En ce vendredi 16 février 1900, nos Héritiers sont tous réunis à Paris. Cela faisait quelques semaines qu’ils n’avaient pas eu le plaisir de se revoir tous ensembles et soyons clairs, cela leur manquait.
Leur étrange aventure, au milieu du mois de novembre dernier, les a fortement occupé et ils ont du pour cela décaler un certain nombre d’obligations.
Sans compter que les fêtes de fin d’années étaient passées par là, avec leur lot de réceptions et visites qui s’en suivent. Ils ont ainsi eu l’occasion de se voir les uns les autres, mais jamais tous les cinq.
Henri avait repris les rennes de sa salle de sport et ses allers-retours avec son domaine à Coignières. L’hiver n’était pas tendre avec les vieilles bâtisses.
Adèle profita de ce frimât, quant à elle, pour s’adonner à quelques escalades sur murs de glace dans les Alpes. Elle revint cependant intacte et vivante.
Archibald était retourné quelques temps en Allemagne afin de régler quelques contraintes familiales. Le reste du temps, il écumait les bas-fond de Paris, à la recherche d’un passé révolu.
Oscar avait été l’un des plus occupés. Ses problèmes de papier et de succession s’était assez rapidement (et étrangement) résolus. L’Etat Civil n’avait montré que peu de difficulté concernant ses liens avec Eusèbe et grâce aux témoignages des uns et des autres, le Manoir de la Ronce devint officiellement le sien dès le milieu du mois de décembre.
Aidés par ses amis, notamment les muscles de ce cher Henri, il se tacha d’y aménager plus confortablement les lieux et d’y installer ce cher Albert Villefort, dont la longue convalescence nécessitait du calme.
Camille Lesage était d’ailleurs venue lui rendre visite à deux reprises. Ces deux là se cherchaient, et le temps dirait si un jour ils se trouveraient.
Quant à Anastasie, que les obligations aristocratiques avaient rattrapée sur cette période, c’est sur celle-ci que nous allons nous arrêter.
Car en effet, c’est chez cette chère Phénix que notre petit groupe est actuellement regroupé.
Ils ont accepté son invitation à venir passer la fin de semaine dans son Château de Courange, situé non loin d’Orléans.
Ils profite d’une fin d’après midi agréable, près du feu, après une balade dans le parc. Le fond de l’air est assez froid, mais sec. Revigorant diraient certains.
Sur la table du salon, le journal « Le Matin » trône tranquillement, bien inconscient des discussions qu’il a provoqué. L’Exposition Universelle de Paris est sur toutes les lèvres et nos amis n’y échappent pas.
Une du Matin du 16 février 1900
Lancés dans leurs échanges et leurs projections sur cet événement qui, tout le monde le dit, mettra fin avec panache à ce XIXème siècle, ils sont interrompus par l’arrivée d’Alfred.
Le domestique, et Féal de la famille, manque de renverser une poterie ancestrale en pénétrant dans le salon.
L’homme, comme leur a déjà signalé la propriétaire des lieux, est issue d’une famille des plus fidèles aux de Courange. Et il est aussi efficace qu’il n’est maladroit.
Ce dernier tend un papier que tous reconnaissent comme étant un télégramme, puis s’incline et quitte la pièce. De la réaction d’Anastasie, qui n’est pas de celles qui les cachent, ses compagnons peuvent deviner que le contenu du courrier est assez étonnant, et prête au lever de sourcil.
Anastasie finit par se tourner vers l’assemblée, toute impatiente d’en savoir plus :
« Je suis invitée, ainsi que mes proches amis, à un repas organisé par Monsieur Antoneo Stirbei, en sa demeure de Courbevoie, ce samedi 17 février au soir ».
Ce à quoi elle précise, face aux regards ne semblant pas réagir au nom : « Il s’agit d’Orphéo Frédon, Chevalier de Bécon ». Un nom qui pour le coup, n’est méconnu d’aucun de nos Héritiers, tant il enflamme les discussions et l’imaginaire du tout Paris Féerique.
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Les Héritiers - Scénario 3 - Rêves
Au milieu des rêves anodins, mais aussi des retours ponctuels de ces rêves de Grand Dragon, un songe récurrent motive les Héritiers à répondre à cette invitation. Ils se voient, à chaque fois, rentrer dans une vaste salle à manger, en compagnie des autres, et s’installer à une grande table richement dressée.
Quelqu’un leur parle alors, sans qu’ils ne s’en étonnent, alors que la voix leur est inconnue.
Les Héritiers - Scénario 3 - Dans les journaux
Article de l'Aurore - Samedi 24 février 1900
Un canular au pied de la Tour de M. Eiffel ?
Cette nuit de vendredi à samedi, d'étranges phénomènes se sont déroulés dans le 7ème arrondissement, et notamment sur le Champs de Mars, à en croire en tous cas certains badauds et habitants noctambules du quartier.
Sur les coups de 2h du matin, une silhouette aurait été aperçue au premier étage de la Dame de Fer. Selon Mme Robinet, propriétaire d'un appartement donnant sur l'édifice, il s'agissait d'un homme " Je ne dors pas très bien la nuit, vous savez. Il m'arrive souvent de me lever et de lire un peu, pour passer le temps. Alors que je regardais par la fenêtre, j'ai vu quelqu'un accroché à la structure de métal. J'ai cru que j'avais la berlue, et soudain, hop, il s'est jeté dans le vide. J'ai crié, ce qui a réveillé Hubert, mon mari, qui m'a demandé ce qui me prenait de crier ainsi en pleine nuit. Je lui ai dit que j'avais vu quelqu'un sauter de la Tour Eiffel. Il est venu, à regardé et m'a dit : - y'a personne écrasé en bas, tu as du rêver, va te recoucher... - Autant vous dire que je n'ai pas réussi à me recoucher, car non, je n'avais pas rêvé ! "
Un témoignage étonnant qui corrobore avec d'autres dans le quartier.
Un autre habitant de la rue, qui souhaite rester anonyme, affirme avoir vu lui aussi quelqu'un sauter du premier étage de la Tour.
Le principal témoin n'est cependant pas très fiable. Il s'agit d'une clochard dormant sur l'autre rive, sous le pont d'Iéna. Celui ci a en effet aborder nos journalistes sur place en affirmant avoir tout vu de la scène. L'individu aurait sauté et juste au moment où il allait s'écraser, se serait mis à voler, partant dans le ciel en brillant tel une étoile.
Autant dire que beaucoup pensent surtout à un canular, une farce visant à faire de la publicité à un monument qui continue à en avoir bien besoin vis à vis des Parisiens.
D'autres envisagent aussi l'éventualité d'essais et d'expériences en vue de l'Exposition Universelle qui approche à grand pas.
Ce qui est certain, c'est que quelque soit ce qui est tombé du premier étage de la Tour Eiffel, cela n'a laissé aucune trace ni aucune présence. Un mystère qui va affoler les salons pendant quelques jours, avant d'être finalement remplacé par un autre, comme toujours.