Les Héritiers - Un mois pour s'immerger

Soumis par Thomas le dim 30/01/2022 - 12:30

Chers Héritiers, dans un mois, vous découvrirez la Belle Epoque.
Un environnement qui nous est à la fois connu et méconnu.
Je vais vous proposer ici quelques focus sur l'histoire, la société et la vie à cette époque.
Je ne rentrerai pas dans les généralités, mais sur certains points de précision qui vous permettront de mieux maîtriser le contexte et les possibles qui s'offriront à vos personnages.

Si vous souhaitez développer, je vous invite à vous replonger dans vos livres d'histoire.
Ils ne devraient vous révéler aucun secret :)

J'en profiterai aussi pour évoquer brièvement ce que cette Histoire "Officielle" ne révèle pas.
A savoir, le point de vue des Fées, sur certains de ces focus.
Les Gardiens du Silence s'étant assuré que l'école de Jules Ferry finisse par faire oublier aux enfants ce qu'ils voient et savent : les Fées sont parmi nous !

La Troisième République
En 1900, la France est une démocratie, mais les femmes n’ont pas encore le droit de vote. La Troisième République a été instaurée en 1871 au lendemain de la Guerre de 1870 et des événements de la Commune.
Cette mise en place a été longue et difficile, d’autant qu’au départ la République de Mac Mahon était censée n’être qu’une transition vers une restauration monarchique. Petit à petit, les Français se sont faits à l’idée d’un gouvernement démocratique et, malgré les soubresauts conservateurs et les tentatives de prise de pouvoir comme celle du Général Boulanger en 1889, la République a tenu bon.
À la fin des années 1890, elle est plus enracinée que jamais et les différentes tendances cohabitent sans trop de heurts jusqu’à l’Affaire Dreyfus.

L’affaire Dreyfus
L’apaisement de la vie politique entre 1894 et 1898 n’a été qu’apparent. Les passions religieuses et politiques étaient en sommeil ; l’Affaire Dreyfus les réveille et modifie l’équilibre des partis. Elle est la suite d’une violente campagne antisémite menée par le journaliste Édouard Drumont. En 1894, le capitaine israélite Alfred Dreyfus est condamné à la déportation à vie pour avoir prétendument livré des documents secrets français à l’Empire allemand.
Avec le contexte propice à l’antisémitisme et la haine de l’Empire allemand après l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine, les passions se déchaînent.
Le colonel Picquart pense assez tôt que la trahison viendrait plutôt d’un autre officier, Esterhazy, mais personne ne peut obtenir la révision du procès.
L’affaire rebondit en 1898 avec la publication de la lettre ouverte du romancier Émile Zola au
président de la République, intitulée « J’accuse ».
Zola y dénonce la partialité des juges militaires, l’erreur judiciaire et les machinations dirigées contre la révision du procès. « L’Affaire » porte la division partout dans le pays : les groupes politiques, les relations sociales et même les familles étaient scindées entre dreyfusards et anti-dreyfusards. Les dreyfusards sont pour la plupart des intellectuels et des révolutionnaires antimilitaristes, tandis que les anti-dreyfusards se comptent parmi les officiers de l’armée, le clergé, les royalistes et les nationalistes, notamment les anciens partisans du Général Boulanger. Les uns combattent pour « la Justice et la Vérité » et les autres pour « la Patrie et l’Honneur de l’Armée ». Des incidents de toute sorte se multiplient : polémiques de presse, duels, débats au Parlement, manifestations et batailles de rue. En 1898, un officier reconnaît avoir commis un faux pour démontrer la culpabilité de Dreyfus.
Cependant les passions continuent à se déchaîner et continueront après 1900, jusqu’en 1906 où l’innocence de Dreyfus est proclamée.

Qui dirige la France ?

 

Du Côté des Fées...
Les fées se tiennent souvent à l’écart du pouvoir politique humain. Néanmoins, on trouve un certain nombre d’entre elles parmi les fonctionnaires, comme les protys et les vampyrs qui investissent les administrations de l’État et les ministères. Ces fées réussissent des carrières parfois importantes.
Il est aussi de notoriété féerique, que quelques prévôts, fonctionnaires spéciaux au service des suzerains féeriques, veulent s’assurer que la sécurité de ceux-ci n’est pas menacée. Ces prévôts mènent ainsi une double carrière administrative : au service de la Monarchie et au service de l’État français (en apparence…).
Il est même raconté, dans certains cercles, qu’ils sont spécialistes des détournements de fonds publics discrets.
À Paris, les prévôts en réfèrent au bailli Alexis de Montsacré, lui-même au service du Duc de France : Caléïs Frédon.

Concernant l’affaire Dreyfus, les fées gardent leurs distances. Pour certaines, l’antisémitisme
diffère peu de la discrimination qui touche les fées. Elfes et vampyrs ont tendance à dominer
la société féérique, aristocratique et inégalitaire, et à favoriser leur espèce aux dépens des autres.
Cependant, le grand nombre d’espèces féeriques a depuis longtemps installé parmi elles une
tolérance obligatoire (les fées ont besoin des talents des autres) et une solidarité forte due à la
Loi du Silence. Une fée talentueuse finit souvent par être anoblie, quelle que soit son espèce, et le plus titré des elfes protégera un gremelin paria face à des humains hostiles.
D’un autre côté, les fées les plus misanthropes se réjouissent que les humains se déchirent…

Note de votre Docte :
Dans ces écrits, certaines évocations du monde féerique vous paraîtront obscurs voire incompréhensibles.
Tout viendra en temps voulu. L’objectif est d’habituer vos oreilles et vos esprits à ce mélange de monde humain et monde féerique, si spécifique au jeu les Héritiers.
Il se peut par ailleurs que votre futur personnage soit une fée tout juste révélée, et donc non au fait des turpitudes de ce « nouvel environnement » qui s’ouvre à lui.
A l’inverse, votre personnage pourra être une fée bien intégrée à ces intrigues et connaîtra un peu plus de détails tout ceci… Tout vient à point à qui sait attendre.

Le tournant du siècle connaît un tourbillon d’idées et d’innovations tout à fait exceptionnel. L’homme moderne, en quelques années, voyage dans les airs : après les planeurs des dernières décennies, Clément Ader est le premier homme à effectuer un vol avec un engin motorisé en 1897. Ce moyen de locomotion reste encore mal maîtrisé au tout début du siècle.
L’homme s’enfonce également sous les eaux : la France est en 1900 la première puissance
marine à avoir une véritable force sous-marine.
Du côté de l’automobile, en janvier 1891, Panhard et Levassor font déjà rouler dans les rues de Paris des modèles équipés du moteur Benz. Ce sont les premières voitures à moteur à explosion commercialisées.

L’électricité se répand dans les habitations et remplace peu à peu dans les rues l’éclairage au gaz.

La médecine vient enfin à bout de certains microbes et la psychanalyse naissante découvre l’inconscient : il n’est plus aucun territoire que l’homme ne peut explorer.
Chaque discipline prétend se libérer de l’histoire pour s’engager sur une voie nouvelle : en physique, la nature commence à échapper aux modèles newtoniens classiques, la lumière apparaît à la fois comme onde et particule. En mathématiques, les certitudes s’effondrent avec la découverte des nombres transfinis : Cantor prouve l’existence d’une infinité d’infinis de tailles différentes.

Du Côté des Fées :
Beaucoup de fées s’enthousiasment pour les progrès des sciences et de la médecine, notamment les communautés comme les Technologues ou les Métaphysiciens.
Sans surprise, on trouve dans ces milieux des gnomes et des fouinards, ainsi que des golems dès qu’il y a des médecins.
La toute nouvelle psychanalyse est une aubaine pour certains léporides, qui peuvent mettre leur connaissance de la sexualité au service de la guérison, et aussi pour les fleurs de métal et leur pouvoir d’Hypnose.
Les découvertes en matière de Science pourraient trouver l’origine de la sensibilité des Fées à l’Argent et peut être même, un remède.

Tous comme les sciences, les Arts sont en pleine révolution en cette fin du 19ème siècle.
Et La France joue un rôle privilégié dans ce bouillonnement.
Sur le plan artistique, elle attire des peintres et des poètes du monde entier. Si Londres est la
capitale financière de la planète et Berlin la capitale scientifique, Paris est celle qui fait éclore les idées nouvelles. Elle est le berceau de nouveaux styles artistiques aussi différents que l’Art nouveau ou le cubisme, de nouvelles formes de musique, avec Debussy par exemple, ou de littérature, avec Proust et Gide.

Deux inventions majeures révolutionnent les loisirs : le gramophone, inventé par l’allemand
Émile Berliner dans les années 1880, et le cinématographe, inventé par Edison mais perfectionné par les Frères Lumière, dont la première diffusion en 1895 au Grand Café, sur le Boulevard des Capucines, fait sensation. Les projections ont d’abord lieu dans des baraques foraines, où des bateleurs incitent les gens à entrer, ou dans des arrière-salles de cafés avec des installations de fortune, ce qui est très dangereux car les films brûlent facilement, comme le montre l’incendie du Bazar de la Charité en 1897. On n’y projette encore que de courts documentaires, souvent fournis par les « opérateurs Lumière », des preneurs de vues envoyés aux quatre coins du monde par les Frères Lumière pour rapporter des images exotiques.

Du Côté des Fées :
Beaucoup de fées, particulièrement sensibles aux belles choses, se tournent vers l'Art, pour en produire ou le soutenir, sous forme de mécénat ou de commerce.
Les nouveaux arts naissants, comme la Photographie et le Cinéma, attirent bien évidemment les Fées modernes comme les Fées Electricité, les Fouinards ou les Gremlins.

(Note du Docte : les personnages seront tous de Paris - ou des proches environs - d’origine ou fraîchement arrivés. Les éléments spécifiques au mode de vie seront donc décrits sous cet angle parisien, même si certains de ces aspects peuvent s’appliquer à toute la France).

La ville de Paris est enfermée dans un mur d’enceinte parsemé de cent quatre-vingt-seize forts et achevé en 1885 : l’enceinte précédente s’était révélée inefficace pendant la guerre de 1870.
Les travaux d’Haussmann ont aggravé la disparité entre quartiers riches et quartiers pauvres. Les classes privilégiées se sont installées à l’ouest : Auteuil-Passy, la plaine Monceau, les Champs-Élysées, le Faubourg Saint-Honoré ou encore le Faubourg Saint-Germain.
Elles ont abandonné le centre et la presque totalité de l’est de la ville aux classes laborieuses-dangereuses.
Mais la situation reste fluctuante et les espaces se chevauchent, comme lorsque l’on fait construire
des « dépendances » sur les beaux immeubles : des constructions médiocres et provisoires destinées à loger des ouvriers.

Les beaux quartiers
L’effort de modernisation de Paris par Haussmann, dont les travaux se sont étalés de 1853 à 1870, s’est concentré sur les beaux quartiers et donc l’Ouest parisien : 2e, 6e, 7e, 8e et 16e arrondissements notamment.
Ce sont surtout ces quartiers que les visiteurs de la capitale arpentent : la richesse des monuments de toutes époques, les immeubles modernes, la perspective des Champs-Élysées, les abords du Champs de Mars, les  à constructions récentes comme le pont Alexandre III, la place de la Concorde et la perspective de la rue Royale, sans parler de la tour Eiffel, construite pour l’Exposition Universelle de 1889…
Les guides touristiques n’en finissent pas de décrire les merveilles de la capitale devenue Ville lumière grâce à la Fée électricité. Les lampadaires au gaz sont peu à peu remplacés par des lampadaires électriques et les enseignes lumineuses se multiplient.
L’immeuble haussmannien est une copie de l’habitat aristocratique ou le bourgeois étale son luxe. L’opposition entre la belle façade et la cour, entre le grand escalier et l’escalier de service, entre les familles bourgeoises et leur domesticité, est très importante. L’architecture haussmannienne manifeste clairement cette opposition avec la belle façade en pierre de taille et les murs de cours élevés en briques.
Les façades imaginées par Haussmann sont cependant des plus monotones et la grande bourgeoisie de la fin du siècle s’émancipe depuis quelques temps de ces principes.
Au tournant du siècle, on rajoute un ou plusieurs étages, des rotondes d’angles, des bow-windows à la mode anglaise ; les murs ondulent, se couvrent de reliefs végétaux d’inspiration Art nouveau, et des sculptures semblent émerger de la pierre comme si elles sortaient de l’eau.
Les immeubles deviennent en outre de plus en plus vastes et majestueux.

Toutes les familles bourgeoises, même les plus modestes, ont des serviteurs ou au moins une bonne.
La domesticité vit dans de petites chambres lugubres sous les toits alors que les maîtres vivent dans les étages nobles, surtout les 1er et 2e. Les rapports entre les maîtres et les serviteurs sont complexes : opposés, les deux groupes vivent cependant en perpétuel contact, sans le moindre secret l’un pour l’autre.
Les domestiques épousent les préjugés de leurs maîtres, à tel point que, au moment de l’affaire Dreyfus, les plus enragés antidreyfusards ne sont pas tant les militaires ou les aristocrates que leurs valets, les plus passionnés lecteurs de « La libre parole ».

Du Côté des Fées :
Les beaux quartiers sont principalement occupés par des fées de la haute noblesse, tels des elfes, des phénix ou des vampyrs, des fées qui aiment le confort moderne, comme les bastets, ou encore des fées nées des nouveaux équipements, par exemple des fées électricité.
L’avenue de l’Opéra (1er-2e arr.) est l’une des rues les plus anciennement éclairées de la capitale.
Les fées électricité aiment fréquenter deux lieux en particulier : l’Opéra et la Comédie-Française.

Les quartiers populaires
Les quartiers populaires ont un noyau central composé des 3e, 4e et 11e arrondissements, flanqués par les réservoirs de main d’oeuvre de Montmartre, Belleville et Ménilmontant (18e et 20e arrondissements) qui se déversent chaque matin sur le Paris central.
On peut y ajouter le quartier Mouffetard, sordide îlot de pauvreté et de saleté au coeur du 5e arrondissement.
Ces quartiers ont été très peu touchés par les travaux d’Haussmann. On y a cependant percé quelques grandes artères bordées d’une simple ligne d’immeubles neufs cachant bien mal le nombre considérable de logements vétustes et insalubres qui y subsistent.
Les habitants de ces immeubles dégradés forment la vaste main d’oeuvre, peu qualifiée mais fort compétente, qui assurait les milliers de petites tâches nécessaires à la vie d’une capitale :
les chiffonniers, les récupérateurs, et les petits artisans qui trouvent « des millions dans la boîte aux ordures ». Mendiants édentés, filles de joie, maquereaux, tire-laine cohabitent avec ces travailleurs dans une atmosphère populaire qui tranche avec celle des grands boulevards.
Le centre-est, autour de la place de la Bastille et du faubourg Saint-Antoine, est dans une position intermédiaire par rapport à ces quartiers défavorisés et par rapport à l’Ouest parisien. Il est peuplé d’employés, d’artisans ou de commerçants qui forment plutôt un troisième groupe.
La Rive gauche est, elle, progressivement mise en sommeil, tant les grands travaux et le coeur de l’activité se déplacent vers le nord-ouest.

Du Côté des Fées :
Beaucoup de Monarchomaques considèrent que c’est le peuple qui mènera la révolution. Ils vivent donc de préférence dans les quartiers populaires : Montmartre, Belleville, Ménilmontant ou la zone autour de la muraille Thiers. Dans leurs rangs, des orcs, parmi lesquels on trouve quelques bons harangueurs, mènent les hommes et s’occupent de rassembler des armes. Certains anges viennent en aide aux défavorisés, tout
comme des sylves et golems qui apparaissent comme des bienfaiteurs dans leur quartier.
Quant aux smogs, ils sont attirés par ces zones pour une raison bien différente : les déchets et la pollution y sont très présents, c’est donc pour eux un habitat privilégié !

La banlieue
Au-delà de l’enceinte de la capitale s’étend la banlieue.
Si ces faubourgs s’industrialisent rapidement et de manière anarchique, il ne faut pas oublier qu’ils restent principalement ruraux jusqu’à la veille de la Grande Guerre. La campagne est aux portes de Paris.
L’histoire et les reliefs autour de la capitale ont déterminé deux types de paysages.
Le premier est composé de grandes plaines exploitées depuis le Moyen Âge avec des champs de betterave à sucre, de blé et d’avoine.
Ces champs sont la propriété d’aristocrates ou de grands bourgeois vivant à Paris et ne venant quasiment jamais les visiter.
Les exploitations sont aux mains de grands fermiers, ou gentlemen-farmers, instruits et au fait des méthodes modernes de production. Ils emploient des ouvriers agricoles venus pour beaucoup de Belgique et du nord de la France, qui passent pour des brutes solides mais avinées et incapables de réflexion.
Ces « brutes » savent pourtant s’organiser pour créer des syndicats et obtenir des augmentations de salaire lors de grèves efficaces.
L’autre type de paysage est composé de vergers de coteaux, sur les flancs des vallées.
Cette production de fruits et légumes de qualité est entièrement tournée vers Paris : on peut y acheter des pêches de Montreuil, des asperges d’Argenteuil ou des petits pois de Clamart. Ces petits producteurs se regroupent dans des petits bourgs, qui manquent de commerces et de services sophistiqués à cause de la trop grande proximité de Paris.
Depuis le début du XIXe siècle, la capitale étend tout autour d’elle des chemins de fer. Elle se débarrasse peu à peu de lieux fonctionnels occupant trop d’espace : entrepôts, dépôts, prisons, gares de triage, réservoirs d’eau et ouvrages militaires.
Les communes alentour sont progressivement envahies par ces équipements lourds et polluants, mais indispensables à une grande ville.
Ainsi, de nombreuses industries quittent Paris et s’installent en périphérie. La banlieue sud reçoit des industries chimiques provenant du quartier du Marais. La banlieue nord, reliée par des canaux et des chemins de fer aux régions industrielles du nord et de l’est de la France, développe une industrie lourde. Ces usines fabriquent des objets nouveaux : automobiles, aérostats, avions, moteurs électriques, et tous les produits liés à ces nouvelles machines, c’est-à-dire le pétrole, les huiles, les pneus et d’autres dérivés du caoutchouc.
Le vieux rêve du Second Empire – chasser les industries et les ouvriers de Paris – est en passe de se réaliser sous la pression des forces économiques.
Ce faisant, la capitale est en train de se doter d’une « ceinture rouge ». Un tel développement aboutit à la naissance d’un paysage urbain nouveau : un enchevêtrement chaotique d’usines, d’habitations hétéroclites et de terrains vagues avec une pollution atmosphérique omniprésente.

Du Côté des Fées :
Les fées les plus liées aux éléments naturels (elfes, sylves, léporides, loups-garous, etc.) élisent souvent domicile en banlieue pour y bénéficier d’un jardin en toute tranquillité. Des farfadets y font pousser des vignes et ce qui leur est nécessaire pour produire de la liqueur de berthaniel ; certains gnomes y trouvent des grottes où s’installer. Mais on y rencontre aussi des Monarchomaques, qui recrutent parmi les ouvriers pour faire la révolution et apprennent les techniques des meneurs de grèves dans les usines et exploitations agricoles. On y trouve également quelques druides qui cultivent ou récoltent les plantes nécessaires à leurs philtres.
Les smogs, eux, préfèrent se rapprocher des manufactures. C’est là aussi qu’on risque de croiser des Technologues, qui aiment bien placer leur laboratoire à la campagne et gèrent aussi quelques manufactures.

Rythmes de vie
Les rythmes de vie des Parisiennes et des Parisiens de la Belle Époque sont assez intenses. Peu importe que l’on appartienne à l’aristocratie, à la grande ou petite bourgeoisie ou aux classes populaires, l’ennemi, c’est la paresse. On dort peu, moins de sept heures par nuit, même si les horaires ne sont pas les mêmes pour tous. Ainsi, un domestique au service d’une grande famille voit sa journée de travail commencer à 6h30 pour s’achever à 22h alors que la maîtresse de maison se lève vers 9h du matin pour se coucher exténuée par ses activités mondaines vers 2h du matin.
Pour les gens du peuple, la journée de travail est la plupart du temps d’une dizaine d’heures dans les usines, les administrations et les grands magasins, mais pour les aiguilleurs des chemins de fer, les ouvriers des ateliers – les plus nombreux – ou les petits commerçants, elle est de quinze à seize heures.
Il faut attendre 1904, pour que la durée légale du travail est fixée à dix heures par jour et 1906 pour voir imposé le repos hebdomadaire du dimanche.
Pour les classes populaires, le travail est dur, le corps est un instrument qui n’est respecté ni par le travailleur, qui doit à tout prix gagner sa vie, ni par l’employeur, qui rejette les corps usés, estropiés, malades ou trop vieux. Le midi, quand on travaille dans un atelier, on s’accorde néanmoins une pause pour aller déjeuner au café, et le soir les hommes s’y retrouvent pour boire, car les habitations sont trop petites pour en faire des lieux de sociabilité – on n’y retourne que pour dormir.
Dans la bonne société, on est aussi très occupé. Les hommes travaillent, même dans l’aristocratie.
Cependant les horaires sont moins contraignants que pour les petites gens, même si la quantité de travail est importante. Après le travail, les hommes se rendent à des clubs et des cercles d’intérêt très fermés, comme le Jockey Club ou le Cercle de l’Union artistique, où ils discutent et fument le cigare.
Les femmes de la bourgeoisie, par contre, ne travaillent pas. En effet, ne pas avoir de travail salarié est un marqueur social et une fierté des femmes des classes supérieures. Dans la petite bourgeoisie, au contraire, elles peuvent être institutrices, modistes – créatrice et vendeuse de chapeau – ou très rarement médecins ou journalistes.

Education
Les jeunes enfants des classes populaires parisiennes sont envoyés à l’école maternelle à partir de 3 ans. Toute mère qui ne travaille pas s’occupe de ses enfants mais souvent les femmes travaillent pour apporter un complément de revenu au foyer.
Les enfants entre 6 et 12 ans vont ensuite à l’école primaire. Leur certificat à la fin de l’école et leur première communion marquent la fin de l’enfance et leur entrée dans le monde du travail à 13 ans, souvent comme garçons de course pour un commerçant ou comme petits télégraphistes, tandis que les filles aident leurs mères à leurs travaux textiles.
Dans les classes supérieures, les enfants sont élevés par une bonne d’enfant, puis une institutrice à domicile et un professeur de musique viennent prendre le relais. Dès la 6e, les enfants sont envoyés au lycée. Les filles vont dans des lycées pour filles, nouveaux mais ne préparant pas au baccalauréat car on n’y enseigne ni les mathématiques ni le latin. Si une fille veut passer le bac, elle doit compléter les cours du lycée par des cours privés.
Après leur bac, les Lycéens peuvent devenir étudiants. Ceux-ci sont peu nombreux : il y a, en 1900, 29759 étudiants en France dont 942 filles. Ils ont le sentiment de constituer une sorte d’élite, d’autant qu’ils ne font que 10 mois de service militaire au lieu des trois ans pour le reste.

L’Alimentation
L’alimentation est plus riche et plus variée à Paris et dans les grandes villes qu’à la campagne. Le pain reste pourtant l’aliment de base et on en mange près d’un kilo par jour. La vraie différence entre Paris et la province est la consommation de viande : on en mange deux fois plus dans la capitale, même dans les couches populaires. Les ouvriers consomment également des produits laitiers, des oeufs, des légumes, des fruits, du sucre et du café. Dans les quartiers populaires, on entretient dans les cours des poules et des lapins – il y a même, en 1900, environ 6000 vaches à Paris. Face à la gare de marchandises de La Chapelle, dans le 10e arrondissement, les ménagères vont chercher du lait à la traite.
La grande nouveauté en ce début de siècle ce sont les pâtes alimentaires, faciles à préparer, qui concurrencent les pommes de terre. Pourtant tout le monde ne mange pas toujours à sa faim, comme les couturières, dont les revenus trop modestes les empêchent de s’alimenter tous les jours. Des oeuvres caritatives créent des cantines pour les pauvres, où la nourriture reste peu abondante et de mauvaise qualité. L’une des soupes populaires
les plus connues, la Mie de pain, est ouverte en 1891 par Paulin Eufert dans le 13e arrondissement. Il l’a appelée ainsi car un enfant lui avait demandé un jour : « On met des mies de pain aux fenêtres pour les oiseaux ; pourquoi pas pour les hommes ? »
La cuisine bourgeoise, au contraire, est particulièrement riche, et les menus comportent de nombreux plats. Le premier repas est le petit-déjeuner, suivi du déjeuner entre 11 heures et midi, du dîner entre 6 heures et 8 heures et du souper vers 11 heures du soir. Le dîner est le repas le plus copieux. Un grand repas bourgeois commence par exemple par du poisson, suivi d’une entrée, puis d’un plat de viande accompagné de légumes, d’une salade, de fromages et enfin de desserts et de fruits.
Tout le monde, riches et pauvres, boit beaucoup d’alcool. L’ouvrier parisien dépense plus en alcool qu’en nourriture solide. Un travailleur de force – terrassier, métallurgiste – boit jusqu’à 4 à 5 litres de vin par jour. L’alcool est bon marché, surtout celui, industriel, obtenu par distillation des excédents. Le vin et l’absinthe sont les alcools les plus répandus.

Du côté des Fées :
Les Fées traditionnelles sont bien loin de ces préoccupations matérielles.
Mais les Faux Semblant, à savoir les Fées Masquées, doivent passer inaperçus dans la société humaine, et donc tendre à vivre de la même façon qu'eux.
Le statut dépend de l'histoire personnel de chaque Faux Semblant. Certains peuvent naître dans la soie, ou être révélés depuis suffisamment longtemps pour avoir pu mettre à profit leurs capacités extraordinaires et ainsi se démarquer du lot.
Les Faux Semblants seront donc souvent des gens qui ont réussi, que se soit dans les hautes classes (aristocrates, bourgeois), comme dans les basses classes (une réussite plus souvent liées à l'illégalité...).
Pour certaines fées, cette adaptation à la vie humaine peut s'avérer plus difficile que pour d'autres. Les Vampyr doivent trouver une activité qui privilégiera la nuit (même s'il peut supporter la vie en plein jour), les Sylves ne peuvent pas manger de nourriture humaine, les  Ogres doivent pouvoir satisfaire un appétit qui les amènent à être souvent malvenus à la table des grands...

L'Hygiène

 

Paris en 1900 est la ville du cheval. Elle compte 98 000 chevaux, plus qu’elle n’en a jamais eu au cours de son histoire : chevaux de selle, demi-sang courant devant les élégants coupés, vieilles rosses souffrant dans les brancards des fiacres – un cheval sur cinq était à réformer chaque année – ou énormes percherons tirant des camions.

Les transports en commun, les omnibus ou les tramways, sont donc tirés par des chevaux et atteignent la jolie vitesse moyenne de 8 km/h. Si l’on est pressé, on prend le bateau-mouche qui emmène ses clients à 15 km/h mais sur un trajet étroitement limité. Peu de familles possèdent une voiture (c’est-à-dire un équipage avec chevaux et cocher). Se faire offrir un « équipage » était pour une « cocotte », courtisane de luxe, l’une des principales marques de succès.
Le tramway électrique fait son apparition en banlieue et la voiture automobile, à moteur à explosion, est encore réservée à quelques privilégiés dont le nombre va croissant. Elle se démocratisera dans les premières années du siècle nouveau.

La bicyclette est devenue en 1900 un moyen de transport populaire.

Le métro, dont le chantier a été mené à bien par le polytechnicien Fulgence Bienvenüe, sera la grande nouveauté de l’année 1900. La ligne 1 devait être inaugurée en début d’année mais a déjà du retard. Tous espère qu’elle sera opérationnelle avant l’Exposition universelle.
Elle permettra de réduire la durée d’un trajet de Vincennes à Maillot à 25 minutes, contre 1h30 par les moyens de transport habituels.

Le train est quasiment le seul moyen de transport pour se rendre hors de la capitale.
Sept compagnies gèrent l’ensemble du réseau ferré français : les compagnies de l’Ouest, de l’Est, du Nord, du P.L.M. (Paris-Lyon-Marseille), d’Orléans, du Midi, de l’État. Il faut en outre ajouter la compagnie des chemins de fer de la petite ceinture qui fait le tour de la capitale. Le voyage en train tient encore de l’expédition. Il faut penser aux provisions car les voyages sont longs et les arrêts peuvent être trop courts pour se rendre au buffet des gares. Seuls les grands express sont dotés d’un wagon restaurant.
Il faut également veiller à boire le moins possible car les trains ne disposent pas encore de toilettes.

L’aviation n’en est qu’à ses balbutiements.
Les « plus lourds que l’air » ne sont guère au point et l’avion de Clément Ader ne s’est, au mieux, élevé au-dessus du sol que de quelques mètres. Ce qui compte à l’époque ce sont les ballons, les aérostats et autres « plus légers que l’air », mais ils ne sont pas dirigeables et on ne sait pas où on va atterrir.
En 1900 s’élever et se diriger dans les airs reste à ce point un exploit que l’industriel Henry Deutsch de la Meurthe promet 100 000 F à quiconque pourra, à bord d’un ballon ou d’une machine volante de son choix, faire un aller-retour entre les côteaux de Saint-Cloud et la tour Eiffel sans avoir touché terre en moins de trente minutes.

Du côté des Fées :
Les fées entretiennent des rapports variés avec les transports. En effet, les smogs et les fées électricité aiment emprunter et même conduire des rames de métro ou des locomotives, avec lesquelles elles possèdent des affinités.
Gobelins, gnomes et fouinards apprécient les vélocipèdes, et encore plus les toutes nouvelles automobiles. Elfes et sylves préfèrent les véhicules hippomobiles comme les fiacres, les tramways ou les omnibus. Des ondines ont investi les bateaux-mouches pour être proches de l’eau.

L’ensemble les moyens de communication dépend d’un secrétariat d’État aux communications et est regroupé sous l’appellation PTT : Poste, Télégraphe et Téléphone.
En 1900, le réseau des postes et du télégraphe est particulièrement bien implanté et performant.
Plusieurs centaines de millions de lettres et plusieurs dizaines de millions de dépêches – autre nom du télégramme – sont envoyées chaque année.
Écrire est un geste banal. Paris s’est en outre doté d’un réseau de télégraphe pneumatique qui est ouvert au public. On place dans un tube en fer blanc appelé curseur des lettres, des télégrammes ou de petits colis urgents. Les curseurs sont alors envoyés à grande vitesse dans des tubes pressurisés reliant les bureaux de poste, les administrations, les bourses, les banques et les ministères.

La situation du téléphone n’est pas aussi brillante. Même s’il continue de se développer, il fait encore l’objet d’une certaine méfiance, et le réseau est en perpétuelle amélioration, ce qui engage des travaux rendant parfois les communications difficiles. Il y a à Paris, en 1900, 23 000 abonnés au téléphone.
Chaque abonné est relié à l’un des huit bureaux de quartier où les opératrices, que l’on surnomme « les demoiselles du téléphone », relient les fils permettant de mettre en relation les interlocuteurs. Depuis 1897, on donne à l’opératrice le numéro de la personne à qui on veut parler et non plus son nom.
L’ensemble des abonnés au téléphone est répertorié dans un annuaire confié à la société Didot-Bottin, d’où son surnom de « bottin ».

Une curiosité de l’époque qui connaît un certain succès dans la bonne société est le théâtrophone.
Développé pour attirer le public vers le téléphone, il s’agit d’un dispositif avec deux écouteurs permettant d’écouter en stéréo et en direct des concerts et des pièces de théâtre. Les récepteurs sont installés par la compagnie du Théâtrophone dans les cafés, les hôtels, les cercles et même chez les particuliers moyennant un abonnement.
À Paris les fils du télégraphe et du téléphone ne sont pas aériens comme ailleurs, ils empruntent le réseau d’égouts où ils sont suspendus à la voûte des galeries souterraines.

Avoir ou ne pas avoir de temps libre fait partie des grandes inégalités sociales de la Belle Époque. L’ouvrier, ou le vendeur dont les horaires dépassent les soixante heures par semaine, ou la bonne à tout faire qui peut s’estimer heureuse si elle parvient à grappiller quelques heures à elle le dimanche après-midi n’ont de surcroît pas de vacances. Ceux qui disposent de leur temps, les rentiers, les aristocrates, les hommes actifs et cultivés, les grands industriels et leurs épouses, profitent véritablement de ce temps pour soi, partent en vacances à la campagne, à la mer et font des voyages qu’ils jugent enrichissants. Malgré ces différences, tout le monde cherche à s’évader et à se distraire, au spectacle, par la lecture, ou par la pratique de plus en plus répandue d’une activité sportive.

La lecture
Paris n’est pas seulement la capitale des avant-gardes ou des ruptures esthétiques, c’est aussi une ville entrée sans état d’âme dans la culture de masse. Les Français de la Belle Époque, hommes et femmes mélangés, doivent à l’école républicaine d’être devenus des lecteurs insatiables.
Chaque jour, des « marées de papier » sont déversées dans Paris : près de 9 millions d’exemplaires de quotidiens comme Le Petit Parisien, Le Petit Journal ou Le Matin. La bonne société lit Le Temps, de centre gauche, ou Le Journal des Débats, de centre droit. Ces journaux sont assortis de millions de prospectus, de cartes postales, d’almanachs, de calendriers et de livrets.
Frou-frou, la valse d’Henri Château, immortalisée sur la scène du Théâtre des Variétés par la chanteuse Juliette Méaly en 1897, se vend à plus de 2 millions d’exemplaires. Les fascicules de lancement des romans-feuilletons, distribués gratuitement par les crieurs, atteignent des tirages records de plusieurs millions d’exemplaires. On n’a jamais autant lu : faits divers et feuilletons sentimentaux, récits de crimes ou d’aventures, contes et chroniques,
magazines sérieux ou fantaisistes.

Le sport
Le sport est avant tout vu comme un moyen de régénérer la France. La natalité est en effet en baisse et cela préoccupe les médecins, qui voient dans le sport un moyen de rendre les hommes plus virils, donc plus fertiles.
C’est aussi un moyen de préparer les futurs soldats pour, un jour, prendre la revanche sur l’Allemagne. Le sport le plus répandu est la gymnastique, entrée dans les programmes scolaires tout comme la natation. L’Union des Sociétés de Gymnastiques de France compte plus de sept cents sociétés aux noms évocateurs : « Les volontaires », « L’avant-garde », « La sentinelle » ou encore « La vaillante ». Chacune a son drapeau.
Le succès de sports comme l’escrime, le tir à l’arc – les compagnies d’archers sont nombreuses dans les milieux populaires – et le tir à l’arme à feu montrent également l’imprégnation militaire du sport.
Paris est le principal centre sportif de France grâce à l’action des élites anglophiles (beaucoup de sports venant de l’autre côté de la Manche) et grâce au grand nombre d’étudiants pour les pratiquer. On importe d’Angleterre le tennis et le golf, qui constituent des loisirs typiques de la bonne société, le football et le rugby, qu’on ne distingue pas encore bien : peut-on utiliser la main au football ?
Ces sports sont pratiqués dans des cercles et des clubs. C’est aussi le cas pour le cyclisme qui se développe de manière spectaculaire en ce début de siècle, touchant même les classes populaires. On trouve ainsi des ouvriers dans quelques-uns des vélo-clubs de ce début de siècle.
C’est aussi le moment du développement du sport-spectacle avec la renaissance des Jeux Olympiques, initiée par Pierre de Coubertin en 1896.
Le sport automobile connaît également ses premières compétitions. En 1899, l’Automobile club de France et le journal Le Matin organisent le premier Tour de France automobile.

Les sorties en journée
Dans la journée, le dimanche pour les classes populaires, et tous les autres jours pour les classes aisées, on se promène au bois de Boulogne ou au Jardin d’Acclimatation, on se rend à l’hippodrome, celui d’Auteuil ou de Longchamp, on va au musée : au Louvre, au musée Guimet ou encore au musée du Luxembourg, «l’antichambre du Louvre », le musée consacré aux artistes vivants où l’« État choisit les oeuvres qui doivent entrer glorieusement et définitivement au Louvre ».
On va également faire ses courses dans les grands magasins, au premier rang desquels on trouve Au Bon Marché, une institution vieille de plusieurs décennies déjà.
Paris est également, et surtout, une ville de cafés, dont les terrasses animent les rues et les places.
En 1900 sont en vogue le Café Napolitain, où journalistes, comédiens et écrivains se rencontrent – Georges Feydeau, Alfred Capus, Catulle Mendès – et le Weber, rue Royale, qui compte Léon Daudet parmi ses fidèles.
Aux Champs Élysées est inauguré le café The Criterion-Fouquet’s Bar (connu aujourd’hui comme le Fouquet’s).
Pour les élégantes s’ouvrent de nombreux salons de thé, encouragés par l’anglomanie ambiante.

Les soirées parisiennes : du restaurant chic au café-concert
En 1900, Paris est la capitale nationale et internationale du plaisir. C’est au pied de la butte Montmartre qu’on trouve rassemblées les attractions du cirque et de l’hippodrome, les cabarets des chansonniers et le Bal du Moulin-Rouge, ouvert depuis 1869.
Les Folies Bergère, ouvertes la même année non loin de là, après s’être essayées peu de temps au concert, se lancent dans la revue à grand spectacle, la Goulue chante au Bal Tabarin et le tango argentin fait fureur dans les restaurants de nuit.
Les Parisiens de 1900 vont beaucoup au théâtre : plus de 5 millions de places sont vendues par an.
On construit à Paris plus d’une dizaine de théâtres entre 1870 et 1900, où triomphent de grandes célébrités comme l’éternelle Sarah Bernhardt, Réjane, sa grande rivale, et pour les hommes le grand tragédien Mounet-Sully ou encore Constant Coquelin, le génial interprète du Cyrano d’Edmond Rostand.

Du Côté des Fées
Elfes, gremelins, korrigans et léporides sont bien souvent grands amateurs des spectacles parisiens.
Sur scène, certaines fées font d’excellents comédiens : ondines, protys, phénix, incubes ou encore fleurs de métal. Un vampyr pratique l’hypnose, un ange pousse la chansonnette.
Les fêtes de Beltane, Lugnasad et Samain entraînent de nombreux excès dans la société des fées. L’an dernier, une fête au Parisiana, au 27 boulevard Poissonnière (2e arr.), a mal tourné, de nombreuses fées ayant été victimes d’hallucinations collectives avant de se vautrer dans une orgie en hurlant « Shaïtan ! ». Cette année, les représentants de la Monarchie veillent au grain pour comprendre ce qu’il s’est passé et éviter que cela se reproduise.

Une soirée mondaine à Paris
Une soirée mondaine commence par un dîner dans un restaurant chic. C’est l’occasion de voir et d’être vu, de se retrouver entre gens du monde.
On se rend ensuite à l’Opéra ou au Français. L’Opéra n’est pas seulement un haut lieu de l’art lyrique et du grand spectacle, c’est aussi un endroit où le monde bourgeois se met lui-même en scène.
Charles Garnier a pensé l’intérieur du bâtiment comme un grand boulevard, avec ses lampadaires et ses balcons. Les premiers arrivés peuvent ainsi voir les suivants défiler et monter les escaliers comme autant de petites avenues. Même dans la salle, le spectacle n’a pas lieu que sur scène. En effet, en 1900, il n’y a encore quasiment aucun théâtre qui fait le noir pendant la représentation. On continue donc, alors que jouent les comédiens et les musiciens, à observer Untel ou Unetelle pour sa tenue, la personne qui l’accompagne et les regards qu’il ou elle peut porter alentour.

Du Côté des Fées :
L’aristocratie féérique aime parfois se mêler à la bonne société parisienne, ne serait-ce que pour se moquer des pauvres humains. C’est une manière de surveiller les autres et de mettre les potins à jour. Farfadets et korrigans sont attirés par ce luxe, tandis que vampyrs, elfes, bastets, fleurs de métal et phénix sont invités pour leur fière allure.

Une soirée populaire à Paris
Le lieu emblématique des soirées populaires est assurément le café-concert. En réalité, on y retrouve aussi bien des ouvriers que des bourgeois venus s’encanailler après une soirée plutôt mondaine et ennuyeuse. Des lois permissives de 1864 et 1867 ont assoupli la réglementation des salles de spectacles et permis l’apparition des cafés-concerts ou « cafés chantants ». Derrière ces appellations, on trouve un peu de tout : du bouiboui, avec un « beuglant » derrière un piano et juché sur trois planches, au plus huppé des établissements avec dorures rutilantes. Partout l’air est irrespirable, vicié par les fumées des cigares et de l’éclairage au gaz.
Le café-concert offre une sérieuse concurrence aux théâtres, dont les directeurs dénoncent ces lieux d’obscénité et de débauche. En effet, au café chantant, on ne paie pas l’entrée mais on encourage chaudement la consommation du client… c’est-à-dire du Tout-Paris.
Le brassage social est organisé selon la capacité du client à payer. En bas, dans les loges et les premières galeries, prennent place le gandin élégant, le notable et sa cocotte ; en haut, au « paradis », perchés dans le « poulailler », s’exhibent l’ouvrier et le commis boutiquier. On vient écouter un répertoire de chansons sentimentales, patriotiques ou grivoises, interprétées par des artistes au premier rang desquels on trouve Aristide Bruant, l’une des vedettes du Chat Noir à Montmartre.
Des chanteuses « à texte » comme Yvette Guilbert tirent les larmes des spectateurs avec les premières chansons réalistes, genre inventé par Bruant. Théodore Botrel entonne La Paimpolaise, et Dranem ses P’tits pois au couplet fascinant :
« Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois,
C’est un légume très tendre
Ah les p’tits pois, les p’tits pois, les p’tits pois,
Ça n’se mange pas avec les doigts ! »
Les deux-cent-soixante-quatorze cafés-concerts de la capitale comptent aussi, pour certains, d’autres formes d’attractions : le hall des Folies Bergère reste, selon la rumeur, un haut lieu de débauche dont le promenoir est comparé à un « marché aux veaux ».

Du Côté des Fées
Les soirées populaires attirent parfois quelques camarades farfadets, gremelins et gobelins plus proches du peuple que de l’aristocratie. Des trolls cherchent dans les troquets une cuisine roborative.
Dans les cafés-concerts, il n’est pas rare qu’une ondine ou une succube entonne des refrains grivois et devienne la coqueluche de la soirée. On rencontrera quelques Monarchomaques dans ces endroits prisés du peuple : ils y trouvent des lieux de réunion où se fondre tout en conservant des possibilités de fuite.

Petomane

 

À vrai dire, les rues de Paris en 1900 sont plus sûres qu’elles ne l’avaient été au cours du XIXe siècle. Pourtant, l’opinion publique fantasme une recrudescence de la violence à cause de nouveaux types de « criminels » qui font leur apparition : l’anarchiste et l’apache.

Nouveaux bandits
Les Apaches, des jeunes hommes et quelques jeunes femmes entre seize et vingt-cinq ans, sont regroupés en gangs se disputant les quartiers de Paris à l’occasion de batailles sanglantes. Ces fils d’ouvriers vouent un véritable culte au corps, qu’ils sculptent dans des séances de gymnastique et se font tatouer. Ils apportent un grand soin à leur coiffure et à leurs vêtements, ce qui conduit la presse bourgeoise à les traiter d’efféminés. En
réalité, ce monde parallèle plein de panache, avec ses codes, ses chefs et ses tribunaux, permet aux Apaches de s’extirper du monde gris et sans espoir de la société ouvrière. Les Apaches cherchent avant tout la gloire par l’intermédiaire du scandale et du crime. Ils méprisent la valeur du travail, et plus encore, la morale bourgeoise. Ce mélange d’oisiveté, de culte du chef, de soin porté aux apparences et de liberté radicale terrifie les pères et les mères de famille, mais fait rêver les jeunes filles.

Quant à l’anarchisme du XIXe siècle, il est né de la pensée des Lumières et se développe en plusieurs courants liés au socialisme ou au syndicalisme. D’une manière générale, les anarchistes prônent une société sans État fondée sur l’association libre des individus et leur coopération grâce à l’autogestion. À partir de 1892, les plus radicaux comme Ravachol ou Auguste Vaillant lancent une vague d’attentats terroristes afin de déstabiliser le pouvoir en s’attaquant directement à ses détenteurs. En décembre 1893, Vaillant jette une bombe en pleine séance de la Chambre des Députés au Palais Bourbon, en représailles de l’exécution de Ravachol, lui-même condamné pour des attentats. Le président Sadi Carnot est tué l’année suivante par un anarchiste italien, Sante Geronimo Caserio, à Lyon.

Du Côté des Fées
Le phénomène des Apaches ne laisse pas les fées indifférentes : des ogres, des trolls, des orcs et des loups-garous apprécient leurs codes violents ; il n’est pas rare qu’un smog, un gobelin ou un korrigan se glisse parmi des Apaches grâce à leurs aptitudes pour les larcins et devienne chef de bande.
Il arrive que des chevaliers désargentés fraient également dans ce milieu pour entretenir leur train de vie et celui de leur suzerain. Quant aux Monarchomaques, ils s’intéressent de très près aux milieux anarchistes.

La prostitution
Au tournant du siècle, les prostituées ont quitté les maisons closes avec l’ouverture des grands boulevards d’Haussmann. Les « petites femmes de Paris » attirent beaucoup de clients, notamment étrangers, et confèrent à la capitale une image de galanterie et de luxe. Quand elles réussissent, elles apparaissent comme des femmes-spectacles fascinantes et somptueuses. Avec le discours des médecins, qui reprennent à leur compte les sermons religieux et menacent les bourgeois des conséquences dramatiques de la syphilis et de la masturbation, elles acquièrent en outre une dimension enivrante et terrifiante de volupté et de mort.
Cette prostitution a sa hiérarchie. Les « cocottes » les plus en vue sont surnommées les « grandes horizontales », comme Odette de Crécy ou Lyane de Pougy, femmes belles, riches, intelligentes et sûres de leur charme mais parfois un peu vulgaires.
Juste en-dessous se trouvaient les « soupeuses », qui égayaient les dîners, et que l’on pouvait recruter au bal de l’Opéra ou au promenoir des Folies Bergère.
Puis venaient les demoiselles de magasin, qui allaient au bal public et s’intéressaient plus aux fils de bourgeois qu’aux ouvriers.
Plus bas encore, on trouve les danseuses habiles du Moulin-Rouge qui fascinaient tant Toulouse-Lautrec. En 1900, la Goulue, qu’il a immortalisée, n’est plus une danseuse légèrement vêtue mais une dompteuse de fauves dans les fêtes foraines.
Tout en bas de l’échelle, se trouvent les « pierreuses », ces milliers de femmes qui racolent, la nuit, le long des fortifications et dans les rues sombres.
Les « biches » qui avaient de la chance pouvaient monter d’un coup dans l’échelle sociale, à la faveur d’un grand amour tragique avec un client fortuné, digne d’un roman populaire.

Du Côté des Fées
Les fées ne sont pas épargnées par la prostitution. Cependant, leurs capacités leur évitent la plupart du temps d’exercer dans les milieux les plus sordides. Ainsi, on trouve parfois des ondines, incubes, succubes, fleurs de métal et léporides dans des maisons de passe huppées comme Le Septième péché rue Pigalle, où leurs spécialités
font les délices des clients. Bien sûr, elles ne se démasquent que pour des Faux-Semblants.

Le coeur de la police parisienne et du système judiciaire se trouve sur l’île de la Cité. L’ensemble comporte de nombreux bâtiments répartis entre le quai des Orfèvres et le Palais de Justice, formant une entité administrative tentaculaire où il est bien difficile de se retrouver quand on cherche le bon bureau auquel s’adresser.

La police
La police parisienne, dont les effectifs comptent environ 9000 hommes, est sous l’autorité du préfet de police. En 1899 est nommé à ce poste Louis Lépine, petit homme sec et nerveux au visage maigre prolongé par une petite barbe, dont la silhouette est bien connue des Parisiens car il se montre très régulièrement là où on a besoin de lui. Plutôt que de rester dans son bureau de l’île de la Cité, il estime qu’il doit incarner l’institution en sillonnant la capitale là où le devoir l’appelle. Il s’est également donné pour mission de redorer l’image de la police parisienne, qu’il souhaite proche et appréciée de la population, ce qui est loin d’être le cas à la fin du XIXe siècle. Il s’arrange pour choisir lui-même les nouveaux agents.
Il veut de beaux agents qui fassent honneur à la ville et dont la moustache est indispensable à l’autorité et à la prestance.
Lépine crée même des agents à bicyclette à partir de 1900 pour lutter contre l’insécurité, très vite surnommés « hirondelles » du nom de la marque de leur véhicule.
Tous ces nouveaux agents sont pour beaucoup d’anciens militaires découvrant Paris pour la première fois.
Paris compte 7500 gardiens de la paix, agents en uniforme portant le célèbre bâton blanc. Ceux-ci patrouillent seuls dans la journée et par deux la nuit selon un parcours défini qui ne varie jamais. Leur parcours a pour cadre un « îlot », une division d’arrondissement.
D’autres agents en uniforme sont des plantons, placés sur la voie publique pour renseigner les passants et faire la circulation. Tous sont mobilisables pour aider aux interpellations et au maintien de l’ordre.
La préfecture dispose en outre de six brigades centrales qui sont de véritables troupes de choc. Le cas échéant, elle peut également mobiliser la Garde républicaine et sa cavalerie.

La police non ostensible, c’est-à-dire en civil ou « en bourgeois » comme la surnomment les agents en uniforme, compte plus d’un millier d’hommes. Elle est composée de commissaires, d’inspecteurs principaux, de brigadiers, de sous-brigadiers et d’inspecteurs répartis en plusieurs services et brigades : le Service de la sûreté, la Brigade des moeurs, la Brigade des garnis et les Brigades de recherche.
Jusqu’en 1914, la préfecture ne leur fournit pas d’arme et ils doivent donc s’acheter eux-mêmes leur revolver.
Ils fabriquent également leur « cabriolet » : une ficelle terminée par deux manches en bois qui servait à menotter les malfrats.
En 1900, la recherche et l’identification des criminels avaient été considérablement améliorées grâce aux travaux d’Alphonse Bertillon. Celui-ci avait mis en place tout un système d’identification basé sur des mesures anthropométriques auxquelles il avait ajouté des photos et, dès 1894, les empreintes digitales.
La préfecture disposait ainsi de plus de cinq cent mille fiches anthropométriques de criminels provenant de tout le territoire national. Les recherches de Bertillon marquent la naissance de la police scientifique, qui continue son développement au début du XXe siècle.

La justice
L’administration judiciaire est à l’étroit en 1900. Il faut encore attendre quelques années afin que le Palais de justice s’agrandisse.
La sentence la plus grave que prévoit la loi française est la peine de mort. Même si elle est de temps en temps prononcée à l’encontre d’un coupable, elle est de plus en plus rarement appliquée à la fin du XIXe siècle car les Présidents de la République ont pour habitude de gracier les condamnés. Il n’y a ainsi aucune exécution capitale à Paris entre 1899 et 1909.
La guillotine est dressée devant la prison, à l’angle de la rue de la Santé et du boulevard Arago mais elle est avant tout un avertissement.
La plupart du temps, la condamnation à mort est transformée en travaux forcés.
À partir de 1895, les forçats sont envoyés dans les bagnes coloniaux de Guyane. En effet, depuis l’abolition de l’esclavage en 1848, la main d’oeuvre pour les travaux pénibles manque dans les colonies. Les bagnards représentent une main d’oeuvre abondante et bon marché, et l’envoi en Guyane permet de désengorger les bagnes portuaires de Brest, Toulon et Rochefort.
Les condamnations aux travaux forcés sont prononcées à l’encontre des plus grands criminels mais aussi des voleurs et vagabonds récidivistes.
Pour les peines classiques d’emprisonnement, Paris possède onze prisons intra-muros, dont la fameuse Prison de la Santé, inaugurée en 1868. On y enfermait notamment les hommes condamnés aux travaux forcés avant leur transfert en Guyane.

Du Côté des Fées
Les Faux Semblant, vivant parmi les humains, sont donc soumis aux mêmes lois et aux mêmes sanctions humaines. Mais, en plus de ces règles, il en est une spécifique à leur statut que chaque Fée doit connaître et appliquer : la Loi du Silence, qui consiste à préserver secret l’existence des Fées.
Pour surveiller et faire appliquer cette loi, il existe une police féerique spéciale : Les « Silencieurs », comme on les surnomme souvent, forment des Brigades du Silence.
D’ordinaire, un prévôt est à la tête d’une Brigade, parfois il s’agit d’un Chevalier, et un troll ou un ogre fait office de nettoyeur, capable d’engloutir un cadavre ou un témoin gênant. Les Brigades arpentent leur arrondissement à l’affût de tout manquement au Silence, tout en consultant leur réseau d’informateurs humains.
Les fées elles-mêmes se méfient des Silencieurs car ils peuvent tuer sur simple soupçon de non respect de la Loi du Silence et font parfois preuve d’un zèle déplacé.

ÊTRE UNE FÉE AU QUOTIDIEN
La condition féerique diffère de la condition humaine sur certains points non négligeables, notamment à la Belle Époque. Bien entendu, les fées ont des besoins naturels, comme dormir et manger, elles craignent, pour la plupart, les maladies et les blessures et meurent, même si elles ont une espérance de vie naturelle supérieure à celle des humains – la plupart des fées peuvent espérer vivre une bonne centaine d’années, peut-être davantage.
Toutefois, il est rare qu’une fée décède de mort naturelle : la vie dans la société féerique n’est pas de tout repos et elle recèle mille et un dangers. Être une fée, c’est vivre chaque jour dangereusement.

L’argent
Les fées sont également fragilisées par leur « allergie » à l’argent, si grave qu’elle peut causer leur mort. Toutefois, le contact direct ne provoque qu’une brûlure douloureuse et, s’il se prolonge, d’éventuelles cloques. L’argent n’est réellement létal qu’en cas d’ingestion ou de contact direct avec l’organisme (balle, blessure par lame argentée…).
Dans ce cas, la vulnérabilité se révèle mortelle.
Note : les Faux-Semblants enfouis ne sont pas vulnérables à l’argent et ne ressentent qu’une simple gêne proche d’une petite allergie à son contact (démangeaison, rougeurs).
Cette spécificité féerique a de nombreuses conséquences sur le quotidien des fées. En effet, les humains de la bonne société utilisent l’argent comme matériau ou comme substance de base de nombreux objets : la photographie est argentique, les couverts et les chandeliers sont souvent en argent, les bijoux et certains objets ouvragés comme les dagues ou les coupe-papier également, sans parler des pièces de monnaie de 5F, 2F et 1F… Ainsi, si une fée peut vivre en éliminant l’argent de son habitat, elle reste pourtant entourée d’objets qui peuvent lui être fatals, notamment chez les autres.

Forces et faiblesses
Une fée est un être qui sort de la norme, non seulement en raison de ses pouvoirs, mais aussi de ses caractéristiques physiques et psychologiques. Cette anormalité est parfois très mal vécue par les fées désirant se fondre dans la société humaine. En effet, la plupart des Faux-Semblants ont des caractéristiques physiques et mentales qui les placent à la marge de l’humanité : un elfe possède une constitution fragile, une succube est anormalement belle, un troll est plus stupide que n’importe quel humain ou presque.
Cette marginalité peut être gênante, tout particulièrement dans la société bourgeoise de la Belle Époque qui fait du « juste milieu » l’une de ses valeurs principales.
Mais la marginalité féerique peut revêtir des aspects plus gênants encore : les golems pèsent leur poids de pierre, les phénix ont peur de l’eau et les ogres doivent manger une quantité de viande injustifiable pour un humain normal. Ainsi, du fait de sa nature, et malgré son Masque, toute fée vit, d’une manière ou d’une autre, dans le secret et la clandestinité.
Et pourtant, ces différences peuvent contribuer, sans qu’elles soient bien comprises, à la notoriété et aux succès de certaines fées dans la société de l’époque : une courtisane humaine ne peut rivaliser avec une fleur de métal sur le terrain de la séduction, le meilleur comédien humain n’est rien face à un protys, le plus grand culturiste humain est un freluquet face à un ogre en pleine possession de ses moyens…

Des esthètes avant tout
Les fées aiment ce qui est brillant, beau, merveilleux.
Au contraire, ce qui relève de la norme, ce qui est entaché de monotonie ou de médiocrité, leur reste le plus souvent étranger. Ainsi, elles privilégient souvent la forme sur le fond, le beau sur l’utile.
Par conséquent, leurs réalisations sont généralement de grande qualité et un oeil expert le reconnaîtra : une lame fondue par un artisan féerique ne peut être que ciselée et couronnée d’une garde éblouissante ; une arme à feu sera couverte d’incrustations d’une finesse sans égale ; une cape alliera légèreté, tomber élégant et couleurs chatoyantes.
L’esthétique prime avant tout. Le reste est important, mais non primordial.
Cette tendance se vit également dans le quotidien : les fées sont des créatures de panache. Ce qui n’aurait pu être qu’un acte banal de tous les jours – aller au théâtre par exemple – se transforme en spectacle irrésistible qui doit attirer le regard et provoquer l’admiration.

Culture vs. nature
La société féerique fonctionne, étrangement, sur un modèle proche de la société romaine, où la culture et la société priment la nature et le sang. En effet, dans une société brassant des espèces aussi différentes que les elfes et les trolls, et où les lois de la reproduction ne sont pas réellement maîtrisées, les us et coutumes ne peuvent reposer que sur des contrats, et non pas sur une quelconque loi naturelle, sur laquelle nul n’arriverait à s’accorder.
Ainsi, la domination masculine n’existe pas dans la société féerique : certaines espèces, comme le léporide, sont majoritairement « masculines », si tant est que ce mot ait un sens, et d’autres sont uniquement féminines, comme les fleurs de métal. Le sexe importe donc peu : seul le rang, le mérite et le pouvoir déterminent la place d’un individu dans la société.
Dans le même ordre d’idée, c’est la reconnaissance d’un enfant par ses parents qui crée le lien familial, qu’il soit naturel ou d’adoption. Un enfant fée doit être reconnu publiquement par ses parents – c’est d’ailleurs ainsi que les Barons peuvent tenir à jour la liste de leurs sujets – et les adoptions sont fréquentes et faciles.
Cette importance du contrat se lit dans la coutume qui veut que l’on change de nom et de date de naissance au moment de l’adoption.
Ainsi, un vieillard de 109 ans adopté pourra répondre facétieusement, mais tout à fait légalement, qu’il n’a qu’un an…

Vous devez choisir un prénom et un nom humain.
En parallèle, éventuellement un prénom féerique s'il est différent du prénom Humain (voir liste des prénoms Celtes sur le Discord).
Par ailleurs, vous choisissez un nom de famille féérique si vous êtes une fée traditionnelle et / ou affiliée à une Famille majeure ou mineure de la noblesse féérique (par atout ou dépense de PP).

Votre prénom humain et féérique peut être le même mais pas votre nom de famille si vous appartenez à la noblesse féérique, car vous dissimulez cette identité en vivant au quotidien votre existence de Faux-Semblant parmi les humains.

Quelques indications pour le choix du nom de famille :
- un nom de famille féérique majeure vous ouvrira beaucoup de portes mais s’accompagnera d’un rang social et d’une certaine allégeance familiale à tenir (de par les contreparties RP qui peuvent être lourdes, l'appartenance à une famille majeure ne coûte pas de PP mais est à discuter avec le Docte) ;
- un nom de famille aristocratique mineure permet une reconnaissance minimale mais bienvenue dans les cours féériques, tout en limitant les devoirs vis-à-vis d’une famille majeure (disponible dans les tableaux de profil pour 1 ou 2 points. Le nom de famille dépend de la Famille Majeure avec qui cette lignée à des liens, à voir avec le Docte) ;
- l’absence de nom aristocratique est courante mais représente un handicap social à la cour et dans la bonne société, à moins de se faire un nom justement. En revanche, ce statut offre une bien plus grande liberté sur l’échiquier des machinations politiques.

Voici la liste des Familles majeures en France et en Europe que la plupart des Fées connaissent :
Aldébard : famille d’origine elfique dominant le sud de l’Europe
Carwent : famille des régents, dominant l’Angleterre et résistant aux Frédon et Aldébard
Frédon : famille de vampyrs à l'origine, dominant le Nord de l’Europe
Gwestiniog : famille initialement d’ondines dominant l’Aquitaine, rebelle aux Frédon et Aldébard

Auxquelles s'ajoutent des Familles Majeures moins influentes et plus locales, moins connues, si ce n'est de nom :
Baudemagu : Bretagne
Bermellon : Péninsule ibérique
Glaucos : Grèce
Goldéron : Autriche, Suisse et nord de l’Italie
Gwendelon : Portugal

Familles Mineures :
Choix établis en fonction de l'historique du personnage et du rattachement à l'une des familles ci-dessus. A voir avec le Docte.