DRAGONS (D&D5) - Descensus - Médril Deliën

Soumis par Thomas le lun 07/11/2022 - 00:29

Médril DeliënLes deux Guetteurs de Mistad regardaient s’éloigner les deux hommes qu’ils venaient de « raccompagner » à quelques pâtés de maisons de la Librairie du Trident, le QG de l’organisation.
Dans le silence de la nuit, ils perçurent quelques instants encore, la discussion qu’initia le Mélessë :


- Mon ami, quelle est donc la raison de cet air si sombre ?
L’humain lança au Mélessë un regard assassin et empli de sourde colère, toute prête à éructer...
- Ne me dis pas que la situation te contrarie... Continua le Melessë et cette fois, c'est la surprise qui traversa le visage du guerrier, désarçonné par cette nouvelle intervention de son compagnon. Mais toujours pas de réponse.
- Vois là l'opportunité nouvelle qu'elle nous offre ! La vie est un gros coffre rempli de gemmes brillantes... Ou si tu préfères, un garde manger débordant de victuailles délectables... Ou encore, le corsage généreux d'une femme délicieuse... Bref, tu y plonges avec envie, ne sachant guère ce que tu vas en sortir. Et finalement, que vaut la tape sur la main face au plaisir de ce que tu peux y piocher ?
Tu dois apprendre à voir les choses avec moins de... Pessimisme. Non, vraiment, ça finira par te ronger le foie.
Et non, je persiste : mettre le feu à ces cuisines n'était pas une idée complètement... Comment as-tu dis ?
- Débile...
- Ah oui. Et bien non. Tu vois, sans feu pas d'incendie, sans incendie pas de drame narratif nous permettant de rencontrer cette fougueuse, ravissante, énigmatique, inspirée, déterminée...
- Arrête...
- Pardon. Mais comment rester de marbre face à cette personnalité hors du commun.
- Cette Azra est une entrepreneuse qui ne fait pas avec la Loi. Et à qui nous sommes désormais redevables de la valeur de nos vies. A cause de toi et de tes idées débiles.
- Grace à moi tu veux dire ! Mon corps peut être tout à elle ! Mon âme ne tardera pas à le rejoindre ! Et de plus, nous voilà les débiteurs d'une femme nous offrant ce que nous avons toujours souhaité...
- L'humiliation ?
...

Les deux individus tournèrent à l’angle d’une rue et la conversation finit par être inaudible.
Les deux Guetteurs, d’un signe de tête, s’accordèrent pour rentrer à la Librairie.
Au bout de quelques mètres silencieux, l’un d’eux finit par s’exprimer :


- Elle commencerait pas à être désespérée, la Patronne ?
- T’es malade de dire un truc pareil !
L’homme qui avait prononcé ces derniers mots, avait plaqué son interlocuteur indélicat contre l’angle d’une ruelle. Il regardait autour de lui comme s’il voulait s’assurer que « The Wheeler » en personne n’était pas à proximité. Il continua en chuchotant :
- Il te prend quoi là ?
L’autre sembla se rendre compte, lui aussi, de l’ampleur de ses paroles prononcées un peu trop nonchalamment et se ravisa, lui aussi à mi-voix :
- Je… Ce… Ce n’est pas ce que je voulais dire. C’est juste que, avec la disparition du groupe infiltré dans le manoir de Pelée, je comprends la nécessité de recruter. Mais t’as vu un peu le duo qu’on vient d’escorter ?
- Et bien quoi ?
- L’humain encore, il a l’air de connaître son affaire. Même s’il ne semble pas être très stable, il est pas trop causant et a au moins la qualité de la fermer quand s’est nécessaire.
Par contre, le demi-elfe…
- Oui, je te l’accorde, il est un peu… Particulier.
- Particulier ? Il est cinglé tu veux dire ! J’ai bien cru qu’Azra allait finir par le jeter par la fenêtre. Non mais franchement, c’est pas possible, on ne peut pas compter sur un type comme ça : à aucun moment il a paru toucher le sol. Il est pas de notre monde celui là. Il a du prendre un coup de masse sur la cafetière et ça lui a déplacé les cases.
L’autre fit une moue approbatrice, malgré lui :
- C’est certain qu’il ne semble pas être très fiable. On aurait dit qu’il se foutait de la situation, c’est vrai. Voir même d’Azra. Je ne sais pas comment elle a fait pour rester si calme.
- Tu veux mon avis, c’est un guignol. Recruter un combattant, même un peu asocial, ça va. Mais un saltimbanque déglingué, je ne comprends pas. Azra n’est pas du style à avoir besoin d’un Bouffon pour se détendre.
- Bah, y’a forcément un truc. Et puis, des fois, un nom, ça compte.
- Comment ça ?
- T’as pas tiqué ? Le Bouffon en question, ce Médril… Et bien son nom de famille c’est Deliën.
L’autre paru réfléchir un instant.
- Attends… Deliën ? Comme l’Elfe Fantur Deliën ?
- Il semblerait. Même si ça paraît étonnant.
- Ca prouverait juste deux choses…
- De quoi ?
- Que la nature est vraiment faite de surprise. Et que les mélanges ne sont pas toujours réussis…
- Mouais, t’as sans doute raison.

Médril s'appuya sur un arbre. Il souffla, puis lança pour lui même :
" Et bien, cet endroit va finir par avoir raison de nous. "
Il fit une grimace et passa une main sur son flanc douloureux. Tout en inspectant machinalement sa blessure, il regarda le groupe de ses nouveaux compagnons, qui n'étaient pas dans un meilleur état que lui.
Ils avaient tous besoin de faire une pause, malgré le temps qui pressait.

Le Melessë attrapa son Luth et commença à gratter les cordes.
Vicaro tourna alors un regard sombre vers Médril, qui lui sourit en retour :

" Souhaites tu que j'arrête ? Mon ami ? Les notes provenant de mon Luth te dérangent-elles ? "
Le jeune homme ne répondit pas et détourna la tête vers des considérations plus terre à terre.
Bien sur que non, qu'il ne souhaitait pas que Médril s'arrête de jouer, se disait ce dernier, comment résister à pareil plaisir, si doux, si léger... Quelques notes de douceurs dans ce monde de brutes. Les accords avaient quelque chose de reposant, revigorant et ils facilitaient le repos de ceux qui profitaient du talent du Barde.

Alors qu'il jouait, son esprit vagabonda. Comme s'il cherchait à trouver un refuge pour son âme, il pensa à des choses belles, réconfortantes et rapidement, ses pensées l'amenèrent à leur rencontre récente, en bord de route, avec cette famille Scorpiria.
Il se remémora leurs hôtes d'un soir et de la chaleur du feu, les courbes fines de Fiora, les facéties des 7 humains de petite taille, le plaisir d'un bon repas et naturellement, les chants et les musiques de cette famille.
La ligne mélodique qu'il jouait alors prit des tonalités et des rythmiques inspirées de ces instants. Les notes étaient ancrées dans son esprit et son coeur et il les entendait encore résonner avec le même plaisir et abandon.

Il rouvrit les yeux et vit alors Radford, son ami, qui venait de se rapprocher, tout en inspectant une méchante estafilade qu'il avait reçu sur le bras.
Médril plaqua instinctivement un accord qui tinta étrangement et chanta quelques mots dessus.
Le guerrier leva lentement la tête de son bras pour plonger un regard interrogateur dans celui de Médril. La blessure venait de disparaître :

" Qu'est ce qui vient de se passer là Médril ? "
" Je... Je ne suis pas sur... "
" C'est... Toi... qui a fait ça ? "
Le Barde afficha un sourire aussi étonné que fier :
" J'ai l'impression... "

Niveau 2 :

XP Totaux : 690 XP
Tirage du dé de vie : 5 (D8+1)
PV actuels  : 15
Eveil : 1 sort de niveau 1

Capacité acquises :
Touche à tout
Chant réparateur

Sorts acquis :
Niveau 1 - Mots de Guérison

Niveau 3 :

Race : Mélessë
Sexe : Masculin
Classe : Barde
Alignement : Neutre/Neutre

XP Totaux : 2120 XP
Dé de vie : 8 (D8+1)
PV actuels  : 24
Eveil : partiel - Sorts jusqu'au niveau 2

Choix de Collège :
Collège des Conteurs

Capacités acquises :
3 Nouvelles Compétences : Escamotage / Médecine / Perception
Deux expertises de compétence : Intuition / Histoire
Paroles Acerbes

Sorts acquis :
Niveau 1
Mot de guérison
Sommeil
Vague de Tonnerre
Compréhension des Langues
Identification

Niveau 2
Métal Brûlant

«  Au regard de mon âge, et de tout ce qu'il est advenu dans ma vie, c'est un vrai miracle que je sois encore ici pour vous parler.

Voyez vous, chère amie, je pense que ceci est du à un destin hors du commun. Je suis certainement voué à un avenir déterminé, où mon rôle sera central dans l'évolution, que dis-je, dans la résolution de quelques catastrophes qui pourraient emporter le monde dans le néant.

Ou, plus probablement, j'ai juste une chance de canaille.

Mais vous m'avez demandé qui j'étais, et je m'en vais de ce pas vous confier mon histoire...
Ou tout du moins, les grandes lignes, sans quoi nous risquons d'y passer la nuit. Et la suivante. Et encore celle d'après...
Bref.
La révélation de mon nom interviendra en temps voulu, car pour l’heure, il ne revêt d’intérêt qu’à la lueur de cette histoire, justement.
Je suis né dans les Îles Barbaresques, de la rencontre fortuite, mais qui s’avère de plus en plus fréquente, d’une femme, jeune humaine ouverte à l’expérience, et d’un Elfe, explorateur dans l’âme et marin de profession.
Venu en quête de découvertes et de trésors, ce dernier tomba sur la première, dans tous les sens du terme.

Quelques mois plus tard, le miracle de la vie se produisit. A savoir un petit Melessë, masculin de genre.
Oui, je suis d’accord avec vous, la vie offre parfois des merveilles à ce monde terne et brutal.
Mais je m’égare, les flagorneries ne feront pas avancer mon propos… Reprenons.

C’est là que je devrais vous informer de l’évidence : le paternel, délesté de sa ferveur et appelé par le grand large, s’en allant à l’aventure, abandonnant femme et enfant à une vie de misère et de rancœur…
Mais point du tout.
L’Elfe fut un père exemplaire. Il resta auprès de son fils, s’assurant de sa survie et de son éducation.
Il fut aimant et généreux dans son apprentissage.
On ne peut dire de même de la mère. Car étrangement, c’est elle qui décida de prendre le large.
Quelques mois après la naissance du chérubin, la voilà en effet envolée, disparue, non sans partir avec une grosse partie des possessions de l’Elfe, et notamment son attribut le plus cher… Non pas celui là, vous êtes mutine… Non, je parlais de son instrument de musique, une belle flûte elfique au pouvoir caché, dit-on.
Oui, ce n’est pas très correct, je vous l’accorde.

Mais nous reviendrons sur le sujet plus tard, si vous le permettez.
Pour le moment, parlons de cet individu naissant, de ce jeune garçon qui n’est autre que celui qui est devant vous, vous l’aurez compris.
Car c’est là que la série de drames et d’expériences violentes commença.
Le petit port où le garçon était installé avec son père, fut l’objet d’une attaque de pirates.
Les faits restent flous, bien évidemment, tant il était encore jeune à l’époque. Soulignons juste les images marquantes pour son âge, de ce qu’il advint de la pauvre nourrice qui s’occupait de lui alors. Je vous épargne les détails sordides, cette histoire relatant certes une vie compliquée, mais n’a pas vocation à virer dans l’horrible et le dégoût.

Cependant, pour une raison peu commune, il se trouve que la personne du garçonnet et celle de son père étaient suffisamment intéressantes pour ne pas être passées par le fil de l’épée.
Au lieu de cela, ils eurent la chance d’être admis au titre de futurs esclaves et donc sources de profit notoire.
Et les voilà donc partis en mer, en direction d’un marché aux bestiaux humanoïdes dans une quelconque ville où la pratique était courante.

Ils n’arrivèrent jamais à destination.

Le ciel sembla en décider autrement et une tempête sans commune mesure amena le bateau dans une position peu pratique à la navigation, à s’avoir la coque au dessus, les voiles en dessous.
Tout l’équipage, et la cargaison, périrent noyés.
Sauf bien entendu, le sujet central de notre histoire, sinon, il ne serait pas là à vous la conter en ce moment.
Ainsi que son père.
Oui, je vous vois déçue à l’idée. Il aurait été plus dramatique que l’Elfe meurt aussi.
Et bien je vous déçois encore un peu plus, et même fait une exception dans ma pratique habituelle du suspens en vous annonçant, dès à présent, que l’Elfe est toujours de ce monde à l’heure où je vous parle et vit une retraite paisible dans la Cité Franche.
Mais revenons à nos noyés, si vous le voulez bien.

Le père et le fils échouèrent sur les côtes d’Akoalt. Comment ? Je n’en sais rien, mais comme je vous le disais au démarrage, le petit a soit un destin insondable, soit une veine sans commune mesure. Et vous verrez que cela va continuer.

Les deux furent retrouvés et soignés par un couple et son enfant.
Arrêtons nous sur eux car ils furent importants.
Akoalt est une terre de dangers et d’inconnus et même si les gens qui y mettent pied viennent souvent pour leur propre fortune, il est nécessaire de se serrer les coudes, entre explorateurs.
Les deux familles tissèrent des liens forts et notamment leurs enfants.
Le jeune garçon, que nous appèleront Médril, afin de simplifier la narration, se lia d’une forte amitié avec Radford, l’un des enfants de leurs « sauveurs ».

S’en suivit quelques années de répit dans cette vie chahutée.
Les enfants grandirent aux portes d’un monde de découvertes et d’exploits.
Ils passaient leurs journées et leur soirées à écouter les récits de ceux qui séjournaient en ville, contes à dormir debout ou à vivre allongé, teintés de créatures inquiétantes, de territoires vierges, de ruines maudites et de trésors cachés.

Au sortir de l’enfance, s’étaient donc deux être pétris de ces merveilles, qui s’apprêtaient à parcourir les terres sauvages du continent.
L’un pour l’aventure et l’exploit physique.
L’autre, Médril, pour la légende.
En effet, le gamin fut tout particulièrement marqué par les récits de ceux qui parcouraient ces terres.
Et l’envie de les raconter et même de les compléter, fut confortée par la rencontre d’un vieux Barde Dracéide.
Cet être, qui portait le nom de Rako Lintarg, faisait parti d’un petit groupe d’aventuriers qui avaient pour vocation dans la vie, de vider des lieux que le passé s’était évertué à remplir.
Le Barde était d’ailleurs spécialisé dans un type de contes particulier, les Rhapsodies du Trésor, qui résonnaient tout particulièrement bien aux oreilles de Médril.

Les deux amis demandèrent alors à faire leur apprentissage auprès de ce petit groupe.
Ce qui tourna bien entendu au désastre.
Lors d’une expédition dans un vieux temple au milieu de la jungle, le groupe creusa trop profond, sans doute, et réveilla la colère d’habitants locaux qui n’étaient pas du matin.
L’altercation vira à l’escarmouche, l’escarmouche à la bataille et la bataille, au carnage.
Là encore, en dépit des règles implacables du Dieu de la Mort, le Melessë survécut, ainsi que son compagnon et ami, avec qui il prit la tangente.
Ils fuirent ainsi dans la forêt, laissant les corps de leurs anciens compagnons, délestés, il est vrai, de quelque matériel nécessaire à leur avenir d’explorateurs.
Dont le Luth du Barde, qui n’en avait plus vraiment besoin. Faute de vie.
Médril fut donc ainsi promu au rang de Barde de l’Ecole de la Rhapsodie du Trésor, à titre posthume.
Enfin, au titre posthume de Rako Lintarg… Paix à son âme.

Je vous épargne le récit des années qui suivirent ces faits.
Sachez néanmoins qu’elles furent parsemées d’événements du même genre, ayant des conséquences assez proches sur l’environnement et l’entourage du jeune homme.
A ce propos, son ami Radford faillit un instant s’écarter de la voie que Médril empruntait. Une voie un peu trop semée d’embûches et de cadavres.
Jusqu’à comprendre, finalement, que même si la vie aux côtés de son ami était loin d’être simple, jusqu’à présent, elle avait le bon goût de continuer.
Le jeune guerrier se dit que si Médril avait tendance à attirer le pire, il avait aussi tendance à s’en sortir de façon plutôt profitable.

Nous voici donc arrivés au terme de notre histoire et donc à la réponse à votre question initiale.
En attendant, vous aurez sans doute compris certaines choses.
Notamment, pourquoi le bâtiment dans lequel nous nous trouvons actuellement, qui semblait avoir résisté au temps et à l’histoire, s’était soudain mis en tête de s’écrouler subitement.
C’est une tournure rhétorique, bien entendu, les bâtiments n’ayant pas de tête.
Vous aurez peut être aussi une petite piste sur la réponse à votre question, à savoir mon identité.
Mais je suis magnanime et je mets fin au supplice du suspens.
Mon nom est Médril Deliën.
Vous ne semblez pas réagir à cela ?
- Elle ne réagit pas à cela parce qu’elle est morte Médril…
- Ah, je vous présente Radford, mon fidèle ami et partenaire, rabat-joie de son état.  Je sais bien qu’elle est morte, mais il fallait bien que je réponde à sa question.
- Je pense qu’elle aurait apprécié que tu lui annonce avant son dernier souffle. Qui semble être arrivé il y a un moment déjà, d’ailleurs.
- Oui, sans doute, mais cela aurait eut moins de superbe.
- Je ne pense pas qu’elle soit désormais très sensible au concept de « Superbe ».
- Certaines personnes sont hermétiques à l’art. Quel dommage que cet incident soit survenu avant d’avoir obtenu quelques réponses.
- C’est la vie. Enfin, la mort plutôt. Aller, on file mon ami, avant que le reste de cette ruine te fasse taire à jamais. Ce qui serait une bonne chose, d’une certaine manière.
- Ah-Ah… Bien, nous voilà donc contraints de partir et de vous laisser ainsi. Merci d’avoir été si attentive à mon histoire. Je me permets d’emporter ceci. Je connais quelqu’un qui sera peut être ravi de la revoir. Au revoir, mère… »

Médril était sorti de l'Auberge "la Halte de Merryl" afin de répondre à quelques obligations naturelles très récurrentes dans ce genre d'établissement.
La nuit était fraiche. Non, en fait il faisait froid à enrhumer un Dragon.
Ce qui rendait la contrainte de cette obligation, des plus désagréables.
Mais le Melessë en avait vu d'autres et puis, ses pensées étaient ailleurs.
Il était inquiet, ce qui était assez inhabituel pour lui. Inquiet pour ce petit groupe constitué depuis peu mais auquel il avait fini par s'habituer.
A moins que ce ne soient les autres qui finissaient par s'habituer à lui... Bref.

"Le petit" était sur la mauvaise pente. Sa soif de vengeance finirait par l'emporter, et les autres avec s'ils avaient la mauvaise idée d'être présents à proximité le jour où cela arriverait.
Médril comptait ne pas en être, mais c'était chose plus facile qu'à faire. Et puis il s'attachait... Ce n'était pas bon de s'attacher...

Quand au Moine Drakéïde, sa torpeur et son état de santé était désarçonnants.
Le Barde connaissait le caractère "distant" de ces spécimens, mais il y avait quelque chose de bien plus grave derrière tout ça.
Il devait les garder à l'oeil, pour son bien, et aussi pour celui de Radford, qui allait sinon encore finir cloué à un arbre sans se rendre compte de rien.
Quand à Targ, il ne fallait pas compter sur lui pour tenir le chevet. Le Merossi était sympathique, mais plus efficace à allonger les rencontres qu'à les tenir debout.

Il souffla. Une buée blanche se forma alors devant lui, couvrant en partie le paysage de montagnes couvertes des neiges de ce début d'hiver.
C'est alors, dans cette brume fugitive, qu'il la vit.
La silhouette d'une jeune femme d'une grande beauté, au teint de porcelaine et au regard aussi clair que mystérieux.

" Mon Médril, cela fait trop longtemps que tu n'es en compagnie que de ces messieurs. La douce gente commence à te manquer... " Se dit-il à voix haute, mais malgré tout à lui même.
Il secoua sa tête et ferma les yeux comme pour chasser cette vision qu'il préférait ne pas envisager. Car mis à part une naine mariée et une rôdeuse revêche, les environs ne lui permettraient pas de répondre aux envies ainsi provoquées.

Mais ce fut pire, car en fermant les yeux, le portrait de cette jeune femme se fit plus précis encore. Elle était immobile, comme s'il s'agissait en fait d'un dessin.
Ce qui mit la puce à l'oreille de notre Barde, qui n'était pas de ceux qui imaginent les demoiselles sans mouvement.
Par contre, l'image de cette beauté étrange était accompagnée de paroles prononcées par une voix douce et chantante : "... Nous devons retrouver la fille de Pythor...".
La vision se troubla alors, ou plus précisément, se superposa à celle d'une autre créature féminine. Plus exotique cette fois, de part son teint vermillon, les deux soleils d'été qui lui servaient de regard et ses cornes délicatement courbées. Nous en resterons là d'ailleurs pour l'étude des courbes, car la Tieflin sembla soudain percevoir une présence.
Ce pouvait-il ?
En même temps que tout ceci, c'était comme s'il percevait les pensées et les inquiétudes de cette créature... Qu'il semblait connaître d'ailleurs.
Où avait-il bien pu la croiser ?
Radford aurait sans doute profiter de l'occasion pour rappeler à Médril son manque de concentration. Mais il avait tord, s'il y avait un sujet où le Melessë faisait preuve d'abnégation et de sérieux, c'était bien celui de ces dames !
Dhimi ! S'écria-t-il intérieurement. Ce qui sembla faire réagir la propriétaire du petit nom, qu'il avait aperçu très brièvement chez les Guetteurs avant l'attaque de ce Manoir, il y a de cela de nombreuses semaines maintenant.
Ce qui voulait dire que...
Il devait profiter de ce contact, venu dans des conditions qu'il ne s'expliquait pas, pour envoyer un message. Si le groupe de Dhimi était toujours... Quelque part... Il fallait qu'il sache que d'autres étaient toujours inquiets de leur statut.
Fort heureusement pour eux, cette Barde Tieflin était tombée sur la bonne personne.
Médril s'empara alors de son fidèle Luth qui pendait dans son dos et entama une mélopée mélancolique.
Ses paroles se marièrent aux notes, emportant au loin, dans l'espace et dans le temps, ce message à caractère vital et pertinent :

Bonjour, je suis un Barde efficace et je cherche à joindre votre groupe. Pour être précis, il me faut à tout prix rencontrer la fille de Pythor... C'est pour une affaire... Importante... Vitale même... Je vous assure... L'avenir de cette terre est en jeu... Je sais que vous avez déjà une Barde très compétente, mais je me ferai tout petit. Sans doute que vous ne me verrez même que rarement... Et puis, je serai ravis de m'entretenir avec votre Barde justement... C'est une affaire importante aussi... Hum... Voilà, je vous laisse ma carte, oui c'est bien ça Médril... Médril Delien... Vous pouvez laissez un message à Azra, elle transmettra...

L'image s'estompa alors sur ses derniers mots. Juste le temps de les prononcer.
Médril conclut pour lui même avec tout l'engagement du monde que son intervention ne serait pas sans conséquence.
Mais alors qu'il "revenait" au réel, une silhouette attira son attention au coin de son oeil.
Une Tieflin !
Il tourna son regard vers l'endroit mais ne vit plus rien. Pourtant il avait senti la présence de cette jeune femme...
Ce dont il était sur, c'est que cette Tieflin n'avait rien à voir avec Dhimi...
Car oui, à nouveau, il y a des sujet où Médril sait faire preuve d'abnégation, de sérieux et de concentration...