Je tentais de plonger mon regard au plus loin. Mon grand père m’avait dit autrefois que l’on pouvait ainsi voir la partie la plus septentrionale de la Couronne.
J’étais très jeune à l’époque, et ma crédulité m’amena à passer une partie de mes journées à scruter ce qui était tout simplement impossible.
Le continent faisait un peu moins de trois mille kilomètres du nord au sud, pour un peu plus de deux mille en son point le plus large. La chaîne de montagne, la Couronne comme nous l’appelons et qui encercle ce continent, est ainsi bien trop étendue pour que l’on puisse en apercevoir les opposés, quel que soit l’endroit d’où vous tentez l’expérience.
Mais aujourd’hui, bien que plus vieux et moins crédule, je m’amusais parfois à cela. Par jeu, ou par espoir peut être.
Plutôt que la partie Nord de la Montagne, mon regard ne pouvait voir que les étendues arides et planes des terres centrales. Aljiba était une petite planète, à peine 5000 km de rayon. L’horizon arrivait vite à l’œil.
Mais en grimpant sur les contreforts de la Couronne, il était possible de voir loin. Très loin.
L’immensité du Creuset, comme on l’appelait familièrement, s’ouvrait ainsi à vous. Ses plaines, sèches et stériles, n’étaient peuplées que d’animaux dangereux et de quelques communautés Nomades qui savaient exploiter ses richesses cachées.
Il n’y avait pas de ville, en ce centre. Ces dernières étaient installées contre les pentes montagneuses, principalement au Sud, car beaucoup plus agréable et irrigué que le Nord.
Ce phénomène étaient lié à la configuration particulière de ce continent. Les hautes montagnes arrêtaient les nuages et les pluies ne se déversaient qu’en périphérie.
Au sud, l’eau retombait un peu vers l’intérieur, formant des petites rivières et des sources souterraines, avant de repartir vers la mer. Grâce aux systèmes d’irrigation, il avait été possible de rendre l’extrême sud plus vivable.
Kanisa, notre Capitale-Monastère y était d’ailleurs installée.
Quand au reste du Continent, seules les montagnes étaient suffisamment humides pour espérer y planter quoique ce soit. Mais il n’est pas simple de cultiver les montagnes.
Un bruit mécanique me tira de ces souvenirs d’apprentissage que partagent tous les enfants nés sur Aljiba.
Je tournais la tête pour voir arriver vers moi un Mekaship. Bientôt, la pente raide et criblée de rochers, où je m’étais installé pour ma contemplation, se couvrit de ses congénères.
Ces machines étaient fascinantes. Elles récoltaient les cultures plantées dans des zones presque inaccessibles.
Et ceci en quasi-autonomie. Il suffisait de les laisser déambuler parmi le paysage escarpé de nos montagnes et de collecter les graines, légumes ou autres productions qui avaient été ainsi récoltées et triées.
Je cherchais des yeux la Silhouette du Moine-Pâtre et la découvrit à deux cents mètres en amont.
Ces hommes étaient les gardiens des Machines. Non que l’on craignît véritablement qu’il puisse leur arriver quelque chose, mais Le Pastoralisme Zen Stoïcien, comme tout courant issu du Catholicisme Orange, était assez suspicieux vis-à-vis des machines autonomes. Il était, selon eux, nécessaire de s’assurer qu’elles restent à leur place initiale, celle de copie du monde animal.
Je fis signe au Moine qui me salua en retour, avant de continuer sa progression vers l’ouest, avec l’allure qu’on leur connaissait, empreinte d’introspection et d’efficacité simple.
Les brouteurs synthétiques suivaient la même direction, emportant avec eux les jeunes pousses qui avaient bénéficié des grandes pluies de ce début de saison chaude.
Un ornithoptère passa au-dessus de moi, tirant mon regard dans la direction qu’il prenait.
Sortant des nuages, j’aperçus alors Kanisa. Ou plutôt, ce que la ville offrait au regard, car une grande partie était troglodytique et s’enfonçait sous la montagne. On pouvait juger de son importance par les deux vastes murs-palais sculptés de part et d’autre de la grande porte menant en son cœur.
J’étais trop loin pour apercevoir les silhouettes déambulant sur cette façade, mais je percevais les mouvements des lumières qui illuminaient ses ouvertures.
Kanisa était notre capitale, mais ce n’était pas une grande ville, comparée à certains mondes de l’Imperium.
A peine six millions d’habitants vivaient sur l’unique continent, dont deux millions rien que dans la Capitale-Monastère.
C’est là qu’était installée le siège de la Maison Voskos, à la tête de la planète.
La Maison Voskos est issue des premières vagues de colonisation d’Aljiba, et notamment des missionnaires religieux qui s’y étaient installés.
La rudesse apparente de ce monde avait fait fuir beaucoup de colons, mais les Moines persistèrent à rendre cet environnement vivable et même agréable.
Ils travaillèrent notamment à trouver des solutions pour exploiter les terres montagneuses et en faire des surfaces agricoles fertiles et exploitables.
C’est à leur acharnement que l’on doit le miracle d’Aljiba, mais aussi aux machines autonomes comme les Mekaship, que la Maison Voskos développa.
Elle put s’appuyer à l’époque sur Mika Nismos, oui, le fondateur de la maison éponyme. Génial inventeur, ce dernier put mettre à contribution les ressources minières dans l’ouest de la Couronne pour concevoir et produire ces robots qui nous permettent de vivre confortablement aujourd’hui.
La Maison Mineure est d’ailleurs installée près des mines, dans la deuxième plus grande ville de la planète : Masnae.
Ce n’est qu’à la mort du père fondateur que ses enfants, les Jumeaux Nismos, proposèrent de doter notre Monde de combattants efficaces et sacrifiables.
L’expérience en robots autonomes agricoles permit en effet de produire des bêtes de combats menées par ceux que l’on nomme les Moines Dresseurs.
Cette proposition, contestée dans un premier temps, se trouva cependant être la meilleure option face à la problématique de population de la planète. Les Aljibans étaient trop peu nombreux pour lever une armée classique.
Les machines prendraient désormais le relais.
Je tournais le regard vers le ciel, vers ce disque blanc que l’on pouvait voir même en plein jour et qui suivait le Continent dans la rotation de la planète : la lune Qalea.
C’est là qu’étaient formés et que vivaient les Moines Dresseurs et leurs Bêtes de Combat. Ils formaient d’ailleurs aujourd’hui leur propre maison : Aspida
La distance qui les séparait de nous faisait souvent naître dans les jeunes esprits les images et les histoires les plus fantasques. Mais les plus anciens disaient d’un air grave que « Cela était nécessaire à notre sécurité… ».
Je fus tiré de mes rêveries à nouveau. Mais cette fois, un frisson parcourut mon corps.
Mes oreilles réagirent tout de suite au tintement électronique de l’appareil posé devant moi. Je regardais l’écran et analysait les sigles qui s’y affichaient. Barbares pour le profane, ces informations étaient claires pour moi, et inquiétantes.
J’attrapais le matériel, sautais du rocher sur lequel j’étais posté et me mis à glisser le long de la pente.
Quelques mètres plus bas, j’aperçus celui que je voulais prévenir aussi rapidement. Il était penché sur un appareil similaire au mien, qu’il avait ouvert pour en malmener les entrailles, sans doute hors service.
Je n’attendis pas d’être à sa hauteur pour hurler :
- Maître… Une tornade vient sur nous.
- Par où cela ?
Il venait de se lever et cherchait du regard les indices de ce que j’annonçais. Je tendais la main vers un point à l’Est, à l’intérieur du Creuset. Point qui n’offrait rien d’autre au regard que le calme du désert. Nous attendirent ainsi un moment, plusieurs minutes, pendant lesquelles ma gêne montait proportionnellement à la colère de mon Maître.
- Bon sang, cesse de me déranger pour rien.
Il commença à ranger ses outils et à remplir l’appareil mortellement éventré des pièces qu’il avait éparpillées autour.
- Nous ne tirerons rien de plus aujourd’hui de tout ce fatras. Rentrons.
Contrit, je consultais à nouveau les écrans de l’appareil, qui maintenait ses indications. Mais rien.
Je me décidais donc… Enfin j’y fut chaudement invité il est vrai… A aider mon maître dans son rangement.
Quelques minutes plus tard, nous avions chargé la Mekamul et nous apprêtions à partir quand mon regard surprit un mouvement derrière nous.
Un trouble dans l’air, qui s’amplifia rapidement.
De la poussière commençant à s’élever du sol, en contrebat de la montagne, sur une surface qui s’étendait rapidement. A première vue, cela concernait déjà une zone de 2km².
- Maître ?
- Quoi encore ?
Pour toute réponse, je tendais le bras dans la direction du phénomène.
Il chaussa ses jumelles et dit :
- Par toutes les énergies ! Vois-tu cela petit ?
Je le voyais en effet. La poussière s’était mise à tourner sur elle-même, en un cercle dont le diamètre ne cessait d’augmenter, et bientôt, un cône commença à se former depuis le sol.
- Ahah ! Tu avais raison, gamin ! Une Tornade… Il avait raison ! Il marche ! Le Scanneur de Fléau fonctionne ! C’est bien une Tornade.
- Euh… Oui Maître… Et nous devrions y aller… Car cette Tornade vient vers nous !
Journal d’Alexa Aspida, Mentat Préceptrice pour la Maison Voskos, en l’An 10189 P.G, Giedi Prime, Harko.
Le jour se lève mais il se distingue à peine à travers la fenêtre. Les fumées lourdes et noirâtres dissimulent même les bâtiments les plus proches, de facture rectangulaire, comme nous isolant davantage de nos semblables sur cette planète si policée.
L’austérité ne me gêne pas, bien au contraire, elle crée l’espace nécessaire à la computation et l’analyse des immenses quantités de données qui me parviennent à tout instant. Cette chambre en est une incarnation convenable, dénuée de toute décoration superflue, avec son bureau en plastacier noir bien verni, que seule éclaire la lumière d’un brûleur dernier cri.
Cela devrait me convenir parfaitement, si ce n’étaient les clignotements omniprésents des ornithoptères, le ballet invisible des esclaves dans les pièces avoisinantes, et le ronronnement des appareils de filtration qui nous rappellent que nous ne sommes jamais vraiment seuls.
Je me souviens du jour où la Comtesse Voskos m’a convoquée sur Aljiba, quelque temps après la disparition prématurée de son fils aîné. Elle avait toujours le port aussi sévère qu’elle affecte en toute circonstance, mais je connaissais les signes : les traits tirés, les lèvres pincées, sa main ne cessant de se porter à hauteur de son médaillon de lune. Car je sais sa seule faiblesse : ses fils…
Nous ne sommes que trois à connaître les circonstances exactes du décès de son héritier, et j’ai fait jurer le silence au plus jeune. Mais Markos ne doit surtout pas savoir. Quelles que soient les projections, il est bien trop tôt.
Elle m’a confié ce jour-là les derniers développements de la prise de pouvoir d’Arrakis, avec la charge de terminer la formation de Markos et de le soutenir au mieux. Je sais qu’elle a conclu un accord avec le Baron Vladimir Harkonnen, mais j’en ignore les termes précis. Difficile de jouer une partition sans en connaître les accords… Il s’est néanmoins engagé à former et protéger Markos pour lui permettre de représenter sa Maison sur Arrakis et l’Impérium, et être à même d’accomplir les tâches qu’engendrent ses nouvelles responsabilités.
En sera-t-il capable ?
Je le forme depuis son enfance, et il est difficile pour moi de conserver l’impartialité de ma charge de Mentat. Mais à l’abri de son frère, il a eu l’opportunité de s’épanouir sur Qalea auprès des Moines-dresseurs, sans se préoccuper des intrigues à tiroirs du Landsraad.
Toutefois, lorsqu’il est tombé sous les coups de cet assassin, en pleine extraction de la mission d’infiltration, j’ai senti mon cœur s’arrêter. Il n’a dû son salut qu’à la présence d’esprit de nos tuteurs Harkonnen et du Docteur Heimdall Lunel.
Heureusement qu’il est résilient. Et bien entouré. Je cerne encore mal les motivations de la Dame Celia mais tant que ses objectifs convergent, je sais qu’elle oeuvrera dans notre sens. Le Docteur Tecsibios Nismos a également tout intérêt à voir se réaliser sur Arrakis les projets de développement technologique sur lesquels il travaille depuis si longtemps. Quant à l’ancien esclave Murchad, une telle dette de sang le lie à Markos qu’il ne pourra que donner sa vie pour lui.
L’arrivée de cette importante cargaison de Mekaship et de Bêtes de Combat va nous donner l’opportunité d’asseoir la puissance financière de la Maison Voskos, et des derniers rapports que j’ai pu consulter, cela ne sera pas de trop pour pouvoir reprendre le flambeau d’Arrakis, où les investissements seront fort conséquents.
Tant d’éléments à prendre en compte, tant d’incertitudes sur le théâtre réel des opérations… Ces derniers jours, le jus de Sapho ne semble plus me suffire… Je reste à l’affût du moindre nouveau développement, de l’élément de surprise que je n’aurais pu projeter.
La bonne nouvelle, c’est que Markos semble avoir enfin commencé à comprendre la valeur de sa propre vie, et s’est mis en retrait, mais pas autant que je l’aurais souhaité. Quelle stupide idée de traîner au marché noir alors que ses conseillers de confiance auraient très bien pu s’en charger ! Et voilà qu’il m’entraîne dans un débit de boisson sordide, où nous sommes dévisagés par une poignée d’individus certainement fort peu recommandables. Même dissimulés par nos accoutrements, leur attitude indique clairement que nous ne sommes pas à notre place. Je sens la situation sur le point de dégénérer, trop de variables non maîtrisées.
Et c’est alors que Markos se lève vers le comptoir, je m’apprête à réagir au moindre geste déplacé des hommes qui nous entourent… Markos lève le bras, et je suis prise d’un affreux doute. Va-t-il déclencher (encore) une bagarre ? Et il clame haut et fort : « Tournée générale ! »
Son Altesse Impériale, le sublime Padisha Shadam quatrième de son nom remercia la maison Harkonnen pour les bons et loyaux services qu’ils rendirent sur la planète Arrakis. La nature des honneurs qui lui furent rendus reste un mystère. De même que la nature des honneurs et cadeaux reçus.
Cependant, il ne fallut pas longtemps avant que les espions et les langues acerbes ne distillent leurs poisons. La production d’épice stagne. Pour certains, elle est même en diminution. La faute aux fremens, la faute aux méthodes harkonnens, la faute de l’empereur, la faute des vers ou de la météo…pointez du doigt la cause que vous souhaitez mais la conséquence restera la même.
Sans épice, pas de commerce, pas de communication, l’empire se contracte sur lui-même puis stagne. La stagnation engendrera à terme la dégénérescence et les lignées royales pourriront sur place devenant le terreau des futures rébellions. Et ça…C’est sans compter l’intervention directe de la Guilde spatiale qui pourrait pointer l’empereur du doigt et lui sommer publiquement d’agir, fragilisant son pouvoir.
Voilà ce qui agitait les cœurs et les esprits sur le marbre du palais impérial.
Supporter le poids de l’empire sur ses épaules, assumer la haine des Harkonnens, plier sous le poids de la honte d’un échec à redresser la production, sentir la mort et la paranoïa planer sur sa maison si le mandat leur revenait…Mais qu’est-ce que tout cela devant les richesses d’Arrakis ?
Il aurait fallu être sourd pour ne pas entendre les couteaux s’affuter dans les coins les plus sombres du palais. Les demi-vérités être enduites du fiel le plus flatteurs pour faire éclater les confiances volatiles. Sentez-vous les poisons se diffuser dans l’air rance de la politique impériale ?
Oh mais ce serait oublier les Atréides. Voilà une maison capable de relever le défi. Des hommes fiers, intègres, capables de gagner les cœurs et les esprits. Si populaire et ne souffrant d’aucun réel rival…Si ce n’est les Harkonnens ou peut être Ix.
Beaucoup pensèrent ainsi que la lutte d’influence était morte dans l’œuf. Les autres, plus ambitieux, donnaient de la voix, prêt à tout pour tenter la Fortune. C’est dans cette atmosphère électrique que l’Empereur fit taire toutes voix d’un geste de la main…puis la tendit à la maison Voskos, l’invitant à s’élever depuis les rangs des Maisons Majeurs.
Dès lors, je ne me souviens d’aucun son. Si ce n’est celui de mon cœur cognant contre mes os. Un silence assourdissant, hébétant…contagieux. Aucun geste, aucune clameur n’accueillit cette déclaration. Pas même une contestation. Juste un silence aussi rigide que glacial.
Ni l’honneur, ni la popularité, ni l’argent, ni l’influence n’ont été choisi par l’Empereur pour décrire la Comtesse. Mais on parla d’une détermination sans faille à survivre là où tous avaient abandonnés. On parla d’une rage tranquille devant les éléments. On parla d’une foi capable d’affronter les plus grands défis.
Oui, le plus grand hold-up de l’histoire de l’impérium était à mettre au profit d’une bande de paysans fanatisés.
Pourtant, malgré le silence, il n’était pas compliqué d’entendre les pensées des autres maisons :
Quelles étaient les réelles intentions de l’empereur ?…Désirait il la mort de la maison Voskos ?... Pensait-il réellement que la Comtesse pourrait relever ce défi ? Que la religion les protégerait de la corruption ? … ou tout simplement était-il à ce point désespéré que ce fameux détecteur de fléaux dont la CHOM venait de faire la publicité représentait son meilleur espoir ?
A moins qu’il ne faisait que gagner du temps faute d’une autre solution.
Le chemin de la transition
Je ne me souviens pas d’avoir vu une transition aussi rapide. La comtesse ne tarda pas à investir son nouveau fief malgré les affaires de sa maison. Son aîné venant de disparaitre dans des conditions plus qu’inquiétantes à l’aube de ce changement important.
Enfin…Si vous mettez de côté les histoires sordides d’amants jaloux, de drogues voire même d’accident lors de sport si peu dangereux que le parapente par la faute d’un ancien esclave fremen qui aurait ‘’oublié’’ de rappeler certains points de sécurité important. Les détails appartiennent à l’histoire et la comtesse ne semblait pas vouloir se pencher trop sur cette question pour faire une déclaration officielle.
Il apparait que le cadet (beaucoup plus populaire à mon avis) demeure un bien meilleur héritier. Apprécié des petites gens mais surtout des armées, c’est un maître d’arme reconnu doublé d’un philosophe accomplit. A l’âge de 9 ans, il avait déjà écrit deux maîtrises en tactique militaire (Résumé : Tu fonce et tu tape fort) et l’autre sur son interprétation de 19 questions philosophique (Résumé : Ceypasfaux).
Et le généreux donateur qui soutient cette chronique tiens à dire que les professeurs du nouvel héritier étaient tous…Sans voix…devant ces réponses. Ah et on me signale qu’à l’âge de 12 ans, il fut promu (autoproclamé) Burseg suprême (Comprendre Amiral-Général) et surnommé Bienveillant Leader Suprême (par ses camarades de jeu sous la menace d’un robot de combat).
Pour en finir avec cette digression, ce fut donc Markos qui fut désigné héritier (suprême) de la maison Voskos. Son premier devoir fut de se rendre auprès de la maison Harkonnen qui, dans sa grande mansuétude, accepta de former le nouvel héritier à sa future charge. Les maisons Harkonnen et Voskos devenant alliés de fait à la grande surprise du landstraad.
Même si beaucoup voyait là qu’une façade (ou un ordre secret de l’Empereur), cela apaisa, au moins en surface, les tensions avec la guilde spatiale. La confiance ainsi restaurée, le poids d’un échec pèserait entièrement sur les épaules de la maison Voskos.
Et franchement, comment une telle affaire pourrait mal tourner ? Remettre son seul héritier, entre les mains des harkonnens pour le former ? Connaissant les tendances meurtrières de ce dernier ?
C’est peut-être pour cela qu’en rangeant son épée au fourreau, il ne tarda pas à s’entourer d’une élite où nous pourrions citer par exemple Célia, une membre estimée du Bene Guesserit mais surtout une membre de la glorieuse famille Nismo dont la loyauté à la maison Voskos n’était plus à prouver. Une femme discrète dont la verve et la vivacité d’esprit en font un pilier de cette nouvelle communautée.
Ou encore son Cousin Tecsibios. Très estimé membre de la même famille dont les compétences techniques ont largement dépassé la sphère d’influence d’Aljiba pour atteindre la CHOM. Un membre dont la sobriété probité loyauté en toute circonstances lui offre des nerfs d’acier (Sémuta Free) et les idées parfaitement claires…Et que dire de son courage ? (On va même pas en parler...Si Si croyez moi)
Prenez également la fine fleur de la science à travers le jeune Heimdall. Un jeune homme dont les compétences en terme de poison serait un prompt renfort. Certes, les compétences en biologie serait aussi nécessaire qu’indispensable mais le poison c’est tout aussi bien.
Et bien sûr, le témoin vivant de la grandeur d’âme de l’hériter : Murdoch. Un puissant allié Fremen sauvé de l’esclavage par l’héritier. Un ami précieux et fidèle, une denrée plus que rare dans un monde ou la confiance est un luxe. Mais quand il possède en prime une lame bien aiguisé…
Petite mention pour Alexa, la Mentat au service de l’héritier afin que ce dernier évite d’être trop enthousiaste.
La maison Harkonnen
Votre serviteur assista à l’arrivée de la maison Voskos sur Geidi Prime. Une planète froide, à l’architecture aliénante. Où l’individu se retrouve écrasé, étouffé par les fumées toxiques des industries sous le prétexte d’une optimisation la plus poussée. Des êtres vils, déshumanis…Oh je me rend compte que ce nos alliés.
Des êtres particulièrement affables…lorsqu’il s’agit des hôtes de marque. La question sur toutes les lèvres de la cour restait la même : Seront nous considérés comme des ennemis ? Des parvenus ? Etions nous réellement alliés ?
…Même si Tecsibios se demandait plutôt si de la Sémuta serait mise gratuitement à disposition…
…Et l’héritier de se demander s’il pourrait faire un combat de gladiateur…
…Enfin il y avait que Célia et Alexa pour s’inquiéter réellement de notre sort.
Pour ma part les plaines d’Aljiba me manquèrent en cette occasion et je me surpris à me demander si je les reverrais un jour. Je vous avouerais que mes perspectives d’avenir avaient tendance à se réduire au fur et à mesure que les minutes s’égrainaient.
Ce fut un noble, responsable des relations extérieures, qui nous accueillit dans des baraquements alloués aux visiteurs de rang. Mais aucune présence du Baron, de son héritier ou d’un officiel de rang supérieur. Les Harkonnens respectent leur engagement, sans réel respect mais toujours sans animosité ou engouement. Une manière de renvoyer la maison Voskos à son rang ?
Une formation serait donnée et nous serions testés.
Nos formateurs se sont présentés comme suit :
Turo Imshel le responsable des relations extérieurs
Niran Rani un conseiller militaire de haut rang
Korbus Zaan un mentat de la maison associée vraisemblablement à l’espionnage.
Le premier test
Une simulation fut opérée en réalité virtuelle. L’attaque d’une navette d’une marque inconnue mais que tous s’accordent pour dire…Qu’elle n’était pas vraiment pratique, pas très sécurisé et qu’il valait mieux retirer immédiatement du service. Un test relativement simple, la navette fut prise d’assaut par un commando inconnu puis sabotée afin de s’écraser sur Geidi Prime.
La cible devant être l’héritier, une solution optimisée aurait été d’évacuer immédiatement la navette en ne se préoccupant pas de l’équipage et d’éventuelles victimes que ferrait la navette en s’abimant sur la ville. Un acte aussi vil n’aurait pas été digne de l’Héritier qui fédéra immédiatement les bonnes volontés autour de lui pour sauver ce qui pouvait l’être.
Un Charisme à toute épreuve qui le poussa à affronter les assassins potentiels tout en inspirant son technicien préféré à se surpasser. Au point qu’il sauva un technicien des flammes.
Nota1 : C’est effectivement moins pratique de marcher quand on est en position latérale de sécurité sur le sol en criant ‘‘On va tous mourir’’.
Nota 2 : C’est plus pratique d’ouvrir une porte en appuyant sur un bouton que d’essayer de la défoncer…Surtout quand elle est en métal Markos…Pense à écouter le technicien…
Pendant ce temps-là, l’ingénieuse Célia prit le contrôle de la passerelle, rappelant à chacun son devoir (Empêchez l’héritier de se battre) et indiqua la marche à suivre. Tâche aisée quand elle prit le contrôle avec brio des caméras. Le scénario aurait pu tourner au drame si, d’aventure, les attaques des assassins se seraient enchainées à ce moment ou si l’hériter se trouvait encercler dans une partie du vaisseau.
Tout au plus, notre glorieux scientifique accepta de se sacrifier pour retenir un assassin voir l’emporter avec lui dans la mort. La béatitude pouvait se lire sur son visage, savoir qu’il venait d’accomplir son destin et de sauver une dynastie naissante…jusqu’à ce qu’il tombe au sol sans autre forme de procès.
Notre glorieux héritier se retourna alors, constatant que son camarade était blessé, il ne pouvait en supporter plus. Il trancha d’un geste presque négligeant ce rustre, dont la tête tomba sur le sol quelques secondes après qu’il rengaina sa lame (Bizarrement on a perdu la vidéo des caméras).
Arrivé au secteur machine, la situation était loin d’être résolue. L’équipage était au prise avec le commando ennemi. En voyant l’héritier, ces derniers surmotivés firent rendre gorge à leurs adversaires et spontanément acceptèrent de mourir en son nom (Gloire au Suprême Leader…Si si c’est avéré y a des témoins).
C’est les yeux embués de larmes que nos héros acceptèrent ce sacrifice pour se jeter au cœur des réparations prioritaires. Les embardés du vaisseau causèrent quelques soucis, mais cela concernait que les membres blessés de l’escouade (bizarrement les vidéos de l’évènement ont été effacées). Notre technicien réussit les réparations et même notre héritier sauva in extrémis une des composantes importantes (lui entre autre, ce qui n’est pas un mince exploit croyez-moi).
La navette fut donc virtuellement sauvée ce qui ne fut ni loué, ni honni par les Harkonnens. Ces derniers soulignaient le danger de se confronter à un commando dont le nombre restait inconnu. Une solution plus optimisée en terme de sécurité aurait été de fuir les lieux. Cette option fit réfléchir la cour, notamment sur la nécessité de cacher les véritables intentions et capacités de la maison.
…L’héritier demanda dès lors de choisir les options les moins humaines afin de dissimuler les réelles forces des Voskos sur le conseil de la Dame Célia.
Le Second test
Le second test se passa dans l’espace réel.
Un petit fortin et un renseignement qu’il fallait absolument récupérer. Simple si ce n’était qu’il se trouvait au beau milieu d’une base Harkonnen. L’héritier, habitué de l’exercice, trouva cependant le meilleur moyen de s’infiltrer et de se retirer sans heurt. Véritable meneur d’homme, il mena l’infiltration avec la subtilité qui le caractérisait si bien (pour une fois pas besoin que j’en rajoute).
Le désamorçage des pièges et autres alarmes causa nettement plus de problème mais dans l’ensemble, le plan se déroula presque sans accroc…Jusqu’à ce qu’une alarme ne se déclenche pour une raison inconnue. L’ensemble de la base sembla s’éveiller, des troupes surgissant de nulle part ne tardèrent pas à les encercler malgré la rapidité de la maison Voskos.
Malgré une rapidité et une grâce incroyable dans la fuite, l’héritier fut touché par une aiguille empoisonnée et tomba à terre. Ce ne fut que par sa volonté hors du commun qu’il ne mourra pas sur le coup. Le reste de la troupe fut encerclé par les Harkonnens et ce n’est dû qu’a l’intervention de l’officier Harkonnen que les armes se baissèrent (même nos soldats baissèrent les armes…Ça sent la mutation dans les zones polaires les gars…).
C’est là que l’assassin retira le voile de sa vile nature. Voyant sa fin proche, il tenta de s’en prendre également à Dame Célia (Une femme si douce…pourquoi ? Traitrise ? Un moyen de brouiller les pistes ?).
Les Harkonnens intervinrent juste à temps, injectèrent un stabilisant à l’héritier (qui n’en n’avait pas vraiment besoin, il aurait certainement pu survivre jusqu’à l’intervention des médecins d’après Heimdall !).
La protection allouée à la maison Voskos fut doublée. L’assassin fut torturé (accident de saut a l’élastique sans élastique), l’héritier entre la vie et la mort avant de se rétablir tel le phéonix…Mais toujours autant de questions.
Un troisième test ?
L’attitude éternellement neutre des Harkonnens n’en n’avait pas fini de mettre mal à l’aise. Sans eux, cet entrainement aurait pu mal se terminer mais d’un autre côté, ils étaient responsables de cette erreur. Comment le service de sécurité n’avait pas repéré cet assassin ? L’avait-il laissé passer pour agir en sauveur ?
Un jeu bien dangereux car le poison n’aurait laissé aucune chance à l’héritier. Pas sans une assistance médicale lourde. Qui aurait pu jouer avec le feu ? Et la comtesse qui restait silencieuse sur le sujet n’était pas sans provoquer plus de nervosité.
Encore des questions et peu de réponse.
L’instigateur de cette sombre affaire se trouvait être la maison Vernus. Pouvait-on faire confiance aux Harkonnen sur ce sujet ? La maison Vernus était certes en concurrence avec la maison Voskos…Mais uniquement sur le papier. Voskos traite du matériel agricole quand Vernus reste moins spécialisé. La seule chose qui changeait restait le Fief d’Arrakis mais est-ce que cela en valait la peine ? Subir le courroux de l’empereur…pour quoi ? Ix n’y connaissait rien en moissonnage. Voskos perdrait probablement plus d’un cycle ou deux à relever la production quand Ix prendrait le triple.
Toujours est-il qu’une cellule se trouvait sur Geidi Prime. Il y avait peu de chance qu’elle parle mais certifier sa présence et son appartenance enlèverait un certain poids de nos épaules. Bizarrement, il fut demandé à l’hériter d’enquêter directement via leur contact dans le marché noir. Un certain Qu’shan.
Les Harkonnens se voulaient des alliés mais pas au point de s’immiscer dans les intimités des maisons majeures. Du moins c’est l’interprétation qu’en fit l’héritier. Ce dernier resta stoïque dans cette épreuve. Il accepta de manière digne qu’il c’était trompé. Croire que les Harkonnens les protègeraient ou les aideraient était à son sens une erreur qu’il ne commettrait pas deux fois.
Un plan fut ourdi et en arrivant sur le marché noir, le groupe se divisa.
Heimdall et Célia ne tardèrent pas à découvrir l’endroit où pouvait se trouver le contact. Mais leurs efforts se retrouvèrent contrariées par l’obtention d’une passe permettant l’entrée que les yeux acérés de Célia ne tardèrent pas à identifier grâce à un interrogatoire mené avec sa subtilité caractéristique.
Murdoch et Tecsibios identifièrent également les coursiers qui ne furent pas spécialement coopératif. Mais le technicien ne tarda pas à identifier d’excellentes pièces détachées pour navette mais son cœur sombra dans un amour passionnel pour un kit de tournevis dernier cri, ceux avec la petite lumière intégrée et une partie alimentée pour éviter de perdre la vis. Seulement 999 solaris avec le code promo GEIDIPRIME10*, en vente seulement sur cette planète.
*Offre limitée à un kit par foyer du 12 au 13 cycle de l’année 10170…
Notre glorieux héritier partit observer la situation de loin de manière tactique (parce que parler c’pas son truc) dans un bar (oui…non c’pas ce que vous croyez, le meilleur point de vu était au bar…Croyez-moi sur parole). Il négocia avec beaucoup de tact la libération la table qui lui permettrait de surveiller ses complices (En substance : Dégage connard) et observa la situation.
Il apporta sa pierre à l’édifice, de manière éminemment discrète, un moyen de se rendre dans l’établissement précédemment repéré. Les mauvaises langues diront qu’avec de l’argent, eux aussi ils pourraient y arriver. Je leur réponds qu’une chose : Oui…peut être…mais de manière moins classe que l’héritier (tu peux pas test).
C’est ainsi qu’ils pénétraient ensemble les lieux, abandonnant leurs armes à l’entrée. Sauf le fremen. Oui un truc religieux avec les couteaux. L’héritier offrit une diversion à coup de balisette (non pour le coup c’est pas ce que vous croyez encore une fois…si si, il s’est bien tenu). C’est ainsi que Célia repéra la dance des coursiers indiquant l’endroit probable où se trouvait Qu’shan quand notre technicien se perdit avec des gens…particuliers.
L’héritier s’intéressa particulièrement à la sous-culture alternative Harkonnen (combat d’arène), qu’il jugea intéressante (la serveuse aussi était intéressante) et trouva l’expérience particulièrement riche (4 fois la mise ! J’ai toujours cru en l’héritier moi).
Alors que Célia décida de mener la conversation avec le contact, accompagné d’Heimdall et de Tecsibios. L’héritier garda les arrières du groupe avec Murdoch. Ce dernier a l’œil acéré, ne tarda pas à découvrir des milliers d’agents Harkonnen planqué dans l’établissement, causant une crise de panique. Il fallut tout le sang froid de l’héritier…pour ne tuer personne. Il se permit également de sauver la santé mentale de son ami.
Cette aventure se termina…De manière étrange. Qu’shan ne semblait pas être au courant de l’implantation d’une cellule Vernus. De même, attaquer l’héritier sur le domaine des Harkonnens semblait être le mouvement manquant le plus de subtilité (lire débile). Les Harkonnens pouvaient mal le prendre et décider de s’en prendre directement à Ix via le CHOM.
Mais chose encore plus étrange…L’info des Harkonnens ne venait pas de Qu’shan mais d’une autre source. La délicate Célia réussi à négocier (avec maestria) le prix de l’information une fois que le contact aurait l’information.
Information qui ne viendrait jamais. Qu’shan décèdera des suites d’une curiosité maladive et d’une malchance en phase terminale. Son dernier message était que la cellule Vernius était partit…Etrange, pourquoi tuer Qu’shan s’ils partaient ? Pour effacer leurs traces ? Ne savaient ils pas que l’information avait fuité par ailleurs ?
Ou est-ce que les Harkonnens couvraient leurs propres traces et cette aventure dans les bas fond une manière de détourner l’attention de la maison Voskos ?
Toujours est-il que la formation continua.
La cargaison
Une frégate de la maison Voskos arriva sur Geidi Prime.
Un évènement particulier alors qu’aucun message ne leur parvenait depuis l’extérieur depuis le début de cette formation. Et ceux, malgré les demandes d’explications de l’héritier. Ce dernier soupçonnait un arrangement en sous-main dont il ne comprenait pas la nature exacte et les signaux contraires envoyés par leurs hôtes n’étaient pas là pour le détendre.
Cher lecteur, je peux vous certifier que nul n’était prêt à ce qui les attendaient sur l’astroport. Des milliers de caisses frappés de l’emblème aux mains soutenant la nature les attendaient…Ainsi qu’un message. En substance, l’héritier devrait mener des négociations avec la CHOM, plus particulièrement Sabria Zavr, afin de préparer leurs arrivées sur Arrakis. Des liquidités bienvenues devant les dépenses qui les attendraient.
Les centaines et les centaines de caisses étaient accompagnés de personnel scientifique dont la fameuse Erica Ganio. La créatrice du détecteur de fléau. Cette dernière, au bord de l’hystérie, ne retrouva son calme que sous l’impulsion de notre héritier. Il fit preuve d’une telle empathie envers les responsabilités écrasantes de cette femme que la légende veut qu’il versa quelques larmes (…quand il découvrit qu’il n’y avait pas d’équipe de sécurité pour protéger la cargaison).
Il n’y a pas de témoin directe de cette scène, même si on raconte que, profondément touchée par ce geste, elle collecta les larmes de son prince dans une éprouvette qu’elle garderait toujours au plus près de son cœur.
Encore une fois, Célia trouva un moyen de se passer des Harkonnens. Un de ces contacts fournira un lieu sécurisé (et sécurisant pour la sérénité de l’héritier) le temps des négociations.
***Spoiler Alert On. Attention, ce texte contient des éléments en lien avec le début de la campagne et donc aussi le One Shot Dune. Spoiler Alert Off***
Les caissons de transport commençaient à s'empiler dans la zone de transit, sous le regard inquiet et fébrile du Docteur Erika Ganiot.
La responsable technique, envoyée par la Comtesse Voskos pour accompagner ce chargement sensible, était rentrée dans une phase d'hyperactivité et lançaient ordres, contre-ordres et surtout, désordre.
"Inutile et inefficace", pensa pour elle Célia qui suivait la scène d'un air détaché.
Son regard se posa sur Markos. L'héritier semblait quant à lui étrangement calme face à cette situation. Sa mère venait pourtant de lui confier une tâche des plus délicates, sans l'en avertir à l'avance. Etait-ce là encore un test destiné à mettre son fils à l'épreuve ?
Elle le regardait alors qu'un sentiment de compassion naissait pour elle. Il n'avait pas choisi cette position, la mort de son frère l'y avait contraint et il essayait d'assumer au mieux cette destinée. Face à un système et à sa propre Mère qui ne l'aidaient pas vraiment.
Elle tenta de balayer ce sentiment, qui ne pourrait que jouer négativement sur sa perception.
Markos dut sentir son regard car il tourna la tête vers elle.
Plutôt que de se détourner, mal à l'aise, elle lui adressa un signe de tête, mêlant compréhension et soutien. Elle se dirigea vers lui :
- Ces caisses ne vont pas pouvoir rester là. Lui indiqua-t-elle, soulignant une évidence qu'il avait sans doute en tête.
- Le Capitaine Tarask Nikoula m'a indiqué que le Mentat Korbus Zaan allait arriver pour nous offrir une solution.
- Une solution qui ne vous conviendra pas...
- Non ? Vous avez une autre option ? Ce n'était pas une question, se dit Célia. L'homme était plus perspicace qu'il n'y paraissait.
- Il se pourrait. Laissez moi une heure ou deux. J'ai un... Ami... Sur place. Il pourra peut être nous trouver une opportunité plus viable.
- Très bien, nous essaierons de faire patienter nos hôtes. Je suis certain que Tecsibios saura s'y prendre comme il se doit pour cela. Le duo regardèrent alors le scientifique qui était déjà à l'oeuvre auprès du Capitaine.
- Murchad va vous accompagner.
- Ce n'est peut être pas nécessaire.
- Non, mais il va vous accompagner.
- Bien.
Le Capitaine Nikoula accepta de leur confier un Ornithoptère et deux hommes à lui, dont le pilote.
- Ce n'est pas une bonne idée. Allons-y par nos propres moyens. Protesta le Fremen, dont la haine envers les Harkonnen transpirait évidemment.
- Ils vont savoir où nous allons, de toute façon, Murchad. Autant ne pas se les mettre à dos.
- C'est une mauvaise idée.
- Nous verrons bien. Puis s'adressant à voix haute à leurs chaperons : Messieurs, nous pouvons partir. Si en chemin vous pouvez nous arrêter dans un marché pour que je puisse faire quelques emplettes. Le Fremen lui jeta un regard emplit d'un mélange d'incompréhension et de dépit.
Célia lui répondit avec un sourire :
- Je ne vais pas arriver chez mon ami les mains vides.
- Et qui est votre ami ?
- Vous le saurez en temps voulu.
Après un arrêt dans une boutique de gourmandises et une petite marche dans un quartier huppé de la banlieue de la Capitale, ils se retrouvèrent devant le portail une belle demeure.
A côté du bouton d'appel sonore, un nom était inscrit :
- Jedak Imstr ? Lut Murchad.
- Vous voyez, c'est ce que je vous avais dit. Vous le sauriez en temps voulu. Une voix les interrompit : " Qui est là ? "
- La fille d'une vieille amie de M. Imstr.
- Et qui dois... Annoncer ?
- Célia Nismos.
Célia et Murchad pénétrèrent dans un beau jardin. Un chariot à suspenseurs les approchèrent de la maison alors que leur garde restait dans la rue.
Après quelques minutes d'attente, ils furent reçus dans la véranda luxuriante.
- Ma chère Célia, quel plaisir de te revoir. Comme tu as changé.
- Mon cher Jedak. Je suis ravie de vous revoir aussi. Vous n'avez pas bougé d'un trait, quant à vous.
- Allons, les années sont passées et encore repassées par là.
L'accolade fut chaleureuse et les mondanités s'échangèrent entre la Soeur et ce vieil homme au sourire radieux et à l'oeil vif et intelligent, sous le regard perçant de Murchad.
Célia finit par en venir à la raison de sa présence et expliqua son besoin, indiquant qu'elle était bien contrite de venir quémander l'aide de l'ancien Précepteur de sa mère.
- Allons, allons. Si je ne peux faire cela pour toi, pour qui d'autre pourrais le faire. Installez vous confortablement, le temps que je passe quelques appels. L'homme s'éloigna, porté par des suspenseurs qui atténuaient ses difficultés à se déplacer.
- Peut-on avoir confiance en lui ?
- J'ai confiance en cet homme plus qu'en n'importe qui sur cette planète, Murchad. Plus encore qu'envers l'Héritier et vous même. Sans vouloir vous offenser.
- L'amitié peut être traîtresse.
- Ce n'est pas une question d'amitié. Ma demande ne sera pas gratuite. C'est un contrat, induit par des liens solides et inaltérables. Je lui devrais quelque chose un jour. C'est pour cela que je lui fais confiance. Il n'a aucun intérêt à ne pas respecter sa part.
Et puis, il m'aime bien, je pense.
- Je me méfie de lui.
- Tu te méfies de tous les Harkonnens. Mais je pense que dans cette situation, tu as plus à te méfier de moi que de lui. Le Fremen la regarda avec un oeil circonspect et déstabilisé.
Pour détendre un peu cette relation mal engagée, Célia posa quelques question à Murchad, sur la façon dont il voyait son retour sur Arrakis.
Jedak Imstr finit par revenir.
- Voilà, c'est arrangé. Je vous ai trouvé un local idéal, ainsi qu'une poignée de scientifiques et agents de sécurités qui vont vous aider à vous installer.
- Merci infiniment Jedak. Avant de partir, pouvons nous échanger un peu, seul à seul ?
- Bien entendu, faisons le tour du jardin, si tu le veux.
Murdach se retrouva ainsi seul avec la gouvernante, chargée de l'occuper en occupant son estomac pendant ce temps.
De retour après un petit quart d'heures, et après de nouveaux remerciements, la promesse de se revoir et le don d'une petite boîte de pâtisseries particulièrement adorées par Jedak, ils quittèrent les lieux.
En fin de journée, l'affaire était réglée.
Marcos et Tecsibios étaient retournés dans leurs quartiers entre temps.
Ils se trouvaient aux abords du Palais, où devaient se dérouler les négociation avec Sabria Szab, la représentante du Choam. Tecsibios en profita donc pour étudier l'endroit et relever le maximum d'informations sur le contexte de cette rencontre, mais aussi sur Sabria Szab elle même.
De ce qu'il apprit, la négociatrice avait obtenu son poste peu de temps auparavant et avait donc la fraîcheur de la jeunesse associée à la hargne de ceux qui ont tout à prouver.
La partie s'annonçait tendue et de haute volée.
Heimdal, Murchad et Alexa rentrèrent quant à eux au petit matin, fatigués et contrariés.
Des Mechaship avaient subi des avaries et cela était évident pour les techniciens que ces dégradations n'étaient pas accidentelles. Quelqu'un avait tenté de saboter leur travail.
Après une nuit de réparation, tout était rentré dans l'ordre, cependant.
Le lendemain, peu avant 18h, ils se retrouvèrent les premiers, accompagnés par Korbus Zaan, à s'installer dans une vaste pièce qui avait été apprêtée pour l'occasion.
Les Harkonnens avaient fait un effort.
- Avez vous besoin de quelque chose ? Demanda le Mentat.
- De réponses, pour ma part. Etait intervenue Célia avant que quiconque ait pu répondre.
S'en suivit une série de questions, parfois tintées d'attaques délicatement voilées, sur la place de leurs Hôtes dans cette histoire, et notamment du fait de leur position forte au sein du Choam.
Les compagnons de la Soeur Bene Gesserit regardait l'échange en se demandant ce qui avait pu la piquer ainsi. Célia avait-elle des informations nouvelles dont elle essayait de profiter ?
Mais malgré cette approche assez virulente, le Mentat resta calme et finit par répondre, en apparence sincèrement, à son interlocutrice.
Cette dernière termina son assaut par un " Merci beaucoup pour cet échange ", surmonté d'un sourire chaleureux qui dénotait fortement avec l'instant précédent.
Une fois seuls, elle s'adressa à ses compagnons :
- Tout ceci n'est qu'un jeu pour eux. Ils nous considèrent comme un événement distrayant. Avant que ses compagnons ne commencent à prendre ombrage, elle continua.
- Mais cela peut être à notre avantage. Non seulement cela peut signifier qu'ils ne sont pas liés à cette affaire, véritablement. Mais de fait, cela peut même nous servir.
Notre adversaire est coriace mais elle a les défauts de la jeunesse. Elle doit faire ses preuves et de ce fait, est soumis à l'égo. Elle va sans doute percevoir, elle aussi, que les Harkonnens s'amusent de tout ceci, et cela risque bien de la contrarier fortement.
Restons pour notre part stoïque, c'est ce que l'on nous a appris depuis notre plus jeune âge sur notre planète. Les principes du Pastoralismes Zen Stoïciens sont une force.
- En effet, et nous sommes en position de force, rajouta Tecsibios. Non seulement nos fabrications sont exceptionnelles, mais elles sont exclusives. Cette Sabria Szab doit penser qu'elle marquerait des points à être la première à en acquérir. C'est elle qui veut acheter, et non nous qui voulons vendre. Célia acquiesça.
- Gardons cet état d'esprit : foi en notre proposition et fermeté de nos idées. Et cela devrait bien ce passer. Markos, c'est à vous que cette négociatrice va s'adresser. Restez calme et déterminé, et sachez que vous pouvez vous reposer sur nous, que ce soir sur Heimdal et Tecsibios pour leur grande maîtrise technique, et Murchad pour ses capacités à être là où on ne l'attend pas.
- Et vous même ?
- Je serai le grain de sable. Elle s'attend sans doute à me voir présente ici, elle a dut se renseigner. Mais elle ne sait ni qui je suis et ce dont je suis capable.
- Moi non plus.
- Et bien, il est temps que vous appreniez à connaître vos sujets, monseigneur... Elle lui adressa un sourire mutin, auquel il n'eut pas le temps de répondre. La délégation du Choam pénétra dans les lieux, Sabria en tête.
A la façon de cette dernière de saluer le Mentat des Harkonnens, Célia sut qu'elle avait vu juste. La négociatrice n'appréciait pas la légèreté avec laquelle leurs Hôtes envisageaient cette rencontre. Elle commençait à avoir une dent contre eux, ce qui détournerait une partie de sa hargne de sa négociation. Une bonne chose.
Si Markos gardait son calme, les choses allaient prendre une bonne tournure, elle en était certaine.
Célia se positionna en retrait, à quelques pas derrière la droite de l'Héritier.
Elle laissa le Fremen détourner l'attention de sa présence aussi étonnante que dérangeante, en se plaçant à la gauche de Markos.
Après quelques échanges protocolaires, les discussions s'orientèrent assez directement vers le coeur du sujet. Sabria Szab n'aborda pas les SEVY dans un premier temps, mais plutôt les Mechaship. Elle se réservait le principal point d'attrait pour donner le coup de grâce, cela paraissait évident.
Elle attaqua directement en mettant en doute la qualité des produits.
Elle indiqua avoir appris qu'une partie des marchandises avaient dors et déjà subit des avaries pendant le transport.
Ses compagnons furent piqués au vif et commencèrent à poser des questions sur le comment elle avait pu connaître ces éléments. L'emportement sentimental se ressentait et cela n'était pas bon pour eux. Elle croisa le regard de Markos : puis-je m'exprimer, Seigneur ?
Ce dernier opina du chef pour simple réponse.
Et le renard sortit des broussailles. Célia fit un pas en avant, restant toujours en retrait de l'Héritier mais entrant dans la danse :
" Une partie des marchandises a en effet été altérée pendant le transport. Et c'est une bonne chose. Vous ne pourrez jamais garantir que des objets restent intègres. Le monde dans lequel nous vivons tous peut s'avérer violent et plein de surprises. Et les actions de cet environnement peuvent s'avérer tout particulièrement néfastes. Sans parler des mauvaises intentions.
L'important dans tout ça, n'est pas d'être indestructible, mais aisément réparables, adaptables.
Nul ne peut se prévaloir d'être infaillible, n'est-ce pas Madame Szab, surtout lorsqu'il a encore tout à prouver ?" Sabria n'avait pas vu venir l'attaque de la Soeur du Bene Gesserit. Et elle n'avait pas non plus vu venir que cette attaque aurait tant d'impact sur elle. Le ver était dans le fruit, la négociatrice s'était mise à craindre Célia sur le champs. Peu, il est vrai, mais suffisamment pour la déstabiliser et concentrer une partie de ses efforts sur elle.
Et entre les efforts qu'elle mettait sur Célia et ceux qu'elle avait déjà dépensés futilement contre les Harkonnens, elle ne fut pas en mesure de se déstructurer les arguments techniques qu'employèrent brillamment Heimdal et Tecsibios.
Sans parler de ce Fremen qui pénétrait dans sa sphère d'intimité. Qu'il aille au diable avec avec ces plateaux de nourriture stupides !
La première manche était jouée. Mais la bataille n'était pas encore gagnée.
Célia savait qu'il ne fallait pas baisser sa garde trop vite, que ce soit en combat rapproché ou dans ce genre de joute qui pouvait parfois paraître moins mortelle qu'elle ne l'était vraiment...
Journal d’Alexa Aspida, Mentat Préceptrice pour la Maison Voskos, en l’An 10177 P.G, Aljiba, Kanisa.
(il y a 12 ans)
Allons, les enfants, un peu de calme, prenez place.
Voilà. Un peu de silence, merci bien.
Andrea, enlève tes pieds de la table, un peu de tenue. Et Markos, arrête de regarder ton frère comme s’il était intelligent, on est loin du compte.
[Les enfants sont toujours agités]
Je sens que quelques heures de méditation en plein soleil sur la Falaise de Tejna calmeront vos ardeurs.
Bien. Ai-je toute votre attention ?
Alors, aujourd’hui nous allons parler de politique. Oui je sais, ça a l’air barbant comme ça, mais cela vous servira plus tard, croyez-moi sur parole.
Qui peut me dire ce qu’est le Landsraad ? Non, voyons un petit effort.
J’ai bien l’impression que vos cerveaux sont restés brouter avec les Mekaships.
Le Landsraad est un corps à grande envergure rassemblant les Chefs des Maisons Mineures, Majeures et des Grandes Maisons. Il y a en tout plusieurs centaines d’individus concernés, bien que ce chiffre ait pu fortement varier au cours de l’histoire. Chaque Maison n’a qu’un seul vote. Bien sûr, une Maison Mineure alignera dans la majorité des cas son vote sur celui de la Maison Majeure à laquelle elle est affiliée.
Mais que peuvent-ils bien voter ? Car il ne s’agit pas simplement de faire des déclarations ampoulées et présenter des motions nécessitant de trancher. C’est l’occasion de se retrouver, sceller des accords, cimenter les relations sociales autant que les mariages. Ne ricanez pas, vous serez concernés plus vite que vous ne le pensez. Bref, c’est l’un des rares moments où il est difficile de s’entretuer.
Au-dessus du Landsraad se trouve le Haut Conseil, composé de 20 à 30 représentants de Maisons. C’est là le véritable siège du pouvoir du Landsraad, qui siège à Kaïtan, la planète Impériale. En théorie, le Haut Conseil est composé des Maisons les plus puissantes, mais toutes les Maisons ne s’intéressent pas à la politique du Landsraad, comme par exemple, les Harkonnen et les Atréides. C’est pour cela que plusieurs Maisons ne prennent pas le Conseil autant au sérieux qu’elles le devraient… à l’image de certains garnements dissipés… la menace de la falaise de Tejna tient toujours.
Concentrons-nous à présent sur ce qui fait la puissance d’une Maison.
A votre avis ? Oui, c’est une question. Andrea ? Oui, sa production, tu n’es pas loin.
C’est avant tout ses ressources qui déterminent sa puissance au sein du Landsraad, en même temps que les alliances traditionnelles dont elle fait levier, au-delà de son propre territoire. Par exemple, les Grandes Maisons, comme les Harkonnen, contrôlent des planètes multiples (en général dans le même système solaire), et d’innombrables parts de marchés.
Pourquoi dans le même système solaire ? Markos ? Oui c’est parce que c’est trop loin. Bien évidemment, relier deux mondes séparés par d’autres systèmes impose de se reposer sur la Guilde Spatiale, et peu de Maisons sont prêtes à s’asservir de la sorte. Autre solution, confier une telle planète à une Maison Mineure, mais de nombreux cas dans l’histoire ont démontré que la Maison Mineure peut alors profiter de sa nouvelle puissance pour s’affranchir de sa Maison Lige.
Et c’est là qu’intervient la puissance qui chapeaute tout ce joyeux petit monde. Vous voyez de qui je veux parler ? Non ?!? Mais enfin, l’Empereur !
Le Trône du Lion d'Or permet aux Maisons de se protéger des luttes internes, sans parler de la jalousie des autres Maisons rivales. L’alliance entre le Trône et plusieurs membres proéminents du Landsraad est universellement connue, comme avec le Baron Vladimir Harkonnen ou le Compte Dominic Vernius.
Ah, vous ne connaissez pas le Baron ? Alors laissez-moi vous en toucher deux mots.
C’est l’un des hommes les plus puissants de tout l’Imperium. Il est à la fois craint et admiré, brutal mais brillant. Sous sa férule, la Maison Harkonnen n’a cessé de gagner en force, notamment grâce sa maîtrise de la production de l’Epice. Mais leur planète Giedi Prime est également un centre de production industriel déterminant, principalement sur les alliages raffinés, mais aussi de production massive et au coût moins élevé de toutes sortes d’outils et d’armes.
Quant au Comte Bronso Vernius, il est à la tête de la principale source de technologie et d’innovation dans tout l’Imperium. Ayant supplanté ses rivaux, la Maison Richèse, ils sont notamment le principal producteur de vaisseaux pour la Guilde Spatiale, ainsi que de toutes sortes de machines sophistiquées, comme les Orships, une forme d’orni pouvant naviguer dans l’espace, et des stations de contrôle météo, ou les pierres de mémoire ixiennes. Il va sans dire que nos propres innovations technologiques sont jalousement gardées pour pouvoir concurrencer dans des domaines moins affirmés la technologie ixienne. Les liens entre l’Empereur et le Compte Vernius sont très forts, même si l’on ignore pourquoi. Donc encore quelqu’un dont il vaut mieux ne pas s’attirer l’animosité.
Alors pourquoi, me direz-vous, lorsqu’il y a inimitié… Oui Markos ? Oui, je veux dire lorsqu’il y a conflit, ne peut-on laisser tout ce joyeux monde s’entretuer en paix ?
Eh bien, les conséquences géopolitiques, sur des centaines de mondes au bas mot, seraient incalculables. Sans parler de l’équilibre des échanges commerciaux entre les planètes de l’Impérium. C’est pourquoi lorsqu’il y a conflit, on a recours au Kanly. Non, ce n’est pas le nom d’une antilope d’Aspida. Celle-là, elle s’appelle Kaali.
Le Kanly suit des règles très anciennes et étendues. Si le conflit entre des Maisons est avéré, et doit prendre la forme d’une vendetta, une forme de vengeance si vous préférez, ce conflit doit être formellement annoncé à toutes les autres Maisons par la Maison qui s’estime offensée. Ceci encourage les participants à saisir une dernière chance de mettre fin aux hostilités.
Les armes de destruction massive sont strictement interdites, pour préserver les populations locales.
Les seuls instruments utilisables pour le Kanly sont les agents doubles, espions et traîtres. Les assassins sont bien évidemment encouragés, si tant est que leurs méthodes se conforment aux exemples pré-cités.
Même lorsqu’il est déclaré, le Kanly ne permet pas de s’absoudre de ses crimes. Par exemple, même si un noble assassine son ennemi, il reste sujet à investigation de la part d’une Diseuse de Vérité mandatée par l’Empereur ou le Haut-Conseil.
Toutes les méthodes que l’on a le droit d’employer dans le Kanly sont détaillées dans un très vieux texte, le Manuel des Assassins. Non non ce n’est pas risible, ce texte existe bel et bien, et je prie le Ciel que vous n’ayez jamais à vous pencher sur le sujet.
Est-ce que vous avez des questions ? Non ? Voilà qui est surprenant. Une autre fois peut-être. Bien, nous allons donc clôturer cette séance par deux heures de méditation sur la falaise de Tejna. Comment avez-vu pu croire que vous pourriez vous y soustraire ?
Texte d’ambiance - Les répercussion de l’éclat d’Alexa
Au retour de l’usine Harkonnen, après un voyage en navette à suspenseurs, à travers les tubes de transport où l’on distingue à peine les lumières clignotantes des fours industriels, toute la suite de la Maison Voskos accuse les évènements de la journée. Une fois de plus, les Harkonnen, plutôt que de jouer la transparence d’une formation échelonnée sur plusieurs semaines, ont semblé vouloir les tester dans des situations toujours plus inextricables.
Mais ce qui est intrigue le plus Markos, c’est l’éclat de voix d’Alexa lorsque, après avoir négocié la trêve avec les travailleurs de l’usine, elle a menacé Kobus Zaan de déclencher le Kanly s’il les empêchait de respecter leur parole donnée aux ouvriers.
C’est donc à la fin d’un repas sans réelle saveur que Markos interpelle sa préceptrice.
« Pourquoi as-tu parlé de Kanly ? Les choses en sont-elles donc arrivées si loin ? Je croyais que les Harkonnen étaient nos alliés. Je ne comprends plus vraiment. Explique-toi. »
Alexa grimace et semble accuser la fatigue de ces dernières semaines. Son regard perd un moment de sa clarté tandis qu’elle puise dans sa mémoire de Mentat pour rassembler et ordonner ses arguments. Tout le monde semble suspendu à ses lèvres, même Murchad qui a pourtant depuis toujours assumé son animosité déclarée envers les Harkonnen. Dame Célia, qui a son idée sur la question, lève les yeux de sa tisane herbacée et accorde toute son attention à Alexa.
« Bien sûr, les Harkonnen sont nos alliés. Très officiellement. Mais laissez-moi replacer les évènements dans leur contexte d’origine… »
Elle prend une grande inspiration, qui pourrait passer pour d’autres que Markos pour une pause un peu trop théâtrale, puis se lance :
« Lors de l’annonce par l’Empereur de la passation de pouvoir entre la Maison Harkonnen et la Maison Voskos, il a été convenu que pour rassurer le Haut Conseil du Landsraad et éviter trop de fluctuations dans l’économie Impériale, car vous savez bien que tout ce qui peut menacer la production de l’Epice a immédiatement d’immenses répercussions… Bref il a été convenu que pour assurer au mieux cette tradition, l’héritier de la Maison Voskos serait formé par la Maison Harkonnen sur Giedi Prime pour lui transmettre leurs méthodes d’optimisation, si l’on peut dire, de production.
Cette tâche t’a malheureusement été transmise à la suite de la mort prématurée d’Andrea.
Vous connaissez tous la réputation des Harkonnen. Leur brutalité, leurs méthodes de répression et leur manque total de scrupules dès que la valeur de la vie humaine est évoquée. Mais c’est grâce à ses méthodes qu’ils ont pu augmenter de façon si considérable la production d’Epice, et garder aussi longtemps le contrôle d’Arrakis. Et personne n’y trouvait rien à redire, tant que l’Epice coulait à flots.
Mais ces dernières années, la vétusté de leur matériel et surtout le nombre grandissant d’incursions Fremen, ces sauvages du désert (pardon, Murchad), ont freiné leurs rendements. Peut-être également l’Empereur voulait-il se défaire d’un allié devenu trop puissant.
Toujours est-il que le nom de la Maison Voskos a été avancé, et que nous voilà gestionnaire du fief d’Arrakis et de la denrée la plus essentielle de tout notre système Impérial. Sans Epice, plus de voyages spatiaux. Sans voyages spatiaux, plus d’économie de marchés, de profits… pour qui que ce soit.
Notre Maison est donc scrutée par de nombreuses paires d’yeux sur sa future façon de gérer la planète de Dune.
Cette pseudo formation sert donc avant tout à rassurer le Landsraad et ses observateurs, vous l’aurez compris sans peine.
Cependant, je ne m’explique pas la tournure qu’ont prise les derniers « tests ». Ils semblent avoir pour seul but de nous provoquer et nous forcer à adopter le mode de pensée répressif des Harkonnen. Alors même qu’ils savent très bien où penche notre philosophie. Il est très difficile de ne pas réagir à ces provocations, et c’est sans doute leur but.
C’est pour cela, Markos, que Dame Célia a aussi raison de tempérer tes ardeurs, même si elle s’y est mal prise.
Si telles sont leurs intentions, nous provoquer, nous discréditer et nous faire passer pour plus faibles que nous ne le sommes, alors nous jouons leurs cartes.
Sur le papier, ils sont nos alliés, et ces histoires de sabotage et de tentatives d’assassinat semblent réellement les surprendre et les énerver. Ce que j’ai déduit de l’attitude de Kobus Zaan, c’est que nos ennemis, si c’est bien la Maison Vernius, ont osé s’en prendre à nous, qui sommes sous leur protection, sur leur territoire même, et il est certain que dans ce cas, il est de leur devoir de nous aider à nous défendre contre cet ennemi. Ils ne laisseront pas passer cet affront. Voilà pourquoi je leur fais aussi confiance, dans une certaine mesure, pour nous aider à nous sortir de cette situation qui se dessine avec la Maison Vernius, et qui pourrait fort bien se transformer en guerre ouverte en très peu de temps. Les risques sont réels.
Toutefois, je refuse qu’ils nous forcent la main sur ce qui fait la réputation et l’honneur de notre Maison : notre parole donnée, notre engagement et nos valeurs de pastoralisme zen stoïcien. Car je suis persuadée qu’une fois sur Arrakis, c’est avec ces valeurs que nous pourrons remporter les défis qui s’annoncent.
Et même s’ils montrent patte blanche, je trouve qu’ils ont pris la tentative d’assassinat de Markos avec bien trop de légèreté.
Le manque de communication avec la Comtesse Voskos m’inquiète également au plus haut point. Cela ne m’étonnerait pas que nos communications aient été interceptées. Dans un sens ou dans l’autre. Dans quel but ? Je n’ai pas encore assez d’éléments pour vous fournir une réponse. J’espère que nous aurons de ses nouvelles très bientôt.
A présent, vous comprendrez un peu plus je l’espère, le jeu d’équilibriste auquel nous sommes forcés de participer. Les pressions s’accentuent de toute part et il va bien nous falloir nous dépêtrer de cette situation. J’ose espérer que les choses s’éclairciront dès que nous serons arrivés sur Arrakis et que nous pourrons faire nos preuves sans simulation stupide et tests détournés. »
Sur ce, elle pose sa tasse de tisane sans y avoir touché et constate avec dépit qu’elle est froide. Elle se lève alors pour se resservir de l’eau chaude alors même que Markos et ses compagnons digèrent ses paroles d’un air sombre.
Alexa s'apprêtait à se lever pour aller chercher de l'eau, quand une main douce et légère se posa sur son épaule.
Elle tourna la tête pour découvrir Célia à ses côtés, dont l'autre main tenait la bouilloire.
La Mentat se dit que tout de même, la Bene Gesserit savait se mouvoir sans attirer l'attention. Elle maîtrisait ses déplacements et surtout, elle avait jusqu'aux événements de l'usine, bien caché son jeu.
Tout en servant de l'eau chaude à Alexa, Célia lui fit un sourire apaisant, avant de prendre la parole :
" Cette situation nous rend tous tendus. Et nous devons apprendre à gérer ces contraintes, et ceci en bonne connivence. Merci d'avoir initié cet échange, qui nous éclaire tous, j'en suis certain, sur les enjeux qui nous attendent.
C'était le sens de mon intervention, en effet, même si j'avoue ne pas avoir été très adroite dans la façon de la présenter.
Comme je disais, les Harkonnens sont doués pour mettre les gens mal à l'aise, et il est parfois difficile de rester... Stoïque.
Je vous prie tous de m'excuser pour mon comportement d'hier. J'aurais du intervenir en amont et conseiller bien avant que nous nous retrouvions dans ce piège diplomatique." Elle se tourna vers Markos.
" Je vous dois conseille, à tous, mais particulièrement à l'héritier.
Et je ne suis pas la seule à pouvoir en donner. Nous devons apprendre à travailler de concert, à exprimer nos doutes et nos idées, et surtout, à écouter ce que chacun a à dire, surtout quand ses compétences peuvent s'exprimer. Notre front est fragile, car il n'a pas encore été confronté à certaines réalités de ce monde, comme le soulignait Alexa.
Mais il a la force de cette jeunesse. Nous ne sommes pas ancrés sur des habitudes de toujours, qui peuvent s'avérer trop rigides face à certaines adversités.
Nous ne faisons que nous construire. Et nous ferons encore des erreurs en le faisant.
Mais si nous apprenons de ces erreurs, nous ne pouvons être que plus fort et surtout, plus préparés à ce qui nous attend.
Cette parodie de formation proposée par nos Hôte aura au moins eu cet intérêt." Elle passa son regard sur chacun d'entre eux.
Un regard troublant, offrant beaucoup plus d'assurance et de maturité que le visage et le corps jeune et fragile de Célia.
L'emprunte du Bene Gesserit était clairement visible et avait transformé la toute jeune héritière de la maison Nismos, en une personnalité beaucoup plus forte et aboutie...
il faut la permission de l'Empereur pour déclencher un Kanly, (non, pas l'antilope), permission qu'il utilise bien sûr avec parcimonie....
Sinon il y a aussi la possibilité d'un Acte d'Accusation à porter devant le Haut Conseil, en général si la Maison viole la Grande Convention (traité de paix signé par tous les membres du Landsraad, empêchant les Maisons d'agir les unes contre les autres en dehors du code du Kanly), la sanction sera pécuniaire.
L'Empereur doit rester neutre, mais peut servir d'arbitre impartial si le Landsraad doit trancher les querelles. C'est alors à l'Empereur de déterminer la sentence et appliquer la justice, sous la supervision du Landsraad.
Je dois être honnête…C'est probablement l'une des idées les plus stupides que je n'ai jamais eu. Dieu m'en soit témoin, j'ai eu mon lot d'idées stupides mais je ne peux m'empêcher de voir celle-ci comme une nécessité. Le besoin viscéral de confesser au sourd papier ma conscience souillée. J'ignore si j'espère encore une catharsis de cette action. Juste le besoin d'exprimer au moins une fois ce que je ressens me suffit. De ne pas répéter, entièrement, les erreurs de ma famille en matière de communication. Alors je laisserais en suspend la possibilité de confier aux flammes ce journal ou non.
Je crois…Que je ne sais plus quoi penser.
J'ai toujours désiré la vie d'un soldat. D'un maître d'armes. Au point d'accepter de vivre sur une lune loin de ma famille. D'accepter les privations. Les entraînements sans queue ni tête. Accepter l'inacceptable. Accepter le sacrifice de soi. Accepter son frère d'arme et de le protéger sachant qu'il veillera sur vous. Accepter chaque leçon avec humilité. Accepter chaque victoire. Accepter chaque défaite. Rien de tout ceci n'est facile.
Et Il est dur d'avouer que je suis loin d'égaler celui que j'espérais être un jour.
Mais il y avait une chose que je tenais pour acquise. Chaque victoire était suivi d'une joie féroce. L'instinct brutal de la domination sur son adversaire accompagné par l'adrénaline. Parfois même d'un hurlement guttural marquant un fait : Celui d'affirmer au monde notre statut de vainqueur. Quelque chose que beaucoup de gens résument à une simplicité abrutissante. Aveugle au renoncement que cela demande. A la souffrance des entraînements. Au sacrifice consentit.
Pourquoi te conter tout ça ?
De l'endroit où j'écris, je peux voir la cour où la tête de Korbus Zaan a roulé. Ainsi que celle de ces compagnons d'infortunes. J'ai vu beaucoup d'expressions différentes ce jour-là. De la joie contenue par la peur qu'inspire encore les harkonnens. Parfois de l'espoir. Chez certains, j'ai cru déceler l'impression que justice avait été rendue. D’autres, la possibilité que l'avenir c'était mis en marche et que beaucoup de choses allait désormais changer. J'ai également reconnue la haine attisée par le sang, appelant de leurs vœux la mort sur plus de harkonnens. Pour beaucoup j’ai vu l’incertitude et la peur.
Et moi ?
Ne serait-ce qu'en tant que soldat, j'aurais dû ressentir la victoire. Ne serait-ce que la mesure du travail titanesque accomplit par ma cour. Pour cela je n'ai que reconnaissance pour ceux qui ont traversés ces épreuves avec moi. Des hommes et des femmes exceptionnels qui sont allés bien au-delà de ce que le devoir et l'honneur leurs commandaient. Au point qu'il m'est difficile de concevoir une récompense adéquat. Je serais mort dans le meilleur des cas et esclave des harkonnens dans le pire.
Pourtant mon cœur est resté silencieux.
Mon esprit lui a déjà accepté le fait que rien n'était véritablement fini. Geidi prime reste une menace qui restera tranquille un moment avant de revenir sous une autre forme. Non. En fait je soupçonne le Baron d'avoir ri aux éclats avant de balayer ce revers d'un geste nonchalant. Il n'a qu'à s'empiffrer tranquillement tandis qu'il engrange les bénéfices de l'épice…Et il s'amusera à écraser la maison Voskos sous les demandes de la CHOM pour accroitre la production jusqu'au point de rupture. Prendra t'il les paris sur le fait que nous en viendront à adopter les méthodes harkonnens pour tenir la cadence ? Bien sûr. Il boira l’ironie avec la bénédiction de la guilde.
Ira-t-il jusqu’à, de temps en temps, nous mettre des bâtons dans les roues ? Juste histoire de pouvoir rire encore à nous voir tortiller au bout de la corde passée autour de notre cou. Gagner quelques semaines de plus sachant que le piège c'est déjà refermé sur nous. Car oui, j'y ai pensé. Retirer la maison d'Arrakis signerait notre arrêt de mort. Nous avons engagé bien trop d'argent, bien trop de matériel et d'hommes pour espérer pouvoir faire machine arrière. Comble de cette affaire, nous devons engranger suffisamment de bénéfice pour espérer survivre…dans le temps le plus court…et la méthode la plus efficace est celle de nos ennemis.
J'ai lu dans un livre que la guerre nous transformais tous. C’est la nature profonde de toute confrontation et qu'avec suffisamment de temps, elle transformait notre société également. Pourtant de manière puérile, je m'accroche à l'idée que je préférerais l'honneur et la mort plutôt que de m'abaisser à utiliser de telles méthodes. Si cela ne tenait qu'à moi, cela irait. Cependant j'entraînerais tous les membres de ma maison dans la mort. Cette idée m'empêché de trouver le sommeil hier et reviendra régulièrement me hanter.
Mais maintenant que j'écris…Je sais pourquoi mon cœur est resté silencieux. Mon regard a croisé celui de Korbus un moment. Une seconde perdue dans l'éternité où le cerveau prend conscience qu'il est mort. Un lien c'est formé…Le "EN" je crois…Une connexion karmique…J'y ai vu ma propre mort. Combien tout ceci était ridicule. Combien tout ceci n'avait aucun sens. J'aurais fait pareil si ma mère me l'avait demandé.
J'ai envie de hurler que rien n'a de sens. Ni la mort de ma mère, ni la mort de ces techniciens qui voulait tester le prototype, ni ce grand jeu de pouvoir qu'est l'échiquier de l'impérium…Ni même ce jeu pour l'épice. Je suis assis sur le plus grand trésor de l'univers connu et ça ne fait aucun sens. Pourquoi ces morts ? Pourquoi ces combats ?
En un sens, je suis prêt à accepter la place que Dieu me désignera. Si je dois extraire l'épice, je le ferais. Si je ne dois jamais connaître l'ardeur de la bataille, je resterais enfermé dans ce maudit palais. Je suis prêt à négocier avec la guilde d'isoler Arrakis afin que plus jamais une autre maison ne mette le pied ici et nous mettre à l'abri des machinations.
Je crois qu'au fond j'ai voulu être soldat afin de pouvoir servir plus grand que moi. Ma mère et au-delà une divinité sans défaut incapable de se tromper. Ne plus penser, ne plus réfléchir pour être qu'un outil au service d'une cause supérieur. J'ai même osé croire que moissonner pourrait être une vocation au profit de l'humanité toute entière. Permettre son développement. Mais je réalise dans le regard du mort combien je suis qu'un idiot. Toujours le même enfant ayant besoin de sa mère.
La paix ne sera jamais qu'une illusion. Elle ne fait aucun sens. Nous resterons toujours le jouet des machinations des grandes maisons, de l'empereur, de la guilde et du bene guesserit. Il n'y a aucune issue possible et alors que j'écris ces lignes, je me rend compte combien ma foi vacille. Je suis au carrefour des possibilités et je sais combien être un fanatique pourrait m'offrir une paix illusoire. Ma fierté m'interdit de me voiler la face et me demande d'accomplir mon devoir au nom de tous ceux qui compte sur le nom de Voskos. A tout prix.
Mon cœur lui reste silencieux.
Je me rend compte que je regarde la chaîne de montagne composant la barrière depuis un moment. Je revois la mer de nuage sur une autre montagne, sur une autre planète. Je me souviens de la douleur déchirante. Je me souviens de chaque larme versée. Je me souviens du sentiment de trahison. Je me souviens d'avoir été abandonné. Je me souviens que plus le temps passait plus l’espoir laissait la place au froid et à la noirceur de la nuit.
Mon cœur est silencieux.
Mais une larme vient de creuser ma joue à ce souvenir.
Parce que je me souviens. Je me souviens combien j'ai été fier de moi. Parce que j'ai pas abandonné. Parce que j'ai remplis ce stupide pari…Pas parce qu'on me l'a demandé. Parce que c'était important. Il n’y avait personne, j’aurais pu dire que je l’avais fait. J’aurais pu mentir. Mais j’ai escaladé le pic parce que c’était important pour moi. Parce que je ne pouvais pas abandonner.
Je sais pas comment te décrire ce que j’ai ressentis alors. C’était au-delà de la peur ou de l’espoir. Même si je devais mourir (et ça a bien faillit), je ne pouvais pas faire demi-tour. Mais c’était important. Tout comme c’était important de laisser l’oisillon dans son nid.
Je me suis brisé la cheville. J’ai pleuré toutes les larmes qu’il m’était possible de verser. Le déversoir de toutes les émotions d’un enfant certain qu’il mourrait seul sur une montagne entre le froid ou une blessure infectée. Pourtant ça reste le plus beau jour de ma vie. Quand j’ai fini de pleurer, je suis resté devant la mer de nuage qui m’ouvrait ces bras avec le soleil couchant. J’ai compris que ce que j’avais gagné ce soir-là : j’avais conquis ma peur.
Oui, mon cœur reste silencieux. Parce qu'il est stoïque et qu'il se souvient qu'il est important de vivre un jour après l'autre.
…J’ai finalement décidé. Je vais confier tout cela aux flammes et je chanterais une vieille chanson d'Aljiba dans la douceur de la nuit. Peut être demanderais je un jour à aller escalader seul un pic rocheux.
Dune - Campagne - Où Aljiba vous est contée
Je tentais de plonger mon regard au plus loin. Mon grand père m’avait dit autrefois que l’on pouvait ainsi voir la partie la plus septentrionale de la Couronne.
J’étais très jeune à l’époque, et ma crédulité m’amena à passer une partie de mes journées à scruter ce qui était tout simplement impossible.
Le continent faisait un peu moins de trois mille kilomètres du nord au sud, pour un peu plus de deux mille en son point le plus large. La chaîne de montagne, la Couronne comme nous l’appelons et qui encercle ce continent, est ainsi bien trop étendue pour que l’on puisse en apercevoir les opposés, quel que soit l’endroit d’où vous tentez l’expérience.
Mais aujourd’hui, bien que plus vieux et moins crédule, je m’amusais parfois à cela. Par jeu, ou par espoir peut être.
Plutôt que la partie Nord de la Montagne, mon regard ne pouvait voir que les étendues arides et planes des terres centrales. Aljiba était une petite planète, à peine 5000 km de rayon. L’horizon arrivait vite à l’œil.
Mais en grimpant sur les contreforts de la Couronne, il était possible de voir loin. Très loin.
L’immensité du Creuset, comme on l’appelait familièrement, s’ouvrait ainsi à vous. Ses plaines, sèches et stériles, n’étaient peuplées que d’animaux dangereux et de quelques communautés Nomades qui savaient exploiter ses richesses cachées.
Il n’y avait pas de ville, en ce centre. Ces dernières étaient installées contre les pentes montagneuses, principalement au Sud, car beaucoup plus agréable et irrigué que le Nord.
Ce phénomène étaient lié à la configuration particulière de ce continent. Les hautes montagnes arrêtaient les nuages et les pluies ne se déversaient qu’en périphérie.
Au sud, l’eau retombait un peu vers l’intérieur, formant des petites rivières et des sources souterraines, avant de repartir vers la mer. Grâce aux systèmes d’irrigation, il avait été possible de rendre l’extrême sud plus vivable.
Kanisa, notre Capitale-Monastère y était d’ailleurs installée.
Quand au reste du Continent, seules les montagnes étaient suffisamment humides pour espérer y planter quoique ce soit. Mais il n’est pas simple de cultiver les montagnes.
Un bruit mécanique me tira de ces souvenirs d’apprentissage que partagent tous les enfants nés sur Aljiba.
Je tournais la tête pour voir arriver vers moi un Mekaship. Bientôt, la pente raide et criblée de rochers, où je m’étais installé pour ma contemplation, se couvrit de ses congénères.
Ces machines étaient fascinantes. Elles récoltaient les cultures plantées dans des zones presque inaccessibles.
Et ceci en quasi-autonomie. Il suffisait de les laisser déambuler parmi le paysage escarpé de nos montagnes et de collecter les graines, légumes ou autres productions qui avaient été ainsi récoltées et triées.
Je cherchais des yeux la Silhouette du Moine-Pâtre et la découvrit à deux cents mètres en amont.
Ces hommes étaient les gardiens des Machines. Non que l’on craignît véritablement qu’il puisse leur arriver quelque chose, mais Le Pastoralisme Zen Stoïcien, comme tout courant issu du Catholicisme Orange, était assez suspicieux vis-à-vis des machines autonomes. Il était, selon eux, nécessaire de s’assurer qu’elles restent à leur place initiale, celle de copie du monde animal.
Je fis signe au Moine qui me salua en retour, avant de continuer sa progression vers l’ouest, avec l’allure qu’on leur connaissait, empreinte d’introspection et d’efficacité simple.
Les brouteurs synthétiques suivaient la même direction, emportant avec eux les jeunes pousses qui avaient bénéficié des grandes pluies de ce début de saison chaude.
Un ornithoptère passa au-dessus de moi, tirant mon regard dans la direction qu’il prenait.
Sortant des nuages, j’aperçus alors Kanisa. Ou plutôt, ce que la ville offrait au regard, car une grande partie était troglodytique et s’enfonçait sous la montagne. On pouvait juger de son importance par les deux vastes murs-palais sculptés de part et d’autre de la grande porte menant en son cœur.
J’étais trop loin pour apercevoir les silhouettes déambulant sur cette façade, mais je percevais les mouvements des lumières qui illuminaient ses ouvertures.
Kanisa était notre capitale, mais ce n’était pas une grande ville, comparée à certains mondes de l’Imperium.
A peine six millions d’habitants vivaient sur l’unique continent, dont deux millions rien que dans la Capitale-Monastère.
C’est là qu’était installée le siège de la Maison Voskos, à la tête de la planète.
La Maison Voskos est issue des premières vagues de colonisation d’Aljiba, et notamment des missionnaires religieux qui s’y étaient installés.
La rudesse apparente de ce monde avait fait fuir beaucoup de colons, mais les Moines persistèrent à rendre cet environnement vivable et même agréable.
Ils travaillèrent notamment à trouver des solutions pour exploiter les terres montagneuses et en faire des surfaces agricoles fertiles et exploitables.
C’est à leur acharnement que l’on doit le miracle d’Aljiba, mais aussi aux machines autonomes comme les Mekaship, que la Maison Voskos développa.
Elle put s’appuyer à l’époque sur Mika Nismos, oui, le fondateur de la maison éponyme. Génial inventeur, ce dernier put mettre à contribution les ressources minières dans l’ouest de la Couronne pour concevoir et produire ces robots qui nous permettent de vivre confortablement aujourd’hui.
La Maison Mineure est d’ailleurs installée près des mines, dans la deuxième plus grande ville de la planète : Masnae.
Ce n’est qu’à la mort du père fondateur que ses enfants, les Jumeaux Nismos, proposèrent de doter notre Monde de combattants efficaces et sacrifiables.
L’expérience en robots autonomes agricoles permit en effet de produire des bêtes de combats menées par ceux que l’on nomme les Moines Dresseurs.
Cette proposition, contestée dans un premier temps, se trouva cependant être la meilleure option face à la problématique de population de la planète. Les Aljibans étaient trop peu nombreux pour lever une armée classique.
Les machines prendraient désormais le relais.
Je tournais le regard vers le ciel, vers ce disque blanc que l’on pouvait voir même en plein jour et qui suivait le Continent dans la rotation de la planète : la lune Qalea.
C’est là qu’étaient formés et que vivaient les Moines Dresseurs et leurs Bêtes de Combat. Ils formaient d’ailleurs aujourd’hui leur propre maison : Aspida
La distance qui les séparait de nous faisait souvent naître dans les jeunes esprits les images et les histoires les plus fantasques. Mais les plus anciens disaient d’un air grave que « Cela était nécessaire à notre sécurité… ».
Je fus tiré de mes rêveries à nouveau. Mais cette fois, un frisson parcourut mon corps.
Mes oreilles réagirent tout de suite au tintement électronique de l’appareil posé devant moi. Je regardais l’écran et analysait les sigles qui s’y affichaient. Barbares pour le profane, ces informations étaient claires pour moi, et inquiétantes.
J’attrapais le matériel, sautais du rocher sur lequel j’étais posté et me mis à glisser le long de la pente.
Quelques mètres plus bas, j’aperçus celui que je voulais prévenir aussi rapidement. Il était penché sur un appareil similaire au mien, qu’il avait ouvert pour en malmener les entrailles, sans doute hors service.
Je n’attendis pas d’être à sa hauteur pour hurler :
- Maître… Une tornade vient sur nous.
- Par où cela ?
Il venait de se lever et cherchait du regard les indices de ce que j’annonçais. Je tendais la main vers un point à l’Est, à l’intérieur du Creuset. Point qui n’offrait rien d’autre au regard que le calme du désert. Nous attendirent ainsi un moment, plusieurs minutes, pendant lesquelles ma gêne montait proportionnellement à la colère de mon Maître.
- Bon sang, cesse de me déranger pour rien.
Il commença à ranger ses outils et à remplir l’appareil mortellement éventré des pièces qu’il avait éparpillées autour.
- Nous ne tirerons rien de plus aujourd’hui de tout ce fatras. Rentrons.
Contrit, je consultais à nouveau les écrans de l’appareil, qui maintenait ses indications. Mais rien.
Je me décidais donc… Enfin j’y fut chaudement invité il est vrai… A aider mon maître dans son rangement.
Quelques minutes plus tard, nous avions chargé la Mekamul et nous apprêtions à partir quand mon regard surprit un mouvement derrière nous.
Un trouble dans l’air, qui s’amplifia rapidement.
De la poussière commençant à s’élever du sol, en contrebat de la montagne, sur une surface qui s’étendait rapidement. A première vue, cela concernait déjà une zone de 2km².
- Maître ?
- Quoi encore ?
Pour toute réponse, je tendais le bras dans la direction du phénomène.
Il chaussa ses jumelles et dit :
- Par toutes les énergies ! Vois-tu cela petit ?
Je le voyais en effet. La poussière s’était mise à tourner sur elle-même, en un cercle dont le diamètre ne cessait d’augmenter, et bientôt, un cône commença à se former depuis le sol.
- Ahah ! Tu avais raison, gamin ! Une Tornade… Il avait raison ! Il marche ! Le Scanneur de Fléau fonctionne ! C’est bien une Tornade.
- Euh… Oui Maître… Et nous devrions y aller… Car cette Tornade vient vers nous !
Dune - Campagne - Journal d'Alexa Aspida
Journal d’Alexa Aspida, Mentat Préceptrice pour la Maison Voskos, en l’An 10189 P.G, Giedi Prime, Harko.
Le jour se lève mais il se distingue à peine à travers la fenêtre. Les fumées lourdes et noirâtres dissimulent même les bâtiments les plus proches, de facture rectangulaire, comme nous isolant davantage de nos semblables sur cette planète si policée.
L’austérité ne me gêne pas, bien au contraire, elle crée l’espace nécessaire à la computation et l’analyse des immenses quantités de données qui me parviennent à tout instant. Cette chambre en est une incarnation convenable, dénuée de toute décoration superflue, avec son bureau en plastacier noir bien verni, que seule éclaire la lumière d’un brûleur dernier cri.
Cela devrait me convenir parfaitement, si ce n’étaient les clignotements omniprésents des ornithoptères, le ballet invisible des esclaves dans les pièces avoisinantes, et le ronronnement des appareils de filtration qui nous rappellent que nous ne sommes jamais vraiment seuls.
Je me souviens du jour où la Comtesse Voskos m’a convoquée sur Aljiba, quelque temps après la disparition prématurée de son fils aîné. Elle avait toujours le port aussi sévère qu’elle affecte en toute circonstance, mais je connaissais les signes : les traits tirés, les lèvres pincées, sa main ne cessant de se porter à hauteur de son médaillon de lune. Car je sais sa seule faiblesse : ses fils…
Nous ne sommes que trois à connaître les circonstances exactes du décès de son héritier, et j’ai fait jurer le silence au plus jeune. Mais Markos ne doit surtout pas savoir. Quelles que soient les projections, il est bien trop tôt.
Elle m’a confié ce jour-là les derniers développements de la prise de pouvoir d’Arrakis, avec la charge de terminer la formation de Markos et de le soutenir au mieux. Je sais qu’elle a conclu un accord avec le Baron Vladimir Harkonnen, mais j’en ignore les termes précis. Difficile de jouer une partition sans en connaître les accords… Il s’est néanmoins engagé à former et protéger Markos pour lui permettre de représenter sa Maison sur Arrakis et l’Impérium, et être à même d’accomplir les tâches qu’engendrent ses nouvelles responsabilités.
En sera-t-il capable ?
Je le forme depuis son enfance, et il est difficile pour moi de conserver l’impartialité de ma charge de Mentat. Mais à l’abri de son frère, il a eu l’opportunité de s’épanouir sur Qalea auprès des Moines-dresseurs, sans se préoccuper des intrigues à tiroirs du Landsraad.
Toutefois, lorsqu’il est tombé sous les coups de cet assassin, en pleine extraction de la mission d’infiltration, j’ai senti mon cœur s’arrêter. Il n’a dû son salut qu’à la présence d’esprit de nos tuteurs Harkonnen et du Docteur Heimdall Lunel.
Heureusement qu’il est résilient. Et bien entouré. Je cerne encore mal les motivations de la Dame Celia mais tant que ses objectifs convergent, je sais qu’elle oeuvrera dans notre sens. Le Docteur Tecsibios Nismos a également tout intérêt à voir se réaliser sur Arrakis les projets de développement technologique sur lesquels il travaille depuis si longtemps. Quant à l’ancien esclave Murchad, une telle dette de sang le lie à Markos qu’il ne pourra que donner sa vie pour lui.
L’arrivée de cette importante cargaison de Mekaship et de Bêtes de Combat va nous donner l’opportunité d’asseoir la puissance financière de la Maison Voskos, et des derniers rapports que j’ai pu consulter, cela ne sera pas de trop pour pouvoir reprendre le flambeau d’Arrakis, où les investissements seront fort conséquents.
Tant d’éléments à prendre en compte, tant d’incertitudes sur le théâtre réel des opérations… Ces derniers jours, le jus de Sapho ne semble plus me suffire… Je reste à l’affût du moindre nouveau développement, de l’élément de surprise que je n’aurais pu projeter.
La bonne nouvelle, c’est que Markos semble avoir enfin commencé à comprendre la valeur de sa propre vie, et s’est mis en retrait, mais pas autant que je l’aurais souhaité. Quelle stupide idée de traîner au marché noir alors que ses conseillers de confiance auraient très bien pu s’en charger ! Et voilà qu’il m’entraîne dans un débit de boisson sordide, où nous sommes dévisagés par une poignée d’individus certainement fort peu recommandables. Même dissimulés par nos accoutrements, leur attitude indique clairement que nous ne sommes pas à notre place. Je sens la situation sur le point de dégénérer, trop de variables non maîtrisées.
Et c’est alors que Markos se lève vers le comptoir, je m’apprête à réagir au moindre geste déplacé des hommes qui nous entourent… Markos lève le bras, et je suis prise d’un affreux doute. Va-t-il déclencher (encore) une bagarre ? Et il clame haut et fort : « Tournée générale ! »
L’élément de surprise… nous sauvera-t-il ?
Chronique de la Maison Voskos - Par l’Anonyme d’Aljiba
Le Mandat Impérial
Son Altesse Impériale, le sublime Padisha Shadam quatrième de son nom remercia la maison Harkonnen pour les bons et loyaux services qu’ils rendirent sur la planète Arrakis. La nature des honneurs qui lui furent rendus reste un mystère. De même que la nature des honneurs et cadeaux reçus.
Cependant, il ne fallut pas longtemps avant que les espions et les langues acerbes ne distillent leurs poisons. La production d’épice stagne. Pour certains, elle est même en diminution. La faute aux fremens, la faute aux méthodes harkonnens, la faute de l’empereur, la faute des vers ou de la météo…pointez du doigt la cause que vous souhaitez mais la conséquence restera la même.
Sans épice, pas de commerce, pas de communication, l’empire se contracte sur lui-même puis stagne. La stagnation engendrera à terme la dégénérescence et les lignées royales pourriront sur place devenant le terreau des futures rébellions. Et ça…C’est sans compter l’intervention directe de la Guilde spatiale qui pourrait pointer l’empereur du doigt et lui sommer publiquement d’agir, fragilisant son pouvoir.
Voilà ce qui agitait les cœurs et les esprits sur le marbre du palais impérial.
Supporter le poids de l’empire sur ses épaules, assumer la haine des Harkonnens, plier sous le poids de la honte d’un échec à redresser la production, sentir la mort et la paranoïa planer sur sa maison si le mandat leur revenait…Mais qu’est-ce que tout cela devant les richesses d’Arrakis ?
Il aurait fallu être sourd pour ne pas entendre les couteaux s’affuter dans les coins les plus sombres du palais. Les demi-vérités être enduites du fiel le plus flatteurs pour faire éclater les confiances volatiles. Sentez-vous les poisons se diffuser dans l’air rance de la politique impériale ?
Oh mais ce serait oublier les Atréides. Voilà une maison capable de relever le défi. Des hommes fiers, intègres, capables de gagner les cœurs et les esprits. Si populaire et ne souffrant d’aucun réel rival…Si ce n’est les Harkonnens ou peut être Ix.
Beaucoup pensèrent ainsi que la lutte d’influence était morte dans l’œuf. Les autres, plus ambitieux, donnaient de la voix, prêt à tout pour tenter la Fortune. C’est dans cette atmosphère électrique que l’Empereur fit taire toutes voix d’un geste de la main…puis la tendit à la maison Voskos, l’invitant à s’élever depuis les rangs des Maisons Majeurs.
Dès lors, je ne me souviens d’aucun son. Si ce n’est celui de mon cœur cognant contre mes os. Un silence assourdissant, hébétant…contagieux. Aucun geste, aucune clameur n’accueillit cette déclaration. Pas même une contestation. Juste un silence aussi rigide que glacial.
Ni l’honneur, ni la popularité, ni l’argent, ni l’influence n’ont été choisi par l’Empereur pour décrire la Comtesse. Mais on parla d’une détermination sans faille à survivre là où tous avaient abandonnés. On parla d’une rage tranquille devant les éléments. On parla d’une foi capable d’affronter les plus grands défis.
Oui, le plus grand hold-up de l’histoire de l’impérium était à mettre au profit d’une bande de paysans fanatisés.
Pourtant, malgré le silence, il n’était pas compliqué d’entendre les pensées des autres maisons :
Quelles étaient les réelles intentions de l’empereur ?…Désirait il la mort de la maison Voskos ?... Pensait-il réellement que la Comtesse pourrait relever ce défi ? Que la religion les protégerait de la corruption ? … ou tout simplement était-il à ce point désespéré que ce fameux détecteur de fléaux dont la CHOM venait de faire la publicité représentait son meilleur espoir ?
A moins qu’il ne faisait que gagner du temps faute d’une autre solution.
Le chemin de la transition
Je ne me souviens pas d’avoir vu une transition aussi rapide. La comtesse ne tarda pas à investir son nouveau fief malgré les affaires de sa maison. Son aîné venant de disparaitre dans des conditions plus qu’inquiétantes à l’aube de ce changement important.
Enfin…Si vous mettez de côté les histoires sordides d’amants jaloux, de drogues voire même d’accident lors de sport si peu dangereux que le parapente par la faute d’un ancien esclave fremen qui aurait ‘’oublié’’ de rappeler certains points de sécurité important. Les détails appartiennent à l’histoire et la comtesse ne semblait pas vouloir se pencher trop sur cette question pour faire une déclaration officielle.
Il apparait que le cadet (beaucoup plus populaire à mon avis) demeure un bien meilleur héritier. Apprécié des petites gens mais surtout des armées, c’est un maître d’arme reconnu doublé d’un philosophe accomplit. A l’âge de 9 ans, il avait déjà écrit deux maîtrises en tactique militaire (Résumé : Tu fonce et tu tape fort) et l’autre sur son interprétation de 19 questions philosophique (Résumé : Ceypasfaux).
Et le généreux donateur qui soutient cette chronique tiens à dire que les professeurs du nouvel héritier étaient tous…Sans voix…devant ces réponses. Ah et on me signale qu’à l’âge de 12 ans, il fut promu (autoproclamé) Burseg suprême (Comprendre Amiral-Général) et surnommé Bienveillant Leader Suprême (par ses camarades de jeu sous la menace d’un robot de combat).
Pour en finir avec cette digression, ce fut donc Markos qui fut désigné héritier (suprême) de la maison Voskos. Son premier devoir fut de se rendre auprès de la maison Harkonnen qui, dans sa grande mansuétude, accepta de former le nouvel héritier à sa future charge. Les maisons Harkonnen et Voskos devenant alliés de fait à la grande surprise du landstraad.
Même si beaucoup voyait là qu’une façade (ou un ordre secret de l’Empereur), cela apaisa, au moins en surface, les tensions avec la guilde spatiale. La confiance ainsi restaurée, le poids d’un échec pèserait entièrement sur les épaules de la maison Voskos.
Et franchement, comment une telle affaire pourrait mal tourner ? Remettre son seul héritier, entre les mains des harkonnens pour le former ? Connaissant les tendances meurtrières de ce dernier ?
C’est peut-être pour cela qu’en rangeant son épée au fourreau, il ne tarda pas à s’entourer d’une élite où nous pourrions citer par exemple Célia, une membre estimée du Bene Guesserit mais surtout une membre de la glorieuse famille Nismo dont la loyauté à la maison Voskos n’était plus à prouver. Une femme discrète dont la verve et la vivacité d’esprit en font un pilier de cette nouvelle communautée.
Ou encore son Cousin Tecsibios. Très estimé membre de la même famille dont les compétences techniques ont largement dépassé la sphère d’influence d’Aljiba pour atteindre la CHOM. Un membre dont la sobriété probité loyauté en toute circonstances lui offre des nerfs d’acier (Sémuta Free) et les idées parfaitement claires…Et que dire de son courage ? (On va même pas en parler...Si Si croyez moi)
Prenez également la fine fleur de la science à travers le jeune Heimdall. Un jeune homme dont les compétences en terme de poison serait un prompt renfort. Certes, les compétences en biologie serait aussi nécessaire qu’indispensable mais le poison c’est tout aussi bien.
Et bien sûr, le témoin vivant de la grandeur d’âme de l’hériter : Murdoch. Un puissant allié Fremen sauvé de l’esclavage par l’héritier. Un ami précieux et fidèle, une denrée plus que rare dans un monde ou la confiance est un luxe. Mais quand il possède en prime une lame bien aiguisé…
Petite mention pour Alexa, la Mentat au service de l’héritier afin que ce dernier évite d’être trop enthousiaste.
La maison Harkonnen
Votre serviteur assista à l’arrivée de la maison Voskos sur Geidi Prime. Une planète froide, à l’architecture aliénante. Où l’individu se retrouve écrasé, étouffé par les fumées toxiques des industries sous le prétexte d’une optimisation la plus poussée. Des êtres vils, déshumanis…Oh je me rend compte que ce nos alliés.
Des êtres particulièrement affables…lorsqu’il s’agit des hôtes de marque. La question sur toutes les lèvres de la cour restait la même : Seront nous considérés comme des ennemis ? Des parvenus ? Etions nous réellement alliés ?
…Même si Tecsibios se demandait plutôt si de la Sémuta serait mise gratuitement à disposition…
…Et l’héritier de se demander s’il pourrait faire un combat de gladiateur…
…Enfin il y avait que Célia et Alexa pour s’inquiéter réellement de notre sort.
Pour ma part les plaines d’Aljiba me manquèrent en cette occasion et je me surpris à me demander si je les reverrais un jour. Je vous avouerais que mes perspectives d’avenir avaient tendance à se réduire au fur et à mesure que les minutes s’égrainaient.
Ce fut un noble, responsable des relations extérieures, qui nous accueillit dans des baraquements alloués aux visiteurs de rang. Mais aucune présence du Baron, de son héritier ou d’un officiel de rang supérieur. Les Harkonnens respectent leur engagement, sans réel respect mais toujours sans animosité ou engouement. Une manière de renvoyer la maison Voskos à son rang ?
Une formation serait donnée et nous serions testés.
Nos formateurs se sont présentés comme suit :
Turo Imshel le responsable des relations extérieurs
Niran Rani un conseiller militaire de haut rang
Korbus Zaan un mentat de la maison associée vraisemblablement à l’espionnage.
Le premier test
Une simulation fut opérée en réalité virtuelle. L’attaque d’une navette d’une marque inconnue mais que tous s’accordent pour dire…Qu’elle n’était pas vraiment pratique, pas très sécurisé et qu’il valait mieux retirer immédiatement du service. Un test relativement simple, la navette fut prise d’assaut par un commando inconnu puis sabotée afin de s’écraser sur Geidi Prime.
La cible devant être l’héritier, une solution optimisée aurait été d’évacuer immédiatement la navette en ne se préoccupant pas de l’équipage et d’éventuelles victimes que ferrait la navette en s’abimant sur la ville. Un acte aussi vil n’aurait pas été digne de l’Héritier qui fédéra immédiatement les bonnes volontés autour de lui pour sauver ce qui pouvait l’être.
Un Charisme à toute épreuve qui le poussa à affronter les assassins potentiels tout en inspirant son technicien préféré à se surpasser. Au point qu’il sauva un technicien des flammes.
Nota1 : C’est effectivement moins pratique de marcher quand on est en position latérale de sécurité sur le sol en criant ‘‘On va tous mourir’’.
Nota 2 : C’est plus pratique d’ouvrir une porte en appuyant sur un bouton que d’essayer de la défoncer…Surtout quand elle est en métal Markos…Pense à écouter le technicien…
Pendant ce temps-là, l’ingénieuse Célia prit le contrôle de la passerelle, rappelant à chacun son devoir (Empêchez l’héritier de se battre) et indiqua la marche à suivre. Tâche aisée quand elle prit le contrôle avec brio des caméras. Le scénario aurait pu tourner au drame si, d’aventure, les attaques des assassins se seraient enchainées à ce moment ou si l’hériter se trouvait encercler dans une partie du vaisseau.
Tout au plus, notre glorieux scientifique accepta de se sacrifier pour retenir un assassin voir l’emporter avec lui dans la mort. La béatitude pouvait se lire sur son visage, savoir qu’il venait d’accomplir son destin et de sauver une dynastie naissante…jusqu’à ce qu’il tombe au sol sans autre forme de procès.
Notre glorieux héritier se retourna alors, constatant que son camarade était blessé, il ne pouvait en supporter plus. Il trancha d’un geste presque négligeant ce rustre, dont la tête tomba sur le sol quelques secondes après qu’il rengaina sa lame (Bizarrement on a perdu la vidéo des caméras).
Arrivé au secteur machine, la situation était loin d’être résolue. L’équipage était au prise avec le commando ennemi. En voyant l’héritier, ces derniers surmotivés firent rendre gorge à leurs adversaires et spontanément acceptèrent de mourir en son nom (Gloire au Suprême Leader…Si si c’est avéré y a des témoins).
C’est les yeux embués de larmes que nos héros acceptèrent ce sacrifice pour se jeter au cœur des réparations prioritaires. Les embardés du vaisseau causèrent quelques soucis, mais cela concernait que les membres blessés de l’escouade (bizarrement les vidéos de l’évènement ont été effacées). Notre technicien réussit les réparations et même notre héritier sauva in extrémis une des composantes importantes (lui entre autre, ce qui n’est pas un mince exploit croyez-moi).
La navette fut donc virtuellement sauvée ce qui ne fut ni loué, ni honni par les Harkonnens. Ces derniers soulignaient le danger de se confronter à un commando dont le nombre restait inconnu. Une solution plus optimisée en terme de sécurité aurait été de fuir les lieux. Cette option fit réfléchir la cour, notamment sur la nécessité de cacher les véritables intentions et capacités de la maison.
…L’héritier demanda dès lors de choisir les options les moins humaines afin de dissimuler les réelles forces des Voskos sur le conseil de la Dame Célia.
Le Second test
Le second test se passa dans l’espace réel.
Un petit fortin et un renseignement qu’il fallait absolument récupérer. Simple si ce n’était qu’il se trouvait au beau milieu d’une base Harkonnen. L’héritier, habitué de l’exercice, trouva cependant le meilleur moyen de s’infiltrer et de se retirer sans heurt. Véritable meneur d’homme, il mena l’infiltration avec la subtilité qui le caractérisait si bien (pour une fois pas besoin que j’en rajoute).
Le désamorçage des pièges et autres alarmes causa nettement plus de problème mais dans l’ensemble, le plan se déroula presque sans accroc…Jusqu’à ce qu’une alarme ne se déclenche pour une raison inconnue. L’ensemble de la base sembla s’éveiller, des troupes surgissant de nulle part ne tardèrent pas à les encercler malgré la rapidité de la maison Voskos.
Malgré une rapidité et une grâce incroyable dans la fuite, l’héritier fut touché par une aiguille empoisonnée et tomba à terre. Ce ne fut que par sa volonté hors du commun qu’il ne mourra pas sur le coup. Le reste de la troupe fut encerclé par les Harkonnens et ce n’est dû qu’a l’intervention de l’officier Harkonnen que les armes se baissèrent (même nos soldats baissèrent les armes…Ça sent la mutation dans les zones polaires les gars…).
C’est là que l’assassin retira le voile de sa vile nature. Voyant sa fin proche, il tenta de s’en prendre également à Dame Célia (Une femme si douce…pourquoi ? Traitrise ? Un moyen de brouiller les pistes ?).
Les Harkonnens intervinrent juste à temps, injectèrent un stabilisant à l’héritier (qui n’en n’avait pas vraiment besoin, il aurait certainement pu survivre jusqu’à l’intervention des médecins d’après Heimdall !).
La protection allouée à la maison Voskos fut doublée. L’assassin fut torturé (accident de saut a l’élastique sans élastique), l’héritier entre la vie et la mort avant de se rétablir tel le phéonix…Mais toujours autant de questions.
Un troisième test ?
L’attitude éternellement neutre des Harkonnens n’en n’avait pas fini de mettre mal à l’aise. Sans eux, cet entrainement aurait pu mal se terminer mais d’un autre côté, ils étaient responsables de cette erreur. Comment le service de sécurité n’avait pas repéré cet assassin ? L’avait-il laissé passer pour agir en sauveur ?
Un jeu bien dangereux car le poison n’aurait laissé aucune chance à l’héritier. Pas sans une assistance médicale lourde. Qui aurait pu jouer avec le feu ? Et la comtesse qui restait silencieuse sur le sujet n’était pas sans provoquer plus de nervosité.
Encore des questions et peu de réponse.
L’instigateur de cette sombre affaire se trouvait être la maison Vernus. Pouvait-on faire confiance aux Harkonnen sur ce sujet ? La maison Vernus était certes en concurrence avec la maison Voskos…Mais uniquement sur le papier. Voskos traite du matériel agricole quand Vernus reste moins spécialisé. La seule chose qui changeait restait le Fief d’Arrakis mais est-ce que cela en valait la peine ? Subir le courroux de l’empereur…pour quoi ? Ix n’y connaissait rien en moissonnage. Voskos perdrait probablement plus d’un cycle ou deux à relever la production quand Ix prendrait le triple.
Toujours est-il qu’une cellule se trouvait sur Geidi Prime. Il y avait peu de chance qu’elle parle mais certifier sa présence et son appartenance enlèverait un certain poids de nos épaules. Bizarrement, il fut demandé à l’hériter d’enquêter directement via leur contact dans le marché noir. Un certain Qu’shan.
Les Harkonnens se voulaient des alliés mais pas au point de s’immiscer dans les intimités des maisons majeures. Du moins c’est l’interprétation qu’en fit l’héritier. Ce dernier resta stoïque dans cette épreuve. Il accepta de manière digne qu’il c’était trompé. Croire que les Harkonnens les protègeraient ou les aideraient était à son sens une erreur qu’il ne commettrait pas deux fois.
Un plan fut ourdi et en arrivant sur le marché noir, le groupe se divisa.
Heimdall et Célia ne tardèrent pas à découvrir l’endroit où pouvait se trouver le contact. Mais leurs efforts se retrouvèrent contrariées par l’obtention d’une passe permettant l’entrée que les yeux acérés de Célia ne tardèrent pas à identifier grâce à un interrogatoire mené avec sa subtilité caractéristique.
Murdoch et Tecsibios identifièrent également les coursiers qui ne furent pas spécialement coopératif. Mais le technicien ne tarda pas à identifier d’excellentes pièces détachées pour navette mais son cœur sombra dans un amour passionnel pour un kit de tournevis dernier cri, ceux avec la petite lumière intégrée et une partie alimentée pour éviter de perdre la vis. Seulement 999 solaris avec le code promo GEIDIPRIME10*, en vente seulement sur cette planète.
*Offre limitée à un kit par foyer du 12 au 13 cycle de l’année 10170…
Notre glorieux héritier partit observer la situation de loin de manière tactique (parce que parler c’pas son truc) dans un bar (oui…non c’pas ce que vous croyez, le meilleur point de vu était au bar…Croyez-moi sur parole). Il négocia avec beaucoup de tact la libération la table qui lui permettrait de surveiller ses complices (En substance : Dégage connard) et observa la situation.
Il apporta sa pierre à l’édifice, de manière éminemment discrète, un moyen de se rendre dans l’établissement précédemment repéré. Les mauvaises langues diront qu’avec de l’argent, eux aussi ils pourraient y arriver. Je leur réponds qu’une chose : Oui…peut être…mais de manière moins classe que l’héritier (tu peux pas test).
C’est ainsi qu’ils pénétraient ensemble les lieux, abandonnant leurs armes à l’entrée. Sauf le fremen. Oui un truc religieux avec les couteaux. L’héritier offrit une diversion à coup de balisette (non pour le coup c’est pas ce que vous croyez encore une fois…si si, il s’est bien tenu). C’est ainsi que Célia repéra la dance des coursiers indiquant l’endroit probable où se trouvait Qu’shan quand notre technicien se perdit avec des gens…particuliers.
L’héritier s’intéressa particulièrement à la sous-culture alternative Harkonnen (combat d’arène), qu’il jugea intéressante (la serveuse aussi était intéressante) et trouva l’expérience particulièrement riche (4 fois la mise ! J’ai toujours cru en l’héritier moi).
Alors que Célia décida de mener la conversation avec le contact, accompagné d’Heimdall et de Tecsibios. L’héritier garda les arrières du groupe avec Murdoch. Ce dernier a l’œil acéré, ne tarda pas à découvrir des milliers d’agents Harkonnen planqué dans l’établissement, causant une crise de panique. Il fallut tout le sang froid de l’héritier…pour ne tuer personne. Il se permit également de sauver la santé mentale de son ami.
Cette aventure se termina…De manière étrange. Qu’shan ne semblait pas être au courant de l’implantation d’une cellule Vernus. De même, attaquer l’héritier sur le domaine des Harkonnens semblait être le mouvement manquant le plus de subtilité (lire débile). Les Harkonnens pouvaient mal le prendre et décider de s’en prendre directement à Ix via le CHOM.
Mais chose encore plus étrange…L’info des Harkonnens ne venait pas de Qu’shan mais d’une autre source. La délicate Célia réussi à négocier (avec maestria) le prix de l’information une fois que le contact aurait l’information.
Information qui ne viendrait jamais. Qu’shan décèdera des suites d’une curiosité maladive et d’une malchance en phase terminale. Son dernier message était que la cellule Vernius était partit…Etrange, pourquoi tuer Qu’shan s’ils partaient ? Pour effacer leurs traces ? Ne savaient ils pas que l’information avait fuité par ailleurs ?
Ou est-ce que les Harkonnens couvraient leurs propres traces et cette aventure dans les bas fond une manière de détourner l’attention de la maison Voskos ?
Toujours est-il que la formation continua.
La cargaison
Une frégate de la maison Voskos arriva sur Geidi Prime.
Un évènement particulier alors qu’aucun message ne leur parvenait depuis l’extérieur depuis le début de cette formation. Et ceux, malgré les demandes d’explications de l’héritier. Ce dernier soupçonnait un arrangement en sous-main dont il ne comprenait pas la nature exacte et les signaux contraires envoyés par leurs hôtes n’étaient pas là pour le détendre.
Cher lecteur, je peux vous certifier que nul n’était prêt à ce qui les attendaient sur l’astroport. Des milliers de caisses frappés de l’emblème aux mains soutenant la nature les attendaient…Ainsi qu’un message. En substance, l’héritier devrait mener des négociations avec la CHOM, plus particulièrement Sabria Zavr, afin de préparer leurs arrivées sur Arrakis. Des liquidités bienvenues devant les dépenses qui les attendraient.
Les centaines et les centaines de caisses étaient accompagnés de personnel scientifique dont la fameuse Erica Ganio. La créatrice du détecteur de fléau. Cette dernière, au bord de l’hystérie, ne retrouva son calme que sous l’impulsion de notre héritier. Il fit preuve d’une telle empathie envers les responsabilités écrasantes de cette femme que la légende veut qu’il versa quelques larmes (…quand il découvrit qu’il n’y avait pas d’équipe de sécurité pour protéger la cargaison).
Il n’y a pas de témoin directe de cette scène, même si on raconte que, profondément touchée par ce geste, elle collecta les larmes de son prince dans une éprouvette qu’elle garderait toujours au plus près de son cœur.
Encore une fois, Célia trouva un moyen de se passer des Harkonnens. Un de ces contacts fournira un lieu sécurisé (et sécurisant pour la sérénité de l’héritier) le temps des négociations.
Dune - Campagne - Début des négociations
***Spoiler Alert On. Attention, ce texte contient des éléments en lien avec le début de la campagne et donc aussi le One Shot Dune. Spoiler Alert Off***
Les caissons de transport commençaient à s'empiler dans la zone de transit, sous le regard inquiet et fébrile du Docteur Erika Ganiot.
La responsable technique, envoyée par la Comtesse Voskos pour accompagner ce chargement sensible, était rentrée dans une phase d'hyperactivité et lançaient ordres, contre-ordres et surtout, désordre.
"Inutile et inefficace", pensa pour elle Célia qui suivait la scène d'un air détaché.
Son regard se posa sur Markos. L'héritier semblait quant à lui étrangement calme face à cette situation. Sa mère venait pourtant de lui confier une tâche des plus délicates, sans l'en avertir à l'avance. Etait-ce là encore un test destiné à mettre son fils à l'épreuve ?
Elle le regardait alors qu'un sentiment de compassion naissait pour elle. Il n'avait pas choisi cette position, la mort de son frère l'y avait contraint et il essayait d'assumer au mieux cette destinée. Face à un système et à sa propre Mère qui ne l'aidaient pas vraiment.
Elle tenta de balayer ce sentiment, qui ne pourrait que jouer négativement sur sa perception.
Markos dut sentir son regard car il tourna la tête vers elle.
Plutôt que de se détourner, mal à l'aise, elle lui adressa un signe de tête, mêlant compréhension et soutien. Elle se dirigea vers lui :
- Ces caisses ne vont pas pouvoir rester là. Lui indiqua-t-elle, soulignant une évidence qu'il avait sans doute en tête.
- Le Capitaine Tarask Nikoula m'a indiqué que le Mentat Korbus Zaan allait arriver pour nous offrir une solution.
- Une solution qui ne vous conviendra pas...
- Non ? Vous avez une autre option ?
Ce n'était pas une question, se dit Célia. L'homme était plus perspicace qu'il n'y paraissait.
- Il se pourrait. Laissez moi une heure ou deux. J'ai un... Ami... Sur place. Il pourra peut être nous trouver une opportunité plus viable.
- Très bien, nous essaierons de faire patienter nos hôtes. Je suis certain que Tecsibios saura s'y prendre comme il se doit pour cela.
Le duo regardèrent alors le scientifique qui était déjà à l'oeuvre auprès du Capitaine.
- Murchad va vous accompagner.
- Ce n'est peut être pas nécessaire.
- Non, mais il va vous accompagner.
- Bien.
Le Capitaine Nikoula accepta de leur confier un Ornithoptère et deux hommes à lui, dont le pilote.
- Ce n'est pas une bonne idée. Allons-y par nos propres moyens. Protesta le Fremen, dont la haine envers les Harkonnen transpirait évidemment.
- Ils vont savoir où nous allons, de toute façon, Murchad. Autant ne pas se les mettre à dos.
- C'est une mauvaise idée.
- Nous verrons bien. Puis s'adressant à voix haute à leurs chaperons : Messieurs, nous pouvons partir. Si en chemin vous pouvez nous arrêter dans un marché pour que je puisse faire quelques emplettes.
Le Fremen lui jeta un regard emplit d'un mélange d'incompréhension et de dépit.
Célia lui répondit avec un sourire :
- Je ne vais pas arriver chez mon ami les mains vides.
- Et qui est votre ami ?
- Vous le saurez en temps voulu.
Après un arrêt dans une boutique de gourmandises et une petite marche dans un quartier huppé de la banlieue de la Capitale, ils se retrouvèrent devant le portail une belle demeure.
A côté du bouton d'appel sonore, un nom était inscrit :
- Jedak Imstr ? Lut Murchad.
- Vous voyez, c'est ce que je vous avais dit. Vous le sauriez en temps voulu.
Une voix les interrompit : " Qui est là ? "
- La fille d'une vieille amie de M. Imstr.
- Et qui dois... Annoncer ?
- Célia Nismos.
Célia et Murchad pénétrèrent dans un beau jardin. Un chariot à suspenseurs les approchèrent de la maison alors que leur garde restait dans la rue.
Après quelques minutes d'attente, ils furent reçus dans la véranda luxuriante.
- Ma chère Célia, quel plaisir de te revoir. Comme tu as changé.
- Mon cher Jedak. Je suis ravie de vous revoir aussi. Vous n'avez pas bougé d'un trait, quant à vous.
- Allons, les années sont passées et encore repassées par là.
L'accolade fut chaleureuse et les mondanités s'échangèrent entre la Soeur et ce vieil homme au sourire radieux et à l'oeil vif et intelligent, sous le regard perçant de Murchad.
Célia finit par en venir à la raison de sa présence et expliqua son besoin, indiquant qu'elle était bien contrite de venir quémander l'aide de l'ancien Précepteur de sa mère.
- Allons, allons. Si je ne peux faire cela pour toi, pour qui d'autre pourrais le faire. Installez vous confortablement, le temps que je passe quelques appels.
L'homme s'éloigna, porté par des suspenseurs qui atténuaient ses difficultés à se déplacer.
- Peut-on avoir confiance en lui ?
- J'ai confiance en cet homme plus qu'en n'importe qui sur cette planète, Murchad. Plus encore qu'envers l'Héritier et vous même. Sans vouloir vous offenser.
- L'amitié peut être traîtresse.
- Ce n'est pas une question d'amitié. Ma demande ne sera pas gratuite. C'est un contrat, induit par des liens solides et inaltérables. Je lui devrais quelque chose un jour. C'est pour cela que je lui fais confiance. Il n'a aucun intérêt à ne pas respecter sa part.
Et puis, il m'aime bien, je pense.
- Je me méfie de lui.
- Tu te méfies de tous les Harkonnens. Mais je pense que dans cette situation, tu as plus à te méfier de moi que de lui.
Le Fremen la regarda avec un oeil circonspect et déstabilisé.
Pour détendre un peu cette relation mal engagée, Célia posa quelques question à Murchad, sur la façon dont il voyait son retour sur Arrakis.
Jedak Imstr finit par revenir.
- Voilà, c'est arrangé. Je vous ai trouvé un local idéal, ainsi qu'une poignée de scientifiques et agents de sécurités qui vont vous aider à vous installer.
- Merci infiniment Jedak. Avant de partir, pouvons nous échanger un peu, seul à seul ?
- Bien entendu, faisons le tour du jardin, si tu le veux.
Murdach se retrouva ainsi seul avec la gouvernante, chargée de l'occuper en occupant son estomac pendant ce temps.
De retour après un petit quart d'heures, et après de nouveaux remerciements, la promesse de se revoir et le don d'une petite boîte de pâtisseries particulièrement adorées par Jedak, ils quittèrent les lieux.
En fin de journée, l'affaire était réglée.
Marcos et Tecsibios étaient retournés dans leurs quartiers entre temps.
Ils se trouvaient aux abords du Palais, où devaient se dérouler les négociation avec Sabria Szab, la représentante du Choam. Tecsibios en profita donc pour étudier l'endroit et relever le maximum d'informations sur le contexte de cette rencontre, mais aussi sur Sabria Szab elle même.
De ce qu'il apprit, la négociatrice avait obtenu son poste peu de temps auparavant et avait donc la fraîcheur de la jeunesse associée à la hargne de ceux qui ont tout à prouver.
La partie s'annonçait tendue et de haute volée.
Heimdal, Murchad et Alexa rentrèrent quant à eux au petit matin, fatigués et contrariés.
Des Mechaship avaient subi des avaries et cela était évident pour les techniciens que ces dégradations n'étaient pas accidentelles. Quelqu'un avait tenté de saboter leur travail.
Après une nuit de réparation, tout était rentré dans l'ordre, cependant.
Le lendemain, peu avant 18h, ils se retrouvèrent les premiers, accompagnés par Korbus Zaan, à s'installer dans une vaste pièce qui avait été apprêtée pour l'occasion.
Les Harkonnens avaient fait un effort.
- Avez vous besoin de quelque chose ? Demanda le Mentat.
- De réponses, pour ma part. Etait intervenue Célia avant que quiconque ait pu répondre.
S'en suivit une série de questions, parfois tintées d'attaques délicatement voilées, sur la place de leurs Hôtes dans cette histoire, et notamment du fait de leur position forte au sein du Choam.
Les compagnons de la Soeur Bene Gesserit regardait l'échange en se demandant ce qui avait pu la piquer ainsi. Célia avait-elle des informations nouvelles dont elle essayait de profiter ?
Mais malgré cette approche assez virulente, le Mentat resta calme et finit par répondre, en apparence sincèrement, à son interlocutrice.
Cette dernière termina son assaut par un " Merci beaucoup pour cet échange ", surmonté d'un sourire chaleureux qui dénotait fortement avec l'instant précédent.
Une fois seuls, elle s'adressa à ses compagnons :
- Tout ceci n'est qu'un jeu pour eux. Ils nous considèrent comme un événement distrayant.
Avant que ses compagnons ne commencent à prendre ombrage, elle continua.
- Mais cela peut être à notre avantage. Non seulement cela peut signifier qu'ils ne sont pas liés à cette affaire, véritablement. Mais de fait, cela peut même nous servir.
Notre adversaire est coriace mais elle a les défauts de la jeunesse. Elle doit faire ses preuves et de ce fait, est soumis à l'égo. Elle va sans doute percevoir, elle aussi, que les Harkonnens s'amusent de tout ceci, et cela risque bien de la contrarier fortement.
Restons pour notre part stoïque, c'est ce que l'on nous a appris depuis notre plus jeune âge sur notre planète. Les principes du Pastoralismes Zen Stoïciens sont une force.
- En effet, et nous sommes en position de force, rajouta Tecsibios. Non seulement nos fabrications sont exceptionnelles, mais elles sont exclusives. Cette Sabria Szab doit penser qu'elle marquerait des points à être la première à en acquérir. C'est elle qui veut acheter, et non nous qui voulons vendre.
Célia acquiesça.
- Gardons cet état d'esprit : foi en notre proposition et fermeté de nos idées. Et cela devrait bien ce passer. Markos, c'est à vous que cette négociatrice va s'adresser. Restez calme et déterminé, et sachez que vous pouvez vous reposer sur nous, que ce soir sur Heimdal et Tecsibios pour leur grande maîtrise technique, et Murchad pour ses capacités à être là où on ne l'attend pas.
- Et vous même ?
- Je serai le grain de sable. Elle s'attend sans doute à me voir présente ici, elle a dut se renseigner. Mais elle ne sait ni qui je suis et ce dont je suis capable.
- Moi non plus.
- Et bien, il est temps que vous appreniez à connaître vos sujets, monseigneur...
Elle lui adressa un sourire mutin, auquel il n'eut pas le temps de répondre.
La délégation du Choam pénétra dans les lieux, Sabria en tête.
A la façon de cette dernière de saluer le Mentat des Harkonnens, Célia sut qu'elle avait vu juste. La négociatrice n'appréciait pas la légèreté avec laquelle leurs Hôtes envisageaient cette rencontre. Elle commençait à avoir une dent contre eux, ce qui détournerait une partie de sa hargne de sa négociation. Une bonne chose.
Si Markos gardait son calme, les choses allaient prendre une bonne tournure, elle en était certaine.
Célia se positionna en retrait, à quelques pas derrière la droite de l'Héritier.
Elle laissa le Fremen détourner l'attention de sa présence aussi étonnante que dérangeante, en se plaçant à la gauche de Markos.
Après quelques échanges protocolaires, les discussions s'orientèrent assez directement vers le coeur du sujet. Sabria Szab n'aborda pas les SEVY dans un premier temps, mais plutôt les Mechaship. Elle se réservait le principal point d'attrait pour donner le coup de grâce, cela paraissait évident.
Elle attaqua directement en mettant en doute la qualité des produits.
Elle indiqua avoir appris qu'une partie des marchandises avaient dors et déjà subit des avaries pendant le transport.
Ses compagnons furent piqués au vif et commencèrent à poser des questions sur le comment elle avait pu connaître ces éléments. L'emportement sentimental se ressentait et cela n'était pas bon pour eux. Elle croisa le regard de Markos : puis-je m'exprimer, Seigneur ?
Ce dernier opina du chef pour simple réponse.
Et le renard sortit des broussailles.
Célia fit un pas en avant, restant toujours en retrait de l'Héritier mais entrant dans la danse :
" Une partie des marchandises a en effet été altérée pendant le transport. Et c'est une bonne chose. Vous ne pourrez jamais garantir que des objets restent intègres. Le monde dans lequel nous vivons tous peut s'avérer violent et plein de surprises. Et les actions de cet environnement peuvent s'avérer tout particulièrement néfastes. Sans parler des mauvaises intentions.
L'important dans tout ça, n'est pas d'être indestructible, mais aisément réparables, adaptables.
Nul ne peut se prévaloir d'être infaillible, n'est-ce pas Madame Szab, surtout lorsqu'il a encore tout à prouver ?"
Sabria n'avait pas vu venir l'attaque de la Soeur du Bene Gesserit. Et elle n'avait pas non plus vu venir que cette attaque aurait tant d'impact sur elle. Le ver était dans le fruit, la négociatrice s'était mise à craindre Célia sur le champs. Peu, il est vrai, mais suffisamment pour la déstabiliser et concentrer une partie de ses efforts sur elle.
Et entre les efforts qu'elle mettait sur Célia et ceux qu'elle avait déjà dépensés futilement contre les Harkonnens, elle ne fut pas en mesure de se déstructurer les arguments techniques qu'employèrent brillamment Heimdal et Tecsibios.
Sans parler de ce Fremen qui pénétrait dans sa sphère d'intimité. Qu'il aille au diable avec avec ces plateaux de nourriture stupides !
La première manche était jouée. Mais la bataille n'était pas encore gagnée.
Célia savait qu'il ne fallait pas baisser sa garde trop vite, que ce soit en combat rapproché ou dans ce genre de joute qui pouvait parfois paraître moins mortelle qu'elle ne l'était vraiment...
Dune - Campagne - Journal d'Alexa Aspida Entrée 2
Journal d’Alexa Aspida, Mentat Préceptrice pour la Maison Voskos, en l’An 10177 P.G, Aljiba, Kanisa.
(il y a 12 ans)
Allons, les enfants, un peu de calme, prenez place.
Voilà. Un peu de silence, merci bien.
Andrea, enlève tes pieds de la table, un peu de tenue. Et Markos, arrête de regarder ton frère comme s’il était intelligent, on est loin du compte.
[Les enfants sont toujours agités]
Je sens que quelques heures de méditation en plein soleil sur la Falaise de Tejna calmeront vos ardeurs.
Bien. Ai-je toute votre attention ?
Alors, aujourd’hui nous allons parler de politique. Oui je sais, ça a l’air barbant comme ça, mais cela vous servira plus tard, croyez-moi sur parole.
Qui peut me dire ce qu’est le Landsraad ? Non, voyons un petit effort.
J’ai bien l’impression que vos cerveaux sont restés brouter avec les Mekaships.
Le Landsraad est un corps à grande envergure rassemblant les Chefs des Maisons Mineures, Majeures et des Grandes Maisons. Il y a en tout plusieurs centaines d’individus concernés, bien que ce chiffre ait pu fortement varier au cours de l’histoire. Chaque Maison n’a qu’un seul vote. Bien sûr, une Maison Mineure alignera dans la majorité des cas son vote sur celui de la Maison Majeure à laquelle elle est affiliée.
Mais que peuvent-ils bien voter ? Car il ne s’agit pas simplement de faire des déclarations ampoulées et présenter des motions nécessitant de trancher. C’est l’occasion de se retrouver, sceller des accords, cimenter les relations sociales autant que les mariages. Ne ricanez pas, vous serez concernés plus vite que vous ne le pensez. Bref, c’est l’un des rares moments où il est difficile de s’entretuer.
Au-dessus du Landsraad se trouve le Haut Conseil, composé de 20 à 30 représentants de Maisons. C’est là le véritable siège du pouvoir du Landsraad, qui siège à Kaïtan, la planète Impériale. En théorie, le Haut Conseil est composé des Maisons les plus puissantes, mais toutes les Maisons ne s’intéressent pas à la politique du Landsraad, comme par exemple, les Harkonnen et les Atréides. C’est pour cela que plusieurs Maisons ne prennent pas le Conseil autant au sérieux qu’elles le devraient… à l’image de certains garnements dissipés… la menace de la falaise de Tejna tient toujours.
Concentrons-nous à présent sur ce qui fait la puissance d’une Maison.
A votre avis ? Oui, c’est une question. Andrea ? Oui, sa production, tu n’es pas loin.
C’est avant tout ses ressources qui déterminent sa puissance au sein du Landsraad, en même temps que les alliances traditionnelles dont elle fait levier, au-delà de son propre territoire. Par exemple, les Grandes Maisons, comme les Harkonnen, contrôlent des planètes multiples (en général dans le même système solaire), et d’innombrables parts de marchés.
Pourquoi dans le même système solaire ? Markos ? Oui c’est parce que c’est trop loin. Bien évidemment, relier deux mondes séparés par d’autres systèmes impose de se reposer sur la Guilde Spatiale, et peu de Maisons sont prêtes à s’asservir de la sorte. Autre solution, confier une telle planète à une Maison Mineure, mais de nombreux cas dans l’histoire ont démontré que la Maison Mineure peut alors profiter de sa nouvelle puissance pour s’affranchir de sa Maison Lige.
Et c’est là qu’intervient la puissance qui chapeaute tout ce joyeux petit monde. Vous voyez de qui je veux parler ? Non ?!? Mais enfin, l’Empereur !
Le Trône du Lion d'Or permet aux Maisons de se protéger des luttes internes, sans parler de la jalousie des autres Maisons rivales. L’alliance entre le Trône et plusieurs membres proéminents du Landsraad est universellement connue, comme avec le Baron Vladimir Harkonnen ou le Compte Dominic Vernius.
Ah, vous ne connaissez pas le Baron ? Alors laissez-moi vous en toucher deux mots.
C’est l’un des hommes les plus puissants de tout l’Imperium. Il est à la fois craint et admiré, brutal mais brillant. Sous sa férule, la Maison Harkonnen n’a cessé de gagner en force, notamment grâce sa maîtrise de la production de l’Epice. Mais leur planète Giedi Prime est également un centre de production industriel déterminant, principalement sur les alliages raffinés, mais aussi de production massive et au coût moins élevé de toutes sortes d’outils et d’armes.
Quant au Comte Bronso Vernius, il est à la tête de la principale source de technologie et d’innovation dans tout l’Imperium. Ayant supplanté ses rivaux, la Maison Richèse, ils sont notamment le principal producteur de vaisseaux pour la Guilde Spatiale, ainsi que de toutes sortes de machines sophistiquées, comme les Orships, une forme d’orni pouvant naviguer dans l’espace, et des stations de contrôle météo, ou les pierres de mémoire ixiennes. Il va sans dire que nos propres innovations technologiques sont jalousement gardées pour pouvoir concurrencer dans des domaines moins affirmés la technologie ixienne. Les liens entre l’Empereur et le Compte Vernius sont très forts, même si l’on ignore pourquoi. Donc encore quelqu’un dont il vaut mieux ne pas s’attirer l’animosité.
Alors pourquoi, me direz-vous, lorsqu’il y a inimitié… Oui Markos ? Oui, je veux dire lorsqu’il y a conflit, ne peut-on laisser tout ce joyeux monde s’entretuer en paix ?
Eh bien, les conséquences géopolitiques, sur des centaines de mondes au bas mot, seraient incalculables. Sans parler de l’équilibre des échanges commerciaux entre les planètes de l’Impérium. C’est pourquoi lorsqu’il y a conflit, on a recours au Kanly. Non, ce n’est pas le nom d’une antilope d’Aspida. Celle-là, elle s’appelle Kaali.
Le Kanly suit des règles très anciennes et étendues. Si le conflit entre des Maisons est avéré, et doit prendre la forme d’une vendetta, une forme de vengeance si vous préférez, ce conflit doit être formellement annoncé à toutes les autres Maisons par la Maison qui s’estime offensée. Ceci encourage les participants à saisir une dernière chance de mettre fin aux hostilités.
Les armes de destruction massive sont strictement interdites, pour préserver les populations locales.
Les seuls instruments utilisables pour le Kanly sont les agents doubles, espions et traîtres. Les assassins sont bien évidemment encouragés, si tant est que leurs méthodes se conforment aux exemples pré-cités.
Même lorsqu’il est déclaré, le Kanly ne permet pas de s’absoudre de ses crimes. Par exemple, même si un noble assassine son ennemi, il reste sujet à investigation de la part d’une Diseuse de Vérité mandatée par l’Empereur ou le Haut-Conseil.
Toutes les méthodes que l’on a le droit d’employer dans le Kanly sont détaillées dans un très vieux texte, le Manuel des Assassins. Non non ce n’est pas risible, ce texte existe bel et bien, et je prie le Ciel que vous n’ayez jamais à vous pencher sur le sujet.
Est-ce que vous avez des questions ? Non ? Voilà qui est surprenant. Une autre fois peut-être. Bien, nous allons donc clôturer cette séance par deux heures de méditation sur la falaise de Tejna. Comment avez-vu pu croire que vous pourriez vous y soustraire ?
Les répercussion de l’éclat d’Alexa
Texte d’ambiance - Les répercussion de l’éclat d’Alexa
Au retour de l’usine Harkonnen, après un voyage en navette à suspenseurs, à travers les tubes de transport où l’on distingue à peine les lumières clignotantes des fours industriels, toute la suite de la Maison Voskos accuse les évènements de la journée. Une fois de plus, les Harkonnen, plutôt que de jouer la transparence d’une formation échelonnée sur plusieurs semaines, ont semblé vouloir les tester dans des situations toujours plus inextricables.
Mais ce qui est intrigue le plus Markos, c’est l’éclat de voix d’Alexa lorsque, après avoir négocié la trêve avec les travailleurs de l’usine, elle a menacé Kobus Zaan de déclencher le Kanly s’il les empêchait de respecter leur parole donnée aux ouvriers.
C’est donc à la fin d’un repas sans réelle saveur que Markos interpelle sa préceptrice.
Alexa grimace et semble accuser la fatigue de ces dernières semaines. Son regard perd un moment de sa clarté tandis qu’elle puise dans sa mémoire de Mentat pour rassembler et ordonner ses arguments. Tout le monde semble suspendu à ses lèvres, même Murchad qui a pourtant depuis toujours assumé son animosité déclarée envers les Harkonnen. Dame Célia, qui a son idée sur la question, lève les yeux de sa tisane herbacée et accorde toute son attention à Alexa.
Elle prend une grande inspiration, qui pourrait passer pour d’autres que Markos pour une pause un peu trop théâtrale, puis se lance :
Cette tâche t’a malheureusement été transmise à la suite de la mort prématurée d’Andrea.
Vous connaissez tous la réputation des Harkonnen. Leur brutalité, leurs méthodes de répression et leur manque total de scrupules dès que la valeur de la vie humaine est évoquée. Mais c’est grâce à ses méthodes qu’ils ont pu augmenter de façon si considérable la production d’Epice, et garder aussi longtemps le contrôle d’Arrakis. Et personne n’y trouvait rien à redire, tant que l’Epice coulait à flots.
Mais ces dernières années, la vétusté de leur matériel et surtout le nombre grandissant d’incursions Fremen, ces sauvages du désert (pardon, Murchad), ont freiné leurs rendements. Peut-être également l’Empereur voulait-il se défaire d’un allié devenu trop puissant.
Toujours est-il que le nom de la Maison Voskos a été avancé, et que nous voilà gestionnaire du fief d’Arrakis et de la denrée la plus essentielle de tout notre système Impérial. Sans Epice, plus de voyages spatiaux. Sans voyages spatiaux, plus d’économie de marchés, de profits… pour qui que ce soit.
Notre Maison est donc scrutée par de nombreuses paires d’yeux sur sa future façon de gérer la planète de Dune.
Cette pseudo formation sert donc avant tout à rassurer le Landsraad et ses observateurs, vous l’aurez compris sans peine.
Cependant, je ne m’explique pas la tournure qu’ont prise les derniers « tests ». Ils semblent avoir pour seul but de nous provoquer et nous forcer à adopter le mode de pensée répressif des Harkonnen. Alors même qu’ils savent très bien où penche notre philosophie. Il est très difficile de ne pas réagir à ces provocations, et c’est sans doute leur but.
C’est pour cela, Markos, que Dame Célia a aussi raison de tempérer tes ardeurs, même si elle s’y est mal prise.
Si telles sont leurs intentions, nous provoquer, nous discréditer et nous faire passer pour plus faibles que nous ne le sommes, alors nous jouons leurs cartes.
Sur le papier, ils sont nos alliés, et ces histoires de sabotage et de tentatives d’assassinat semblent réellement les surprendre et les énerver. Ce que j’ai déduit de l’attitude de Kobus Zaan, c’est que nos ennemis, si c’est bien la Maison Vernius, ont osé s’en prendre à nous, qui sommes sous leur protection, sur leur territoire même, et il est certain que dans ce cas, il est de leur devoir de nous aider à nous défendre contre cet ennemi. Ils ne laisseront pas passer cet affront. Voilà pourquoi je leur fais aussi confiance, dans une certaine mesure, pour nous aider à nous sortir de cette situation qui se dessine avec la Maison Vernius, et qui pourrait fort bien se transformer en guerre ouverte en très peu de temps. Les risques sont réels.
Toutefois, je refuse qu’ils nous forcent la main sur ce qui fait la réputation et l’honneur de notre Maison : notre parole donnée, notre engagement et nos valeurs de pastoralisme zen stoïcien. Car je suis persuadée qu’une fois sur Arrakis, c’est avec ces valeurs que nous pourrons remporter les défis qui s’annoncent.
Et même s’ils montrent patte blanche, je trouve qu’ils ont pris la tentative d’assassinat de Markos avec bien trop de légèreté.
Le manque de communication avec la Comtesse Voskos m’inquiète également au plus haut point. Cela ne m’étonnerait pas que nos communications aient été interceptées. Dans un sens ou dans l’autre. Dans quel but ? Je n’ai pas encore assez d’éléments pour vous fournir une réponse. J’espère que nous aurons de ses nouvelles très bientôt.
A présent, vous comprendrez un peu plus je l’espère, le jeu d’équilibriste auquel nous sommes forcés de participer. Les pressions s’accentuent de toute part et il va bien nous falloir nous dépêtrer de cette situation. J’ose espérer que les choses s’éclairciront dès que nous serons arrivés sur Arrakis et que nous pourrons faire nos preuves sans simulation stupide et tests détournés. »
Sur ce, elle pose sa tasse de tisane sans y avoir touché et constate avec dépit qu’elle est froide. Elle se lève alors pour se resservir de l’eau chaude alors même que Markos et ses compagnons digèrent ses paroles d’un air sombre.
Vous reprendriez bien une tasse de thé
Alexa s'apprêtait à se lever pour aller chercher de l'eau, quand une main douce et légère se posa sur son épaule.
Elle tourna la tête pour découvrir Célia à ses côtés, dont l'autre main tenait la bouilloire.
La Mentat se dit que tout de même, la Bene Gesserit savait se mouvoir sans attirer l'attention. Elle maîtrisait ses déplacements et surtout, elle avait jusqu'aux événements de l'usine, bien caché son jeu.
Tout en servant de l'eau chaude à Alexa, Célia lui fit un sourire apaisant, avant de prendre la parole :
" Cette situation nous rend tous tendus. Et nous devons apprendre à gérer ces contraintes, et ceci en bonne connivence. Merci d'avoir initié cet échange, qui nous éclaire tous, j'en suis certain, sur les enjeux qui nous attendent.
C'était le sens de mon intervention, en effet, même si j'avoue ne pas avoir été très adroite dans la façon de la présenter.
Comme je disais, les Harkonnens sont doués pour mettre les gens mal à l'aise, et il est parfois difficile de rester... Stoïque.
Je vous prie tous de m'excuser pour mon comportement d'hier. J'aurais du intervenir en amont et conseiller bien avant que nous nous retrouvions dans ce piège diplomatique."
Elle se tourna vers Markos.
" Je vous dois conseille, à tous, mais particulièrement à l'héritier.
Et je ne suis pas la seule à pouvoir en donner. Nous devons apprendre à travailler de concert, à exprimer nos doutes et nos idées, et surtout, à écouter ce que chacun a à dire, surtout quand ses compétences peuvent s'exprimer. Notre front est fragile, car il n'a pas encore été confronté à certaines réalités de ce monde, comme le soulignait Alexa.
Mais il a la force de cette jeunesse. Nous ne sommes pas ancrés sur des habitudes de toujours, qui peuvent s'avérer trop rigides face à certaines adversités.
Nous ne faisons que nous construire. Et nous ferons encore des erreurs en le faisant.
Mais si nous apprenons de ces erreurs, nous ne pouvons être que plus fort et surtout, plus préparés à ce qui nous attend.
Cette parodie de formation proposée par nos Hôte aura au moins eu cet intérêt."
Elle passa son regard sur chacun d'entre eux.
Un regard troublant, offrant beaucoup plus d'assurance et de maturité que le visage et le corps jeune et fragile de Célia.
L'emprunte du Bene Gesserit était clairement visible et avait transformé la toute jeune héritière de la maison Nismos, en une personnalité beaucoup plus forte et aboutie...
Précisions sur le Kanly
Petite info supplémentaire non mentionnée,
il faut la permission de l'Empereur pour déclencher un Kanly, (non, pas l'antilope), permission qu'il utilise bien sûr avec parcimonie....
Sinon il y a aussi la possibilité d'un Acte d'Accusation à porter devant le Haut Conseil, en général si la Maison viole la Grande Convention (traité de paix signé par tous les membres du Landsraad, empêchant les Maisons d'agir les unes contre les autres en dehors du code du Kanly), la sanction sera pécuniaire.
L'Empereur doit rester neutre, mais peut servir d'arbitre impartial si le Landsraad doit trancher les querelles. C'est alors à l'Empereur de déterminer la sentence et appliquer la justice, sous la supervision du Landsraad.
Epilogue
Pensées du comte Voskos
Journal personnel
Je dois être honnête…C'est probablement l'une des idées les plus stupides que je n'ai jamais eu. Dieu m'en soit témoin, j'ai eu mon lot d'idées stupides mais je ne peux m'empêcher de voir celle-ci comme une nécessité. Le besoin viscéral de confesser au sourd papier ma conscience souillée. J'ignore si j'espère encore une catharsis de cette action. Juste le besoin d'exprimer au moins une fois ce que je ressens me suffit. De ne pas répéter, entièrement, les erreurs de ma famille en matière de communication. Alors je laisserais en suspend la possibilité de confier aux flammes ce journal ou non.
Je crois…Que je ne sais plus quoi penser.
J'ai toujours désiré la vie d'un soldat. D'un maître d'armes. Au point d'accepter de vivre sur une lune loin de ma famille. D'accepter les privations. Les entraînements sans queue ni tête. Accepter l'inacceptable. Accepter le sacrifice de soi. Accepter son frère d'arme et de le protéger sachant qu'il veillera sur vous. Accepter chaque leçon avec humilité. Accepter chaque victoire. Accepter chaque défaite. Rien de tout ceci n'est facile.
Et Il est dur d'avouer que je suis loin d'égaler celui que j'espérais être un jour.
Mais il y avait une chose que je tenais pour acquise. Chaque victoire était suivi d'une joie féroce. L'instinct brutal de la domination sur son adversaire accompagné par l'adrénaline. Parfois même d'un hurlement guttural marquant un fait : Celui d'affirmer au monde notre statut de vainqueur. Quelque chose que beaucoup de gens résument à une simplicité abrutissante. Aveugle au renoncement que cela demande. A la souffrance des entraînements. Au sacrifice consentit.
Pourquoi te conter tout ça ?
De l'endroit où j'écris, je peux voir la cour où la tête de Korbus Zaan a roulé. Ainsi que celle de ces compagnons d'infortunes. J'ai vu beaucoup d'expressions différentes ce jour-là. De la joie contenue par la peur qu'inspire encore les harkonnens. Parfois de l'espoir. Chez certains, j'ai cru déceler l'impression que justice avait été rendue. D’autres, la possibilité que l'avenir c'était mis en marche et que beaucoup de choses allait désormais changer. J'ai également reconnue la haine attisée par le sang, appelant de leurs vœux la mort sur plus de harkonnens. Pour beaucoup j’ai vu l’incertitude et la peur.
Et moi ?
Ne serait-ce qu'en tant que soldat, j'aurais dû ressentir la victoire. Ne serait-ce que la mesure du travail titanesque accomplit par ma cour. Pour cela je n'ai que reconnaissance pour ceux qui ont traversés ces épreuves avec moi. Des hommes et des femmes exceptionnels qui sont allés bien au-delà de ce que le devoir et l'honneur leurs commandaient. Au point qu'il m'est difficile de concevoir une récompense adéquat. Je serais mort dans le meilleur des cas et esclave des harkonnens dans le pire.
Pourtant mon cœur est resté silencieux.
Mon esprit lui a déjà accepté le fait que rien n'était véritablement fini. Geidi prime reste une menace qui restera tranquille un moment avant de revenir sous une autre forme. Non. En fait je soupçonne le Baron d'avoir ri aux éclats avant de balayer ce revers d'un geste nonchalant. Il n'a qu'à s'empiffrer tranquillement tandis qu'il engrange les bénéfices de l'épice…Et il s'amusera à écraser la maison Voskos sous les demandes de la CHOM pour accroitre la production jusqu'au point de rupture. Prendra t'il les paris sur le fait que nous en viendront à adopter les méthodes harkonnens pour tenir la cadence ? Bien sûr. Il boira l’ironie avec la bénédiction de la guilde.
Ira-t-il jusqu’à, de temps en temps, nous mettre des bâtons dans les roues ? Juste histoire de pouvoir rire encore à nous voir tortiller au bout de la corde passée autour de notre cou. Gagner quelques semaines de plus sachant que le piège c'est déjà refermé sur nous. Car oui, j'y ai pensé. Retirer la maison d'Arrakis signerait notre arrêt de mort. Nous avons engagé bien trop d'argent, bien trop de matériel et d'hommes pour espérer pouvoir faire machine arrière. Comble de cette affaire, nous devons engranger suffisamment de bénéfice pour espérer survivre…dans le temps le plus court…et la méthode la plus efficace est celle de nos ennemis.
J'ai lu dans un livre que la guerre nous transformais tous. C’est la nature profonde de toute confrontation et qu'avec suffisamment de temps, elle transformait notre société également. Pourtant de manière puérile, je m'accroche à l'idée que je préférerais l'honneur et la mort plutôt que de m'abaisser à utiliser de telles méthodes. Si cela ne tenait qu'à moi, cela irait. Cependant j'entraînerais tous les membres de ma maison dans la mort. Cette idée m'empêché de trouver le sommeil hier et reviendra régulièrement me hanter.
Mais maintenant que j'écris…Je sais pourquoi mon cœur est resté silencieux. Mon regard a croisé celui de Korbus un moment. Une seconde perdue dans l'éternité où le cerveau prend conscience qu'il est mort. Un lien c'est formé…Le "EN" je crois…Une connexion karmique…J'y ai vu ma propre mort. Combien tout ceci était ridicule. Combien tout ceci n'avait aucun sens. J'aurais fait pareil si ma mère me l'avait demandé.
J'ai envie de hurler que rien n'a de sens. Ni la mort de ma mère, ni la mort de ces techniciens qui voulait tester le prototype, ni ce grand jeu de pouvoir qu'est l'échiquier de l'impérium…Ni même ce jeu pour l'épice. Je suis assis sur le plus grand trésor de l'univers connu et ça ne fait aucun sens. Pourquoi ces morts ? Pourquoi ces combats ?
En un sens, je suis prêt à accepter la place que Dieu me désignera. Si je dois extraire l'épice, je le ferais. Si je ne dois jamais connaître l'ardeur de la bataille, je resterais enfermé dans ce maudit palais. Je suis prêt à négocier avec la guilde d'isoler Arrakis afin que plus jamais une autre maison ne mette le pied ici et nous mettre à l'abri des machinations.
Je crois qu'au fond j'ai voulu être soldat afin de pouvoir servir plus grand que moi. Ma mère et au-delà une divinité sans défaut incapable de se tromper. Ne plus penser, ne plus réfléchir pour être qu'un outil au service d'une cause supérieur. J'ai même osé croire que moissonner pourrait être une vocation au profit de l'humanité toute entière. Permettre son développement. Mais je réalise dans le regard du mort combien je suis qu'un idiot. Toujours le même enfant ayant besoin de sa mère.
La paix ne sera jamais qu'une illusion. Elle ne fait aucun sens. Nous resterons toujours le jouet des machinations des grandes maisons, de l'empereur, de la guilde et du bene guesserit. Il n'y a aucune issue possible et alors que j'écris ces lignes, je me rend compte combien ma foi vacille. Je suis au carrefour des possibilités et je sais combien être un fanatique pourrait m'offrir une paix illusoire. Ma fierté m'interdit de me voiler la face et me demande d'accomplir mon devoir au nom de tous ceux qui compte sur le nom de Voskos. A tout prix.
Mon cœur lui reste silencieux.
Je me rend compte que je regarde la chaîne de montagne composant la barrière depuis un moment. Je revois la mer de nuage sur une autre montagne, sur une autre planète. Je me souviens de la douleur déchirante. Je me souviens de chaque larme versée. Je me souviens du sentiment de trahison. Je me souviens d'avoir été abandonné. Je me souviens que plus le temps passait plus l’espoir laissait la place au froid et à la noirceur de la nuit.
Mon cœur est silencieux.
Mais une larme vient de creuser ma joue à ce souvenir.
Parce que je me souviens. Je me souviens combien j'ai été fier de moi. Parce que j'ai pas abandonné. Parce que j'ai remplis ce stupide pari…Pas parce qu'on me l'a demandé. Parce que c'était important. Il n’y avait personne, j’aurais pu dire que je l’avais fait. J’aurais pu mentir. Mais j’ai escaladé le pic parce que c’était important pour moi. Parce que je ne pouvais pas abandonner.
Je sais pas comment te décrire ce que j’ai ressentis alors. C’était au-delà de la peur ou de l’espoir. Même si je devais mourir (et ça a bien faillit), je ne pouvais pas faire demi-tour. Mais c’était important. Tout comme c’était important de laisser l’oisillon dans son nid.
Je me suis brisé la cheville. J’ai pleuré toutes les larmes qu’il m’était possible de verser. Le déversoir de toutes les émotions d’un enfant certain qu’il mourrait seul sur une montagne entre le froid ou une blessure infectée. Pourtant ça reste le plus beau jour de ma vie. Quand j’ai fini de pleurer, je suis resté devant la mer de nuage qui m’ouvrait ces bras avec le soleil couchant. J’ai compris que ce que j’avais gagné ce soir-là : j’avais conquis ma peur.
Oui, mon cœur reste silencieux. Parce qu'il est stoïque et qu'il se souvient qu'il est important de vivre un jour après l'autre.
…J’ai finalement décidé. Je vais confier tout cela aux flammes et je chanterais une vieille chanson d'Aljiba dans la douceur de la nuit. Peut être demanderais je un jour à aller escalader seul un pic rocheux.