche. Range son arme et son insigne en lieu sur, et se dirige vers la cuisine.
Il ouvre le frigo. Dans l'appartement sombre, la lumière blanche de l'appareil éclaire les traits tirés du sergent. Il prend une bière.
Tout en décapsulant la bouteille, il se dirige vers la fenêtre, en se demandant combien de ses collègues partageaint ainsi ce même geste en rentrant chez eux.
Le faisait-il naturellement, ou était-ce un simple mimétisme, ou pire, une emprunte laissée dans son cerveau, une ritournelle programmée et enregistrée dans le but de donner de la contenance à l'être neuf qu'il était.

Ses pensées naviguent alors vers un sujet qu'il n'avait pourtant pas l'envie d'ouvrir.
Tout au long de cette journée, il s'était tenu à ne pas les effleurer et encore moins à les approfondir. Mais s'il est simple de le faire au coeur du rythme trépident de sa mission, il est plus difficile de s'y astreindre à cet instant, debout devant une fenêtre n'ouvrant que sur la pluie, dans son appartement silencieux et presque vide.

Abel.

Dès le début, ce Nexus 9 avait provoqué chez lui une étrange réaction.
Réaction qu'il n'avait pas aimée, et qu'il avait cherché à ne pas la laisser s'imprégner en lui.
Mais l'agent de liaison avait passé une grande partie de la journée dans les parages de Synest et surtout du Sergent Sheenon.
Son comportement le matin, lors de leur première rencontre et de ses "retrouvailles" avec Zénia (tiens, Synest se surprend à utiliser le prénom de sa collègue... Il faudra qu'il fasse attention à cela...), donc du Sergent Sheenon, n'avait pu être qu'un écart soulevé par la surprise.
Mais d'autres moments avaient renforcé cette étrange sensation.
La relation observée avec Serenity, alors que Synest sortait de l'interrogation du Gardien de Parking avec cet étonnant Analyste Néo Botched...
Et ce soir... Enfin cette nuit... Dans ce café où Synest débriefait avec sa collègue.

Il repense alors soudainement à cet Amiroïd qu'il avait observer tourner dans la roue de sa cage il y a quelques semaines. Le fameux soir où il était tombé sur le Lieutenant... Enfin, le Sergent Andrew Rolsten.

Faire ce pour quoi on est fait.

Synest comprend alors pourquoi cet Abel le dérange autant.
Le Nexus ne tournait pas dans sa roue parce qu'il devait le faire, mais parce qu'il voulait le faire.
Cela donnait l'impression qu'il agissait non pour remplir son devoir, mais pour assouvir une quelconque impulsion personnelle.
Au point d'être accaparé par cette volonté, accaparé et esclave.
L'asservissement volontaire de celui qui met l'assentiment de l'autre avant ses obligations.
Protéger et servir non pas parce que cela est sa mission, mais pour plaire, pour obtenir la satisfaction de ce que l'on pourra voir dans les yeux de l'autre.

Le Sergent Sheenon est chargée d'une tension émotionnelle forte. De sentiments qui brouillent ses pensées et potentiellement étouffent ses sens.
Mais c'est une humaine.
Les Nexus sont là pour aider les humains à compenser cette force exceptionnelle qu'ils ont et qui peut devenir le pire de leur ennemi, leur plus grande fragilité.
Nous ne sommes pas là pour renforcer ces fragilités en jouant les chiens battus, les victimes d'un drame ou les miroirs des sentiments.

Qu'aurait donc été en mesure de faire Serenity si elle avait ainsi été l'éponge et le ricochet du vague à l'âme d'Abel ?
L'efficacité redoutable de l'Analyste n'aurait sans doute pas pu s'exprimer avec autant de brio si elle avait eu l'esprit encombré par l'attitude de l'agent des UN.
Nous ne sommes pas des humains. Et ce n'est pas en essayant de leur ressembler que l'on sera mieux acceptés. Synest est même persuadé que c'est l'inverse.
Agir en humain est une dérive à éviter. Il a conscience de la gêne que cela peut créer, lui qui l'a ressenti aussi rapidement vis à vis de son congénère... Une sensation étrange le parcourt à l'utilisation de ce terme. Serait-ce du dégoût. Non ce ne peut pas.
C'est sans doute une simple alerte face à une anomalie.
Nous ne devons pas attendre des humains ce que l'on souhaite. C'est tout l'inverse. Nous devons donner aux humains ce qu'ils attendent. C'est la seule clé d'une entente entre les deux espèces.
Aller à l'encontre de ce précepte n'amènera que trouble, trahison et mort...
Trahison et mort...
Des images de bassins à protéines traversent soudainement l'esprit de Synest.
Pas deux fois... Se dit-il alors à lui même sans vraiment comprendre le sens de ses pensées.
Il y veillera.

Etrangement, il se sent mieux. Ses mauvaises pensées se volatilisent comme elles sont apparues.
Il va aller se coucher plus serein.
Il va dormir d'un sommeil sans interférence.
Demain sera un autre jour... Quelque soit le goût du café...

La scène était irréelle, insolite, voir amusante si l'on pouvait saisir l'ironie de la situation..

Synest courrait au milieu du parking un patch militaire à l'effigie d'une chouette aux yeux scintillants qui me fixent sans que je puisse même détourner le regard, sauf peut être pour apercevoir que June chevauchait le nexus en brandissant un drapeau ou une écharpe de l'UN... je ne serais trop le dire car les explosions de speeder autour de nous m'empêchaient de me concentrer ! CONCENTRE TOI BON SANG ! tournant la tête je pouvais voir le gardien tout de gras vêtu me tendre quelque chose de métallique, CE N EST PAS LE MOMENT DE ME PROPOSER UNE CUILLERE IMBECILE ! soudain le visage désapprobateur de Suzan ce superposa à celui du gardien, elle me scrutait avec une mou vindicative qui semblait me juger !

CE N EST VRAIMENT PAS LE MOMENT SUZAN, VRAIMENT PAS LE MOMENT ! 

Un son métallique et répétitif m'agressait les oreilles...

Senor? Senor? vous voulez oune cuillère pour touiller votre café? Senor?

Je sursautais tiré de ma rêverie par la femme du restaurant situé face à notre scène du crime...

déjà 4 heures du matin.... 

Oups désolé je pense m'être assoupi un instant pardonnez moi... oui euh enfin non pas de sucre merci. Par contre peut être pourriez vous encore m'aider ? voyez vous avec ma collègue vous nous avez parlé d'un homme avec une veste militaire? reconnaissez vous cet écusson? si oui pourriez vous me dire d'où vous le connaissez? car vous nous avez parlé de votre grand père engagé dans le conflit de *insérer le nom du conflit* ? 

Une fois la réponse obtenue je me mis en route vers le parking là bas peut être que je trouverai la pièce manquante qui sait?

Note pour moi même : le sergent Synest à un profil de Licorne c est à la fois amusant et perturbant.... quant à June en amazone sur la dite licorne... non vraiment le manque de sommeil peut être néfaste pour la santé...

Zenia serre convulsivement dans sa main le pendentif tâché de sang d’Abel.

Son cœur cogne follement dans sa poitrine comme un moineau paniqué. Son regard erre désespérément sur les murs grisâtres, la rue encombrée de détritus, les quelques portes obstinément fermées, à la recherche du moindre indice, une trace de sang, le pas lourd de ce Nexus, les talons de la femme… Rien. Il est 6h du matin, il n’y a personne dans les rues à cette heure trop tardive ou trop matinale. Seul le néon vieillot et tremblotant d’une enseigne en hindi éclaire le décor.

Elle a du mal à respirer, la panique la submerge. Elle ne cesse de repenser au dernier regard qu’il lui a lancé tandis qu’elle démarrait le spinner, le mauvais pressentiment terrifiant qui lui avait serré la cage thoracique, cette main qu’elle avait brièvement saisie et son air d’incompréhension qui l’avait fait… fuir ? Sans doute, oui. Elle avait fui. Elle l’avait mis à distance, croyant le protéger d’elle-même. Et voilà le résultat.

Son pas s’accélère, elle tente vainement d’apercevoir un indice, même infime. Elle entend alors des voix, toutes masculines. Devant. Elle aperçoit l’un des hommes, même carrure brutale que le Nexus 6, veste similaire. Sans se soucier des autres, elle se précipite, lui agrippe le bras et le retourne violemment, le bras levé, prête à frapper.

Mais ce n’est pas lui. Ce n’est qu’un inconnu. Un humain en plus, visiblement, juste passablement éméché.

Elle suspend son geste, laisse retomber son bras et se détourne. L’orage se rapproche, le tonnerre gronde au loin.

Mais l’homme ne l’entend pas ainsi. Il saisit son avant-bras et la force à se retourner en l’apostrophant de paroles enjôleuses, qu’elle n’arrive pas à comprendre, comme si son cerveau et ses capacités cognitives étaient de la bouillie. Elle essaie vaguement de se dégager, indifférente à son attitude, ses pensées toutes tournées vers son désespoir. Il plaque alors sa bouche avinée sur la sienne dans un mouvement brutal.

Son sang ne fait qu’un tour. Sa vue se voile de rouge. Elle le repousse de toute la force dont elle est capable et lui assène un méchant coup de boule en pleine tête. L’homme hurle, mais elle ne l’entend même pas. D’une rapide rotation du buste, elle abaisse son centre de gravité et lui fauche les jambes, le faisant lourdement tomber sur le dos. Puis elle se précipite sur lui à califourchon et commencer à lui asséner méthodiquement des coups violents en plein visage, armée de son poing américain. Ses coups sont précis, déterminés, automatiques, comme un bûcheron fendant du bois. Elle ne voit pas le visage en charpie. Elle ne voit que le Nexus 6 passant Abel à tabac.

Elle reçoit alors un coup à l’arrière du crâne qui la fait vaciller et voir trente-six chandelles. Elle avait oublié qu’il n‘était pas seul.

Malgré ses vertiges, elle se laisse tomber sur le côté tout en dégageant son arme, et ses réflexes la sauvent. Elle tire. A cette distance, impossible de rater, surtout pour elle. Elle en abat deux, l’un en pleine tête, l’autre dans la poitrine. Comme au stand de tir. Le troisième tente de s’abriter mais elle le touche à la hanche. Il s’écroule en hurlant et se dirige en rampant vers une benne à ordures. Elle se relève péniblement, prend quelques secondes pour stabiliser sa vision. L’aube commence à poindre, une faible lueur rosée éclaire la façade des bâtiments austères. L’orage se rapproche encore et un éclair soudain illumine la scène. Elle se dirige vers l’homme, blotti derrière la benne, se tenant convulsivement le côté tâché de sang. Il lui parle, la supplie mais elle n’entend pas. Comme si ses sens avaient cessé de fonctionner. Elle lève son arme, ajuste, et appuie sur la détente. Elle n’entend même pas le coup de feu, juste un sifflement persistant qui s’amplifie. Elle porte une main tremblante à sa nuque : elle est empoissée de sang.

Son regard erre sans se poser sur le carnage qu’elle laisse derrière elle. Elle est vaguement déçue. Le cinquième homme s’est enfui.

Elle reprend sa route mais sa progression se fait de plus en plus laborieuse. Sa tête la lance horriblement, comme si un million de petits marteaux-piqueurs avaient décidé de s’attaquer à l’arrière de son crâne. Les éclairs se rapprochent, et l’orage éclate, brutal, sans pitié, noyant ses larmes et son sang de trombes d’eau. Elle pense confusément à s’abriter. Elle franchit une grille sur le côté de la rue et se retrouve dans un endroit étrange, une sorte de parc, avec quelques statues de… d’animaux ? Des pancartes défraîchies, illisibles avec toute cette pluie. Elle titube encore quelques mètres et s’affale contre l’un des murs. Le sifflement dans sa tête persiste et anesthésie la douleur. Elle essaie péniblement d’analyser les environs et s’aperçoit qu’elle est derrière une grille rouillée, comme les barreaux d’une prison. Elle comprend alors où elle se trouve. C’est l’ancien zoo, encore peuplé de quelques rares fantômes holographiques d’animaux qui n’existent plus que dans les animations tridi. Elle se souvient s’y être promenée plusieurs fois, quand sa famille était encore heureuse, enfin, à ses yeux de petite fille. A quelques mètres d’elle, un hologramme fatigué tente vainement d’animer une sorte de grand singe sombre, assis à mâchouiller une branche d’un arbre depuis longtemps disparu. Ses yeux semblent si tristes. Si humains aussi. Comme s’il était en train de la regarder. Elle se dit qu’il doit la trouver bien pathétique.

Encore maintenant, elle se retrouve en cage. Sans pouvoir s’échapper. C’est toute l’ironie de sa vie.

A bout de forces, vidée, elle se laisse glisser lentement jusqu’au sol, en position fœtale. Sa vue finit de se brouiller. Ils sont morts. Tous morts, par sa faute, sans qu’elle ne puisse absolument rien y faire. Sa mère. Aleks. Et maintenant Abel. Elle n’a rien pu faire, malgré toutes ses tentatives pour rectifier la situation. Mais peut-être est-ce là son tort. Espérer garder le contrôle. Car au final, elle a encore tout fait foirer. Elle aurait mieux fait de suivre son instinct, ce sombre pressentiment qui l’avait étreint, et qu’elle a nié malgré tout, qu’elle a fui.

Elle ferme les yeux, incapable de penser davantage. Elle entend alors la voix de Lukas, comme s’il était juste au-dessus d’elle, comme la dernière fois, à la mort d’Aleks :

« Est-ce que tu vas rester là à te morfondre, et mourir, comme une foutue héroïne tragique ? Ou est-ce que tu vas ramper et te battre ? »

Un sourire fugace fleurit sur ses lèvres. Puis tout devient noir.

Ce n'est qu'une éraflure j'en ai vu d'autre ne vous inquiétez pas !

Une fois la blessure pansée Néo commanda un speeder à destination de son domicile.

La fatigue, le stress et le shoot d'adrénaline eurent raison de lui et il sombra dans le sommeil à peine la porte du speeder refermée.

Les médocs étaient efficaces....

Un premier réveil en sursaut alors que la porte du speeder s'ouvrait donnant la vision direct sur la porte de son immeuble.... le trajet avait été... rapide?

Un message pour le lieutenant pour le prévenir que je ne serai pas dispo ce matin mais bien présent au poste pour la shift de l'après-midi, j'incorpore les éléments que j'ai trouvé et les demandes d'analyse du DD crypté... 

Le corps meurtri et l'esprit fatigué Néo poussa la porte de son appartement, versa une bonne quantité de désinfectant sur la plaie de sa jambe et parti au lit sans demander son reste.

 **vrrrr** **vvrrrr** vvrrrr**

Cela faisait à peine 7 minutes qu'il s'était endormi... 7 messages et un appel en cours, 

A...allo ? 

Allo mon pti Néo? j'ai appris que vous aviez été blessé je venais aux nouvelles, vous savez mon mari pense que les blessures dans votre travail sont un peu les médailles que l'on ne vous donne pas. Et puis par dessus tout cela prouve que vous êtes utiles, mais je pense aussi pour ma part que c'est une bonne chose... non pas que vous vous soyez fait tiré dessus, bien entendu mais que vos blessures racontes une histoire sur le type d'homme que vous êtes et que...

NON MAIS VOUS ÊTES SERIEUSE ????? Déjà que je tolère vos insignifiant papotages au boulot mais là vous me dites que c'est une bonne chose que j'ai pris une balle? mais vous êtes complètement conne cela dépasse l'entendement ! déjà que votre abruti de mari simulateur, qui vous fait d'ailleurs cocu avec la voisine de palier, est un immonde personnage qui me donnerait presque envie de faire une bavure ! Mais aussi pour que vous le sachiez !  tout le monde au commissariat fait tout pour vous éviter ! SAUF MOI JUSQU'A PRESENT ! Même au titre d'une expérience humaine je ne pourrais pas vous prendre comme cobaye ! un singe ferait mieux l'affaire ! Arrêtez avec vos jacassements incessants et inutiles ! arrêtez ! Je vais vous dire....

 

Tuuuu***tuuuu*tuuuu*tuuu

Cela faisait déjà quelques secondes qu'elle avait raccroché....

avec un peu de chance elle va se foutre  en l'air et arrêter d'abaisser le QI du quartier! 

... et merde... le lieutenant et le capitaine n'allaient pas être content..... 

Je claque la porte du hacker. Je ne sais pas trop quoi en penser… Est-il fiable? Le temps nous le dira… 

Au suivant… J’allume une cigarette et commence à déambuler en direction de l’endroit qui m’avait été indiqué. Ce n’est pas facile à trouver, rien n’est facile à trouver ici. L’obscurité, les passages à peine plus large que moi, les murs tous semblables… Parfait pour se planquer. Parfait pour un médecin clandestin en charge de rafistoler les nexus hors la loi…

J’arrive à destination. Une porte, semblable aux autres, mais qui abrite, selon mes informations, l’individu qui m’intéresse. Je termine tranquillement ma clope en observant la rue devant moi, déserte diffusant cette ambiance lourde typique du quartier. Je pourrais comparer cela à un bruit blanc qui occulte tout, pénètre jusqu’à vos os, le reste n’a plus d’importance… Une brûlure se fait sentir sur mes doigts. Tiens, ma cigarette est arrivée à son terme. Il est temps d’aller rendre visite à ce bon docteur.

Je frappe à la porte. Aucune réponse… Visiblement personne n’est sensible à la bienséance ici. Suis-je étonnée? Non. Je tente d’ouvrir la porte qui se laisse faire sans résistance. Au moment de franchir le seuil, j’entends un son grésillant en provenance d’une pièce perdu au fond du local.

Mettez des sur-chaussures j’arrive. 

Je hausse un sourcil sans comprendre. 

Des sur-quoi? 

Dans la boîte à droite de vous.

Je tourne la tête sur le côté et mon regard rencontre une boîte remplie de ce qui semble être des sacs plastiques bariolés de la taille d’un pied.

Sans blague…

Je lève les yeux pour observer les lieux. La pièce est vétuste, les murs grisâtres sont rafistolés par endroits et quelques chaises errent dans un coin. Pas étonnant. Ce qui l’est par contre c’est la propreté. Enfin, aussi propre que cela puisse l’être mais pour un endroit comme celui-ci c’est tout de même remarquable.

J’entends des pas irréguliers se rapprochant et vois apparaître un homme boitillant plongé dans ses papiers.

Vous avez besoin de qu… 

Il lève la tête et ses yeux s’écarquillent d’effroi, son visage palissant à vue d’œil.

Tiens, tiens mais qui voilà. Un petit sourire narquois se dessine sur mon visage.

Il semblerait que quelqu’un ait un attrait pour les ennuis… 

L’homme amorce un mouvement en arrière.

N’y pense même pas.

Dis-je calmement en ouvrant mon trench pour tapoter mon blaster de la main. Il se figea. Et heureusement. Je n’avais clairement pas envie de lui courir après. Je me dirige vers les chaises et en attrape deux que je fais glisser bruyamment vers mon interlocuteur.

Assis.

Fis-je en désignant une des chaise de la tête

Et rien… Aucune réaction. Je souffle du nez… Décidément, il a quelques problèmes pour suivre les ordres le doc. Pourtant, il ne semble pas briller par son courage. Je l’observe en silence quelques secondes et peut percevoir de légers tremblements. Il a peur… Je n’ai pourtant pas été particulièrement agressive aujourd’hui. Je souffle de nouveau et désigne mes pieds.

J’ai mis des sur-chaussures pourtant…. On peut parler non? 

Peut être dû à mon air faussement embarrassé ou au ridicule de mes pieds magnifiquement parés de sacs à zigzags multicolores, le médecin semble se détendre un peu et prend place sur la chaise en face de moi.

Qu’est ce que vous me voulez? 

Son ton est las, il est battu avant même d’être entré dans l’arène. 

Je farfouille dans mon trench et lui brandit une photo juste devant le nez.

Tu as rafistolé ce nexus? 

Son regard détaille l’image, louchant légèrement au vue de la proximité de celle-ci.

Je… Non… Je… 

Je me racle la gorge et lui colle l’écran sur le nez lui écrasant légèrement.

 Ne me fait pas perdre mon temps. 

Ma voix laisse transparaître l’agacement qui commence doucement à m’envahir. Je n’aime pas cette situation. Cet imbécile est recherché et il ne trouve pas mieux que de refaire la même erreur et dans la même ville qui plus est. Et bien sûr, sur une de mes enquêtes. Je grogne de frustration et je vois l’individu se recroqueviller sur sa chaise. Je retiens un rire. Non mais franchement, il ne m’a pas vu dans mes mauvais jours celui-là.

 Je… je n’ai rien fait de mal, je vous jure! Il était blessé, vraiment mal en point… Je ne pouvais pas rester sans rien faire… 

Je lui fait un geste de main pour l’enjoindre à continuer.

Je ne sais pas quoi vous dire de plus… il avait sûrement été pris dans une sacrée bagarre. Il avait pris des coups ça c’est sûr. Et on lui avait tiré dessus…

Oui, c’était cohérent…

Quel calibre? 

Les yeux du médecin s’agrandirent.

Je…Je ne sais pas! Je ne connais rien aux armes moi! Mais c’était gros ça c’est sûr… 

Je m’enfonce un peu plus profondément dans ma chaise. 

Un nom? 

Je le vois froncer les sourcils essayent visiblement de rassembler des souvenirs.

JD. En tout cas c’est comme ça qu’il s’est présenté à moi. Mais… 

Je me redresse légèrement.

 Mais? 

Il se passe la main sur la nuque l’air embarrassé.

Ben…vous savez les nexus n’ont pas tous des noms et… bah je pense qu’il a juste pris le début de son numéro de série quoi… 

Je me fige, toute ouïe.

 Tu as vu son numéro de série Doc? 

Il acquiesce lentement de la tête.

Oui mais… s’il vous plaît ne me dénoncez pas et je vous le donne… 

Je souffle du nez et hoche la tête.

JD-NX6369 

Je note la référence, voilà qui pourrait être utile.

Bonne mémoire. Autre chose? Tout détail est bon à prendre.

Je vois ses lèvres se pincer et il dit d’une petite voix:

Non… On a pas beaucoup parlé vous savez… Il était vraiment bien amoché.. Puis, votre gars… il ne cicatrisait pas… Et pour un nexus ce n’est pas bon signe. Pas bon du tout… 

Il est là, assis sur sa chaise, la tête baissée. On dirait un goss pris sur le fait. Je pense que je n’en tirerai pas plus… Je me lève en faisant racler la chaise.

 Ok… Tu m’as été utile. Sois-sage Doc, j’aimerai éviter de devoir te rendre visite une nouvelle fois. 

Je me retourne et commence à me diriger vers la sortie lorsque j’entends une dernière question dans mon dos.

Ivy… c’est vous qui l’avez tué hein? 

Je franchis la porte sans un mot.

L’air vicié de la ruelle sombre me frappe de plein fouet. Je longe les bâtiments crasseux en direction de mon spinner, lorsque j’aperçois quelquechose bouger au loin… Deux silhouettes qui semblent se battre, ce n’est pas rare dans ce coin mais… Quelquechose cloche… les mouvements semblent synchronisés et aucun d’entre eux ne semble toucher l’autre. Je m’arrête pour observer et me rend compte de mon erreur. Ce n’est pas un combat, c’est une danse. Une danse au milieu de ce chaos.

Une caisse gît contre un mur, non loin de moi et je décide de m’assoir dessus pour m’octroyer une pose. J’allume une cigarette, prend une longue bouffée de nicotine et… bon sang ça fait du bien! D’ici je peux apercevoir les énergumènes virevolter… Sont-ils défoncés? Fort possible. Disons que cela fait un spectacle divertissant…

J’allume mon KIA. Autant profiter de cette accalmie pour remonter les infos que j’ai obtenu. Qui sait cela sera peut être utile au seul membre de l’équipe encore en course… C’était quoi son nom déjà? Sylvestre? Non… Allez réfléchis June… Il t’a offert un café, il mérite au moins que tu te souviennes de son nom le temps de l’enquête.. Ah! Synest je crois…

Je me mets à taper:

Fiabilité de l’info: à définir

Sujet: Mails vérolés 

Infos: 

  • Nouvel entrant dans le milieu: non humain, anarchiste, extrémiste localisé sur Mars -> a recruté un marchant d’arme 
  • Donnés volées via virus mais pas encore transmises en totalité au client: le reste des données sont cryptées et dans une malette à l’astroport. Lorsque le client aura payé, il aura accès aux données -> planque à prévoir  pour identifier le client?
  • Client non identifié. 
  • Pas lié à de l’espionnage industriel en tant que tel mais recherche de dossiers sensibles/sales (chantage, dénigrement?)


******

Fiabilité de l’info: à définir

Sujet: Nexus 6 mâle

Infos: 

  • Blessures coups + impact gros calibre. 
  • A été soigné mais ne cicatrise plus -> mauvais signe, fin de vie?
  • Répond au nom de JD 
  • Numéro de série: JD-NX6369 -> à creuser

 

J’envoie le tout et tire lentement sur ma cigarette. Voilà qui est fait.

Je jette un nouveau coup d’œil au couple gesticulant. Deux inconscients au milieu de la fosse… Deux anomalies…

Que ce passerait-il si je baissais ma garde ici, maintenant? Disparaîtrais-je? Finirais-je  comme fait divers dans un des torchons de la ville? Cela ferait-il une différence? Les enquêtes s’enchaînent, les nexus sont retirés mais cela améliore t-il quoi que ce soit? 

Je soupire. Des questions, encore des questions… la sobriété ne me va pas. J’ai besoin d’un verre. Ou de jouer avec le destin… J’appuie mon dos contre le mur, me détends et ferme les yeux. Peut-être aurais-je la réponse à une de mes question aujourd’hui.

Euh… vous ne devriez pas rester comme ça… vous savez cet endroit n’est pas pas très bien famé et… 


Un léger ricanement franchit mes lèvres. Visiblement, le médecin avait suivi mon départ et, dans un sursaut d’humanité, avait décidé de m’éviter un dépouillage… ou peut être n’avait tout simplement pas envie de se retrouver avec un cadavre de Blade Runner à deux pas de son lieu de travail… Je lui fais un léger signe de tête l’invitant à rejoindre son local, ce qu’il fit sans se faire prier. 

Je soupire et prend une nouvelle bouffée de nicotine.

 Zénia, Abel, Néo… Que leur est-il arrivé? Est-ce qu’ils vont bien?

Cette voix, je ne la connais que trop bien. Si semblable et si différente à la fois. Si agaçante mais si apaisante. Je n’avais pas besoin de tourner la tête pour savoir qui se tenait à côté de moi à l’instant. La fumée sort de mes lèvres pour s’élever dans une volute de fumée dans laquelle je me perds quelques instants.

Qu’ils se démerdent.

Grognais-je peu encline à aborder le sujet.

Pas à moi. Je suis la mieux placée pour savoir ce qui importe… Et eux, ils comptent… Zénia et sa capacité à se foutre dans les embrouilles.

Un léger rire se fait entendre.

Abel, le nexus froid au cœur bouillonnant. Néo l’analyste cadré comme un robot qui tente d’apprivoiser l’empathie à coup de manteau sous la pluie. 

J’émets un soufflement dédaigneux peu convaincant. Pourquoi dois-je toujours m’encombrer l’esprit avec les autres… Sûrement parce que je suis faible, je l’ai toujours été… 

Ah et au fait, jeter un coup d’œil au KIA serait une bonne idée je pense.

Continua la voix malicieusement.

Après un énième soufflement, je glisse ma main dans la poche de mon fidèle trench à la recherche du dit objet. Une fois allumé, l’écran s’ouvre sur un message qui fait apparaître un léger sourire sur mon visage fatigué:

"Je suis vivante. Je vais à l'hôpital."

La lumière rouge de son vieux radio réveil donnait un aspect bien austère à sa chambre.

Le yeux grands ouvert fixant le plafond fait de bêton brut, Néo essuyait la transpiration qui perlait sur son front.

 Encore ce cauchemar, encore cette agression ou du moins de cette vision confuse de l'agression dont il avait été témoin, agression qui ne l'avait pas fait réagir à l'époque... Mais aujourd'hui le visage de cette femme était remplacé par celui de Myriam, une Myriam en sang, morte. Et ça le perturbait ! 

Ce levant dans la semi obscurité  Néo fixait son "cocon" plein de bric et de broc démonté ou en cours de démontage. 

Des machines vintages démontées, désossées voir même autopsiées ! Il les fixait du regard comme un parent observant ses enfants...

Voilà des choses que je comprends, que je maîtrise; tout le contraire de mes relations sociales.

Hier j'ai failli mourir et la seule personne qui prends des nouvelles ne le fait que par pur formalisme voir même poussée par un désarroi social aussi profond que le mien...

Je lui apporterai des fleurs, si j'ai le temps; au moins je prendrai mon café au calme pour quelques temps...

Son regard se porta sur un vieux transistor. Une radio d'un autre temps.... d'un autre temps!

Tout comme le Nexus qui l'avait braqué hier il en était certain ! Une V6 ? normalement c est impossible mais pourquoi pas !

Cependant une question lui torturait le cerveau :

 Comment un nexus capable de tuer ne l'avait pas juste abattu sans avertissement....

cela Néo ne se l'expliquait pas.... le garde assommé, la mise en garde et la demande de lâcher le disque dur et la perle... alors qu'il aurait pu simplement les prendre sur son cadavre.... 

Un coup de chance? un relent d'humanisme ?

Et pourquoi cette fuite après la cri féminin et la détonation lointaine ?

Il mit de l'eau à chauffer pour dissoudre son café instantané en scrutant machinalement son KIA.

Merde !

Lâchant sa tasse il s'habilla en vitesse et ne pris pas le temps de boire son café avant de partir précipitamment.

Sur le KIA une information sur un agent blessé et un disparu le tout appuyé par le message de June "je vais à l'hôpital"

Zénia, un "membre d'appui du bureau" et moi....Soit nous sommes des cibles mouvantes soit ces dossiers sont pourris et nos adversaires sont prêts à tout... j'ai mon idée...

Malgré une courte nuit Néo se rendait à l'hôpital.... il en profitera pour faire changer son pansement.... son côté pragmatique reprenait vite le dessus....

Avec un père PDG d’une corpo aussi influente, on pourrait croire que j’avais vécu une enfance bénie et que mon chemin était tout tracé.

Il n’en est rien. Et les évènements qui se sont produits ont laissé des traces écarlates et indélébiles.

D’aussi loin que je m’en souvienne, ma mère avait toujours été d’une nature triste. Très belle, elle faisait la joie et la fierté de mon père qui l’adorait positivement. Il était attentif à tous ses besoins. Exprimait-elle l’envie d’aller voir tel spectacle, se promener dans telle boutique, il faisait toujours en sorte de satisfaire tous ses désirs. Mais avec le recul, et un regard plus adulte sur ce que j’ai vécu, j’ai compris qu’elle était elle aussi enfermée dans une prison dorée. Elle devait toujours paraître, faire semblant d’être d’accord, faire semblait d’être satisfaite. Porter un masque en permanence. C’était la reine des masques. Je crois bien qu’il n’y a qu’avec moi qu’elle ne faisait pas l’effort de les porter. Car je n’étais qu’une enfant timide et ignorante, je ne pouvais percer à jour ce qui se tramait à l’époque. Et mon père, eh bien, entre son travail très prenant et le souci qu’il avait du bien-être de la femme qu’il aimait, j’avais très peu de place.

J’avais dans les 8 ans, en 2020. Ma mère sombrait de plus en plus souvent dans des périodes de mélancolie profonde. Elle restait assise immobile, le regard vague, ou plongeait dans un sommeil que je croyais réparateur. Mon père et les domestiques me disaient qu’elle était malade, qu’il fallait éviter de lui créer des émotions fortes. Alors je me faisais toute petite. Je dérangeais le moins possible. J’en avais pris l’habitude. Je faisais docilement tout ce qu’on me demandait. J’avais d’excellentes notes, j’étais polie, réservée voire timide selon certains, j’attendais toujours que l’on s’adresse à moi avant de parler. Sage comme les images des temps anciens que je collectionnais dans mon vieux cahier à fleurs.

N'importe quelle enfant normale aurait compensé par un confident, un gentil toutou amiroïde, voire un ami imaginaire. Pas moi. J’avais déjà appris à puiser dans mes propres ressources. J’avais confusément deviné que malgré mon attitude soumise et irréprochable, rien de ce que je faisais ne parvenait à tirer le moindre sourire authentique à ma mère. J’en venais à me dire que c’était sûrement en partie ma faute. Et je m’évertuais à toujours plus me fondre dans le décor, pour lui causer le moins de souci possible. Je calfeutrais soigneusement mes émotions derrière l’image de l’enfant modèle.

Un soir, tout a dérapé.

Mes parents s’étaient disputés plus tôt dans la journée, j’avais entendu les cris, l’agacement de mon père, les cris presque hystériques de ma mère. Ça lui arrivait parfois, à ma mère, de s’énerver sans garder le moindre contrôle. Je sais qu’elle pouvait même être violente, je l’avais déjà vu gifler mon père, casser la vaisselle de luxe au pied des domestiques.

Elle s’était murée ensuite dans un silence obstiné, dans le petit salon attenant au jardin, en regardant fixement le vase de lys artificiels ornant la table basse. Désœuvrée, je m’étais mise à faire un beau dessin à même le sol, allongée sur le riche tapis persan à motifs bleutés. Je dessinais des choses sans conséquence, volontairement gaies, une jolie maison au toit rouge, un beau soleil pour la réchauffer de ses rayons. Elle restait mutique. Quand je fus satisfaite, je lui montrais fièrement mon œuvre, dans l’espoir ténu de lui redonner le sourire.

Elle regarda bêtement le dessin. J’eus l’impression qu’elle ne l’avait même pas vu, quand elle se leva brusquement, m’attrapa la main et m’entraîna à sa suite à travers l’immense bâtisse. J’en lâchais mon dessin de surprise.

Notre maison, ce n’était pas une jolie petite maison au toit rouge. C’était un véritable labyrinthe de couloirs, petites et grandes pièces, imitant les splendeurs des manoirs des siècles passés. Je l’appelais le Vieux Golem. J’en connaissais presque tous les recoins. Mais pas tous.

Elle m’entraîna dans une aile que je connaissais mal, car j’avais interdiction formelle d’y jouer. Bien sûr, à l’époque, j’avais scrupuleusement suivi la consigne.

Nous montâmes plusieurs étages, jusqu’à arriver à une petite échelle en bois branlant, menant sans aucun doute au grenier. Je ne connaissais pas du tout cette partie du Golem, mais elle si, vue son assurance.

Elle me poussa à monter les marches fragiles, et je découvrais une vaste pièce lambrissée dans les soupentes du toit. De nombreuses toiles d’araignées tapissaient les recoins sombres et humides, et un unique fauteuil imitation Empire en velours vert ornait la pièce, et faisait face à une petite lucarne donnant sur l’allée principale du domaine. Je l’entendis verrouiller la trappe, puis elle alla jusqu’à la lucarne et jeta la clé par la fenêtre ouverte.

Je n’osais piper mot. Je la sentais si tendue, prête à se rompre comme la corde d’un arc. Elle fit plusieurs aller-retours nerveux, puis s’assit dans le fauteuil face à la lucarne, toujours sans rien dire, reprenant son attitude immobile et figée. Je m’assis sagement en tailleur à ses côtés, attendant sans trop savoir quoi que la crise passe. Dehors l’orage grondait, bien sûr. Cette pluie torrentielle, qui sévissait presque à toute saison depuis quelques années.

Au bout de quelques dizaines de minutes, je levais les yeux et l’interpellais : « Maman ? »

Elle sortit alors de son apathie, posa les yeux sur moi, sembla songeuse un instant, puis fouilla dans la poche de sa robe. Elle en sortit lentement un couteau finement aiguisé. Mon sang se glaça. Sans plus me regarder, elle le posa sur son poignet gauche et entama la peau dans un geste calculé et déterminé.

Je paniquais. Je me précipitais vers elle et lui attrapais la main pour tenter de lui retirer le couteau. La suite est confuse mais je me souviens parfaitement des conséquences. Elle se débattit, commença à me hurler de la lâcher. Dans la tourmente, elle retira violemment son bras armé qui lui créa une méchante estafilade sur la joue et projeta de fines gouttelettes de sang sur mon visage. Elle avait un regard fou, égaré, bien loin de toute réalité objective. Elle me porta alors un coup, comme si c’était moi l’ennemie, moi qui l’agressais. J’en fus quitte pour une longue balafre sur l’avant-bras droit qui fit gicler le sang vermeil sur les accoudoirs du beau fauteuil en velours vert. Sous la douleur, hébétée, je reculais et m’affalais à quelques mètres en tenant mon bras blessé.

Elle entama alors son poignet droit, résolue, en me jetant de fréquents coups d’œil assassins, me mettant au défi d’intervenir de nouveau. J’étais tétanisée. Je n’arrivais pas à bouger le moindre muscle. Ma tête bourdonnait, je sentais le sang s’écouler de mon propre corps sans parvenir à rien contrôler.

Nous restâmes ainsi figées dans ces postures statufiées pendant ce qui me sembla une éternité, et dura sans doute en réalité quelques heures.

Mon père finit par nous trouver, avec l’aide de notre Majordome Ambroise qui défonça la petite trappe verrouillée. Ma mère avait toujours le regard fixé sur la minuscule lucarne, mais elle était morte depuis longtemps déjà. J’étais restée incapable de bouger.

Mon père était fou, il criait, tempêtait, tentait de réanimer ma mère. Il ne me voyait même pas.

Ambroise était un Nexus 8, l’un des tous nouveaux modèles, c’est pour cela qu’il avait défoncé la trappe sans effort. Sans consigne claire, il prit l’initiative de me prendre dans ses bras. Il me souleva et m’emmena loin du carnage, à l’abri dans ma petite chambre dorée.

Je mis des semaines à parler de nouveau. A ressentir de nouveau. Mon père m’évita le plus possible pendant cette période. Visiblement, il me tenait confusément responsable de ce qui s’était passé. De n’avoir pas su alerter. Empêcher. Et une petite partie de moi le comprenait. Une toute partie de moi lui donnait même raison. Car je ne cessais de penser que j’avais été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase de la folie de ma mère.

Ambroise fut le seul à savoir vraiment s’y prendre avec moi à ce moment-là. Calme et patient, il attendait, sans rien exiger, ni que je mange, ni que je dorme, ni que je bouge. La sérénité qu’il affecta alors me permit lentement de revenir à la vie.

Quand je retrouvais un semblant de réactions normales, mon père eut le plus grand mal à poser les yeux sur moi. Je ressemblais trop à ma mère physiquement. Il détournait le regard, m’évitait même. Je lui en voulus terriblement de ce rejet, et je lui en veux encore. Sans doute voyait-il dans ma présence silencieuse ces mêmes yeux accusateurs qui le faisaient se sentir coupable et le poussaient à fuir. Au fond, nous nous ressemblions. Les psys lui disaient que j’avais seulement besoin d’être aimée, mais il était incapable de ranimer l’amour qu’il avait éprouvé pour son épouse adorée pour prendre soin de moi. Alors il m’envoya au loin, dans une école privée en pension complète pour jeunes gosses de riches.

Autant dire que cette période fut en véritable enfer. Il n’y avait que haine, manipulations et jeux de pouvoir parmi ces élèves. Ils portaient tous des masques eux aussi. Suivre docilement la consigne ne m’apportait que des ennuis. Alors je me durcis. J’enfermais mon cœur dans cette écharpe de glace qui tenait les autres à distance et les dissuadait de créer le moindre lien avec moi. Et quand ça ne suffisait pas, j’en vins à apprendre à me battre. Leur haine et leur méfiance devint ma meilleure arme. Ma colère trouvait un exutoire. J’appris à riposter, à réagir avant même d’être inquiétée. La meilleure défense, c’était l’attaque, et cela m’est resté.

De ces deux années solitaires, je ne trouvais de calme qu’en découvrant le club de tir. C’était alors considéré à la fois comme un sport à la mode, un moyen pour ces jeunes sans discernement de se défouler dans un cadre strict et réglementé. Il peut sembler surprenant qu’à cet âge, nous ayons accès à cette activité, mais cela permettait aux adultes de canaliser notre agressivité. C’était parfait pour moi, et je découvris vite que j’étais excellente.

Pour tirer, il fallait bien se forcer à garder la tête froide, à neutraliser toutes mes émotions transgressives. Calmer ma colère, les battements de mon cœur, caler ma respiration. Viser. Tirer. Toucher. J’avais enfin trouvé un certain contrôle.

C’est alors que survint le black-out, en 2022. J’avais alors 10 ans. La panique fut immédiate, envahissante, débilitante, dans toutes les couches de la société. Les élèves étaient effrayés par ce que se passait à l’extérieur du pensionnat, les professeurs désemparés. L’occasion rêvée de fausser compagnie à tous ces faux-jetons. Ce que je fis sans me faire prier, à la faveur d’une tempête nocturne particulièrement virulente.

Comment je parvenais, à cet âge encore jeune, à retourner chez moi, ceci est une histoire pour un autre jour. Je mis plusieurs semaines à regagner le Vieux Golem.

Je revins un peu amochée, mais vivante, sans trop savoir à quoi m’attendre une fois sur place. Peut-être l’espoir confus que j’y étais quand même attendue, voire bienvenue ?

Mon père, sans que je le sache, s’était inquiété. Il avait alors réalisé tout ce qu’il était en train de perdre, et en me voyant sur le perron déserté du Golem, il soupira de soulagement et me prit dans ses bras. J’en pleurais. J’avais vraiment le sentiment d’être rentrée chez moi.

Mais ce sentiment fut de très courte durée. D’abord, parce que l’ombre de ma mère était partout. Rien n’avait été déplacé. Le Golem semblait figé comme dans un caisson cryogénique.

Ensuite parce qu’Ambroise n’était plus là. Désactivé, à ce qu’on m’en dit. On ne pouvait plus faire confiance aux Nexus, après les évènements du black-out. Cette injustice criante me terrassa et nourrit encore l’animosité qui m’agitait sans cesse.

A mon grand étonnement d’abord, mon père me couva. Il posait sans cesse des questions sur mon bien-être, ce que j’avais envie de faire. Et en même temps, il décidait de tout. Commençait à organiser ma vie comme il l’avait fait avec ma mère. Pour être sûr de ne pas refaire les mêmes erreurs avec moi, pour garder le contrôle, par peur que je dérape moi aussi. Mais le mal était fait. Les racines de la culpabilité et de la colère trop profondément enfouies. Alors je me rebellais. Je rejetais cet amour envahissant et possessif qui avait poussé ma mère à commettre l’impensable. Il était hors de question qu’il me fasse porter le poids de sa propre culpabilité.

Nous luttâmes ainsi pendant des années, à coups de précepteurs privés, de fugues jamais très longues car avec les moyens à sa disposition, il parvenait toujours à me retrouver.

Je compris qu’il y avait un temps pour lutter et se révolter, et un temps pour faire semblant d’aller dans son sens.

Arrivée à l’âge adulte, je tâchais de trouver malgré tout le moyen de m’émanciper à travers mes études. Trouver un travail qui me plaise et qui échappe à l’autorité toute puissante de mon père était ma seule échappatoire. Et j’y parvins plus ou moins, mais il m’était difficile de me soustraire à son réseau étendu de relations pour décrocher autre chose qu’un job qui lui convienne à lui aussi.

Toutefois, ma capacité à malmener les secrets bien gardés associée à ma fantastique ténacité me valurent les ennuis que l’on sait. Ce qui s’est passé par la suite aux Nations-Unies, c’est une bénédiction en fait. Je fus alors reléguée au RDU, dans une vaine tentative pour m’enfermer et m’empêcher de remuer la merde des corpos, loin de mon milieu social, loin de tout ce que je connaissais.

J’y ai trouvé ma liberté. Et j’y ai trouvé Aleks.

- Vous m’avez dit monsieur ? Monsieur comment déjà ?
- Sergent Synest, LAPD. Et je cherche la chambre de Néo Botched. B.O.T…
- Oui, oui, j’ai compris. Désolé mais c’est un peu compliqué en ce moment, avec cet attentat, cette attaque, et l’eau qui a détérioré tout le matériel…
- Je comprends. Prenez le temps.

L’infirmière à l’accueil du service chirurgie orthopédique regarda son interlocuteur comme s’il s’agissait d’un extra-terrestre. Elle ne devait pas avoir l’habitude de faire face à quelqu’un d’aussi calme.
Et calme, Synest l’était. La tension du combat était retombée et il s’était rendu compte qu’il était sans doute allé un peu trop loin. Il devait rester calme, posé. Si lui ne l’était pas, ce n’était pas ni Zénia, ni June, ni, et il venait de le découvrir, Néo qui le serait à sa place.
Un néo devenu presque fou à partir du moment où il avait mis les pieds dans cet hôpital.
Synest comptait bien lui rendre visite, autant pour s’assurer qu’il allait bien, que pour vérifier qu’il n’était pas en train de jeter quelqu’un par une fenêtre du bâtiment.
Il l’avait trouvé plutôt posé, pourtant, lors de leur première rencontre.

- Chambre 8204, couloir de gauche, au milieu.
- Merci madame.
- Je vous en prie.

Il se dirigea vers la chambre, d’un pas ralenti par ses propres blessures. Le docteur qui l’avait ausculté lui avait conseillé de rentrer, mais Synest avait un tout autre programme.
La balle avait traversé de toute façon. D’ici quelques jours ce ne serait qu’un mauvais souvenir.
Il arriva devant la 8204 et frappa doucement.
Une femme ouvrit la porte, il la reconnut :

- Bonjour… Suzan c’est ça ?
- Oui, vous êtes ?
- Sergent Synest, LAPD, je suis un… Collègue de Néo Botched. Il s’agit bien de sa chambre ?
- Oui… Il s’est assoupi un peu. Enfin. Le docteur de garde a fini par lui donner quelque chose… De fort…
- Ah. Il va mieux au moins ?
- Oh oui oui… Pour ça, en pleine forme. Il était prêt à rentrer au commissariat il n’y a pas deux heures.
- Bien. Vous lui direz juste… Que le Sergent Synest est passé.
- Synest comment ?
- Juste Synest.
- Juste… Oh… D’accord… Pardon… Je…
- Vous n’avez pas à vous excuser. Dites-lui aussi merci. Et que de mon côté, ce n’est pas grave.
- Bien, d’accord… Autre chose ?
- Prenez soin de vous aussi, Suzan…
- Je…

Synest avait tourné les talons et se dirigeait vers la sortie.
Alors qu’il passait près de l’accueil du rez-de-chaussée, il entendit une voix agacée qu’il reconnut tout de suite.

- Ça va être encore long ? Je l’aurais quand mon bon de sortie. Si vous continuez je me barre sans. Vous l’enverrez au LAPD.

Synest avait tourné la tête et croisa le regard de Zénia. Il lui fit un sourire courtois, sans plus.
Elle lui fit signe. Un signe confus qui semblait vouloir dire : « Attends-moi, j’en ai pour deux secondes ».
Il attendit… Un peu plus que deux secondes.
Munie de sa sainte autorisation de sortie, Zénia le rejoint alors.
Ils se dirigèrent tous deux vers la sortie.
Alors que Zenia s’apprête à pousser la porte, elle se tourne vers Synest et lui dit :

« Allez, vas-y. Crache le morceau. Dis ce que tu as à me dire. »

Synest la regarde et comprend qu’il ne s’en sortira pas juste avec un « rien ».
Il essaie alors de s’expliquer, bien que pour lui-même, les événements soient encore emmêlés.

« J’ai réagi trop vite. Je n’aurais pas dû dire ce que j’ai dit. Ce n’était pas contre vous. Vous êtes un très bon inspecteur Sergent Sheenon. Je n’ai rien à redire à cela. Et j’ai présumé de mes capacités. Comme vous me l’avez fait remarquer, je n’ai pas été en mesure de retrouver les deux derniers suspects. »

Elle écoute avec un calme assez surprenant, voire résigné. Puis finit par répondre.

« OK. Primo, arrête avec tes Sergent Sheenon… J’ai l’impression d’être aussi vieille que June. Le vouvoiement, passe encore, mais c’est Zénia. Entendu ?
Deuzio, de mon point de vue, il y avait urgence. Il fallait pas traîner. Et j’avais raison.
Tercio, je ne pense pas que tous les plans de la planète auraient pu te préparer à ce que tu as vécu dans ce couloir.
Moi je trouve que tu as fait un excellent job. Tu as su garder la tête froide et ne pas buter ce Réplicant quand je te l’ai demandé, alors que tu n’avais visiblement qu’une envie, c’était d’en finir. Et en plus, on a travaillé ensemble, et tu t’en es sorti vivant. Félicitations. C’est pas donné à tout le monde. »

Elle fait une petite pause.

« Et enfin, tu crois pas, dans ta petite tête si parfaite, (et là elle s’énerve un peu quand même) que si j’ai pris les devants et t’ai laissé en arrière, c’était pour te protéger ? Bordel, ça fait trois jours que t’es là et tu veux m’apprendre à faire mon boulot ? »

Là-dessus, elle se retourne pour ouvrir la porte et maugrée distinctement :

« J’en ai marre que tout le monde crève autour de moi, bordel ! »

Zénia sent alors sur son épaule une main présente, sure mais délicate en même temps.
Elle réprime un frisson et les images d’un proche passé qui reviennent dans son esprit.
Elle n’ose pas se retourner vers Synest, qui vient de l’arrêter avec un culot qui le surprit lui-même.

- Vous vous trompez sur un point essentiel, ser… Zénia. Ou plutôt, vous inversez les choses. Ce n’est pas votre boulot, non.

Zénia se retourne alors, un sourcil levé par l’interrogation qui traverse sa pensée. Synest, satisfait au moins d’avoir arrêté cette bourrique impulsive, pour une fois, continue alors :

- Je ne me permettrais pas de vous apprendre votre boulot. Mais vous vous trompez sur ce qu’est ce boulot. Si vous pensez que c’est de me protéger, comme de protéger certaines autres… Personnes… de votre entourage, vous faites fausse route, et vous continuerez à vous tromper… Et il continuera à il y avoir des morts. Dont la vôtre. Ce n’est pas à vous de me protéger. C’est à moi de le faire.
Partons d’un principe, voulez-vous ? Considérons que j’ai tout à apprendre de ce métier et que vous pouvez m’inculquer ce savoir. En retour… Partez du principe que c’est mon boulot de vous protéger, comme celui de protéger le Sergent Miller, le Sergent Botched et chaque être humain innocent de cette satanée ville détrempée.
Non, je ne vais pas vous apprendre votre boulot… Et vous n’allez pas m’apprendre la mien.
J’ai été (il semble hésité sur le terme), missionné pour cela. Nous sommes missionnés pour cela.
Deal ?

Le regard de Zénia se trouble et elle secoue négativement la tête.

- J'ai déjà fait le tour de cette question plusieurs fois. Bien plus que tu ne le crois. Je te protège, tu me protèges... Au bout du compte, on est tous des morts en sursis. La finalité, ce n'est pas de chercher à savoir qui va préserver l'autre. J'ai bien compris que pour toi, satisfaire aux exigences de ta mission guidait ton existence. Et c'est normal.
Comme tu le dis si bien
, tu as été missionné pour cela. Et moi, ma mission, ça serait juste d'en profiter un maximum jusqu'à ce que t'en crèves ? Je refuse de rester prisonnière de ce jeu-là.
J
'ai déjà donné, et rien ne change. Crois-moi. Je te souhaite juste que tu t'en rendes compte le plus tôt possible.

Elle se dégage doucement, puis s'arrête un instant et croise une dernière fois son regard.

"Chacun son boulot, j'ai bien reçu le message. Mais il va bien falloir la partager, cette foutue planète. Et si tu trouves comment, je serai la première ravie de la bonne nouvelle. En attendant, jamais tu ne seras pour moi un outil. Ou une mission. Bref. Ah oui, et une dernière chose. Personne n'est innocent."

Et elle part de cette foulée nerveuse qui la caractérise.

La pluie s’était arrêtée. Un comble quand on pensait qu’il y a quelques heures, même à l’intérieur de cet Hôpital il pleuvait sur leurs misérables carcasses.
Synest profita ainsi de cette accalmie et s’appuya sur le toit de son spinner.
Ses sentiments étaient aussi nombreux qu’opposés et il lui fallait tout son sang froid habituel pour ne pas exploser intérieurement.

Il repensait aux derniers mots de Zénia.
Ils étaient durs. Enfin, c’est ainsi qu’elle souhaitait qu’ils le soient. Mais il n'était pas dupe.
Il avait été formé pour ça.
Réaction d’autoprotection traditionnelle par annihilation de tout lien empathique.
" Personne n’est innocent. "
Et si pourtant, des innocents, il y en avait.
Tous les coupables qu’ils côtoient sont d’anciens innocents.
Il suffit juste de trouver ceux qui ne sont pas encore coupables, avant qu’il ne soit trop tard.

Mais derrière ceci, une chose étrange ressortait : Zénia, tout comme lui, s’attachaient à cette volonté de protéger les autres.
Certes pas avec la même approche : la jeune femme ne souhaitait plus voire mourir les personnes autour d’elle.
C’était une crainte de la solitude. D’un isolement la rendant socialement inexistante et inutile.

Et c’était la même chose pour Synest.
Il ne pensait pas que la jeune femme se doutait de cela, mais lui-même le savait.
Il savait pourquoi cette volonté de protéger était si forte en lui, au point qu’il ne supportait pas que l’on y contrevienne.
Car elle était la seule chose qui légitimait non pas son existence, comme pensait la jeune femme, mais sa présence dans le tissu relationnel complexe de ses congénères avec les humains.
Les Nexus étaient faits pour servir et protéger. Ôtez leur ça et ils deviennent des coquilles vides.
Et de là, ils dérivent, ils flirtent avec des limites dangereuses qu’ils finissent par dépasser.
Les images du visage du Nexus 8 qu’il venait d’affronter lui traversent l’esprit et elles se superposent avec celle d’Abel.
Abel, à nouveau lui.
Synest avait essayé de passer le message à Zénia. En expliquant son rôle, il cherchait aussi à montrer à sa collègue que d’autres comme Abel, avait un rôle équivalent et que renverser l’ordre des choses n’était bon pour personne. Ni pour elle, ni pour Abel, ni pour tout ce que le chaos de ceci pouvait emporter dans son sillage.
Il est là, l’unique moyen pour qu’on vive ensemble, bon sang ! C’est pourtant simple !
Chacun dans son rôle !

Il se concentra à nouveau sur le visage du Nexus 8. Cela ne l’apaisait pas, mais il avait besoin de comprendre.
Comprendre cette hésitation au moment de presser la détente.
« Est-ce qu’il aurait hésité, lui ? »
Puis soudainement, les images ressurgirent du passé et il vit à nouveau ce Blade Runner pointant son arme vers lui avant de l’abattre.
« Est-ce qu’il a hésité, lui ? »
Le Nexus frappa du point sur le toit du véhicule, qui émit un bip de mécontentement.
Pourquoi laisser à cette… Chose… le droit d’exister ?  
L’interroger ?
Que croient-ils donc ? Qu’il va parler ?
Synest en voulait à Zénia, en cet instant, de lui avoir demandé de laisser en vie ce Silas.
Silas… Le voilà avec un nom maintenant !

Ressasser tout ceci n’aiderait en rien. Il lui fallait des réponses. Sur cette affaire mais aussi sur tout un tas d’autres choses qui couvaient derrière toute cette histoire.
Le Lieutenant passait son temps à les narguer avec les informations dont il disposait.
Synest pensait même qu’il en savait bien plus qu’il ne le disait et qu’il se complaisait à les voir patauger dans la boue et à se jeter droit dans la gueule du loup.
Rajouter à cela le manque d’échanges entre membre du RDU, et vous avez un carnage comme celui qu’ils venaient de vivre.

Bien, il était temps de se mettre à niveau.
Il rentra dans son spinner et activa le communicateur. Une voix lui répondit :
« Allo ? » 
« Pryia Shalhoub… Ici le Sergent Synest. Êtes-vous à votre bureau actuellement ? »

Zénia se passa très lentement les doigts sur son visage tuméfié. Elle se trouvait dans sa salle de bains, les coudes affalés sur la vasque jaunie, l’eau coulant de façon ininterrompue, comme oubliée, devant son miroir éclairé d’une faible lumière tremblotante.

Toute la moitié gauche avait embrassé avec délicatesse les multiples couleurs d’une aubergine écrasée. Le doc avait dû recoudre son cuir chevelu en de nombreux endroits, à l’arrière de la nuque, en rasant bien sûr une partie de sa chevelure déjà suffisamment indisciplinée, l’arcade sourcilière et même un peu sur la pommette. Son œil gauche était intact, mais injecté de sang. Elle ressemblait à l’épouvantail qui trônait dans ce vieux film d’horreur du siècle passé.

Et trois côtes fêlées par-dessus le marché. Ça lui faisait un mal de chien à chaque inspiration. Il avait aussi diagnostiqué un bon traumatisme crânien des familles, mais ça, c’était sans doute dû au coup sur la tête de la veille, dans la ruelle.

Ça aurait pu être bien pire. Elle se rejoue la scène pour tenter de comprendre ce qui a encore bien pu merder.

Elle avait vraiment essayé de faire ça dans les règles pourtant. Prendre le temps de faire les sommations d’usage, ou peu s’en faut. Incapaciter pour pouvoir interroger. Mais quand elle s’était retrouvée cul par-dessus tête, sans trop savoir comment, dominée par la Nexus, elle s’était vue morte. Ce n’était pas avec ses bras de crevette qu’elle allait réussir à lui faire lâcher prise. Et pourtant, elle avait réussi à se dégager, mais la Réplicante en avait profité pour prendre le large malgré son genou en carafe.

Il ne fallait surtout pas la laisser s’échapper. Elle seule savait où se trouvait Abel.

Elle s’était précipitée à sa poursuite, malgré la cohue des patients et soignants pareillement paniqués. Malgré la pluie continue déclenchée par les extincteurs et les lambeaux de fumée persistants masquant en partie le couloir. Malgré la douleur dans son flanc et sa tête qui semblait avoir éclaté comme un fruit mûr, malgré le sang qui envahissait son œil fermé.

Elle avait ajusté son tir, et c’est alors qu’elle avait aperçu June, tout au fond de son champ de vision, le visage blême, comme terrifiée. June terrifiée ?!? Deux mots incompatibles ! Et pourtant, ce regard suppliant qu’elle avait lui avait lancé, les mots qu’elle avait prononcés sans pouvoir être entendus dans ce foutoir monumental. Le coup était parti, elle était persuadée d’avoir soigneusement visé l’autre genou pour ralentir la Nexus. Qui s’était effondrée.

Mais quand elle s’était approchée, avec difficulté, elle était restée saisie par la détresse sans fond de June. La même détresse qu’elle avait elle-même ressentie une dizaine de jours plus tôt, dans ce fameux sous-sol où Abel avait failli perdre la vie la première fois. Et au regard épuisé de la Réplicante, cherchant en vain une issue, faiblissant de minute en minute, elle comprit de suite qu’elle avait encore tout fait foirer.

June allait la détester. Elle aurait fait la même chose. Elle se détestait déjà elle-même, alors elle pouvait comprendre.

Mais June avait été là pour elle la dernière fois. Elle lui devait bien ça. Elle ne pouvait tout simplement pas la laisser comme ça. Il fallait qu’elle la retrouve. Elle était bien placée pour savoir comment l’on pouvait basculer et commettre l’irréparable dans de tels moments.

Elle repensa aux mots durs qu’elle avait échangés avec Synest à l’hôpital. Il ne pouvait pas comprendre. Encore tout pétri de ses idéaux et de sa programmation. Il croyait servir la justice, le bien. Il avait raison, en un sens. Mais au final, nous ne sommes que des marionnettes s’agitant sous les fils de plus puissants que nous. Que ces fils soient une programmation, des liens sociaux, professionnels, sociétaux… nous ne sommes jamais vraiment libres. Et quoi qu’on fasse, quoi qu’on tente, qu’on suive les règles pour rester dans le moule en espérant faire le dos suffisamment rond pour encaisser les coups… ou qu’on se rebelle et tente de trouver sa propre voie… La vie nous charge de nous renvoyer à l’autre bout du terrain d’un méchant coup de batte.

Il ne reste qu’elle avait été hypocrite, à bien y réfléchir. Elle lui avait intimé l’ordre de ne pas tuer Silas, ce qu’il avait finalement fait bien à contre-cœur, visiblement, alors qu’elle-même avait été infoutue de laisser la vie sauve à sa cible.

Encore une certitude qui volait en éclats. Le seul domaine dans lequel elle arrivait à peu près à savoir ce qu’elle faisait, qu’elle pensait maîtriser : viser, toucher sa cible. Même ça, ça partait en cacahuète.

Et lors du débriefing avec le lieutenant, sonnée, mortifiée et intimidée par cette réunion impromptue chargée de tensions non dissimulées , sous l’œil de ce Terrence qui ne connaissait rien d’eux, elle avait bien senti qu’elle et ses collègues s’étaient retrouvés pris dans un enchaînement de circonstances qui auraient pu leur coûter la vie à tous. Mais sur le coup, elle s’avoua bien qu’elle n’avait pensé qu’à choper ce salopard de Nexus. Sans penser aux conséquences, comme d’habitude. Apparemment, c’était le petit Néo qui avait sauvé tout le monde. Si elle avait loupé ça aussi, c’est qu’elle n’avait vraiment rien compris. Elle repensa en souriant à son petit cul à l’air en sortant de sa chambre d’hôpital, vitupérant mais remonté comme un coucou suisse. Un beau héros ! Il avait dû trouver son courage dans ce couloir. Aïe, non, pas bonne idée, de sourire.

Elle se releva péniblement, attrapa par réflexe son blouson noir. Il était encore tout poisseux de sang. Il allait falloir enfiler autre chose. Elle prendrait le temps plus tard de le nettoyer soigneusement. L’avantage, avec le cuir noir, c’est que même si on ne parvenait jamais vraiment tout à fait à enlever le sang incrusté, celui-ci finissait par prendre une jolie teinte presque brillante et cuivrée, qui ne se devinait pas dans les marques veinées du vêtement. Et ce blouson-là avait connu bien trop de sang pour qu’elle puisse s’en séparer.

Elle trouva une veste un peu plus ajustée, et farfouilla un instant dans le meuble de la cuisine. Elle y dénicha deux bonnes bouteilles de single malt Highland Park, l’un des crus les plus chers qu’elle avait pu piquer dans la cave de son père. Sûr qu’avec ça, June lui pardonnerait tout.

N’est-ce pas ?

Mon spinner fuit l’hôpital tandis que le sang de la jeune femme souille son volant. Ma main attrape fébrilement une cigarette qui dégringole piteusement sous le tableau de bord. Je tâtonne à l’aveugle mais la recherche s’avère infructueuse m’obligeant à en sortir une nouvelle du paquet. 

Mon spinner file à toute allure, faisant défiler les lumières de la ville sur mon visage. Vert… Rouge…Blanc…Bleu… Cela aurait pu être apaisant, ce flux hypnotique caressant ma peau. Mais cela ne l’était pas, pas à cet instant. Ces flashs me ramenaient aux gyrophares des ambulances, à l’hôpital. Je n’arrive plus à me concentrer. Ma capacité à garder mon calme me fait cruellement défaut. L’adrénaline pulse dans mon corps. Embrume mon esprit. Mon cerveau bouillonne. Les images tourbillonnent.

Un hall bondé, une bousculade. Je reconnaitrai cette tête blonde n’importe où… Un mélange de colère et de peur m’enserre la poitrine, j’ai du mal à respirer. Il n’apprendra donc jamais. Mais là, c’est dangereux, trop dangereux… Il va me falloir trouver une solution au cas où cela tournerait mal et vite.

Pourquoi donc a-t-il fallu que je m’attache à ce sale gosse !

Le retour de Marius. Marius, pas si mort que ça finalement. Marius et sa passion des explosifs. Cela n’annonce rien de bon…

Vas-tu encore m’échapper ?

Les remontrances du nexus Sylvestre. Le nexus bien programmé, bien endoctriné… Des remontrances justifiées sans aucun doute.

Mon pauvre, même si je t’expliquais, serais-tu en capacité de comprendre ?

Zénia, couverte de sang, accoudés au comptoir de l’accueil. 

Dans quoi s’est-elle encore fourrée ?

Cette rencontre dans le couloir… 

Qu’est-ce que... Pourquoi ? Comment ? Je ne comprends pas…

Le sang…

Pourquoi as-tu tiré, Zénia ?

Des explosions…

Des doigts, sans leur propriétaire…

Des coups de feu…

L’eau miroitant sur le sol…

Mon spinner s’arrête brusquement, stoppant la tornade qui menaçait de ravager mon esprit.

Le bâton de nicotine entre mes lèvres n’est toujours pas allumé. J’attrape un briquet et actionne le mécanisme. La flamme jaillit projetant un halo orangé sur mon visage blafard. Je la regarde un instant, fascinée.  Puis, de l’autre main, je fouille mon manteau à la recherche d’un papier que j’approche de la flamme. L’avertissement se consume devant mes yeux, ne laissant qu’un amas de cendre sur mes genoux. J’allume enfin ma cigarette et regarde par la fenêtre.

Aucune idée de comment je suis arrivée ici… 

 

Mur océanique

Je m’approche du bord. En bas, l’Immensité. Les vagues s’écrasant lascivement contre le mur dans une mélodie envoutante. Ici, nous ne sommes rien. Insignifiant face à cette force de la nature. Lutter ne sert à rien, nous ne pouvons qu’ériger un mur et espérer que les flots ne nous submergent pas…

Elle aurait aimé cela je pense… Un bel endroit pour lire ces derniers mots. Le seul hommage que je puisse lui rendre. Je m’assois, les jambes dans le vide et laisse vagabonder mon regard sur l’horizon brumeux. Sur ma droite, un vieux bâtiment grisâtre sur lequel je viens poser mon épaule, lasse. Je ferme les yeux et invoque son souvenir… Ses traits fins, sa mine songeuse, un léger sourire… Sa main sur mon épaule, un réconfort passager… Son visage tordu par la peur, ses yeux remplis de désespoir, sa rage de vivre… Mes mains sur son cou, le sang fusant entre mes doigts… Le mot…

Tu as fait ton choix Luba, pars en paix…

Ma main se dirige vers la poche intérieure de mon trench pour en sortir un papier ensanglanté. De longues minutes s’écoulent tandis que mon regard parcourt les lignes manuscrites de celle qui n’avait passé que quelques instants à mes côtés, mes mains crispées froissant inconsciemment le papier.

Doit-on blâmer ta programmation pour ça ? Ou bien ton compagnon ? L’amour peut-être ?

Probablement un mélange de tout ça. Les sentiments ne font que compliquer les choses, mais c’est aussi ce qui nous fait sentir…humain. Toute bonne chose à son côté pervers. Le jeu en valait-il la chandelle ? Je ne sais pas, je ne sais plus.

Mon corps est anesthésié. Mes yeux sont secs mais mon âme pleure pour celle qui, ne serait-ce qu’un bref instant, avait pu m’offrir un moment de répit.

Intéressant l’impact que quelques mots peuvent avoir sur un individu. Aujourd’hui, juste un mot, un nom et j’ai perdu le contrôle, fragilisé ma carapace. Juste un instant, mais cela à suffit à sa détresse pour s’insinuer dans une fissure et me toucher en plein cœur. Elle était là, au sol, effrayée par la mort qui pourtant lui était inéluctable.  

Un bruit sourd… Mon poing sur la surface rugueuse du mur. Rien… Un autre bruit sourd, puis un autre, puis un autre… Le gris vire au rouge…

Un coup… 

Est-ce donc ça la justice… 

Un autre…

Qui est vraiment responsable ? Sommes-nous donc déterminés à suivre une voie que d’autres ont choisi pour nous ?

Un autre…

Suis-je réellement maître de mes décisions ? 

Arrête ! 

Des gouttes de sang tombant sur le sol.

Suis-je…moi ?

Un autre bruit… Un craquement… Une explosion de douleur… 

Je la laisse m’envahir, reconnaissante. Telle une coulée de lave traversant mes veines, elle annihile tout sur son passage. Les questionnements, les états d’âmes… Tout disparait au profit de la brûlure sourde qui irradie de ma main. Je pose ma tête contre le mur. 

Je suis June Miller. Je suis une Blade Runner. Je protège la population contre la menace replicant.

Mon visage se fige dans un masque inexpressif.

J’ai besoin d’un verre…

 

https://www.youtube.com/watch?v=MV5VYFn5i08

Un premier impact qui l'avait secoué méchamment mais l'adrénaline faisait son boulot.

Un tir réflexe dans le cadre de la porte accompagné des sommations d'usages...

Le suspect venait de faire feu dans sa direction

Un flash, son arme qui tombe sur le sol accompagnée d'un léger mouvement de recul du reste de son corps, aucune douleur, rien, rien que cette satanée arme tombée de sa main sans y être invitée. Rien qu'une idée en tête : protéger son coéquipier qui allait sans aucun doute être le prochaine cible ! 

Ramassant l'arme de l'autre main je tirais, tirais, tirais encore ! jusqu'au *clic clic* caractéristique d'une arme vide....

Le suspect avait lui aussi été touché cela devrait suffire ! Enfin je l'espérais.

La fulgurance de la douleur le saisie... Je levais ma main forte et m'aperçu qu'il en manquait une partie. Un voile noir se posait sur mes yeux alors que Zenia me portait secours...

Attrape là ne la laisse pas s'enfuir ! Ne la laisse pas s'enf..

Plus rien.

Une rapide inspection, je suis dans une chambre d'hôpital semble-t-il, pas seul, je tourne la tête et vois Suzan au chevet de son mari.... et du mien... 

Mon dieu qu'ai je fait ! 

Je me levais et tentais de sortir de la chambre bousculant à moitié une femme dont le visage ne m'était pas inconnue. 

Pardon madame excusez moi! 

Je sortais les fesses à l'air certainement l'air ridicule... les médicaments.... ces maudits médicaments....

je dois faire ces analyses rapidement trop de vie son en jeu pour que je reste ici à me reposer.... 

Tirant sur le goutte à goutte qui m'avait épousé sans mon consentement je perçu un tiraillement au niveau de mes doigts... mes doigts... tiens étrange je ne ressens plus cette douleur qui me tiraillait... oh tiens des doigts synthétiques... je ...

Une main puis une autre me saisir, une petite piqure dans le bras et... plus rien

 

Juste Synest

 Néo entendit le sergent, l'effet du calmant s'atténuait peu à peu...

Je n'ai même pas le courage de le saluer !

 Intérieurement Néo était mortifié son comportement dans l'hôpital.

Il était bien loin de son état normal, à l'opposé même ! Il avait fait preuve de colère, de rage et perdu plus ou moins le contrôle ! LUI ! PERDRE LE CONTRÔLE ! inimaginable ... et pourtant.... Pourtant il avait donner une leçon à un homme qui le méritait mais impactant une femme qui, au final était bien l'une des seules personnes à échanger avec lui et prennait soin de lui d'une certaine manière...

Surproduction d'adrénaline suite à un choc traumatique important, Mr BOTCHED à l'avenir évitez de reprendre le travail alors que vous venez de vous faire perforer une jambe et surtout sans l'aide de vos antalgiques.... vous souffrez apparemment d'un trouble post traumatique. Mais ne vous inquiétez pas avec ces pilules cela va allez mieux rapidement!

Ces pilules.... ces maudites pilules, dans l'empressement de se rendre à l'hôpital avec le risque d'attentat il en avait oublié de prendre sa pilule, elle devait toujours trôner au côté de sa tasse de café.

Tout c'était précipité à l'hôpital, il avait analysé la situation, pris des décisions pour faire évacuer l'hôpital et empêcher d'autres explosions mais ce qu'il avait fait avant à Hannibal était impardonnable....

Cartésien et efficace dans ses analyses de risques Néo n'était pas impulsif normalement... mais le manque de sommeil couplé à la douleur, l'adrénaline et la pression constante dans son cerveau, Myriam...Il avait craqué tout simplement.

Il lui fallait se ressourcer, retourner dans son laboratoire et faire ce qu'il savait faire le mieux, dénicher des pistes et des preuves.

Profitant d'un absence de Suzan, Je sortais de la chambre en direction du bureau des infirmières, là je tombais nez à nez avec la doctoresse que j'avais invectivé en entrant dans l'hôpital...

Je... je tenais à m'excuser de mon comportement qui ne sied pas à un membre des forces de l'ordre, je suis désolé de vous avoir brusqué hier

La médecin leva un sourcil intriguée 

Ne vous en faite pas, j'ai compris lorsque je vous ai opéré, une jambe bien entamée très récemment, aucune trace d'anti douleur dans votre corps mis à part un résidu local en spray certainement autour de la blessure.... difficile de réfléchir calmement....

Je baissais docilement la tête.

Coupable en effet, mais cela n'excuse pas ce que j'ai pu faire à mr Leckter... je vais prendre en charge ses soins médicaux ainsi que la pose d'un rein artificiel pour compenser son don... 

La doctoresse explosa d'un rire léger.

Ne soyez pas bête je ne l'aurai jamais opéré sur votre demande ! c'est un don qu'il vous a fait ! Sa femme Suzan a insisté pour que vous soyez pris en charge rapidement et son mari a "accepté"  de faire ce don

Les jambes tremblantes, les larmes aux bords des yeux je m'excusais et reparti docilement vers ma chambre....

je quittai rapidement l'hôpital laissant un mot à destination de Suzan ... 

Merci

Le speeder faisait route vers le LAPD, mes pensées bousculées je regardais sans les voir les contours de la ville sous cette pluie persistante laissant vagabonder mes idées.... tiens il ne pleut plus.....

Une fois sur place je me mais au travail rapidement, Myriam me regardet comme un poisson hors de l'eau...

Que, que fais tu déjà là ! Tu devrais être à l'hôpital bon sang ! 

Je la regarde, inclinant délicatement la tête dans sa direction 

J'ai comme consigne de ne pas me faire tirer dessus pendant les prochaines 48 heures, ordre du médecin ! ajoute à cela quelques pilules règlementaire et me voilà, bon où en est on de ce disque dur? je suis sur que des informations capitales sont dessus 

Elle me dévisage bouche bée.... de l'humour? vraiment?... à ma première pause je contacterai la psy du LAPD... je n'allais pas laisser un petit PTSD contrarier mon enquête !

j'en profitais aussi pour remercier mes collègues d'être venu me voir à l'hôpital.... 

La poussée d'adrénaline en cours ne parvenait pas à contrebalancer  le sentiment de peur qui l'envahissait tels un raz de marée. Malgré la présence de Zénia et sa promesse de le protéger il ne parvenait pas à juguler ce sentiment. 

Plus ses pas l'amenaient à proximité du groupe d'intervention et du lieutenant moins il comprenait l'envie de Zenia de participer  à l'assaut.

Il devenait peu à peu prisonnier de son propre corps témoin de la succession de ces murs en béton brut des couloirs et de la succession de néons, parfois clignotants, qui donnaient une atmosphère des plus sinistre à l'itinéraire que Zénia et lui empruntaient.

Ils passaient devant les labos sans âme, lieux qui avaient pour lui quelque chose de rassurant; les laisser derrière lui dans l'urgence pour se projeter une nouvelle fois au coeur d'un assaut, et du danger, au milieu d'un probable déluge des balles sonnait le glas de son courage. 

Le coeur au bord des lèvres Néo s'arrêta à deux pas de la porte ouvrant sur la salle de préparation de la section d'assaut.

Il regardait Zénia foncer tête baissée dans l'antre de la violence avec une détermination, une volonté voir même  une certaine folie vengeresse dans le regard.

Alors que lui  ne parvenait, qu'à grande peine, à obliger son corps à conserver son déjeuner plutôt que de le répandre sur le sol.

Le coeur palpitant, la nausée bien présente accompagnée de suées, Néo perdait toute contenance. Il serait la boite dans sa poche.

Cette boite de pilules qui devenait, à l'instant, sa bouée de sauvetage pour ne pas sombrer dans la terreur.

Les paroles du médecin tournait en boucle dans sa tête "vous souffrez d'un stress post traumatique pouvant occasionner ,dans certaines circonstances stressantes une crise de panique aigüe, si cela devait arriver prenez 2 cachets... Et espérez surtout que l'une de ces crises n'est pas lieu au milieu d'une fusillade... vous risqueriez de ne pas pouvoir agir de manière rationnelle dans ce cas mais rassurez vous avec un bon soutient psychologique cela devrait passer... enfin je crois"

 Néo se força à avaler 2 pilules, ne sachant pas réellement s'il voulait qu'elles fassent effet ou non.

Il attendit un moment de récupérer l'usage de son corps et de ses jambes.

A ce moment Zénia passa la tête par l'encadrement de la porte avec un petit sourire contraint.

"Je vais te protéger ne t'inquiète pas je te l'ai promis!"

Opinant du chef Néo pris sa suite en glissant un bonbon à la menthe dans sa bouche pour couper l'amertume et la brulure de la bile remontée jusqu'à sa gorge.

"Je sais, je sais..."

 

Zénia soulève l’une des feuilles de papier délicatement jaunie et la plie en deux en superposant soigneusement les deux angles opposés. Le papier est ancien et fragile, et il lui est nécessaire d’ajuster de quelques dixièmes de millimètres, mais les deux angles finissent par coïncider parfaitement.

C’est Ambroise qui lui avait appris, à la mort de sa mère. Pour la sortir de sa catatonie, un matin, il était arrivé en posant cette pile de papier aux teintes pastel et aux impressions fleuries, d’un effet particulièrement désuet, à l’image de ses manières. Pourtant, Ambroise était un Nexus 8 dernier cri, le sommet de la technologie de l’époque. Mais peut-être était-ce la façon dont la Wallace avait voulu le concevoir, toujours est-il qu’il apportait à toute chose une application méticuleuse et des attitudes semblant sortir du siècle précédent.

Sous le regard vide de la jeune fille, assise sur son lit, il avait commencé à plier l’une des feuilles, de gestes précis, rapides. Très vite, une étrange forme aux ailes déployées était apparue entre ses mains. Un papillon. Un insecte aujourd’hui disparu, comme tous les insectes pollinisateurs ayant perdu leur fonction sur cette terre dévastée.

Il avait enchaîné les pliages, en créant plusieurs, peut-être une dizaine. Puis il était allé chercher l’éventail espagnol en exposition dans la bibliothèque du Vieux Golem – c’était le nom qu’avait donné Zénia à ce manoir familial grandiose et décadent – l’avait ouvert et avait chassé tous les papillons de papier en créant de petits soufflets à la base de la table de chevet. Les papillons s’étaient envolés un à un en un merveilleux tourbillon de couleurs et d’ailes délicates.

Le regard perdu de Zénia avait accroché les petits insectes disparus et avait suivi leur envol précaire mais courageux vers le haut de la chambre. Si Ambroise avait voulu faire passer un message, au-delà de la poésie inhérente à ces gracieux pliages, il n’aurait pas pu s’y prendre mieux.

Zénia écrase fermement le pli d’un nouveau pan du papier jauni à l’aide de l’ongle de son pouce droit.

Ambroise aussi avait disparu, victime de la peur envers tout ce qui est différent. Toujours les mêmes schémas de haine, se répétant à l’infini. Les suprémacistes humains, ou ces nouveaux adeptes d’une religion de l’homme parfait, le réplicant, censé les sauver tous… Pas un pour rattraper l’autre.

La granulosité du papier jauni révèle un infime défaut que ses doigts évitent habilement.

L’amour était-il la clé ? Ou poussait-il encore et toujours l’être humain à la faute, à ne voir, comme la haine, qu’un seul côté du prisme ? Elle songe à Abel, qui se repose de son passage à tabac dans l’un des chambres du Vieux Golem. Elle ne lui a pas laissé le choix, et il a été le premier surpris quand il a compris son inquiétude.  Mais elle avait trop souffert pour permettre que la Mort le prenne.

Elle n’a aucune idée de comment gérer ses émotions conflictuelles, mais quelque part, elle n’a plus envie de lutter. Lutter contre ce qu’elle ressent, lutter contre son père, lutter contre ses collègues…

Elle aborde une technique plus difficile, le crimp, qui fait s’inverser deux plis dans l’angle du papier et commence à ébaucher l’incurvation de la queue du poisson émergeant du papier.

Va-t-elle devoir lutter contre Synest qui s‘est engagé dans une drôle de course à la bonne conduite ? A quoi cela rime-t-il ? N’a-t-il pas été le premier à lui asséner que chacun doit rester sur son banc de touche, ne pas confondre les rôles ?

Et le Lieutenant Rozen, victime de son audace, de son obstination à traquer ses vieux démons ? Doit-il payer pour les autres, pour le politiquement correct, la nouvelle consigne donnée par le pouvoir en place ?

Elle creuse le minuscule renfoncement de l’ouïe pour former la nageoire pectorale, pas plus grosse qu’une tête d’épingle.

Son impuissance face à ces évènements la met en rage. Elle ne peut pas s’en empêcher.

Ses battements de cœur s’accélèrent, la pression de ses doigts sur la fragile carcasse de l’animal se fait plus lourde.

Peut-être est-il inutile de s’obstiner, de s’accrocher. Maintenant qu’elle a retrouvé Abel, peut-être vaut-il mieux profiter du temps qu’il leur reste et de la trêve actuelle pour faire profil bas, cesser de lutter, comme son père le souhaite tant. Prendre ce poste de planquée aux Nations Unies, ne plus se prendre la tête dans ces intrigues sans fin. Jamais elle ne se le serait avouée quelques mois plus tôt, mais à présent, cette perspective semble si séduisante. Elle laisse son imagination dériver vers un lieu sans haine, sans menace…

Ses doigts ont maintenant retrouvé toute leur précision, et s’appliquent à former la nageoire caudale en plusieurs plis successifs.  

Ce ne sont que de doux rêves. La Haine la rattrapera toujours. Et avec elle son amie la Mort, fidèle à son poste. Aux aguets.

Elle revoit le corps de Terrence à terre, le visage en sang. Lui aussi a payé pour l’avoir suivie, la Mort dans son sillage. June, fauchée par des éclats de grenade dans le dos. Victime des incompréhensions et loyautés contraires. Synest, malgré ses aptitudes et son sens de la justice, qui ne voit qu’un seul côté du prisme. Abel méconnaissable, et pourtant encore en vie, malgré ce qu’il a subi.

Et Néo. Néo, qui comme la dernière fois a tout compris. A bravé le danger malgré sa trouille, et l’a laissée écouter son cœur plutôt que sa raison. Néo le vrai Héros.

Et enfin elle. La pauvre petite fille impuissante. Elle contemple le carnage de la Mort qui tente de la rattraper. Tout ce sang. Tout ça pour quoi ? Des miettes de pouvoir ? D’amour ? De reconnaissance ?

Zénia met la dernière touche à la gracieuse nageoire caudale de la minuscule carpe Koï. Elle contemple son œuvre un instant, l’examinant sous toutes les coutures. Aucune erreur. Le papier ne ment pas.

Elle lève les yeux vers le ciel lourd d’orages, s’attendant presque à y voir les poétiques papillons d’Ambroise, emplis de légèreté. Mais il y a longtemps qu’ils se sont envolés.

Elle pose délicatement la petite carpe sur la margelle en pierre du bassin vide, où s’amoncellent les feuilles mortes et les déjections de crapauds.

Son passage sur cette terre n’est pas terminé. Il existe encore certainement des moyens d’agir. Comme le Dossier Future Recorded. Ça ne peut pas se terminer ainsi. L’herbe n’est jamais plus verte ailleurs.

Elle se redresse en faisant craquer ses genoux douloureux d’être restés si longtemps dans cette position, et s’en retourne vers l’entrée lointaine du Vieux Golem qui la contemple de ses fenêtres vides.

La Mort guette. Mais elle ne l’a pas encore attrapée.

 

 

" Félicitations Sergent Synest. Vous avez fait du bon travail. "
Déjà, le Capitaine passait à un autre dossier, alors que le Nexus 9 quittait son bureau.
Evidemment, qu'il avait fait un bon travail. Il avait traqué coûte que coûte le Nexus 6 dénommé JP, avec une ténacité et une rigueur qui avait permis d'éviter la mise en miette de plusieurs membres du LAPD.
Non pas que le Sergent Botched n'avait pas contribué au problème en désamorçant la bombe. Bien au contraire. Mais cet exploit aurait été plus difficile si ce Nexus 6.5 avait pu appuyer sur le détonateur.
Et personne, en dehors du réplicant, semblait alors s'inquiéter du sujet.
Quant à ses deux autres collègues… C'était plus compliqué.
Le Sergent Miller avait certes été des plus efficaces pour protéger ses compagnons lors de la fusillade. Mais elle avait à nouveau eu une étrange réaction que Synest n'avait pu comprendre.
Pourquoi cherchait-elle à protéger cette Nexus 8 !?
A deux reprises elle lui avait permis de s'échapper. La première fois à l'hôpital, en sombrant dans une espèce de catalepsie, et cette fois-ci en s'interposant même alors que Synest l'avait en joue.
C'était insensé.
Quant à Zenia… Il se demandait s'il pouvait continuer à compter sur elle.
Sa relation avec Abel et ses sentiments à son égard l'avait rendue tout simplement inapte à l'assaut.
Elle avait même, par ce fait, mis en danger tous ses collègues et le Sergent Mc Mylan, tout particulièrement.

" Même si cela devait être au détriment de certains…"

Les paroles de M. Wallace résonnait dans son esprit.
Et elles déclenchèrent une étrange sensation.
Ecarter le Lieutenant n'avait pas été difficile. Ni techniquement, ni déontologiquement.
Lucas Rosen était un danger pour le LAPD, un lieutenant instable, prêt à foncer tête baissée pour assouvir ses propres vengeances, ou nourrir ses propres démons.
Et avec tout ça, il préférait retenir des informations essentielles, qui aurait permis, d'agir plus vite et sans doute de sauver plus de vies. Ceci pourquoi ? Pour le plaisir d'un petit jeu personnel mesquin.
Au final, ses secrets se seront retournés contre lui.
Synest n'en tirait aucune satisfaction, mais une sorte de soulagement.
Rosen était hors course. C'était bon pour lui, certes, mais c'était bon pour tout le monde.

Mais Zenia…
Il écarta de ses pensées l'image de la jeune Sergent soutenant le corps meurtri d'Abel.
Gâchi… Nous verrons plus tard… Se dit-il à lui même.

" Même si cela devait être au détriment de certains…"

Synest avait le sentiment qu'il n'avait pu compter que sur lui même, malgré toute la bonne volonté qu'il avait pu mettre. Il avait tenté d'atténuer les tensions entre Néo et June, rattrapant in extremis cette dernière qui était prête à fait cavalier seule. Voire même à ne pas intervenir.
Après tout, il lui aurait été plus facile d'écarter directement la Lieutenant Miller.

" Même si cela devait être au détriment de certains…"

Le Nexus 9 traversait les bureaux du LAPD, jetant un œil aux nombreux collègues qui constituaient cette ruche.
Il avait acquis la conviction que Monsieur Wallace avait raison, et que toutes ces femmes et tous ces hommes pouvaient être utilisées de façon beaucoup plus efficace qu'actuellement.
Il ne savait pas vraiment ce qu'il attendait de lui, mis à part grimper dans les échelons.
Mais il savait que son créateur mettait beaucoup d'espoir en lui.

" Même si cela devait être au détriment de certains…"

Synest savait qu'il devrait en arriver là. Monsieur Wallace avait été clair.
Mais il restait convaincu qu'il devait pouvoir continuer de s'appuyer sur d'autres personnes pour cela.
Et il restait persuadé que Réplicants et Humains pouvaient travailler et vivre efficacement ensemble.
Chacun à sa place. Malgré ce que pouvait penser les suprémacistes comme son voisin… Ou même des personnes plus ouvertes d'esprit comme Zenia.

Mais pour cela, il devait comprendre. Comprendre mieux avec qui il devait composer, et comment il devait le faire.
Les humains avaient leurs travers et leurs défauts. Il ne fallait pas lutter contre, mais les anticiper et les compenser. Encore fallait il avoir les armes pour cela.

Il se dirigea vers le garage du LAPD où il avait laissé son spinner.
Il savait désormais où il devait se rendre.

Pendant le voyage, il tourna dans sa tête idées et multiples tournures de phrase.
Il arriva finalement à destination sans trop savoir comment aborder les choses, mais se dirigea dans les couloir avec conviction.
Chambre 3028.
Il frappa à la porte.
Une voix un peu éraillée répondit.
Il entra et passa devant le lit où se trouvait une June Miller soudainement intriguée par cette visite.

" Je ne m'attendais pas vraiment…"
Synest l'interrompit :
" Qui est cette Cherry…"
June fronça les sourcils, se redressa tant qu'elle put et s'apprêta à parler, sans doute de façon peu aimable à ce visiteur qu'elle ne souhaitait pas voir en cet instant, surtout pour subir un interrogatoire.
Mais Synest reprit, d'un ton plus posé, voire peut être plus doux :

" Je veux dire… Qui est elle… Pour vous "
Le visage du Nexus ne montrait aucune agressivité, aucune mimique inquisitrice ni même aucune impatience.
Ses yeux plongeaient dans ceux de la Sergent Miller, qui pouvait y déceler un intérêt aussi attentif que bienveillant.

"Ce ne pouvait être au détriment de tous…"