Knight - Mission 2 - Tous les chemins...

Des graffitis, on peut dire qu'il y en a dans Rome et dans plusieurs endroits du Bidonville, un peu à l'écart des axes centraux. Et le Terme "Salute" revenait en effet à plusieurs reprises.

Vous n'aviez pas prêté attention plus que ça à leur existence... Une erreur car tout bon enquêteur urbain sait que les murs ont certes des oreilles, mais ils ont surtout des bouches. Et que ce qu'ils disent, peut s'avérer être une bonne source d'informations.

C'est d'ailleurs Gwen qui apporta étrangement ce conseil à son Chevalier.
Depuis son arrivée à Rome elle semblait avoir pris en assurance et en présence.

/// Quant à Salute, le terme est difficile à traduire... Il fait partie de ces mots à multiples sens de la langue italienne. Il renvoie bien sur à la notion de "santé" comme dans l'ancienne expression exprimée lorsque les italiens trinquent. Mais il y a autre chose derrière, qu'on pourrait rapprocher de "Bien Être" ou de "Salut", comme dans le cas de l'expression "Public Salute"///

Sur ce cours magistral de langue italienne, le groupe aperçut la première scène indiquée par Black Stone.
Effectivement, la taille du dessin le rendait difficile à interpréter dans son ensemble depuis les dédales de la rue. Et le fait de prendre un peu de hauteur, avait du aider le Russe à cela.
Ils en repérèrent 5 dans leur remontée, mais leur instinct leur murmura qu'il devait y en avoir bien plus. Tous utilisaient de grands pans de murs de l'ancienne cité et exposait la même scène très simpliste, mais pourtant extrêmement réaliste.
Ils la reconnurent en effet, comme étant le combat de Lancelot contre le Monstre.
Tout y était, les symboles de la ville de Rome, le Chevalier solitaire, l'Incarnation terrifiante de la Bête et la Lance.
Il leur fallut un petit temps avant d'apercevoir la petite scène évoquée par Black Stone, dans l'Ombre de la Bête. Ces six silhouettes en croix, humaines, d'âge et de sexe différents, dont les visages simplistes eux aussi exprimaient pourtant la souffrance et la peur. Dérangeant, comme avait dit Black Stone...

Face à ces oeuvres, quelque chose était certain : elle délivrait une lumière et une couleur indiquant que son auteur gardait peut être en lui une âme d'artiste préservée.

Alors que le trio de chevaliers remonte les rues du Bidonville, passant d'un graf' à un autre, ils entendent des voix à proximité.
Un groupe d'hommes et de femmes, bien que chuchotant, semble avoir une conversation enlevée.
En s'approchant, il entendent une discussion en italien.
Le volume sonore des participants et leur débit rapide, rendent presque impossible la compréhension en détail du contenu.
Mais à plusieurs reprises, certains nom reviennent dans leurs bouches, des noms que nos Héros, aidés de leurs I.A., peuvent reconnaître : La Signora Santoni, Claudia, Il Signore Santoni, la Guarda Svizzeria...

La conversation est interrompue par une voix forte qui annonce dans la langue locale : "Eh ! La pausa é finita ! ".
Le groupe s'arrête de discuter et s'éloigne.
En jetant un oeil à l'angle de la bâtisse derrière laquelle la demi-Coterie s'était arrêtée, il aperçoivent un groupe de Légionnaires se reformant avant de prendre la direction du campement...

Le retour au Camp de la Légion s'est fait dans un certain chaos. Mais il s'est fait...
Les derniers à arriver sur place étant le Char de Cesare, avec à son bord ce dernier, Saul Arentino, Hector et Talion.
En arrivant sur place, ils découvrent la légion dans un mélange de fébrilité et de crainte.
L'information de la chute de Cesare avait déjà fait le tour du fortin comme du bidonville et, même s'il était de plus en plus contesté, la perte de ce Chef charismatique avait créé l'incertitude dans leur monde où les choses était devenues simples : se lever, obéir, survivre et se coucher, si vous étiez toujours en vie.

Saul Arentino avait revêtu les habits de leader, mais ils ne lui ceignaient pas encore très bien.
Les Légionnaires s'étaient rattachés à lui, à défaut d'autre figure emblématique sur le moment, mais le chemin vers la légitimité était encore parsemé d'encombre.
Il allait devoir oeuvrer activement s'il voulait rallier à sa cause tous les Légionnaires, mais aussi une petite partie des Esclaves qui restait fidèle au Légat.
D'autant qu'un problème de taille s'était révélé aux premiers Chevaliers arrivés sur place : le Centre de Communication de la Légion avait été pilonné (par un Drone de la Garde Suisse, selon les témoins), coupant tout contact avec les avant-postes de la Légion et empêchant donc à Saul de diffuser le moindre discours et de transmettre la moindre consigne.

Dans un premier temps, sous l'impulsion de Black Stone, les débris avaient commencé à être dégagés pour tenter de retrouver des survivants sous les décombres.
Mais pour le moment, ce n'était que des corps sans vie qu'ils ressortaient.
Cette fin de nuit devenait lourde pour les corps et les esprits et les quelques instants que la Coterie s'était accordée dans la planque de Salute semblait déjà bien loin.

Quant à la Coterie de Gideon, elle était en route mais n'arriverait sur place que d'ici 3 ou 4 heures (au petit matin).
Un premier débriefing de la situation avait donc été fait via leurs communicateurs.
Les Enfants d'Avalon avait expliqué ce qui s'était déroulé sur les bords du Tibre et la Coterie Prophecy avait fait leur rapport :
Ils avaient fini par trouver le campement des esclaves, bien à l'abri dans un ancien parking sous-terrain. De là, ils ont pu remonter la trace du petit groupe qui s'en était écarté jusqu'aux étages supérieurs, dans un immeuble de bureau.
Sur place, Prophet et ses compagnons n'ont trouvé aucune trace de combat ou de lutte. Pas de sang, ni de matière ou de matériel laissé derrière eux.
Si Claudia s'est bien retrouvée là à un moment, c'est comme si elle s'était volatilisée.
Par ailleurs, ils ont repéré quelques signes d'activité de la Bête dans les environs.
Si la zone contrôlée par la légion semblait sécurisée, au delà des dernières barricades, le Seigneur de l'Anathème reste présent, même si ce n'est pas de façon très intense.
Reste que s'endormir à cet endroit ne semble pas être une option très intelligente et les deux légionnaires ont effectivement eu de la chance de revenir vivants...

Alors que la Coterie échange ainsi entre eux et avec Gideon, un groupe de quatre Légionnaires, mené par un des Gardes Prétoriens, s'est approché des Chevaliers.
Une fois leur attention obtenue, le Prétorien s'adresse à eux :
" Chevaliers, Cesare a été conduit à l'infirmerie. Mais compte tenu des moyens dont disposent nos médecins, nous sommes assez inquiets sur l'évolution de son état.
Le choc qu'il a reçu à la tête en tombant du Char a sans doute créé un traumatisme important et sans soins adaptés, nous craignons pour sa vie. Aussi, nous vous demandons si l'un d'entre vous dispose du matériel ou au moins de connaissances pour aider nos équipes médicales à sauver notre leader... "

Comment nos héros vont-ils occuper les prochaines heures, sachant que la fatigue rend leurs capacités de plus en plus altérées (HRP : sans quelques heures de sommeil, vous démarrerez la session avec 1D de malus. Comme indiqué, les 2 heures de pauses "Salute-air" vous ont permis de tenir jusque là mais ne suffiront pas, surtout après les récents évènements).

A vous de jouer...

Quelle surprise de voir Boris de l'autre côté du Pont Saint Ange.
L'homme a tout de suite reconnu la voix et le style de Black Stone, et pourtant, il l'avait rencontré dans un tout autre contexte et il y a déjà quelques années de cela.
L'homme est un ancien de l'armée Russe, passé par le KGB, comme souvent.

Une blessure l'a amené à se reconvertir dans la protection rapprochée.
Il a été, pendant un peu plus de trois ans, un des gardes du corps de Diéniva Oulanov, la mère d'Yvguéni, alias Black Stone, alors qu'elle était déjà attachée d'Ambassade.
Le jeune homme a donc eu, à plusieurs reprises, l'occasion de côtoyer cet homme de caractère, loyal, qui devait déjà avoir une cinquantaine d'années à l'époque.
Règlement oblige, il a été réaffecté par la suite à une autre ambassade Russe, ce qui l'a sans doute amené à Rome au moment de l'arrivée de l'Anathème.
Ce qu'il fait dans les rangs de la Garde Suisse est un mystère, cependant...

Une fois le plan envisagé exposé à la coterie Prophecy (toujours à distance), le chevalier Meredith "Snow" Cole prend la parole :
" Je suis désolée de vous décevoir, messieurs, mais vous surestimez mes capacités et celle de l'armure Bard. Je pourrais en effet prendre la place de Claudia. Cela serait une option très intéressante. J'avoue que j'aime bien votre façon de voir les choses, Chevalier Talion.
Malheureusement, j'ai besoin pour cela de l'avoir côtoyer au moins une fois, quelques minutes tout au plus pour en reproduire les formes, les gestes et la voix. Sans ça, la supercherie serait très facilement repérable. Et je ne pense pas que la situation permette ce genre d'erreur..."
Elle marque un silence.
" Je suis navrée que nous n'ayons pas pu trouver plus de traces sur la disparition de cette jeune femme. Je trouve votre ténacité louable et n'en doutez pas, nous avons bien compris les enjeux de tout ceci. Mais si quelqu'un est derrière cette disparition, et cela semble plus que plausible, il a tout fait pour qu'on ne la retrouve pas. Je doute même qu'on puisse la retrouver vivante, en toute franchise. Nous pouvons cependant écarter la thèse officielle de la Légion : ces deux légionnaires n'ont pas pu faire le coup. Si cela avait été le cas, nous l'aurions retrouvée... "

C'était la première fois qu'ils entendaient Snow parler aussi longtemps.
Souvent discrète et dans l'ombre de Gideon, elle s'exprimait rarement. Mais quelque chose l'avait poussée à s'épancher un peu plus que d'ordinaire.

Gideon prit alors la parole :
"Le Chevalier Black Stone a raison : la communication est le nerf de la guerre, comme on dit.
Cristo va vous donner un coup de main. Il est déjà en train de repérer, sur notre route, des éléments qui pourraient être utiles à la réparation. Il va cependant avoir besoin d'une petite pause : entre le travail qu'il a effectué au Nord du Campement de la Légion et la recherche des dernières heures, ses systèmes sont au plus bas.
Mais vous pouvez compter sur lui."

Alors que la conversation continuait, Black Stone et Clovis oeuvraient toujours à déblayer les décombres du bâtiment des Communications, avec l'aide de quelques légionnaires et esclaves.
Au bout d'un instant, ils durent se faire une raison : ils avaient passé au peigne fin les lieux, avaient sortis 2 survivants miraculés, 4 corps sans vie... Mais aucun d'eux n'était leur responsable, Celeste Casarini.

Un calme relatif s'était installé sur le Campement de la Légion et sur Subure.
Les esprits, échauffés par les évènements de la soirée, avaient fini par s'apaiser un peu.
L'adrénaline retombant, les combattants avaient fini par lâcher les armes.

L'incendie provoqué par l'explosion du poste de communication avait fini par s'éteindre, mais l'air était empli d'une fumée âcre.
L'atmosphère avait vraiment un goût de guerre.

Le Centurion Van Kemps était revenu quelques temps plus tard avec le Prétorien que les Chevaliers avaient rencontré plus tôt dans la nuit.
Ils avaient pesé le pour et le contre de la proposition de Black Stone et s'étaient résolus à l'accepter : l'état de Cesare n'allait pas en s'améliorant et ils n'avaient plus trop le choix.
Mais les proches du Légat semblaient cependant méfiants. Hors de question pour eux de laisser leur chef sans protection. Une petite escouade de 4 prétoriens l'accompagnerait donc jusqu'au Vector. Simple sécurité, avait indiqué le Centurion.

Gideon et Meredith, de retour au Campement, se proposèrent d'assurer le transfert pendant que Cicero travaillerait sur la réparation du système de communication.
Dans ces conditions, il sera difficile d'extraire Cesare loin de la ville, mais cela offrirait un souffle diplomatique pour permettre à Saul Arentino d'assoir un peu sa présence.
Avec un petit coup de pouce des Enfants d'Avalon, la situation devrait se détendre un peu et ces derniers pourraient continuer leur mission sans craindre un nouvel embrasement.

En attendant, cela faisait près de 24h qu'ils étaient en opération, et tout héros qu'ils étaient, la fatigue commençait à se faire sentir.
Ils tentaient tant bien que mal de garder les yeux ouverts mais il fallait se rendre à l'évidence : une petite sieste était la bienvenue.

Le Chevalier Black Stone ne se souvint pas trop à quel moment il piqua du nez.
Ils avaient mis en place un pseudo quart, mais il semblait que le sommeil en ait décidé autrement.

Combien de temps il dormit ? Difficile à dire. Mais il le regretta bientôt.
Son voyage au pays de Morphée fut tout d'abord sans chicane ni crevasse.
Quand soudain, ses songes s'obscurcirent. Et alors qu'il luttait pour essayer de s'en échapper, il le vit à nouveau : cet oeil rouge, bestial, monstrueux... Puissant. Cette fois, la vision fut plus vive encore mais aussi plus nette, lui permettant d'en distinguer les détails,  ces entrelacs noirs complexes, s'encerclant telle... Une couronne.

Il se réveilla en sueur, dans un cri de rage et de terreur.
Il se leva et se rua vers la première source de lumière qu'il aperçut, dans les brumes de son sommeil : un brasero qui flambait à quelques pas de là.
Il tomba alors sur Talion, qui s'était approché en entendant le râle de son ami.

" Talion... Mon Frère. Il est revenu. Il est dans ma tête. Je crains que cette fois, je suis bien perdu ! Je ne peux pas lutter... Tu dois... "
" Moi aussi... "
" Comment ça, toi aussi ? "
" Moi aussi je l'ai vu, il y a à peine une demie heure, alors que je m'étais assoupi "
" Tout comme moi... "
La voix à l'accent de soleil de leur compagnon Hector venait de se lever des abords du brasero et à en croire la mine de Clovis, le sénéchal aussi semblait avoir eu un sommeil agité...
" Et Inès, elle est où ? "
" Elle est partie il y a une petite heure en direction des murs nord du fort, le sabre et le bouclier défoldés. Elle n'a rien dit... Mais à mon avis... "