DRAGONS (D&D5) - Descensus (Radford Stamper)

"Mon nom est Radford "Danseur de Lames" Stamper, aussi appelé "le Fossoyeur", "le Bretteur des Ombres", ou encore d'autres surnoms selon à qui et où vous me demanderez.

D'aussi longtemps que je me souvienne, j'ai toujours rêvé d'arpenter le monde en quête de reliques et de trésors. Je suis né en Acoalt, dans une contrée où affluaient les aventuriers de tous les continents pour tenter leur chance et leur destin.

Mon père, fils d'une longue lignée de marins, était lui-même venu sur ce continent dans sa jeunesse en quête de gloire et de richesses. Il avait quitté la Cité Franche avec quelques amis pour chercher un artefact ancien de grande valeur dont il n'a jamais voulu me révéler le nom. Mais après une terrible expédition dans une crypte oubliée dans les montagnes, où périrent la plupart de ses compagnons, il revint assez gravement blessé et s'établit dans un village sur les zones côtières. Pour des raisons qui m'échappent partiellement, il renonça à sa vie d'alors et mit un terme à ses recherches. Il utilisa les richesses glanées pendant ses anciennes aventures pour faire l'acquisition d'un bateau de pêche dont il devint le capitaine. 

Durant ces années, il fréquenta la fille d'un officier de la capitainerie qui deviendrait bientôt la mère de ses deux enfants. 

Je fus le dernier de la fratrie à voir le jour, huit ans après mon frère. Notre père nous apprit à tous les deux les rudiments de la mer et de la navigation dès notre plus jeune âge. La natation, les nœuds marins, la pêche, les cartes maritimes, les voiles, tout de cet univers nous passionnait.
Mais aujourd'hui, je crois pouvoir affirmer en toute franchise que ce qui nous intriguait au-delà de tout le reste était le passé d'aventurier de notre père.

Durant ma neuvième année, un soir où nous pêchions non loin de la côte, seuls avec mon frère, nous aperçurent deux silhouettes flottant dans les décombres d'un navire ramenés par les vagues. Il s'agissait d'un père Elfe et de son jeune fils Melessë. Nous leur sommes venus en aide et les avons ramené jusqu'à chez nous où mes parents prirent soin d'eux jusqu'à leur rétablissement. C'est ce soir-là que je fis la rencontre de Médril Delïen, mon éternel ami et frère de cœur que je n'ai jamais quitté dès lors.

Mon père se lia d'amitié avec le sien et nous en firent tout autant. Notre jeunesse fut bercée par les récits des voyageurs et des conteurs de la région, et nous rêvions encore plus fort de vivre ces épiques aventures par nous-mêmes. Médril était particulièrement sensible à l'art du conte et des années après, il fit la connaissance d'un barde nommé Rako Lintarg qui le prit sous son aile. Il faisait lui-même parti d'un groupe d'aventuriers. C'est avec eux que nous avons commencé l'apprentissage réel de ce qui, encore aujourd'hui, constitue notre activité.

Pour ma part, j'ai suivi un autre modèle au sein de cette bande : un guerrier, un brigand, ou devrais-je dire un bretteur. Il s'agissait d'un ancien saltimbanque, équilibriste et acrobate : Söjen Alabaster. Il m'a enseigné un art du combat peu académique, mais flamboyant, d'une efficacité redoutable. Lorsqu'il combattait, Söjen semblait défier les lois de la gravité, danser avec ses adversaires, jouer avec eux, avant de les pourfendre pour de bon. A son contact, j'ai autant appris à me servir de mon corps et de mon équilibre que de mes armes. J'ai vite compris que le combat ne se déroulait pas uniquement au sol, qu'il pouvait être aérien, s'appuyer du décor et de l'espace qui vous entoure. Le combat est une danse de tous les instants et votre seul partenaire n'est pourtant pas votre adversaire... c'est la Mort elle-même. Un seul faux pas de votre part et elle ira danser avec d'autres. Aujourd'hui encore, j'essaye d'honorer son héritage, à ma manière. On ne m'appelle pas le "Danseur de Lames" pour rien, croyez-moi.

Médril serait plus adroit et prolixe que je ne le serais jamais pour vous narrer les périples que nous avons traversé en leur compagnie jusqu'à leur fin tragique. Je ne vais pas m'étendre sur celle-ci mais sachez seulement que le fait que nous soyons encore en vie relève du miracle. Parfois, je me dis que Médril me porte malheur autant qu'il me porte chance. 

Aujourd'hui, nous veillons l'un sur l'autre. Si nos tempéraments et nos personnalités diffèrent, le goût pour l'aventure nous a toujours unis. Nous sommes les deux faces d'une même pièce dont la valeur n'a cessé de croître au fil des années. Et si notre duo est parfois difficile à vivre, ou à survivre, il n'est pas un jour où je regrette sa compagnie. Vivre avec lui vous attire toujours des histoires, aussi rocambolesques ou étonnantes que celles qu'il a l'art de raconter.

Si je vous ai raconté ma vie et la sienne, c'est qu'il vous faut bien comprendre que si vous désirez me recruter, vous enrôlez Médril également. Il est comme mon ombre, et c'est pourtant lui qui mettra notre légende en lumière."