Bon, euh… je voulais t’appeler pour te raconter un peu ce qui s’était passé au Centre Commercial. Non pas que je ressente le besoin de me justifier, hein, mais bon, il s’est passé des choses, ça me travaille pas mal. Et bref, je ne voyais pas trop à qui d’autre confier tout ça.
Tu me diras, tu ne vas pas entendre grand-chose, vu que je suis en train de parler au vidéophone éteint, sans même avoir décroché le combiné. Mais c’est pour m’entraîner, hein. Je n’ai pas l’habitude de faire ça. Je veux dire, me confier. Et parler de moi aussi. Enfin bref. Je suis sûre que toi, tu comprends.
Ça avait plutôt bien commencé en fait.
Quand j’ai compris que tout allait se jouer au Centre Commercial, et qu’il n’y avait pas une minute à perdre, j’ai foncé. Oh, pas toute seule, hein. Abel était avec moi. Et je savais par où passer.
En arrivant sur les lieux, je n’avais qu’une idée en tête, retrouver Ivy. C’était elle notre cible principale, elle était responsable de la mort de Gerry. Les autres, eh bien… on verrait une fois à l’intérieur. Ça ne sert à rien de tout prévoir.
Je me suis infiltrée sans problème dans le parking, dépassant deux gars costauds qui chargeaient un camion avec du matériel médical. OK. Deux réplicants dans mon dos. Tout en continuant à progresser à l’intérieur, le plus discrètement possible, j’ai commencé à me rendre compte qu’ils étaient quand même nombreux. Très nombreux. Mais bon, tant qu’ils ne me voyaient pas… Comme une ninja ! Bon, tu me traites toujours de chat noir, mais là, pour le coup, c’était chat noir ninja ! Et pour une fois, Abel n’a pas tout fait foirer avec sa démarche bruyante. Il y avait de nombreuses bâches plastique délimitant tout un tas de postes d’opérations et de soins médicaux. Tout ça pour des réplicants ? Ils étaient sacrément bien organisés quand même.
Et puis forcément, à un moment donné, il est devenu plus difficile de progresser. Tant de Nexus ! J’ai commencé à psychoter, à croire qu’ils m’avaient repérée. Tous ces réplicants armés jusqu’aux dents, je me suis dit, là ma vieille, tu es vraiment foutue. Ça ne fait pas un pli. Plus d’échappatoire possible.
Mon cœur s’est mis à cogner tellement fort dans ma poitrine, ma vision s’est troublée, j’avais de la sueur plein les yeux.
Et là j’ai senti la main d’Abel. Tout doucement, comme une plume. De peur que je morde. Que j’explose. Comme si c’était mon genre… Bon, un peu, des fois, c’est pas faux. Toujours est-il que petit à petit, mon cœur s’est calmé. Ma panique a reflué. Je ne sais pas comment il s’y est pris. Tu y crois, ça, qu’un réplicant arrive à ce point à percevoir tes émotions qu’il sait exactement quoi faire pour te faire redescendre ? Est-ce que c’est leur programmation ? Est-ce qu’ils sont en fait hyper sensibles à nos émotions pour pouvoir s’adapter au mieux et se fondre dans notre société ? Une telle empathie synthétique est-elle possible ? Ou est-ce qu’en fait ils seraient presque plus humains que nous ?
Toujours des questions. Comme d’habitude, je pose toujours trop de questions qui dérangent.
Bon, je ne devrais pas te dire tout ça. D’ailleurs je ne te le dis pas, l’écran est éteint, hein, tu ne le sauras jamais. Si ça se trouve, pour toi aussi, ce ne sont que des sacs de peaux.
Après ça, j’ai retrouvé mes esprits, ma combativité légendaire, nickel. J’ai repris ma progression, en me dissimulant soigneusement dans les ombres de l’entrepôt… Et j’ai rapidement repéré Ivy. Avec son autorité agressive et l’urgence de sa voix. La Boss de cette sympathique armée de Nexus. Elle me tournait le dos, consultait sa doc. Je ne pouvais pas la rater. J’ai fait feu direct, sans me poser plus de questions, sans attendre. Je l’ai touchée à l’épaule. Abel a tiré lui aussi dans la foulée, et il ne l’a pas ratée non plus. En plein dans l’œil. Le sang a giclé, elle s’est écroulée, et s’est mise à tenter de ramper faiblement vers la sortie par derrière.
Et là, ne me demande pas ce qui s’est passé. Un drôle de transfert psy de mes deux. Parce que ce n’est plus Ivy que j’ai vue étendue au sol dans une mare de sang grandissante. C’est moi. C’était moi qui étais en train de mourir. Ce n’était pas la réplicante. Pas ma cible. Pas ma mission. C’était moi-même que je venais d’assassiner de sang-froid. Et dans le dos en plus. Mon propre sang n’a fait qu’un tour. J’ai basculé sur le côté, je me suis recroquevillée comme une pauvre gamine terrorisée. Je n’avais pas ressenti ça depuis la mort d’Aleks. Mais bon, ça non plus, tu n’as pas besoin de le savoir.
J’ai vu ma courte vie défiler, dans toute son absurdité. Impossible de bouger. Et là j’ai vu Abel se prendre toutes les bastos de la planète. Pour me protéger. Moi, si fière de mes propres choix, tremblante comme une feuille morte. Et pourtant, pour les autres, lui, il n’est que quantité négligeable. Sacrifiable. Toujours les mêmes qu’on sacrifie. Alors même que si ça se trouve, ce sont eux les plus humains d’entre nous, dans leur abnégation, dans leur sensibilité à nos propres erreurs. Mais ça non plus, il ne vaut mieux pas que je te le dise. Je ne suis pas sûre que tu comprendrais.
De toute façon, l’écran va rester éteint. C’est tellement ridicule, ce que je suis en train de faire. Regarde-toi, ma pauvre Zenia. Toujours la même petite fille paralysée. J’en ai marre. J’ai trop la rage. Il faut que ça cesse. Il faut que ça sorte.
Mais bon, ne t’inquiète pas. Je ne fais pas n’importe quoi. Enfin pas toujours. Mais c’est gentil de t’inquiéter pour moi. En fait, c’est tout ce que je voulais te dire. Merci de t’inquiéter, mais ça va. Je vais revenir rapidement au boulot, car là c’est trop l’ennui. Je réfléchis trop, la preuve, je parle à un écran noir.
Ah et si, je voulais te dire aussi. Je pense que tu ferais une super maman. Même si j’imagine ta tête exploser rien qu’à cette idée. Peut-être que ça, je te le dirai en face la prochaine fois. Je suis certaine que ça te ferait encore plus sortir de tes gonds. Mais avoue, tu es bien contente de m’avoir rencontrée. Avec moi on ne s’ennuie jamais :D
A plus, Maman. Mollo sur la picole et la clope. Ça fait vieillir trois fois plus vite. Et n’oublie pas ton rendez-vous chez le « coiffeur ». Faudra que tu me le présentes un jour.
La porte claque, mon fidèle trench-coat tombe au sol et je me retrouve accroupie, la main farfouillant dans un placard à la recherche d’une bouteille qui devrait traîner par là…
La canapé s’affale, craquant sous mon poids et je sens déjà la brûlure du nectar dans ma gorge…
Le verre claque sur la table et je me laisse submerger par les souvenirs de la soirée…
******
[message du chat noir] Balek, je me jette dans la gueule du loup, je ne tiens pas à la vie!
Put@&!! Elle m’épuise…Juste le temps de poser une analyste, Serenity je crois ou un truc comme ça, devant les écrans pour servir de tour de contrôle et me voilà arrivée devant le centre commercial…
La force d’intervention n’attend que mon go pour lancer l’assault, mais je ne peux pas faire ça tant que j’ignore où la bleue et son toutou sont allés se fourrer… C’est parti pour la mission « trouver, sécuriser, engueuler les sales gosses»!
J’avais réussi à identifier les potentielles sorties « non officielles » grâce aux plans du bâtiment et à l’aide de mon indic. Et voilà que je me retrouve à ramper dans des aérations pour entrer en toute discrétion… oui des aérations! Non mais sans blague, j’ai failli me rompre le cou quand je me suis retrouvée à descendre à pic dans ces fichus tunnels de métal! Elle va m’entendre la Zénia!!
Je finis par atterrir dans un espèce de débarras donnant sur une pièce pleine de bâches blanches. Un homme me tourne le dos… Humain? Répliquant? Juste le temps de le maîtriser (Brillamment! Humain donc…) et de l’interroger puis soudainement, un coup de feu!
Non mais elle a pas fait ça?? Tirer dans un lieu clos potentiellement plein de répliquant alors qu’ils ne sont que deux?! Si, c’est clair, elle l’a fait… il n’y a qu’elle pour faire ça…
Bonne nouvelle: je les ai retrouvés!
Mauvaise nouvelle: je ne suis pas la seule à l’avoir entendu…
Et bien sûr, pas moyen d’envoyer de message pour lancer l’assaut car… suspens… on ne capte pas dans ce put@&! de sous-sol! Super le matos!
Je décide donc de courir le plus vite possible vers l’escalier qui montait à l’étage, à l’opposé du bruit, pour essayer d’atteindre d’une zone où mon satané message pouvait être envoyé.
[Message envoyé]
Ok, ça c’est fait! Demi-tour, direction Zénia! Ça fait longtemps que je n’avais pas fait autant de cardio… et puis soudain… des hurlements… mais de vrai hurlements! À plein poumons! Comme s’ils n’avaient pas déjà fait assez de bruit!!
Ma course vers les deux comparses est un peu floue… je me rappelle avoir dégommé un répliquant, avoir entendu les balles fuser autour de moi et m’être retrouvée face à un spectacle déroutant… Zénia à terre, complètement affolée et son nexus luttant de toutes ses forces pour la protéger, sans aucune retenue…
J’ai vu son regard… J’ai vu sa peur pour Zénia… Et j’ai vu la peur de Zénia… c’est un jeu dangereux… Quand la limite entre l’humain et le répliquant se fait floue, comment continuer à faire notre travail sans y laisser une part de notre humanité? Comment retirer un répliquant en soutenant son regard si humain? Comment supporter le fait d’être un tueur et non un protecteur? Il faudra que je lui parle… Un jour, pas dans l’immédiat… Je doute qu’elle m’écoute de toute façon…
Les renforts ont fini par arriver et à nous débarrasser des assaillants restants pendant que je restais avec la petite pour la protéger…
Juste le temps de contempler le massacre que Zénia se barra à nouveau! Pas possible celle-là!
Mais elle n’alla pas très loin… Elle était juste à la poursuite d’Ivy qui, blessée, essayait se s’échapper en se traînant difficilement sur le sol.
Nous étions seules, Zénia, Ivy et moi… le bruit d’un transport, un train peu être, se faisait entendre au loin…
Mon arme se lève en direction de la tête d’Ivy… Son œil restant me fixe, attendant son sort… Sort que je connais déjà: mourir ici ou mourir là bas… Je suis une Blade Runner. Le coup de feu part… La nexus est retirée…
******
Mes yeux s’ouvrent… Je sors de la douche. Comment suis-je arrivée là? J’attrape une serviette et me retourne vers le miroir que j’essuie d’une main fatiguée…
Je suis là, je me regarde, mais mon reflet n’est pas net… Comme une télé mal réglée…
Le xx/xx/2035 le département RDU du LAPD est informé de la présence d’une unité NX9 au pied du mur océanique. Les services dépêchés sur place indiquent la présence d’un chantier non loin et l’enquête préliminaire des agents de police Ethan Ricci et Margo Rogers détermine l’appartenance de l’unité au chantier de maintenance du dit mur océanique.
Les agents de police se soumettent alors aux procédures standards d’enquête et préviennent immédiatement le RDU. Les services de secours sont décommandés et l’équipe scientifique du RDU se rend sur place. Après analyse, l’unité défectueuse est rapatriée à la tour centrale pour examen approfondit.
Deux inspecteurs sont dépêchés sur l’enquête suite à un problème administratif1 2. Le Capitaine Holden approuve l’envoi de deux inspecteurs (Sheenon Zénia et Miller June) afin de déterminer les circonstances de cette mort3. L’enquête déterminera trois points :
-L’unité ‘Jerry’ a subi une malfonction des systèmes supérieurs de raisonnement aboutissant à un retrait4.
-L’inspectrice Sheenon a découvert des malversations financières autour de la qualité des matériaux. Le dossier a été transmis au département commercial du LAPD. Une enquête est en cours auprès de la compagnie ASHCROFT. L’ingénieur Maximilian Stratton a été placé en détention provisoire pour plusieurs chefs d’inculpations.
-Le retrait prématuré de l’unité a permis d’attirer l’attention sur un trafic illégal utilisant la mauvaise qualité du mur par endroit afin d’y aménager des caches. Ces dernières ont facilitées le transit d’unités NX8 ainsi que des marchandises illégales dont plusieurs armes.
Suite à cette découverte, les inspecteurs prennent les devants et déterminent avec une grande efficacité l’identité du leader de ce réseau. Une unité NX8, modèle de plaisir, considérée comme déjà retiré quelques mois plus tôt suite à une descente de police. Les autorités ont conclus que le corps est probablement tombé à l’eau. Jugé irrécupérable, cette unité a été inscrite aux archives5.
L’unité NX8, désignation ‘IVY’, c’est doté d’une clinique clandestine au sein d’un complexe commercial abandonné. D’après le matériel récupéré, il s’agissait d’un centre permettant le changement d’identité et les réparations d’urgence. Une dizaine d’unité NX8 s’occupaient de la manutention et de la sécurité de l’endroit. Etrangement, aucun d’entre eux ne disposait de connaissance avancé en génétique, médecine ou chirurgie. Ce fait, corroboré aux nombreux témoignages, permet d’envisager à minima d’un médecin humain sympathisant de la cause.
Ce dernier reste introuvable à l’heure actuelle et un mandat d’arrêt a été émis envers Pradja Singh. Un membre de l’ordre des médecins aujourd’hui rayé de cette liste suite à une erreur médicale lourde ayant couté la vie a plusieurs patients (prescription de plusieurs médicaments frauduleux).
Ces informations ont été collectées suite à l’assaut du centre commercial occupé par un culte offrant l’aide aux sans-abris. Ce culte était soutenu par la clinique clandestine afin d’offrir une couverture. Tombant sous le coup d’une accusation de sympathie envers des technologies illégales et ayant opposé une force létale aux forces de sécurités de la ville l’assaut fut donné dans les règles.
Le rapport définitif fait état de 5 blessés et de 3 morts parmi les sans-abris. La totalité des unités NX8 ont été retirés et plusieurs arrestations ont été effectuées notamment le leader du culte qui s’est montré coopératif après la mort de l’unité IVY. Son dossier a été transmis au procureur pour sa mise en accusation. Une peine d’exile dans les colonies a été requise. Au vu de l’affaire, le tribunal devrait statuer sous peu.
L’affaire est considérée comme classée. Toutes les preuves ont été rajoutées aux archives. L’unité Jerry a été transmise à la Wallace Corporation pour déconstruction et analyse des pièces.
Note de bas de page
1-Message non disponible. Niveau d’accréditation insuffisant.
2-Message non disponible. Niveau d’accréditation insuffisant.
3-Non disponible. Niveau d’accréditation insuffisant.
4-Certaines preuves tendraient à penser qu’il s’agissait d’un retrait autodéterminé en accord avec la doctrine Wallace. Aucun humain ne devant être blessé par la faute d’une unité NX9, ce dernier conscient d’une malfonction aurait décidé de procéder de lui-même au retrait.
5-Non disponible. Niveau d’accréditation insuffisant.
Rapport rédigé par l'Analyse NX9 – TRX96 ‘Serenity’
Note de bas de page classifiée à destination de l’unité Blade Runner
1b Message du central demandant l’envoi d’un agent sur le chantier suite à suspicion de mal fonction d’unité NX9. Demande d’application du test Baseline pour renvoi en usine et réajustement.
2b Demande d’annulation de la part de l’ingénieur en chef. Demande non justifiée à ce jour.
3b Rapport d’autopsie laisse entendre que la victime a été passé à tabac puis séquestrer. Trace visible malgré le fait que l’unité se soit retiré elle-même en sautant du haut du chantier sans aide. Rapport confirmé par la caméra de surveillance.
3c En complément, la vidéo du passage à tabac dans les entrepôts proches du mur océanique par l’unité IVY.
4b Des éléments tendent à faire penser que l'unité a découvert cette contrebande. Coincé entre la sympathie pour d'autres réplicants et le mal pouvant être engendré par cette contrebande. Ce dernier pour éviter tout choix a décidé de se retirer lui même
5b Note interne du Capitaine Holden à destination d’un service du LAPD. Niveau de confidentialité supérieur requis pour accéder au contenu.
La seule chose que je n’ai jamais gardé de mon père, c’est le souvenir de sa tombe. J’ai passé des heures sous la pluie à mémoriser chaque détail de la pièce de granite. J’ai bazardé tout le reste. Pour moi, ça reste toujours un connard moralisateur, violent et traditionaliste. Un père déplorable, un mari inexistant et chercher en lui ce qui est humain serait une perte de temps.
Mais il y a un défaut qui lui a toujours été utile : la paranoïa. Et il avait toujours une longueur d’avance dans ce domaine. Ce pourquoi je me retrouve à crapahuter dans des ruines alors que le ciel n’a toujours pas fini de lâcher ces hallebardes d’eau. Flash info : les derniers anges que ces larmes pourront sauver sont les rares statues issues d’une époque révolue.
‘’Comment c’était déjà ? Mentre che ‘l danno e la vergogna dura’’
On ne se refait pas. J’ai toujours eu un penchant pour la tragédie, même au milieu de ruine. Non, c’était probablement la chose la moins idiote à faire au milieu de ruine. Pas comme passer le cordon de sécurité indiquant que la zone allait être démolie sous peu. Mais j’ai fait une promesse et j’ai un vieux rendez-vous avec l’histoire.
Mais je me baisse alors que je remarque des traces de pas récente dans la poussière. Beaucoup de monde est passé par là alors que j’étais certain que personne ne connaissait le chemin principal. Ils ont dû déblayer ça au forceps. Rien de grave au final, ils ont probablement dû rentrer les mains vides. Je passe les doigts sur la pancarte.
‘’Miroir mon beau miroir…Dit moi de quoi mon futur sera fait ‘’
Bar le [Censuré] – Localisation inconnue
Jena Han - Barmaid
« Mai Tai »
Je fais un effort de présentation. Je cherche un dessous de verre propre, je passe un coup de chiffon nerveusement sur le comptoir et lorsque ça parait correct je pose enfin le cocktail en retenant mon souffle. Pas que ça fasse une énorme différence. La moitié des trucs dans ce verre ne sont pas naturel et j’ai fini par improviser quelque chose à base de boisson énergétique et autres merdes que j’ai pu trouver pour construire un truc qui ressemble éventuellement à un Mai Tai .
Ça n’empêche pas que je suis suspendue aux lèvres de cette femme en rouge. C’est idiot, je ne sais pas ce qui m’arrive. Je me n’intéresse pas aux femmes mais j’arrive pas à me détacher d’elle. J’ai passé la moitié du service à moins d’une encablure pour être prête au cas où. Et maintenant, l’idée d’être jugée me rend nerveuse…L’idée que cette merde touche ces lèvres me met en pétard. Elle mérite mieux.
Elle répond avec un sourire. C’est plus que je mérite. C’est bientôt la fin de mon service mais je pense faire du rab…Je me demande qui elle peut bien attendre comme ça depuis des heures.
Tour du LAPD
Agent Ethan Ricci
L’agent termine sa tasse de bave de chameau sommairement baptisé café par ses collègues. Il avait entendu dire que dans les étages supérieurs, le café était meilleur. Une légende urbaine, personne ne montait dans les étages supérieurs. Pas pour redescendre parmi les petites mains. Il bailla une nouvelle fois à s’en faire décrocher la mâchoire. L’accident de speeder lui avait pris une bonne partie de la soirée. Surtout à attendre la dépanneuse.
Mais se retrouver une heure plus tard sur le site d’une explosion et se retrouver aux infos, ça c’était autre chose ! L’adrénaline avait fait sa part pour rapidement retomber quand on lui avait demandé de simplement tenir à l’écart les journalistes et interroger les badauds. Personne n’avait rien vu mais le cratère restait impressionnant.
Moins impressionnant que l’inspectrice qui était arrivée après. Miller était une légende du bureau RDU mais elle n’avait normalement aucun partenaire. Alors qui était le mec qui c’était déplacé avec elle ? A le voir brailler sur l’équipe technique, c’était certainement un analyste qui avait l’air de savoir ce qu’il faisait. Ça faisait bizarre de les voir tous courir, à croire que l’enfer venait d’ouvrir ses portes.
Etrangement, il se souvient qu’il devrait repasser a la compta pour le décompte de ses heures supplémentaires non payés. Il avait l’attestation du sergent de service mais il n’arrivait pas à se dire qu’il faudrait aller à la compta. Alors qu’il ferme son placard, la tête du Sergent apparut.
« Ethan…Remet ton uniforme. Prend un canapé et dors un peu car dans trois heures on t’attend à l’hôpital. Tu vas devoir monter la garde devant la porte d’un corpo. Le thermos de café est offert par la maison.
- Sergent, dans mon état je serais bon a rien.
- Mon p’tit chat, j’vais t’expliquer la situation. Entre les mecs qui sont réquisitionné pour protéger la marie, les devantures des entreprises, les patrouilles renforcés pour faire de
l’affichage, tout le monde est dehors ou presque. Estime toi heureux de pouvoir faire le planton avec une chaise à disposition. »
Le sergent enfonce l’ordre de service dans la poitrine du jeune homme éternué. Le Sergent Dante était un vrai trou du cul, raciste et étrangement suprématiste. D’aucun pourrait trouver ça illogique mais Ethan avait fini par découvrir qu’il y avait simplement une superposition de strates. Des strates de haine qui commençait généralement par les jeunes sortit de l’académie, puis les cafards, le café froid, les gens qui lui répondaient, les autres ethnies que la sienne, la violence lorsque ce n’était pas lui qui l’offrait de manière aussi généreuse que son tour de ventre…Mais les nexus faisaient encore l’objet de paris. Avant ou après le café froid ?
Souvient, il surprenait le sergent à plisser ces yeux porcins, réfléchissant certainement au placement d’Ethan dans l’une de ces strates infernales. Le jeune policier froissa le papier en soupirant et le jeta dans son placard.
« Ok, je fais une sieste et j’y vais. Pas sûr de l’efficacité que j’aurais ces prochaines heures.
- Pas mon problème. Va te plaindre à la détective Zhao, c’est elle qui vient de donner cet ordre. Alors ferme ta cambuse et prépare toi.»
Docteur Pradja Singh
Localisation Inconnue
La main tremble alors qu’il termine de couturer la plaie.
‘‘Comprenez que j’ai fais ce que j’ai pu. Après la dernière mésaventure, j’ai plus d’accès a…’’
Ses mains pointent l’arrière-boutique en piteuse état.
‘‘J’ai plus vraiment de réseau. C’est déjà étonnant que vous m’avez trouvé aussi facilement‘‘
L’homme sur le fauteuil se lève difficilement.
‘‘Vous devriez vous reposer. Revenez dans deux jours, je pourrais faire un peu mieux.
- C’est déjà bien. Plus que suffisant pour ce que j’ai à faire. ’‘
L’ancien médecin ne répond pas. Il a déjà vu ce genre de regard et il sait ce qu’il signifie. Il jette le scalpel dans une petite cuve en inox qui ne tarde pas à se teinter de carmin.
‘‘Vous devriez y réfléchir encore une fois. Peu importe ce que vous avez en tête ça peut attendre ‘‘
Il ne répond pas. Il dépose simplement une liasse de chinyen et de repartir dans le brouhaha de la rue.
Tour du LAPD
Analyste Dean Winchester
C’était la troisième fois qu’il faisait un tour jusqu’à la machine à café. Connaissant son caractère colérique mieux que personne, il préférait faire des aller-retour dans les couloirs en utilisant des routes aléatoires ne répondant à aucune logique afin de tromper son esprit. Le but de tout ce cirque était d’éviter de hurler et de passer une nouvelle fois pour un fou.
Senerity avait déjà pointé du doigt qu’il parlait régulièrement tout seul. Pas qu’il entendait des voix mais vocaliser ses problèmes professionnels l’aidait à mieux appréhender la résolution de ces derniers. Mais ces derniers messages qui tournaient en boucle sur certaines fréquences spécifiques avec des séries de nombre à intervalle régulier le rendait f
Synest gare son Spinner sur le toit du bâtiment de la Wallace Corporation.
Il descend et un frisson le parcours alors que la bruine s’insinue dans son cou. Il remonte son col, geste bien inutile face à cette humidité ambiante persistante.
Il approche de l’accès principal, et une silhouette l’y attend.
Le Lieutenant est déjà là, la tête enfoncée dans les épaules, agacé par la même sensation désagréable.
Il fait juste un signe de tête au Nexus 9 avant de le précéder en direction du bâtiment.
Une fois à l’intérieur, le Lieutenant s’adresse enfin à Synest, tout en continuant d’avancer :
Vous vous décidez enfin à vous poser les bonnes question, Sergent Synest ?
Vous pensez que ce sont les bonnes ?
Se sont les vôtres, donc se sont les bonnes, non ?
Synest répond d’un haussement d’épaules que son interlocuteur ne peut voir. Ce dernier n’insiste cependant pas et continue à les mener à travers les couloirs du bâtiment.
Il semble connaître les lieux, et s’y déplacer sans encombre, passant les multiples postes de sécurités et bureaux d’accueil sans même être arrêté.
Après quelques minutes de marche, dans le plus grand silence, ils débouchent sur un ascenseur.
Toujours muet, le duo y pénètre et se met à descendre dans les profondeurs du bâtiment.
Arrivé à un niveau inférieur dont Synest ne se rappelle pas le numéro, étonnement, il a soudainement une étrange impression.
Les lieux semblent bien différents du reste du siège de la Wallace.
Une ambiance étrange y règne. Passé le premier petit couloir, ils débouchent tous les deux dans un vaste hall.
Le Nexus se fige alors. Frappant le mur de sa présence, une énorme chouette stylisée le contemple.
Que fait donc l’emblème de la Tyrell ici ?
Synest se tourne alors vers le Lieutenant, mais c’est un autre homme qui a pris sa place. Cependant, bien qu’il soit plus vieux que Lucas Rosen, des traits communs sont clairement identifiables.
Le nouvel arrivant ne fait aucun sujet de l’étonnement de Synest et lui lance :
Nous n’avons pas la journée, sergent, vous me suivez.
Synest emboîte le pas à cet inconnu qui semble lui bien le connaître et essaie de retrouver ses esprits.
Qu’est ce que tout ceci veut dire ? Où est passé le Lieutenant Rosen et qu’est ce que c’est que cet endroit étrange ?
L’homme l’amène alors dans un bureau à l’écart. Il se dirige vers un pupitre d’un autre temps où est installé une machinerie tout aussi désuète. Il active quelques boutons et sur le mur se projette alors des images.
Il s’agit d’un film, où on y voit un groupe militaire s’entrainer.
Les images saisissent Synest par la particularité de plusieurs éléments : le logo sur les tenues, le visage de l’homme qu’il recherche… Et… Le Lieutenant Rosen ! Qu’est-ce qu’il fait là.
Synest n’en revient pas de ce que cette vidéo offre en informations aussi troublantes que déterminantes.
Quel est le lien entre Rosen et ce groupe ? Il semble les former, aux explosifs semble-t-il…
Mais non, ce n’est pas Rosen qui est sur les images. C’est cet homme qui l’a conduit ici.
Le Nexus se tourne alors vers l’inconnu :
Qui êtes vous donc et qu’est ce que tout ceci signifie ?
Au lieu d’une réponse, de la bouche de l’individu sort alors un bip désagréable.
L’image se trouble…
Synest se réveille au volant de son Spinner.
Dans ses mains, il tient la tablette qui bipe laconiquement.
Il ouvre le message du KIA : « Je suis vivante. Je vais à l'hôpital." Zénia Shanon.
Il s’apprête à ranger la tablette quand il tombe sur le message déjà ouvert qu’il avait lu avant de sombrer :
« Je suis Pryia Shalhoub, de la direction des archives de Wallace Corporation. J’ai peut-être quelque chose pour vous au sujet de votre requête. Contactez-moi quand vous en aurez la possibilité. »
Synest se dit pour lui-même : Oui, je vais vous contacter, Pryia Shalhoub… Mais avant, je dois rendre visite à quelqu’un à l’hôpital…
‘‘Ok Lieutenant…je…Vais aller faire une pause. Je crois que j’en ai effectivement besoin’’
La porte se ferme lentement derrière Coco. J’attends encore quelques secondes avant que mes pas ne s’arrêtent devant la chambre froide. J’ai pris une grande inspiration avant de tirer sur le levier et faire apparaitre le visage de la ‘’jeune’’ Nexus 6. Mon épaule pris appui sur la chambre froide, puis ma tête. Mon regard se perdant sur son visage si paisible tandis que mon esprit, lui, alla se perdre ailleurs.
‘‘Salut‘’
J’étais un jeune homme a peine adulte. Plein de certitude, d’idées révolutionnaires, de colère contre son père, d’impuissance face à la société. J’ai signé presque immédiatement pour le LAPD pensant échapper à mon père. Naïf que j’étais. Plus idiot encore d’y croire. De ne pas voir que toutes les invitations à la Tyrell Corporation était une tentative pour me manipuler.
Mon père a tout fait pour me montrer que les N6 ne valaient pas mieux que des singes savants. Je me rappelle avoir vu ma belle au bois dormant subir son entrainement avant de rejoindre son caisson de verre. Je me rappelle la grâce féline de ces mouvements, d’un regard, d’un sourire décuplé par les hormones d’un gamin. J’aurais tout accepté venant d’elle alors que j’aurais pu descendre mon père a la moindre occasion.
Ce n’était qu’un vulgaire bout de viande intelligent pour lui. Un robot un peu plus évolué qu’un grille-pain. Il aurait voulu que j’accepte cela. Me lancer comme un chien de chasse sur les déchets de la Tyrell. Un outil utile entre ces mains. Et pour cela, j’en avais vu beaucoup. Beaucoup trop pour ne pas dépasser le point de non-retour.
Quel point de non-retour ?
Celui où tu ferme les yeux et où tu peux revoir chaque Nexus retiré au fil des années. Où la musique ne couvre plus les hurlements, les pleurs et les insultes. Ce fameux point où tu comprends que l’alcool ne te ferra pas oublier. Que rien ne te rendra ce doux sommeil que tu avais hier. Que la vie est une immense tragédie qui n’a aucun sens. Avec dans les acteurs principaux l’humanité et la société qu’elle a créé et dont elle est prisonnière.
Ce fameux point de bascule dont parlait bryan qui est responsable de la mort de combien de blade runner. Parce qu’ils deviennent tellement dépressif qu’ils en acceptent la mort. Les plus lucides arrête et quitte l’uniforme. Ceux qui dépasse ce point apprennent à vivre avec leurs démons. Voir comme moi arrive à négocier une trêve avec eux.
‘‘T’essaye de faire disparaitre les preuves qui ne t’arrange pas ? ‘’
La voix de Holden est plus glaciale que la chambre froide. J’accuse un faible sourire sans la quitter du regard. Le silence entre nous est suffisamment éloquent pour qu’il comprenne de quoi il s’agit.
‘‘Tu la connaissais ?
Ca dépend.
De quoi ?
Si tu me fais un procès, je dirais que je l’ai croisé un jour dans les couloirs de la Tyrell. Que je l’ai prise pour un modèle de combat pour les colonies et que je ne l’ai jamais revu.
On ne vient pas ici pour rendre hommage à une inconnue.
Non. Je suis venu pour le souvenir et la nostalgie. Parce que j’aurais sacrifié énormément pour être proche d’elle.
Tu aurais pu demander à ton père.
Ce n’est pas la même chose que d’avoir l’illusion qu’elle t’a choisie parmi tant d’autre.
Je voudrais une réponse honnête de ta part…Tu savais ? Tu peux me jurer que tu n’as pas accès aux dossiers de ton père ?’’
Il y avait toujours une ligne rouge à ne pas franchir et aujourd’hui, Holden voulait jouer avec elle. Me secouer pour voir ce qu’il récolterait comme information.
‘‘La réponse est la même. Tyrell mort, son chef de la sécurité a été renvoyé puis il a mystérieusement disparut. Non je ne l’ai pas cherché et j’espère que ce connard a été balancé dans la baie avec des chaussures en béton. Il en savait beaucoup trop pour être relâché dans la nature. Il avait beaucoup d’ennemi. Probablement que Wallace l’avait déjà dans le viseur a l’époque et lui avait fait une offre.
Et comme par hasard, un de ces vieux projets refait surface.
20 ans d’une technologie expérimentale en espérant qu’un vieux modèle de Nexus considéré comme instable puisse faire le job. T’en a d’autres de théorie à la con ?
T’aurais pu donner les codes d’accès et les emplacements pour revenir dans la course.
20 ans d’une tech….
Ok. Alors c’est quoi ta théorie ?
La plus simple. L’occasion fait le larron.’’
Holden fait mine de ne pas comprendre.
‘’ Un mec retrouve le site d’enfouissement. Il réactive le projet mais se rend compte qu’il y a une date d’expiration. Boom, plus que deux N6 en vie. Pas grave, il envoi sur terre les N6 pour mettre le bordel histoire de se créer une crédibilité.
Et les infos ?
C’est un opportuniste, il récupère tout ce qu’il peut de cette opération pour se faire de l’argent.
Et ça colle avec le profil de Méthis…Mais c’est pas ce que tu penses.
Fait gaffe Holden…Tu pourrais finir par développer cette bonne vieille magie de blade runner’’
Il déteste quand je fais référence a ce que bryan appelait l’instinct du chasseur. Pas besoin de preuve quand on avait l’instinct décuplée par l’expérience et l’observation. Faut que je noie le poisson.
‘‘Le maire a maintenant un suspect et un cadavre. Il va lâcher du lest.
Tu veux aborder le sujet ? Quatre agents qui potentiellement savaient qu’un Nexus serait présent ouvre le feu dans un couloir remplit de civil. Est-ce que je parle du déclanchement de l’alarme incendie, des mouvements de foule et…
…et d’un type qui n’a pas fait son job correctement ?
On parle de quoi ?
Je crois qu’on t’a envoyé un mail pour dire qu’un gamin de 20 ans qui a 36h dans les pattes monte la garde devant une victime potentiel d’un crime prémédité.
Je suis pas responsable des tours…
…Putain bien sûr que t’est responsable. Une équipe des forces spéciales auraient pu faire le pied de grue devant la chambre et sécuriser l’hôpital pendant 72h. Et on en parle de la bévue de l’hôpital à faire un communiqué ? En tant que Capitaine, qui gère ces putains de relations publiques ? C’est ton fiasco dave, c’est ta merde et t’a toujours un putain train de retard !
Je suis encore le Capita…
Non, tu le fais exprès parce que tu veux tous les mettre dans la sauce. Les mains propres pendant que nous on fait ton sale boulot. J’étais pas au courant, nous allons prendre des sanctions…Et après c’est moi qui est mauvaise réputation.
Tu dépasses tes préroga…
Oh vraiment ? Je me demande quelle tête tu va faire quand demain à la une il y aura en gros titre : Le Capitaine était au courant mais n’a rien fait pour éviter la merde de l’hôpital. La vérité c’est qu’on est tout les deux des sales cons. Mais moi au moins j’ai pas oublié d’où je viens.
Alors c’est ce que t’a sortit aux familles des victimes de votre petite sauterie ? Des dizaines de blessés et peut être autant de mort !
Oh parce que la justice t’intéresse encore ?’’
J’éclatais de rire malgré moi. L’expression de son visage se décompose.
‘‘ Je crois qu’on a déjà abordé le sujet. T’a merdé.
Rien n’obligeait la coupure de courant et la panique…
…Marius contrôlait le réseau de caméra, des fumigènes et des bombes. Les équipes ont trouvés d’autres bombes de moindre importance. Si Neo n’avait pas fait ce qu’il a fait, cela aurait pu se solder par la mort de plusieurs blades runners. Sans compter que Marius est sortit de son trou.
Les journaux ?
Demain, on parlera d’un problème dans l’une des chaudières vétustes qui a éclaté sous la pression provoquant un incendie. Le service des relations publiques de Solaris c’est proposé pour couvrir les frais de réparation.
Personne ne dira rien sur les coups de feu ?
Des gens ont paniqués quand l’électricité a été coupée. Ayant peur de mourir avec le mouvement de foule, des gens ont tiré en l’air. Pour le reste, c’est soumis à interprétation.
La mort du corpo ?
Monsieur Park est mort suite à une défaillance matérielle après le problème électrique. Arrêt cardiaque. Pas la faute de la police, pas la faute de l’hôpital.
Qu’est-ce que ça nous coute ?
Rien, Solaris avait prévu de transférer Monsieur Park dans une clinique privé. J’ai proposé de réinvestir la somme en relation publique en soulignant que c’était leur manière de les remercier des bons soins offerts à leur responsable financier. Peut être même une nouvelle aile s’ouvrira portant son nom avec les sommes saisies qu’il avait détourné’’
J’avais fait mon possible pour éviter que ça ne retombe sur personne. Admettre que des Nexus pouvait attaquer à 24h d’intervalle en ville sans que la RDU ne soit au courant, Holden aurait eu le cul sur une chaise éjectable. La vindicte populaire voudrait la tête de mes équipes en prime. Et surtout la ville se retrouverait en proie à une nouvelle crise telle qu’elle n’en n’avait pas connu depuis le blackout.
Mais pas certain que ça passe. J’étais resté flou dans les rapports, inventé une nouvelle descente conduisant à l’arrestation de Silas et la mort d’une des deux suspects. J’étais devenu bon à ce genre de petit jeux. Je pouvais voir qu’Holden n’accepterait pas cette situation de son plein gré. Mais dans cette ville, le choix restait un luxe.
Le claquement de la porte derrière moi. Le froissement des vêtements sanglants que je laisse choir négligemment. Un trench, un pantalon, une chemise…
Je peine à percevoir les contours de ma chambre, et j’avance chancelante au milieu de ce bokeh étincelant.
J’ai peut être abusé sur la boisson…
Les derniers événements me paraissent irréels mais s’imbriquent tels des pièces dans un puzzle que je peine à résoudre depuis de nombreuses années…
J’ai rencontré le diable. J’ai rencontré le diable et j’ai passé un bon moment. Le début de la fin. L’apocalypse approche.
Je trébuche.
Et s’il ne me restait qu’une semaine à vivre.
Que retiendrait-on de mon passage? D'aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours lutté pour la justice. Persuadée que ce monde pourrait changer. Persuadée que les gens pouvaient changer… Mais qu’en sais-je en réalité? Pauvre femme, incapable de se connaitre soit-même.
Je ne suis que l’ombre de ce que j’aurai pu être. Une âme invisible parmi tant d’autres, une marionnette de ce monde absurde. Le poids de mes bonnes actions suffira-t-il pour contrebalancer les mauvaises?
Je devrais hurler… Je devrais pleurer…Me recroqueviller pour ne jamais me relever… Mais je préfère me complaire dans la douce torpeur qui m’a envahie depuis que je l’ai quitté. Je suis hors du temps.
J’esquisse quelques pas sur une musique que je suis la seule à entendre. Le sol semble suivre mes mouvements, m’accompagnant dans cette douce folie.
Je tourbillonne les bras écartés, éjectant dans mon emphase les objets ornant le peu de meubles de ma chambre. Je vois mon visage inquiet. Pourquoi inquiet? Je me mets à rire, les murs dansent autour de moi. Je me persuade qu’en tournant assez vite, chaque chose reprendra sa place et tout aura plus de sens.
Un couinement désapprobateur, j’atterris lourdement sur le lit. Je lève mes mains au-dessus de ma tête. J’y vois une main salement abîmée et une autre joliment bandée. Je me rappelle de son ton posé, de la douceur de ses gestes, de ses mains expertes… M’abandonneras-tu aussi?
Un autre visage s’impose à mon esprit embrumé.
Les risques que tu as pris, tu n’aurais pas dû, c’est mon rôle. Tu ne me dois rien. C’est toi qui m’a sauvé, il y a de ça plusieurs années. Comment mettre des mots sur un lien que je n’ai jamais pu m’expliquer? Que tu en aies conscience ou pas, cela n’a aucune importance. Tu es mon ancre, mon barrage contre les flots qui menacent de se déchaîner, si ce n’était toi cela ferait longtemps que j’aurai sombré…
Que serais-je prête à sacrifier pour toi?
Et s'il ne me restait qu'une semaine à vivre, voudrais-je vraiment le savoir ?
Profiter de ces derniers instants pour les rendre mémorables ou ne serait-ce que donner un sens à cette mascarade. Expérimenter ce que je me suis toujours refusé, accepter de ressentir pleinement, sans filtre.
La vérité est froide, implacable, un véritable fardeau. Mais elle est aussi ce qui nous définit, une vie basée sur un mensonge ne vaut pas plus qu'un décor défraîchi des théâtres d'antan…
Que serais-je prête à sacrifier pour la vérité ?
Au loin, la douche m’appelle. Mon bandage échoue sur le carrelage. La pluie ruisselle, bouillante sur mon corps, emportant le sang incrusté dans mes pores… Qui sait, peut-être que l’eau pourra me laver de mes péchés. A travers la fumée, j’arrive à voir une main boursouflée, des doigts recroquevillés. Un de cassé, peut-être deux… Ce n'est pas cher payé.
Je sors de la cabine et me dirige vers une vieille commode pleine de tiroirs que j'ouvre jusqu'à trouver ce que je cherche. Une paire de baguettes, vestige d'un ancien festin au ramen du coin. De retour vers l'évier, j'entreprends de créer une attelle de fortune avec ma trouvaille et mon ancien bandage. Voilà qui fera bien l'affaire.
Je lève mes yeux vers le miroir occulté par l'humidité ambiante de la pièce. Un mouvement de main suffit pour que la buée laisse place à mon visage d'où perlent encore quelques gouttes d'eau.
Mes yeux clairs aux pupilles dilatées par l'alcool, mes traits tirés, mes joues creusées... Un instant, ma vision se trouble et je peux apercevoir une autre version de moi-même, des yeux pétillants, le teint frais, une moue boudeuse... Est-ce réellement moi ? Ou n'est-ce qu'un autre masque... Un masque derrière un masque... La réalité me fait de nouveau face et j'ai l'air épuisée. Je frotte violemment mes lèvres et mes joues avec la serviette rêche et je glisse ma main dans mes cheveux pour les rabattre vers l'arrière. Mes joues, ma bouche sont maintenant rosies par la friction. Je tourne la tête de gauche à droite pour observer le résultat.
Pas mal... je pense que je vais aller voir ce coiffeur finalement.
Et s’il ne me restait qu’une semaine à vivre.
J’imagine la fatalité d’un canon pointé vers moi, la balle arrêtant les battements frénétiques de mon cœur, le froid du béton contre ma joue… Serait-ce toi, cher diable, qui viendrais me chercher?
Confidentiel / partage de données / Sergent ZENIA / Sergent N9 SYNEST / Sergent JUNE
***Nouvelle entrée*** Dossier N6-457-852-2036 et dossier N6-457-853-2037
Après analyse du disque Dur crypté découvertes :
Preuves trouvées dans le Disque Dur déjà portée au dossier et transmise en officiel au KIA général du LAPD:
planning des victimes des deux homicides *
schéma de la bombe employé dans l'homicide avec explosif
Liste de divers bâtiments majeurs de la ville de L.A.
(agent de liaison ONU disparu possible lien avec cette liste : recherche active en cours avec plusieurs pistes en cours d'exploration quant à la possible localisation du disparu sur l'un des lieux de cette liste)
Schéma de détonateur non utilisé dans nos deux affaires**
CR interrogatoire N8 aka SYLAS en cours de rédaction par le Sergent ZENIA non fourni ATM.
Ces éléments sont à verser au dossier en cas de procès comme preuve du lien de nos deux affaires ainsi que de la responsabilité unique d'une personne a identifier.
Preuve de la non implication de N9 établie et confirmée pour le moment
Pour le moment seuls des modèles 6.5 et 8 seraient impliqués cependant, à ce stade, rien ne montre qu'un autre modèle d'un type différent pourrait être mêler à l'affaire.
Hypothèses et axes d'enquête suite aux éléments transmis et analysés (informations réservées merci d'indiquer votre code d'interface Sergent Synest / June / Zenia : XXXX-XXX-XXX)
Informations dédiées aux personnes autorisées
Dossier coroner Nexus abattue à l'hôpital : corps "féminin d'un N6.5 " grosse quantité de drogues avec effet de prolongement de durée de vie trouvé dans l'organisme du Nexus.
La blessure qui à causée l'arrêt prématuré du modèle N6.5 n'a fait qu'accélérer l'inéluctable en effet le modèle aurait cessé de fonctionner sous 2 à 3 jours maximum ***:
Lien de notre enquête en cours (suite à concordance les deux affaires sont dorénavant traitées comme une seule et unique :
Découverte d'un dossier en lien avec le vaisseau fourni par l'agent de liaison ONU disparu (recherche active en cours avec plusieurs pistes en cours d'exploration quant à la possible localisation du disparu)
démontrant des anomalies sur le dit vaisseau a été identifié comme moyen de transport de deux terroristes un Homme blanc taille 1m75 cheveux hirsutes habillement militaire certainement identifié comme Nexus série 6.5, une femme typé asiatique dont le corps repose actuellement à la morgue du LAPD.
Localisation actuelle non concordante car vaisseau bi-localisé sur deux planètes distinctes
vaisseau présent il y a peu sur Mars et rattaché à une affaire impliquant plusieurs mort et disparu suite à la découverte d'un ancien site TYREL où ont été découvert le corps décédés ou manquants de Nexus modèle 6.5, modèle reconnu comme utilisé par les forces spécials durant la grande guerre corporatiste.
**** dossier disponible exclusivement au bureau d'analyse du Sergent BOTCHED (eyes-only)
Lien possible entre un N8 ancien modèle spécial dont le propriétaire est en cours d'identification (source non concordante piste invalidé ATM) comme responsable de diverses malversations et homicides sur Mars mais possiblement en lien avec nos deux affaires. (piste possible vers le père du sergent ROZEN ancien responsable de la sécurité chez TYREL et ayant les moyens logistiques, financiers et connaissances techniques ainsi qu'un mobile) piste en cours d'étude par le Sergent BOTCHED avec certains éléments portés à la connaissance du Sergent ZENIA, non encore communiqué pour le moment, mais qui semble renforcer la possibilité de cette hypothèse.
Points non éclaircis avec possibles fausses pistes a éclaircir :
Hypothèse non viable pour le moment mais que les preuves et indices trouvés permettraient détaillés :
Possible volonté de déclencher une nouvelle guerre corpo par l'intermédiaire d'un attentat à l'explosif (les 450 kilogrammes volés et que nous n'avons pas retrouvé) dont les possibles victimes appartiendraient à toutes les corpo sauf la Wallace, cette attentat forcerait par la même occasion la découverte d'un corps de N6.5 possiblement localisé sur les lieux de la vente d'arme organisé par METHIS principal suspect dans le meurtres des mineurs ayants découvert les nexus 6.5.
Si nous extrapolons :
Victimes potentielles appartenant à toutes les corporations sauf Wallaces et en présence d'un Nexus 6.5 ainsi que d'un membre de l'ONU agent de liaison avec le LAPD.
La wallace se retrouverait instantanément désignée comme responsable de l'attentat.
L'ONU perdrait la face
La totalité des corpo seraient mises à mal
Les données volées donne d'énormes moyens de pression à celui qui les détient.
Autres faits :
Marius (N8) ne serait en lien qu'avec la première enquête et ne serait pas lié à la suite possible des évènements.
Nous tentons de rejoindre le lieutenant le plus rapidement possible pour avis / confrontation et soutien ou non pour la suite des évènements.
Nous avons fait en sorte avec le Sergent ZENIA que le vaisseau ne puisse pas repartir et soit cloué au sol pour les 4 prochains jours ce qui va modifier le calendrier de l'instigateur de ces évènements ou le poussera à employer un plan B.
Fait troublant et axés sur la vente d'armes :
Le syphonage de données
Le choix de calendrier des exécutions des deux premières victimes est assez inhabituel comme si l'instigateur voulait prouver qu'il pouvait atteindre n'importe qui n'importe quand.
En effet leurs agendas sont suffisamment détaillés pour permettre une élimination discrète et sans témoins.
Hypothèse suite à ces éléments :
Ils servent à rendre la vente attractive en démontrant la puissance des N6.5.
De plus qui possède un corps de N6.5 aurait entre les mains une technologie très puissante qui motivera donc toutes les corpo (hors Wallace) à se rendre à cette vente étayant ainsi notre hypothèse de base.
Le Nexus responsable de l'attaque à l'explosif pourrait déjà être inactif mais élément non vérifié pour le moment
La liste des lieux possible pour la vente est en cours d'analyse avec nos éléments mais si vous y voyez un éléments qui sorts de l'ordinaire cela pourrait nous donner un temps d'avance.
Rapport d’interrogatoire du Nexus 8 « SILAS » en garde du dossier N6-457-852-2036
Agents présents :
Sergent Zenia Sheenon
Sergent Terrence MacMilan
Le Nexus 8 dénommé SILAS a été appréhendé lors de l’attaque du Los Angeles Community Hospital.
Informations préalables :
SILAS est un ancien Nexus issu des Guerres Corporatistes qui a émigré sur Terre
Il s’est longtemps tenu à l’écart d’où l’absence de preuve tangible contre lui
Il est plus actif depuis environ 5-6 ans
Il serait davantage un instructeur qu’un agent de terrain
Il est souvent associé à une autre Nexus 8, CHARITY, prénommée, CHERRY, ancien Nexus de plaisir pour corpo.
Informations extraites lors de l’interrogatoire :
SILAS a été recruté par Marius pour prêter main-forte au Nexus LUBA qui devait mener les opérations à l’hôpital. Le dénommé Marius, ancien Nexus 8 de l’armée, expert en explosifs (et porté décédé jusqu’ici) a été recruté pour ce travail spécifique par le complice de LUBA, à savoir l’autre Nexus 6 (à vérifier) surnommé JD.
La dénommée Cherry a tenu à participer en prenant connaissance de cette opération (assassinat de M. Park).
Marius est arrivé en avance pour placer explosifs et fumigènes puis s’est volatilisé.
Les agents ont appréhendé sur place SILAS et LUBA (décédée). La dénommée Cherry est parvenue à s’enfuir et est activement recherchée.
Le dénommé JD est resté à l’écart de toute l’opération, ce qui donne à pense qu’il prépare un autre gros coup (dynamitage de la vente aux enchères ?)- (recherche du lieu précis en cours)
Au terme d’un interrogatoire difficile [Note 1a], le dénommé SILAS a fini par révéler le lieu où se cache le dénommé Marius : un site abandonné sur les hauteurs de LA. Une opération est actuellement menée pour le débusquer et le mettre hors d’état de nuire, sous la supervision du Lieutenant Rozen.
Aucune révélation n’a pu éclaircir le lieu de détention supposé de l’Agent des Nations Unis kidnappé, ni le lieu où se trouve le dénommé JD.
Rapport rédigé par le Sergent Zenia SHEENON
Note 1a – Un dysfonctionnement aléatoire de la caméra de la salle d’interrogation n’a pas permis de couvrir l’intégralité des échanges effectués. Une maintenance a été programmée en vue de réparation.
Remontée sur le KIA général du LAPD :
- Synest envoie sur le KIA du LAPD une photo entière sur laquelle on peut voir 5 individus (dont Luba et JD) ainsi que le père du Lieutenant tenant un drapeau de la Tyrell. En légende de la photo : "Promotion 6.5".
Cet envoi est accompagné d'une demande d'avis de recherche sur les 4 survivants présents sur la photos, indiqués comme Nexus 6, armés et dangereux.
(La photo a été au préalable envoyée à Zénia lors de leur échange en fin de Shift)
En direct à Zénia et Néo :
Selon des sources fiables, les personnes sur la photos, sont bien des Nexus modifiés.
Il s'agit de Prototypes destinés à supporter les conditions d'un voyage en Hyper-sommeil, ce que ne pouvaient supporter les Nexus 6 classiques.
Ce qui les gardait en partie opérationnels après un long voyage spatial et permettait ainsi d'envisager l'envoi de Nexus vers de nouveaux horizons.
Uniquement 5 modèles de ce genre ont été conçus et formés par la 6ème personne présente sur la photo, à savoir le père du Lieutenant Lucas Rosen, Responsable Sécurité chez Tyrell à l'époque.
Par la suite, cette unité d'intervention spéciale a été envoyée sur Mars aux alentours de 2019.
Il est donc possible, qu'en dehors de Luba et JD, nous ayons trois autres Nexus 6.5 dans la nature.
C'est par ailleurs la spécificité de ces Nexus, pouvant voyager en Caisson Hyper-sommeil, qui a permis au commanditaire des attentats de pouvoir les renvoyer sur Terre et les utiliser.
Un peu plus tard...
avant de rentrer chez lui, le Sergent Synest passe au LAPD afin d'y déposer un objet qu'il apporte au dossier des attentats et des crimes.
Il s'agit d'un ouvrage datant de l'époque de la Tyrell Corp. et regroupant tous leurs protocoles d'intervention.
Il envoie en parallèle un message à Zénia et Néo pour les avertir de l'existence de ce document disponible au Central.
Ces protocoles, inculqués aux Nexus 6, servaient de base de formation.
Les Nexus 6.5 n'ayant pas eu le temps d'être déployés, ils suivront sans doute ce protocole à la lettre.
Les pages concernant les explosifs devraient intéresser ses collègues particulièrement.
Ninja !
Salut June ! C'est moi, Zenia.
Bon, euh… je voulais t’appeler pour te raconter un peu ce qui s’était passé au Centre Commercial. Non pas que je ressente le besoin de me justifier, hein, mais bon, il s’est passé des choses, ça me travaille pas mal. Et bref, je ne voyais pas trop à qui d’autre confier tout ça.
Tu me diras, tu ne vas pas entendre grand-chose, vu que je suis en train de parler au vidéophone éteint, sans même avoir décroché le combiné. Mais c’est pour m’entraîner, hein. Je n’ai pas l’habitude de faire ça. Je veux dire, me confier. Et parler de moi aussi. Enfin bref. Je suis sûre que toi, tu comprends.
Ça avait plutôt bien commencé en fait.
Quand j’ai compris que tout allait se jouer au Centre Commercial, et qu’il n’y avait pas une minute à perdre, j’ai foncé. Oh, pas toute seule, hein. Abel était avec moi. Et je savais par où passer.
En arrivant sur les lieux, je n’avais qu’une idée en tête, retrouver Ivy. C’était elle notre cible principale, elle était responsable de la mort de Gerry. Les autres, eh bien… on verrait une fois à l’intérieur. Ça ne sert à rien de tout prévoir.
Je me suis infiltrée sans problème dans le parking, dépassant deux gars costauds qui chargeaient un camion avec du matériel médical. OK. Deux réplicants dans mon dos. Tout en continuant à progresser à l’intérieur, le plus discrètement possible, j’ai commencé à me rendre compte qu’ils étaient quand même nombreux. Très nombreux. Mais bon, tant qu’ils ne me voyaient pas… Comme une ninja ! Bon, tu me traites toujours de chat noir, mais là, pour le coup, c’était chat noir ninja ! Et pour une fois, Abel n’a pas tout fait foirer avec sa démarche bruyante. Il y avait de nombreuses bâches plastique délimitant tout un tas de postes d’opérations et de soins médicaux. Tout ça pour des réplicants ? Ils étaient sacrément bien organisés quand même.
Et puis forcément, à un moment donné, il est devenu plus difficile de progresser. Tant de Nexus ! J’ai commencé à psychoter, à croire qu’ils m’avaient repérée. Tous ces réplicants armés jusqu’aux dents, je me suis dit, là ma vieille, tu es vraiment foutue. Ça ne fait pas un pli. Plus d’échappatoire possible.
Mon cœur s’est mis à cogner tellement fort dans ma poitrine, ma vision s’est troublée, j’avais de la sueur plein les yeux.
Et là j’ai senti la main d’Abel. Tout doucement, comme une plume. De peur que je morde. Que j’explose. Comme si c’était mon genre… Bon, un peu, des fois, c’est pas faux. Toujours est-il que petit à petit, mon cœur s’est calmé. Ma panique a reflué. Je ne sais pas comment il s’y est pris. Tu y crois, ça, qu’un réplicant arrive à ce point à percevoir tes émotions qu’il sait exactement quoi faire pour te faire redescendre ? Est-ce que c’est leur programmation ? Est-ce qu’ils sont en fait hyper sensibles à nos émotions pour pouvoir s’adapter au mieux et se fondre dans notre société ? Une telle empathie synthétique est-elle possible ? Ou est-ce qu’en fait ils seraient presque plus humains que nous ?
Toujours des questions. Comme d’habitude, je pose toujours trop de questions qui dérangent.
Bon, je ne devrais pas te dire tout ça. D’ailleurs je ne te le dis pas, l’écran est éteint, hein, tu ne le sauras jamais. Si ça se trouve, pour toi aussi, ce ne sont que des sacs de peaux.
Après ça, j’ai retrouvé mes esprits, ma combativité légendaire, nickel. J’ai repris ma progression, en me dissimulant soigneusement dans les ombres de l’entrepôt… Et j’ai rapidement repéré Ivy. Avec son autorité agressive et l’urgence de sa voix. La Boss de cette sympathique armée de Nexus. Elle me tournait le dos, consultait sa doc. Je ne pouvais pas la rater. J’ai fait feu direct, sans me poser plus de questions, sans attendre. Je l’ai touchée à l’épaule. Abel a tiré lui aussi dans la foulée, et il ne l’a pas ratée non plus. En plein dans l’œil. Le sang a giclé, elle s’est écroulée, et s’est mise à tenter de ramper faiblement vers la sortie par derrière.
Et là, ne me demande pas ce qui s’est passé. Un drôle de transfert psy de mes deux. Parce que ce n’est plus Ivy que j’ai vue étendue au sol dans une mare de sang grandissante. C’est moi. C’était moi qui étais en train de mourir. Ce n’était pas la réplicante. Pas ma cible. Pas ma mission. C’était moi-même que je venais d’assassiner de sang-froid. Et dans le dos en plus. Mon propre sang n’a fait qu’un tour. J’ai basculé sur le côté, je me suis recroquevillée comme une pauvre gamine terrorisée. Je n’avais pas ressenti ça depuis la mort d’Aleks. Mais bon, ça non plus, tu n’as pas besoin de le savoir.
J’ai vu ma courte vie défiler, dans toute son absurdité. Impossible de bouger. Et là j’ai vu Abel se prendre toutes les bastos de la planète. Pour me protéger. Moi, si fière de mes propres choix, tremblante comme une feuille morte. Et pourtant, pour les autres, lui, il n’est que quantité négligeable. Sacrifiable. Toujours les mêmes qu’on sacrifie. Alors même que si ça se trouve, ce sont eux les plus humains d’entre nous, dans leur abnégation, dans leur sensibilité à nos propres erreurs. Mais ça non plus, il ne vaut mieux pas que je te le dise. Je ne suis pas sûre que tu comprendrais.
De toute façon, l’écran va rester éteint. C’est tellement ridicule, ce que je suis en train de faire. Regarde-toi, ma pauvre Zenia. Toujours la même petite fille paralysée. J’en ai marre. J’ai trop la rage. Il faut que ça cesse. Il faut que ça sorte.
Mais bon, ne t’inquiète pas. Je ne fais pas n’importe quoi. Enfin pas toujours. Mais c’est gentil de t’inquiéter pour moi. En fait, c’est tout ce que je voulais te dire. Merci de t’inquiéter, mais ça va. Je vais revenir rapidement au boulot, car là c’est trop l’ennui. Je réfléchis trop, la preuve, je parle à un écran noir.
Ah et si, je voulais te dire aussi. Je pense que tu ferais une super maman. Même si j’imagine ta tête exploser rien qu’à cette idée. Peut-être que ça, je te le dirai en face la prochaine fois. Je suis certaine que ça te ferait encore plus sortir de tes gonds. Mais avoue, tu es bien contente de m’avoir rencontrée. Avec moi on ne s’ennuie jamais :D
A plus, Maman. Mollo sur la picole et la clope. Ça fait vieillir trois fois plus vite. Et n’oublie pas ton rendez-vous chez le « coiffeur ». Faudra que tu me le présentes un jour.
Je suis un Blade Runner
La porte claque, mon fidèle trench-coat tombe au sol et je me retrouve accroupie, la main farfouillant dans un placard à la recherche d’une bouteille qui devrait traîner par là…
La canapé s’affale, craquant sous mon poids et je sens déjà la brûlure du nectar dans ma gorge…
Le verre claque sur la table et je me laisse submerger par les souvenirs de la soirée…
******
[message du chat noir] Balek, je me jette dans la gueule du loup, je ne tiens pas à la vie!
Put@&!! Elle m’épuise…Juste le temps de poser une analyste, Serenity je crois ou un truc comme ça, devant les écrans pour servir de tour de contrôle et me voilà arrivée devant le centre commercial…
La force d’intervention n’attend que mon go pour lancer l’assault, mais je ne peux pas faire ça tant que j’ignore où la bleue et son toutou sont allés se fourrer… C’est parti pour la mission « trouver, sécuriser, engueuler les sales gosses»!
J’avais réussi à identifier les potentielles sorties « non officielles » grâce aux plans du bâtiment et à l’aide de mon indic. Et voilà que je me retrouve à ramper dans des aérations pour entrer en toute discrétion… oui des aérations! Non mais sans blague, j’ai failli me rompre le cou quand je me suis retrouvée à descendre à pic dans ces fichus tunnels de métal! Elle va m’entendre la Zénia!!
Je finis par atterrir dans un espèce de débarras donnant sur une pièce pleine de bâches blanches. Un homme me tourne le dos… Humain? Répliquant? Juste le temps de le maîtriser (Brillamment! Humain donc…) et de l’interroger puis soudainement, un coup de feu!
Non mais elle a pas fait ça?? Tirer dans un lieu clos potentiellement plein de répliquant alors qu’ils ne sont que deux?! Si, c’est clair, elle l’a fait… il n’y a qu’elle pour faire ça…
Bonne nouvelle: je les ai retrouvés!
Mauvaise nouvelle: je ne suis pas la seule à l’avoir entendu…
Et bien sûr, pas moyen d’envoyer de message pour lancer l’assaut car… suspens… on ne capte pas dans ce put@&! de sous-sol! Super le matos!
Je décide donc de courir le plus vite possible vers l’escalier qui montait à l’étage, à l’opposé du bruit, pour essayer d’atteindre d’une zone où mon satané message pouvait être envoyé.
[Message envoyé]
Ok, ça c’est fait! Demi-tour, direction Zénia! Ça fait longtemps que je n’avais pas fait autant de cardio… et puis soudain… des hurlements… mais de vrai hurlements! À plein poumons! Comme s’ils n’avaient pas déjà fait assez de bruit!!
Ma course vers les deux comparses est un peu floue… je me rappelle avoir dégommé un répliquant, avoir entendu les balles fuser autour de moi et m’être retrouvée face à un spectacle déroutant… Zénia à terre, complètement affolée et son nexus luttant de toutes ses forces pour la protéger, sans aucune retenue…
J’ai vu son regard… J’ai vu sa peur pour Zénia… Et j’ai vu la peur de Zénia… c’est un jeu dangereux… Quand la limite entre l’humain et le répliquant se fait floue, comment continuer à faire notre travail sans y laisser une part de notre humanité? Comment retirer un répliquant en soutenant son regard si humain? Comment supporter le fait d’être un tueur et non un protecteur? Il faudra que je lui parle… Un jour, pas dans l’immédiat… Je doute qu’elle m’écoute de toute façon…
Les renforts ont fini par arriver et à nous débarrasser des assaillants restants pendant que je restais avec la petite pour la protéger…
Juste le temps de contempler le massacre que Zénia se barra à nouveau! Pas possible celle-là!
Mais elle n’alla pas très loin… Elle était juste à la poursuite d’Ivy qui, blessée, essayait se s’échapper en se traînant difficilement sur le sol.
Nous étions seules, Zénia, Ivy et moi… le bruit d’un transport, un train peu être, se faisait entendre au loin…
Mon arme se lève en direction de la tête d’Ivy… Son œil restant me fixe, attendant son sort… Sort que je connais déjà: mourir ici ou mourir là bas… Je suis une Blade Runner. Le coup de feu part… La nexus est retirée…
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Mes yeux s’ouvrent… Je sors de la douche. Comment suis-je arrivée là? J’attrape une serviette et me retourne vers le miroir que j’essuie d’une main fatiguée…
Je suis là, je me regarde, mais mon reflet n’est pas net… Comme une télé mal réglée…
Note à moi même: Parler à Zénia
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C’est noté.
Rapport d'enquête - Jerry
Enquête : NX9-TKXX79 Jerry
Le xx/xx/2035 le département RDU du LAPD est informé de la présence d’une unité NX9 au pied du mur océanique. Les services dépêchés sur place indiquent la présence d’un chantier non loin et l’enquête préliminaire des agents de police Ethan Ricci et Margo Rogers détermine l’appartenance de l’unité au chantier de maintenance du dit mur océanique.
Les agents de police se soumettent alors aux procédures standards d’enquête et préviennent immédiatement le RDU. Les services de secours sont décommandés et l’équipe scientifique du RDU se rend sur place. Après analyse, l’unité défectueuse est rapatriée à la tour centrale pour examen approfondit.
Deux inspecteurs sont dépêchés sur l’enquête suite à un problème administratif1 2. Le Capitaine Holden approuve l’envoi de deux inspecteurs (Sheenon Zénia et Miller June) afin de déterminer les circonstances de cette mort3. L’enquête déterminera trois points :
- L’unité ‘Jerry’ a subi une malfonction des systèmes supérieurs de raisonnement aboutissant à un retrait4.
- L’inspectrice Sheenon a découvert des malversations financières autour de la qualité des matériaux. Le dossier a été transmis au département commercial du LAPD. Une enquête est en cours auprès de la compagnie ASHCROFT. L’ingénieur Maximilian Stratton a été placé en détention provisoire pour plusieurs chefs d’inculpations.
- Le retrait prématuré de l’unité a permis d’attirer l’attention sur un trafic illégal utilisant la mauvaise qualité du mur par endroit afin d’y aménager des caches. Ces dernières ont facilitées le transit d’unités NX8 ainsi que des marchandises illégales dont plusieurs armes.
Suite à cette découverte, les inspecteurs prennent les devants et déterminent avec une grande efficacité l’identité du leader de ce réseau. Une unité NX8, modèle de plaisir, considérée comme déjà retiré quelques mois plus tôt suite à une descente de police. Les autorités ont conclus que le corps est probablement tombé à l’eau. Jugé irrécupérable, cette unité a été inscrite aux archives5.
L’unité NX8, désignation ‘IVY’, c’est doté d’une clinique clandestine au sein d’un complexe commercial abandonné. D’après le matériel récupéré, il s’agissait d’un centre permettant le changement d’identité et les réparations d’urgence. Une dizaine d’unité NX8 s’occupaient de la manutention et de la sécurité de l’endroit. Etrangement, aucun d’entre eux ne disposait de connaissance avancé en génétique, médecine ou chirurgie. Ce fait, corroboré aux nombreux témoignages, permet d’envisager à minima d’un médecin humain sympathisant de la cause.
Ce dernier reste introuvable à l’heure actuelle et un mandat d’arrêt a été émis envers Pradja Singh. Un membre de l’ordre des médecins aujourd’hui rayé de cette liste suite à une erreur médicale lourde ayant couté la vie a plusieurs patients (prescription de plusieurs médicaments frauduleux).
Ces informations ont été collectées suite à l’assaut du centre commercial occupé par un culte offrant l’aide aux sans-abris. Ce culte était soutenu par la clinique clandestine afin d’offrir une couverture. Tombant sous le coup d’une accusation de sympathie envers des technologies illégales et ayant opposé une force létale aux forces de sécurités de la ville l’assaut fut donné dans les règles.
Le rapport définitif fait état de 5 blessés et de 3 morts parmi les sans-abris. La totalité des unités NX8 ont été retirés et plusieurs arrestations ont été effectuées notamment le leader du culte qui s’est montré coopératif après la mort de l’unité IVY. Son dossier a été transmis au procureur pour sa mise en accusation. Une peine d’exile dans les colonies a été requise. Au vu de l’affaire, le tribunal devrait statuer sous peu.
L’affaire est considérée comme classée. Toutes les preuves ont été rajoutées aux archives. L’unité Jerry a été transmise à la Wallace Corporation pour déconstruction et analyse des pièces.
Note de bas de page
1- Message non disponible. Niveau d’accréditation insuffisant.
2- Message non disponible. Niveau d’accréditation insuffisant.
3- Non disponible. Niveau d’accréditation insuffisant.
4- Certaines preuves tendraient à penser qu’il s’agissait d’un retrait autodéterminé en accord avec la doctrine Wallace. Aucun humain ne devant être blessé par la faute d’une unité NX9, ce dernier conscient d’une malfonction aurait décidé de procéder de lui-même au retrait.
5- Non disponible. Niveau d’accréditation insuffisant.
Rapport rédigé par l'Analyse NX9 – TRX96 ‘Serenity’
Note de bas de page classifiée à destination de l’unité Blade Runner
1b Message du central demandant l’envoi d’un agent sur le chantier suite à suspicion de mal fonction d’unité NX9. Demande d’application du test Baseline pour renvoi en usine et réajustement.
2b Demande d’annulation de la part de l’ingénieur en chef. Demande non justifiée à ce jour.
3b Rapport d’autopsie laisse entendre que la victime a été passé à tabac puis séquestrer. Trace visible malgré le fait que l’unité se soit retiré elle-même en sautant du haut du chantier sans aide. Rapport confirmé par la caméra de surveillance.
3c En complément, la vidéo du passage à tabac dans les entrepôts proches du mur océanique par l’unité IVY.
4b Des éléments tendent à faire penser que l'unité a découvert cette contrebande. Coincé entre la sympathie pour d'autres réplicants et le mal pouvant être engendré par cette contrebande. Ce dernier pour éviter tout choix a décidé de se retirer lui même
5b Note interne du Capitaine Holden à destination d’un service du LAPD. Niveau de confidentialité supérieur requis pour accéder au contenu.
Shorts stories
Localisation inconnue
Lieutenant Lucas Rosen
La seule chose que je n’ai jamais gardé de mon père, c’est le souvenir de sa tombe. J’ai passé des heures sous la pluie à mémoriser chaque détail de la pièce de granite. J’ai bazardé tout le reste. Pour moi, ça reste toujours un connard moralisateur, violent et traditionaliste. Un père déplorable, un mari inexistant et chercher en lui ce qui est humain serait une perte de temps.
Mais il y a un défaut qui lui a toujours été utile : la paranoïa. Et il avait toujours une longueur d’avance dans ce domaine. Ce pourquoi je me retrouve à crapahuter dans des ruines alors que le ciel n’a toujours pas fini de lâcher ces hallebardes d’eau. Flash info : les derniers anges que ces larmes pourront sauver sont les rares statues issues d’une époque révolue.
‘’Comment c’était déjà ? Mentre che ‘l danno e la vergogna dura’’
On ne se refait pas. J’ai toujours eu un penchant pour la tragédie, même au milieu de ruine. Non, c’était probablement la chose la moins idiote à faire au milieu de ruine. Pas comme passer le cordon de sécurité indiquant que la zone allait être démolie sous peu. Mais j’ai fait une promesse et j’ai un vieux rendez-vous avec l’histoire.
Mais je me baisse alors que je remarque des traces de pas récente dans la poussière. Beaucoup de monde est passé par là alors que j’étais certain que personne ne connaissait le chemin principal. Ils ont dû déblayer ça au forceps. Rien de grave au final, ils ont probablement dû rentrer les mains vides. Je passe les doigts sur la pancarte.
‘’Miroir mon beau miroir…Dit moi de quoi mon futur sera fait ‘’
Bar le [Censuré] – Localisation inconnue
Jena Han - Barmaid
« Mai Tai »
Je fais un effort de présentation. Je cherche un dessous de verre propre, je passe un coup de chiffon nerveusement sur le comptoir et lorsque ça parait correct je pose enfin le cocktail en retenant mon souffle. Pas que ça fasse une énorme différence. La moitié des trucs dans ce verre ne sont pas naturel et j’ai fini par improviser quelque chose à base de boisson énergétique et autres merdes que j’ai pu trouver pour construire un truc qui ressemble éventuellement à un Mai Tai .
Ça n’empêche pas que je suis suspendue aux lèvres de cette femme en rouge. C’est idiot, je ne sais pas ce qui m’arrive. Je me n’intéresse pas aux femmes mais j’arrive pas à me détacher d’elle. J’ai passé la moitié du service à moins d’une encablure pour être prête au cas où. Et maintenant, l’idée d’être jugée me rend nerveuse…L’idée que cette merde touche ces lèvres me met en pétard. Elle mérite mieux.
Elle répond avec un sourire. C’est plus que je mérite. C’est bientôt la fin de mon service mais je pense faire du rab…Je me demande qui elle peut bien attendre comme ça depuis des heures.
Tour du LAPD
Agent Ethan Ricci
L’agent termine sa tasse de bave de chameau sommairement baptisé café par ses collègues. Il avait entendu dire que dans les étages supérieurs, le café était meilleur. Une légende urbaine, personne ne montait dans les étages supérieurs. Pas pour redescendre parmi les petites mains. Il bailla une nouvelle fois à s’en faire décrocher la mâchoire. L’accident de speeder lui avait pris une bonne partie de la soirée. Surtout à attendre la dépanneuse.
Mais se retrouver une heure plus tard sur le site d’une explosion et se retrouver aux infos, ça c’était autre chose ! L’adrénaline avait fait sa part pour rapidement retomber quand on lui avait demandé de simplement tenir à l’écart les journalistes et interroger les badauds. Personne n’avait rien vu mais le cratère restait impressionnant.
Moins impressionnant que l’inspectrice qui était arrivée après. Miller était une légende du bureau RDU mais elle n’avait normalement aucun partenaire. Alors qui était le mec qui c’était déplacé avec elle ? A le voir brailler sur l’équipe technique, c’était certainement un analyste qui avait l’air de savoir ce qu’il faisait. Ça faisait bizarre de les voir tous courir, à croire que l’enfer venait d’ouvrir ses portes.
Etrangement, il se souvient qu’il devrait repasser a la compta pour le décompte de ses heures supplémentaires non payés. Il avait l’attestation du sergent de service mais il n’arrivait pas à se dire qu’il faudrait aller à la compta. Alors qu’il ferme son placard, la tête du Sergent apparut.
« Ethan…Remet ton uniforme. Prend un canapé et dors un peu car dans trois heures on t’attend à l’hôpital. Tu vas devoir monter la garde devant la porte d’un corpo. Le thermos de café est offert par la maison.
- Sergent, dans mon état je serais bon a rien.
- Mon p’tit chat, j’vais t’expliquer la situation. Entre les mecs qui sont réquisitionné pour protéger la marie, les devantures des entreprises, les patrouilles renforcés pour faire de
l’affichage, tout le monde est dehors ou presque. Estime toi heureux de pouvoir faire le planton avec une chaise à disposition. »
Le sergent enfonce l’ordre de service dans la poitrine du jeune homme éternué. Le Sergent Dante était un vrai trou du cul, raciste et étrangement suprématiste. D’aucun pourrait trouver ça illogique mais Ethan avait fini par découvrir qu’il y avait simplement une superposition de strates. Des strates de haine qui commençait généralement par les jeunes sortit de l’académie, puis les cafards, le café froid, les gens qui lui répondaient, les autres ethnies que la sienne, la violence lorsque ce n’était pas lui qui l’offrait de manière aussi généreuse que son tour de ventre…Mais les nexus faisaient encore l’objet de paris. Avant ou après le café froid ?
Souvient, il surprenait le sergent à plisser ces yeux porcins, réfléchissant certainement au placement d’Ethan dans l’une de ces strates infernales. Le jeune policier froissa le papier en soupirant et le jeta dans son placard.
« Ok, je fais une sieste et j’y vais. Pas sûr de l’efficacité que j’aurais ces prochaines heures.
- Pas mon problème. Va te plaindre à la détective Zhao, c’est elle qui vient de donner cet ordre. Alors ferme ta cambuse et prépare toi.»
Docteur Pradja Singh
Localisation Inconnue
La main tremble alors qu’il termine de couturer la plaie.
‘‘Comprenez que j’ai fais ce que j’ai pu. Après la dernière mésaventure, j’ai plus d’accès a…’’
Ses mains pointent l’arrière-boutique en piteuse état.
‘‘J’ai plus vraiment de réseau. C’est déjà étonnant que vous m’avez trouvé aussi facilement‘‘
L’homme sur le fauteuil se lève difficilement.
‘‘Vous devriez vous reposer. Revenez dans deux jours, je pourrais faire un peu mieux.
- C’est déjà bien. Plus que suffisant pour ce que j’ai à faire. ’‘
L’ancien médecin ne répond pas. Il a déjà vu ce genre de regard et il sait ce qu’il signifie. Il jette le scalpel dans une petite cuve en inox qui ne tarde pas à se teinter de carmin.
‘‘Vous devriez y réfléchir encore une fois. Peu importe ce que vous avez en tête ça peut attendre ‘‘
Il ne répond pas. Il dépose simplement une liasse de chinyen et de repartir dans le brouhaha de la rue.
Tour du LAPD
Analyste Dean Winchester
C’était la troisième fois qu’il faisait un tour jusqu’à la machine à café. Connaissant son caractère colérique mieux que personne, il préférait faire des aller-retour dans les couloirs en utilisant des routes aléatoires ne répondant à aucune logique afin de tromper son esprit. Le but de tout ce cirque était d’éviter de hurler et de passer une nouvelle fois pour un fou.
Senerity avait déjà pointé du doigt qu’il parlait régulièrement tout seul. Pas qu’il entendait des voix mais vocaliser ses problèmes professionnels l’aidait à mieux appréhender la résolution de ces derniers. Mais ces derniers messages qui tournaient en boucle sur certaines fréquences spécifiques avec des séries de nombre à intervalle régulier le rendait f
Blade Runner - Synest et les crabes
Synest gare son Spinner sur le toit du bâtiment de la Wallace Corporation.
Il descend et un frisson le parcours alors que la bruine s’insinue dans son cou. Il remonte son col, geste bien inutile face à cette humidité ambiante persistante.
Il approche de l’accès principal, et une silhouette l’y attend.
Le Lieutenant est déjà là, la tête enfoncée dans les épaules, agacé par la même sensation désagréable.
Il fait juste un signe de tête au Nexus 9 avant de le précéder en direction du bâtiment.
Une fois à l’intérieur, le Lieutenant s’adresse enfin à Synest, tout en continuant d’avancer :
Synest répond d’un haussement d’épaules que son interlocuteur ne peut voir. Ce dernier n’insiste cependant pas et continue à les mener à travers les couloirs du bâtiment.
Il semble connaître les lieux, et s’y déplacer sans encombre, passant les multiples postes de sécurités et bureaux d’accueil sans même être arrêté.
Après quelques minutes de marche, dans le plus grand silence, ils débouchent sur un ascenseur.
Toujours muet, le duo y pénètre et se met à descendre dans les profondeurs du bâtiment.
Arrivé à un niveau inférieur dont Synest ne se rappelle pas le numéro, étonnement, il a soudainement une étrange impression.
Les lieux semblent bien différents du reste du siège de la Wallace.
Une ambiance étrange y règne. Passé le premier petit couloir, ils débouchent tous les deux dans un vaste hall.
Le Nexus se fige alors. Frappant le mur de sa présence, une énorme chouette stylisée le contemple.
Que fait donc l’emblème de la Tyrell ici ?
Synest se tourne alors vers le Lieutenant, mais c’est un autre homme qui a pris sa place. Cependant, bien qu’il soit plus vieux que Lucas Rosen, des traits communs sont clairement identifiables.
Le nouvel arrivant ne fait aucun sujet de l’étonnement de Synest et lui lance :
Synest emboîte le pas à cet inconnu qui semble lui bien le connaître et essaie de retrouver ses esprits.
Qu’est ce que tout ceci veut dire ? Où est passé le Lieutenant Rosen et qu’est ce que c’est que cet endroit étrange ?
L’homme l’amène alors dans un bureau à l’écart. Il se dirige vers un pupitre d’un autre temps où est installé une machinerie tout aussi désuète. Il active quelques boutons et sur le mur se projette alors des images.
Il s’agit d’un film, où on y voit un groupe militaire s’entrainer.
Les images saisissent Synest par la particularité de plusieurs éléments : le logo sur les tenues, le visage de l’homme qu’il recherche… Et… Le Lieutenant Rosen ! Qu’est-ce qu’il fait là.
Synest n’en revient pas de ce que cette vidéo offre en informations aussi troublantes que déterminantes.
Quel est le lien entre Rosen et ce groupe ? Il semble les former, aux explosifs semble-t-il…
Mais non, ce n’est pas Rosen qui est sur les images. C’est cet homme qui l’a conduit ici.
Le Nexus se tourne alors vers l’inconnu :
Au lieu d’une réponse, de la bouche de l’individu sort alors un bip désagréable.
L’image se trouble…
Synest se réveille au volant de son Spinner.
Dans ses mains, il tient la tablette qui bipe laconiquement.
Il ouvre le message du KIA : « Je suis vivante. Je vais à l'hôpital." Zénia Shanon.
Il s’apprête à ranger la tablette quand il tombe sur le message déjà ouvert qu’il avait lu avant de sombrer :
« Je suis Pryia Shalhoub, de la direction des archives de Wallace Corporation. J’ai peut-être quelque chose pour vous au sujet de votre requête. Contactez-moi quand vous en aurez la possibilité. »
Synest se dit pour lui-même : Oui, je vais vous contacter, Pryia Shalhoub… Mais avant, je dois rendre visite à quelqu’un à l’hôpital…
Morgue de la section RDU– Quelques heures après l’assaut
‘‘Ok Lieutenant…je…Vais aller faire une pause. Je crois que j’en ai effectivement besoin’’
La porte se ferme lentement derrière Coco. J’attends encore quelques secondes avant que mes pas ne s’arrêtent devant la chambre froide. J’ai pris une grande inspiration avant de tirer sur le levier et faire apparaitre le visage de la ‘’jeune’’ Nexus 6. Mon épaule pris appui sur la chambre froide, puis ma tête. Mon regard se perdant sur son visage si paisible tandis que mon esprit, lui, alla se perdre ailleurs.
‘‘Salut‘’
J’étais un jeune homme a peine adulte. Plein de certitude, d’idées révolutionnaires, de colère contre son père, d’impuissance face à la société. J’ai signé presque immédiatement pour le LAPD pensant échapper à mon père. Naïf que j’étais. Plus idiot encore d’y croire. De ne pas voir que toutes les invitations à la Tyrell Corporation était une tentative pour me manipuler.
Mon père a tout fait pour me montrer que les N6 ne valaient pas mieux que des singes savants. Je me rappelle avoir vu ma belle au bois dormant subir son entrainement avant de rejoindre son caisson de verre. Je me rappelle la grâce féline de ces mouvements, d’un regard, d’un sourire décuplé par les hormones d’un gamin. J’aurais tout accepté venant d’elle alors que j’aurais pu descendre mon père a la moindre occasion.
Ce n’était qu’un vulgaire bout de viande intelligent pour lui. Un robot un peu plus évolué qu’un grille-pain. Il aurait voulu que j’accepte cela. Me lancer comme un chien de chasse sur les déchets de la Tyrell. Un outil utile entre ces mains. Et pour cela, j’en avais vu beaucoup. Beaucoup trop pour ne pas dépasser le point de non-retour.
Quel point de non-retour ?
Celui où tu ferme les yeux et où tu peux revoir chaque Nexus retiré au fil des années. Où la musique ne couvre plus les hurlements, les pleurs et les insultes. Ce fameux point où tu comprends que l’alcool ne te ferra pas oublier. Que rien ne te rendra ce doux sommeil que tu avais hier. Que la vie est une immense tragédie qui n’a aucun sens. Avec dans les acteurs principaux l’humanité et la société qu’elle a créé et dont elle est prisonnière.
Ce fameux point de bascule dont parlait bryan qui est responsable de la mort de combien de blade runner. Parce qu’ils deviennent tellement dépressif qu’ils en acceptent la mort. Les plus lucides arrête et quitte l’uniforme. Ceux qui dépasse ce point apprennent à vivre avec leurs démons. Voir comme moi arrive à négocier une trêve avec eux.
‘‘T’essaye de faire disparaitre les preuves qui ne t’arrange pas ? ‘’
La voix de Holden est plus glaciale que la chambre froide. J’accuse un faible sourire sans la quitter du regard. Le silence entre nous est suffisamment éloquent pour qu’il comprenne de quoi il s’agit.
‘‘Tu la connaissais ?
Il y avait toujours une ligne rouge à ne pas franchir et aujourd’hui, Holden voulait jouer avec elle. Me secouer pour voir ce qu’il récolterait comme information.
‘‘La réponse est la même. Tyrell mort, son chef de la sécurité a été renvoyé puis il a mystérieusement disparut. Non je ne l’ai pas cherché et j’espère que ce connard a été balancé dans la baie avec des chaussures en béton. Il en savait beaucoup trop pour être relâché dans la nature. Il avait beaucoup d’ennemi. Probablement que Wallace l’avait déjà dans le viseur a l’époque et lui avait fait une offre.
Holden fait mine de ne pas comprendre.
‘’ Un mec retrouve le site d’enfouissement. Il réactive le projet mais se rend compte qu’il y a une date d’expiration. Boom, plus que deux N6 en vie. Pas grave, il envoi sur terre les N6 pour mettre le bordel histoire de se créer une crédibilité.
Il déteste quand je fais référence a ce que bryan appelait l’instinct du chasseur. Pas besoin de preuve quand on avait l’instinct décuplée par l’expérience et l’observation. Faut que je noie le poisson.
‘‘Le maire a maintenant un suspect et un cadavre. Il va lâcher du lest.
J’éclatais de rire malgré moi. L’expression de son visage se décompose.
‘‘ Je crois qu’on a déjà abordé le sujet. T’a merdé.
J’avais fait mon possible pour éviter que ça ne retombe sur personne. Admettre que des Nexus pouvait attaquer à 24h d’intervalle en ville sans que la RDU ne soit au courant, Holden aurait eu le cul sur une chaise éjectable. La vindicte populaire voudrait la tête de mes équipes en prime. Et surtout la ville se retrouverait en proie à une nouvelle crise telle qu’elle n’en n’avait pas connu depuis le blackout.
Mais pas certain que ça passe. J’étais resté flou dans les rapports, inventé une nouvelle descente conduisant à l’arrestation de Silas et la mort d’une des deux suspects. J’étais devenu bon à ce genre de petit jeux. Je pouvais voir qu’Holden n’accepterait pas cette situation de son plein gré. Mais dans cette ville, le choix restait un luxe.
Je ferme le tiroir.
Je crois qu’un verre serait un bon compromis.
Et s’il ne me restait qu’une semaine à vivre.
Le claquement de la porte derrière moi. Le froissement des vêtements sanglants que je laisse choir négligemment. Un trench, un pantalon, une chemise…
Je peine à percevoir les contours de ma chambre, et j’avance chancelante au milieu de ce bokeh étincelant.
J’ai peut être abusé sur la boisson…
Les derniers événements me paraissent irréels mais s’imbriquent tels des pièces dans un puzzle que je peine à résoudre depuis de nombreuses années…
J’ai rencontré le diable. J’ai rencontré le diable et j’ai passé un bon moment. Le début de la fin. L’apocalypse approche.
Je trébuche.
Et s’il ne me restait qu’une semaine à vivre.
Que retiendrait-on de mon passage? D'aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours lutté pour la justice. Persuadée que ce monde pourrait changer. Persuadée que les gens pouvaient changer… Mais qu’en sais-je en réalité? Pauvre femme, incapable de se connaitre soit-même.
Je ne suis que l’ombre de ce que j’aurai pu être. Une âme invisible parmi tant d’autres, une marionnette de ce monde absurde. Le poids de mes bonnes actions suffira-t-il pour contrebalancer les mauvaises?
Je devrais hurler… Je devrais pleurer…Me recroqueviller pour ne jamais me relever… Mais je préfère me complaire dans la douce torpeur qui m’a envahie depuis que je l’ai quitté. Je suis hors du temps.
J’esquisse quelques pas sur une musique que je suis la seule à entendre. Le sol semble suivre mes mouvements, m’accompagnant dans cette douce folie.
Je tourbillonne les bras écartés, éjectant dans mon emphase les objets ornant le peu de meubles de ma chambre. Je vois mon visage inquiet. Pourquoi inquiet? Je me mets à rire, les murs dansent autour de moi. Je me persuade qu’en tournant assez vite, chaque chose reprendra sa place et tout aura plus de sens.
Un couinement désapprobateur, j’atterris lourdement sur le lit. Je lève mes mains au-dessus de ma tête. J’y vois une main salement abîmée et une autre joliment bandée. Je me rappelle de son ton posé, de la douceur de ses gestes, de ses mains expertes… M’abandonneras-tu aussi?
Un autre visage s’impose à mon esprit embrumé.
Les risques que tu as pris, tu n’aurais pas dû, c’est mon rôle. Tu ne me dois rien. C’est toi qui m’a sauvé, il y a de ça plusieurs années. Comment mettre des mots sur un lien que je n’ai jamais pu m’expliquer? Que tu en aies conscience ou pas, cela n’a aucune importance. Tu es mon ancre, mon barrage contre les flots qui menacent de se déchaîner, si ce n’était toi cela ferait longtemps que j’aurai sombré…
Que serais-je prête à sacrifier pour toi?
Et s'il ne me restait qu'une semaine à vivre, voudrais-je vraiment le savoir ?
Profiter de ces derniers instants pour les rendre mémorables ou ne serait-ce que donner un sens à cette mascarade. Expérimenter ce que je me suis toujours refusé, accepter de ressentir pleinement, sans filtre.
La vérité est froide, implacable, un véritable fardeau. Mais elle est aussi ce qui nous définit, une vie basée sur un mensonge ne vaut pas plus qu'un décor défraîchi des théâtres d'antan…
Que serais-je prête à sacrifier pour la vérité ?
Au loin, la douche m’appelle. Mon bandage échoue sur le carrelage. La pluie ruisselle, bouillante sur mon corps, emportant le sang incrusté dans mes pores… Qui sait, peut-être que l’eau pourra me laver de mes péchés. A travers la fumée, j’arrive à voir une main boursouflée, des doigts recroquevillés. Un de cassé, peut-être deux… Ce n'est pas cher payé.
Je sors de la cabine et me dirige vers une vieille commode pleine de tiroirs que j'ouvre jusqu'à trouver ce que je cherche. Une paire de baguettes, vestige d'un ancien festin au ramen du coin. De retour vers l'évier, j'entreprends de créer une attelle de fortune avec ma trouvaille et mon ancien bandage. Voilà qui fera bien l'affaire.
Je lève mes yeux vers le miroir occulté par l'humidité ambiante de la pièce. Un mouvement de main suffit pour que la buée laisse place à mon visage d'où perlent encore quelques gouttes d'eau.
Mes yeux clairs aux pupilles dilatées par l'alcool, mes traits tirés, mes joues creusées... Un instant, ma vision se trouble et je peux apercevoir une autre version de moi-même, des yeux pétillants, le teint frais, une moue boudeuse... Est-ce réellement moi ? Ou n'est-ce qu'un autre masque... Un masque derrière un masque... La réalité me fait de nouveau face et j'ai l'air épuisée. Je frotte violemment mes lèvres et mes joues avec la serviette rêche et je glisse ma main dans mes cheveux pour les rabattre vers l'arrière. Mes joues, ma bouche sont maintenant rosies par la friction. Je tourne la tête de gauche à droite pour observer le résultat.
Pas mal... je pense que je vais aller voir ce coiffeur finalement.
Et s’il ne me restait qu’une semaine à vivre.
J’imagine la fatalité d’un canon pointé vers moi, la balle arrêtant les battements frénétiques de mon cœur, le froid du béton contre ma joue… Serait-ce toi, cher diable, qui viendrais me chercher?
KIA Néo Botched EYES ONLY
Confidentiel / partage de données / Sergent ZENIA / Sergent N9 SYNEST / Sergent JUNE
***Nouvelle entrée*** Dossier N6-457-852-2036 et dossier N6-457-853-2037
Après analyse du disque Dur crypté découvertes :
Preuves trouvées dans le Disque Dur déjà portée au dossier et transmise en officiel au KIA général du LAPD:
Ces éléments sont à verser au dossier en cas de procès comme preuve du lien de nos deux affaires ainsi que de la responsabilité unique d'une personne a identifier.
Preuve de la non implication de N9 établie et confirmée pour le moment
Pour le moment seuls des modèles 6.5 et 8 seraient impliqués cependant, à ce stade, rien ne montre qu'un autre modèle d'un type différent pourrait être mêler à l'affaire.
Hypothèses et axes d'enquête suite aux éléments transmis et analysés (informations réservées merci d'indiquer votre code d'interface Sergent Synest / June / Zenia : XXXX-XXX-XXX)
Informations dédiées aux personnes autorisées
Dossier coroner Nexus abattue à l'hôpital : corps "féminin d'un N6.5 " grosse quantité de drogues avec effet de prolongement de durée de vie trouvé dans l'organisme du Nexus.
La blessure qui à causée l'arrêt prématuré du modèle N6.5 n'a fait qu'accélérer l'inéluctable en effet le modèle aurait cessé de fonctionner sous 2 à 3 jours maximum ***:
Lien de notre enquête en cours (suite à concordance les deux affaires sont dorénavant traitées comme une seule et unique :
Découverte d'un dossier en lien avec le vaisseau fourni par l'agent de liaison ONU disparu (recherche active en cours avec plusieurs pistes en cours d'exploration quant à la possible localisation du disparu)
démontrant des anomalies sur le dit vaisseau a été identifié comme moyen de transport de deux terroristes un Homme blanc taille 1m75 cheveux hirsutes habillement militaire certainement identifié comme Nexus série 6.5, une femme typé asiatique dont le corps repose actuellement à la morgue du LAPD.
**** dossier disponible exclusivement au bureau d'analyse du Sergent BOTCHED (eyes-only)
Points non éclaircis avec possibles fausses pistes a éclaircir :
Hypothèse non viable pour le moment mais que les preuves et indices trouvés permettraient détaillés :
Possible volonté de déclencher une nouvelle guerre corpo par l'intermédiaire d'un attentat à l'explosif (les 450 kilogrammes volés et que nous n'avons pas retrouvé) dont les possibles victimes appartiendraient à toutes les corpo sauf la Wallace, cette attentat forcerait par la même occasion la découverte d'un corps de N6.5 possiblement localisé sur les lieux de la vente d'arme organisé par METHIS principal suspect dans le meurtres des mineurs ayants découvert les nexus 6.5.
Si nous extrapolons :
Autres faits :
Marius (N8) ne serait en lien qu'avec la première enquête et ne serait pas lié à la suite possible des évènements.
Nous tentons de rejoindre le lieutenant le plus rapidement possible pour avis / confrontation et soutien ou non pour la suite des évènements.
Nous avons fait en sorte avec le Sergent ZENIA que le vaisseau ne puisse pas repartir et soit cloué au sol pour les 4 prochains jours ce qui va modifier le calendrier de l'instigateur de ces évènements ou le poussera à employer un plan B.
Fait troublant et axés sur la vente d'armes :
En effet leurs agendas sont suffisamment détaillés pour permettre une élimination discrète et sans témoins.
Hypothèse suite à ces éléments :
Ils servent à rendre la vente attractive en démontrant la puissance des N6.5.
De plus qui possède un corps de N6.5 aurait entre les mains une technologie très puissante qui motivera donc toutes les corpo (hors Wallace) à se rendre à cette vente étayant ainsi notre hypothèse de base.
Le Nexus responsable de l'attaque à l'explosif pourrait déjà être inactif mais élément non vérifié pour le moment
La liste des lieux possible pour la vente est en cours d'analyse avec nos éléments mais si vous y voyez un éléments qui sorts de l'ordinaire cela pourrait nous donner un temps d'avance.
Rapport d’interrogatoire du Nexus 8 « SILAS »
Rapport d’interrogatoire du Nexus 8 « SILAS » en garde du dossier N6-457-852-2036
Agents présents :
Le Nexus 8 dénommé SILAS a été appréhendé lors de l’attaque du Los Angeles Community Hospital.
Informations préalables :
Informations extraites lors de l’interrogatoire :
Rapport rédigé par le Sergent Zenia SHEENON
Note 1a – Un dysfonctionnement aléatoire de la caméra de la salle d’interrogation n’a pas permis de couvrir l’intégralité des échanges effectués. Une maintenance a été programmée en vue de réparation.
Synest - Avant un repos bien mérité
Remontée sur le KIA général du LAPD :
- Synest envoie sur le KIA du LAPD une photo entière sur laquelle on peut voir 5 individus (dont Luba et JD) ainsi que le père du Lieutenant tenant un drapeau de la Tyrell. En légende de la photo : "Promotion 6.5".
Cet envoi est accompagné d'une demande d'avis de recherche sur les 4 survivants présents sur la photos, indiqués comme Nexus 6, armés et dangereux.
(La photo a été au préalable envoyée à Zénia lors de leur échange en fin de Shift)
En direct à Zénia et Néo :
Selon des sources fiables, les personnes sur la photos, sont bien des Nexus modifiés.
Il s'agit de Prototypes destinés à supporter les conditions d'un voyage en Hyper-sommeil, ce que ne pouvaient supporter les Nexus 6 classiques.
Ce qui les gardait en partie opérationnels après un long voyage spatial et permettait ainsi d'envisager l'envoi de Nexus vers de nouveaux horizons.
Uniquement 5 modèles de ce genre ont été conçus et formés par la 6ème personne présente sur la photo, à savoir le père du Lieutenant Lucas Rosen, Responsable Sécurité chez Tyrell à l'époque.
Par la suite, cette unité d'intervention spéciale a été envoyée sur Mars aux alentours de 2019.
Il est donc possible, qu'en dehors de Luba et JD, nous ayons trois autres Nexus 6.5 dans la nature.
C'est par ailleurs la spécificité de ces Nexus, pouvant voyager en Caisson Hyper-sommeil, qui a permis au commanditaire des attentats de pouvoir les renvoyer sur Terre et les utiliser.
Un peu plus tard...
avant de rentrer chez lui, le Sergent Synest passe au LAPD afin d'y déposer un objet qu'il apporte au dossier des attentats et des crimes.
Il s'agit d'un ouvrage datant de l'époque de la Tyrell Corp. et regroupant tous leurs protocoles d'intervention.
Il envoie en parallèle un message à Zénia et Néo pour les avertir de l'existence de ce document disponible au Central.
Ces protocoles, inculqués aux Nexus 6, servaient de base de formation.
Les Nexus 6.5 n'ayant pas eu le temps d'être déployés, ils suivront sans doute ce protocole à la lettre.
Les pages concernant les explosifs devraient intéresser ses collègues particulièrement.